Le gouvernement du Québec se sert
de la pandémie comme prétexte pour intensifier
l'offensive antisociale
La démagogie éhontée du gouvernement Legault
Des travailleurs de la santé manifestent devant
le bureau du premier ministre Legault à Québec,
le 19 mai 2020, pour dénoncer
l'utilisation de pouvoirs arbitraires pour
attaquer leurs droits. Le projet de loi 61
promet d'en faire davantage à ce chapitre.
Le 21 juin, le premier ministre du Québec,
François Legault, a procédé à ce qu'il a appelé
des « ajustements » aux responsabilités de
certains ministres « en vue de préparer le
gouvernement à une éventuelle deuxième vague de la
COVID-19 ». Cette démagogie éhontée masque la
réalité de la pandémie à laquelle le Québec fait
face, de la crise économique qui l'accompagne et
les actions antiouvrières et antisociales que le
gouvernement a prises.
Utilisant la pandémie comme prétexte, le
gouvernement s'est donné des pouvoirs exécutifs
afin d'annuler les conventions collectives
négociées avec les travailleurs. En annonçant le
remaniement ministériel, le premier ministre
Legault n'a fait aucune mention de cette attaque
contre les travailleurs du secteur public, ce qui
suggère que le remaniement signale une
intensification du diktat arbitraire du
gouvernement contre les travailleurs et d'autres
personnes. Legault a annoncé le remaniement
ministériel peu après que l'Assemblée nationale a
ajourné ses travaux, soit le 12 juin, sans avoir
adopté le projet de loi 61, qui a été fermement
dénoncé partout au Québec comme étant régressif.
Les principaux ministères touchés par les
changements à la direction sont ceux de la santé,
de l'éducation, de l'immigration et le Conseil du
trésor. Christian Dubé quitte la présidence du
Conseil du trésor pour prendre la tête du
ministère de la Santé et des Services sociaux. Cet
homme de la finance, gestionnaire néolibéral,
ancien premier vice-président à la Caisse de dépôt
et placement du Québec, est un élément clé du
gouvernement de banquiers du premier ministre
Legault.
Dubé est celui qui, le 3 juin, a présenté le
projet de loi 61, et son projet de loi et lui-même
ont tout de suite été dénoncés par le peuple. Le
projet de loi 61, présenté soi-disant au nom de la
relance économique, semblable en cela au
remaniement ministériel, ne comprend rien de
concret pour traiter de la pandémie et de la
relance. Il va plutôt mener à une plus grande
concentration du pouvoir arbitraire entre les
mains de l'exécutif gouvernemental pour payer les
riches. La déclaration que le projet de loi 61
accélérera la construction de l'infrastructure est
censée réjouir le peuple. Le peuple québécois est
censé demeurer silencieux sur le côté sombre du
projet de loi 61, qui écarte les règles
environnementales, de santé et de sécurité et les
autres règles afin de payer les riches, et qui
couvre d'immunité les ministres contre les
protestations populaires, dont les protestations
de ceux dont la propriété sera peut-être
expropriée.
En entrevue, peu après sa nomination comme
ministre de la Santé et des Services sociaux,
Christian Dubé a dit que l'objectif de sa
nomination est de renforcer la reddition de
comptes dans le système de haut en bas, depuis les
gestionnaires jusqu'aux employés. « La crise, avec
la COVID, cela a mis en évidence des faiblesses de
gestion, de manque d'information, comment vont les
patients, où sont nos employés, a-t-il dit. S'il y
a des gens qui pourraient faire mieux ailleurs,
qui ne font pas la job, il y aura des décisions
difficiles à prendre. » Il a dit que le réseau de
la santé a souffert au cours des dernières années
des compressions et d'une restructuration qui ont
privé le système de niveaux de décisions
intermédiaires. Cette affirmation est faite par un
homme qui a été membre du cabinet pendant que
plusieurs de ces compressions ont été faites et
qui ne prend aucune responsabilité pour les
dommages qu'elles ont causés, rendant le système
exsangue et l'affaiblissant à la pandémie.
Bien sûr, fidèle à la tendance autoritaire de son
gouvernement, Dubé laisse entendre que le système
de santé a besoin d'un système de décision de haut
en bas qui lui est directement inféodé et qui
exclut le point de vue des travailleurs de la
santé qui font le travail et connaissent bien les
problèmes et les besoins réels du système. Sa
nomination et sa déclaration n'annoncent rien de
bon pour les travailleurs du secteur de la santé
et le public qui veulent et ont besoin d'un
système de santé moderne dans lequel ceux et
celles qui dispensent le service et ceux et celles
qui en dépendent décident de sa direction. Quand
le gouvernement Legault parle de reddition de
comptes, c'est toujours pour blâmer les
travailleurs pour les problèmes, et criminaliser
leurs actions à la défense de leurs droits et des
droits de tous ceux et celles qui ont besoin d'un
système de santé moderne et qui revendiquent un
tel système. Dubé s'enfonce dans la négation de la
responsabilité de son gouvernement pour les
faiblesses qui ont été mises à nu pendant la
pandémie.
Sonia LeBel, l'ex-procureure en chef de la
Commission Charbonneau de 2011, devient ministre
responsable de l'Administration gouvernementale et
présidente du Conseil du trésor à la place de
Dubé. C'est elle qui s'occupera des négociations
du gouvernement pour le renouvellement des
contrats de travail des 500 000 employés de l'État
et qui sera chargée de faire adopter et de mettre
en application le projet de loi 61.
