Des programmes de dépenses publiques d'infrastructure pour payer les riches et maintenir le contrôle et les privilèges de classe
- K.C. Adams -
Les experts économiques de l'Institut C.D. Howe
conseillent le gouvernement fédéral sur la manière
de défendre les intérêts privés des riches pendant
la pandémie. Ils ont formé un groupe de travail de
crise sur la continuité des affaires et le
commerce qui a publié jusqu'à présent huit
communiqués. Le dernier en date s'intitule «
Accélérer les projets d'infrastructure et adapter
les processus de restructuration ».
Leur préoccupation est déterminée par leur être
social, par leur appartenance à l'oligarchie
impérialiste au pouvoir. Nul ne peut douter de
leur sincérité à servir leur cause qui est de
préserver et de défendre l'immense richesse
sociale et les privilèges de classe de leurs pairs
et leur contrôle des affaires économiques et
politiques du pays. Le président-directeur général
de l'Institut C.D. Howe, William B.P. Robson,
écrit : « Parmi les faits saillants du
travail de l'Institut CD Howe au fil des ans,
mentionnons la libéralisation du commerce et des
investissements en Amérique du Nord. »
Libéralisation veut
dire mondialisation impérialiste, offensive
antisociale contre le bien-être et les droits du
peuple et intégration accrue des affaires
économiques, politiques et militaires du Canada au
système impérialiste d'États dirigé par les
États-Unis. Un aspect important a été la
prolifération des stratagèmes pour payer les
riches qui distribuent des fonds publics aux
entreprises et aux cartels privés les plus grands
et les plus puissants de l'oligarchie mondiale.
L'Institut C.D. Howe affirme que son «
impact » est tel que ses produits écrits sont
« une source prééminente de renseignements
politiques fiables » et « une lecture
obligatoire pour les décideurs de haut niveau d'un
océan à l'autre ». L'Institut C.D. Howe se
vante du fait que ses produits écrits et son
blogue « Intelligence Memo » ont « jeté les
bases intellectuelles de réalisations comme le
développement du libre-échange continental et la
fin des déficits insoutenables des
années 1970 et 1980 ».
L'Institut C.D. Howe est une voix forte et
importante parmi l'élite dirigeante qui prône
l'offensive antisociale des trois dernières
décennies pour servir l'oligarchie impérialiste
contre les intérêts généraux des travailleurs.
L'Institut C.D. Howe fournit des arguments pour
dissuader les travailleurs et les intellectuels en
particulier de s'unir dans des actes de
participation consciente, des actes de découvrir
pour donner une nouvelle direction à l'économie
pour qu'elle serve le bien-être du peuple et mène
à la résolution de la contradiction entre la
nature sociale de l'économie moderne et son
contrôle continu par de puissants intérêts privés
concurrents et les crises économiques récurrentes
qui en résultent.
L'existence de l'Institut C.D. Howe et son
influence soulignent la nécessité pour la classe
ouvrière d'avoir ses propres institutions qui
encouragent les travailleurs, et aussi les
intellectuels, à accomplir des actes de
participation consciente pour ouvrir la voie au
progrès pour le peuple et la société et à
développer leur propre pensée, théorie et
idéologie en s'engageant dans des actes pour bâtir
le Nouveau.
Des infrastructures pour payer les riches
Dans son communiqué #8, le Groupe de travail de
crise de l'Institut C.D. Howe exige que des fonds
fédéraux soient débloqués pour « fournir la
stimulation nécessaire et aider l'économie
canadienne à se remettre de la crise de la
COVID-19 ». L'accent est mis avec insistance
sur le financement public de grands projets
d'infrastructure pour payer les riches.
Les infrastructures sont un moyen de production
social indispensable utilisé par tous les secteurs
et toutes les entreprises de l'économie
collective. La valeur des infrastructures est
largement répartie dans l'ensemble de l'économie
socialisée et cette valeur devrait également être
réalisée pleinement et objectivement.
Les infrastructures fixes, comme les routes et
les ponts, sont semblables aux machines et aux
bâtiments ; elles transfèrent leur valeur aux
utilisateurs au fil du temps. La valeur fixe
transférée générée par l'utilisation des
infrastructures peut être scientifiquement
identifiée et liée aux entreprises et aux moyens
de production qui ont besoin de cette valeur,
l'utilisent et la consomment.
Les infrastructures circulantes, comme l'eau et
l'électricité, transfèrent leur valeur en
quantités identifiables, qui sont utilisées et
entièrement consommées. La valeur circulante
transférée peut être identifiée et mise en
relation avec les entreprises et les moyens de
production qui ont besoin de cette valeur,
l'utilisent et la consomment. La valeur marchande
de la valeur circulante transférée doit être
proche du prix de production de la quantité
consommée.
Le communiqué #8 recommande entre autres : «
Stimuler par l'accélération des dépenses
d'infrastructure - plus précisément : le rôle
possible des dépenses d'infrastructure pour
stimuler la demande globale déprimée... »
« De plus, la connectivité large bande est
une 'dorsale' essentielle de la prospérité
nationale à long terme. Pour orienter les futures
priorités nationales en matière d'infrastructures,
le Canada a besoin d'une initiative nationale
d'évaluation stratégique pour identifier les
investissements d'infrastructure qui stimuleraient
la croissance économique à long terme. [...]
« Afin d'employer des capacités industrielles et
des métiers inutilisés, les gouvernements
devraient envisager d'accélérer les dépenses pour
les projets d'infrastructure publique qui
stimulent la productivité canadienne à long terme.
»
L'Institut C.D. Howe reconnaît le rôle des
infrastructures dans l'augmentation de la
productivité et veut utiliser cette nécessité
comme moyen d'enrichir des intérêts privés :
« Face à une reprise prolongée du secteur de
l'investissement privé non résidentiel, le Canada
devrait saisir cette occasion à court terme pour
rattraper son retard dans l'entretien des
infrastructures publiques vieillissantes, par
exemple en réparant la grande partie des ponts,
des routes et des infrastructures hydrauliques
linéaires qui sont en mauvais état (c'est-à-dire
qui ont atteint ou dépassé leur durée de vie
prévue). »
Tout cela est bien beau, mais l'Institut C.D.
Howe n'identifie pas qui profitera de cette «
occasion à court terme ». Ces projets
deviendront tous des partenariats public-privé
sous le contrôle des plus importants cartels et
entreprises privées. Cela inclut non seulement
l'expropriation privée de la valeur ajoutée
directement par les grandes entreprises de
construction privées, mais aussi le financement
privé de ces projets d'infrastructure par
l'oligarchie impérialiste mondiale avec l'achat de
titres d'État. Les politiques de l'Institut visent
à défendre le contrôle et la propriété des
principaux secteurs et des principales entreprises
de l'économie canadienne par l'oligarchie
impérialiste.
L'Institut C.D. Howe n'analyse pas concrètement
le rôle central des infrastructures critiques dans
l'économie moderne et la nécessité d'une nouvelle
direction prosociale. Les infrastructures au
service de l'économie génèrent une valeur énorme
et sont cruciales pour tous les secteurs et toutes
les entreprises. La construction et l'entretien
des infrastructures doivent être assurés par des
entreprises publiques sous la gestion et le
contrôle de travailleurs responsables devant le
public. Toutes les entreprises publiques et
privées doivent réaliser (payer) de manière
transparente la valeur des infrastructures
qu'elles utilisent. Pour arriver à cela, les
infrastructures doivent être entre les mains des
travailleurs et sous leur contrôle en tant
qu'entreprise publique et la valeur qu'elles
créent et réalisent doit être ensuite réinvestie