La connexion qui est faite entre le rôle de LeBel
dans la Commission Charbonneau et le projet de loi
61 vise à cacher toute apparence de corruption
entre les intérêts privés étroits cherchant à
toucher le profit maximum des contrats et projets
publics et le gouvernement qui est chargé de
distribuer les fonds publics. Le rôle de LeBel
comme procureure à la Commission Charbonneau a été
de détourner l'attention de ce que la plupart des
gens ont vu comme la corruption impliquant les
partis cartels au pouvoir qui ont reçu de vastes
montants des grandes entreprises de la
construction en échange de l'octroi de contrats
publics. La Commission a cherché à voiler et à
détourner l'attention de ce phénomène en attaquant
les travailleurs de la construction et leurs
syndicats, en prétendant que leur lutte à la
défense de leurs droits était semblable aux
actions de la mafia et restreignait de manière
illégale l'activité économique. Avec le projet de
loi 61, le premier ministre Legault veut que LeBel
agisse de la même manière avec les travailleurs du
secteur public et les problèmes de santé et de
sécurité, l'environnement, etc., en présentant la
lutte du peuple à la défense de ses droits comme
empêchant la construction des projets
d'infrastructure que le gouvernement met de
l'avant pour payer les riches.
La plus grande corruption qui existe au Québec
est le renforcement des pouvoirs arbitraires de
l'État pour attaquer les travailleurs et payer les
riches et couvrir les crimes du gouvernement par
des lois qui lui procurent l'immunité face aux
poursuites. Comme ce fut le cas pendant la
Commission Charbonneau, le projet de loi 61 sera
utilisé pour servir les intérêts privés des riches
oligarques et marginaliser et criminaliser les
actions et la voix des travailleurs.
D'autres changements au Cabinet Legault et au
comité
des priorités de la relance économique
Le
ministère de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur est scindé en deux. Jean-François
Roberge demeure ministre de l'Éducation et le
ministère de l'Enseignement supérieur passe aux
mains de Danielle McCann qui était la ministre de
la Santé et des Services sociaux avant le
remaniement.
Il faut se rappeler que le vendredi 7 février, le
gouvernement de François Legault a forcé par
bâillon l'adoption du projet de loi 40 du ministre
Roberge, Loi modifiant principalement la Loi
sur l'instruction publique relativement à
l'organisation et à la gouvernance scolaires. Cela
a suscité un tollé d'opposition des enseignants et
des travailleurs de l'éducation qui ont dénoncé la
concentration du pouvoir entre les mains de
l'exécutif gouvernemental et l'élimination des
niveaux intermédiaires de prise de décision du
passé. La loi 40 est très semblable au projet de
loi 61 par son intention.
Simon Jolin-Barrette, ex-ministre de
l'Immigration, de la Francisation et de
l'intégration, a été nommé ministre de la Justice.
Il avait été largement dénoncé pour ses attaques
contre les immigrants. Le gouvernement Legault
réduit la classe ouvrière en une catégorie de «
choses » à vendre sur le marché du travail et les
immigrants font partie de ces « choses ».
L'objectif est de diviser les travailleurs,
d'entraver le développement de leur lutte à la
défense des droits de tous et d'abaisser la valeur
de la capacité de travail des travailleurs, qu'ils
vendent aux employeurs.
Nadine Girault remplace Jolin-Barrette au poste
de ministre de l'Immigration, de la Francisation
et de l'Intégration. Elle a été récemment nommée
coprésidente du groupe d'action contre le racisme
mis sur pied par le gouvernement Legault pour
promouvoir la vision d'un racisme systémique pour
lequel le peuple est blâmé et pour protéger les
attaques racistes organisées par l'État menées par
les institutions de l'État, y compris par le
gouvernement lui-même.
Le premier ministre Legault a également modifié
la composition du Comité des priorités de la
relance économique créé à la fin mars 2020 en
pleine pandémie. À sa création, le premier
ministre avait dit que ce comité est le « filtre
de toutes les dépenses gouvernementales ». Il
avait dit que sauf pour le domaine de la santé,
chaque somme investie devra répondre à une seule
question : « Est-ce stratégique pour la relance ?
»
Ce charabia néolibéral vise à enjoliver et à
renforcer l'économie qui paie les riches au
détriment des droits et du bien-être du peuple et
de la nécessité que sa voix et la prise en mains
des affaires de la société soient au centre de
toutes les décisions économiques et du
développement.
Le Comité des priorités de la relance économique
fonctionne en vase clos, comme s'il était un
conseil d'administration des grandes entreprises,
qui décide où la valeur expropriée doit être
dépensée. En fait, le cabinet gouvernemental
fonctionne comme un comité exécutif au Québec de
l'oligarchie mondiale. Il s'assure que toutes les
ressources, toute l'infrastructure et les
travailleurs du Québec sont toujours disponibles
pour être exploitées et que la valeur qu'ils
créent puisse être expropriée légalement et
déclarée la propriété privée des oligarques
mondiaux au sein d'une superstructure juridique
d'État agissant au moyen de pouvoirs de police
qu'une idéologie et un non-sens néolibéraux
cherchent à embellir.
Le Comité des priorités de la relance économique
comprend Pierre Fitzgibbon, le ministre de
l'Économie et de l'Innovation, Eric Girard, le
ministre des Finances, Jean Boulet, le ministre du
Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale,
Sonia LeBel, la présidente du Conseil du trésor,
Nadine Girault, la nouvelle ministre de
l'Immigration, de la Francisation et de
l'Intégration, Benoit Charette, le ministre de
l'Environnement, et Geneviève Guilbault, la
vice-première ministre et ministre de la Sécurité
publique.
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 44 - 7 juillet 2020
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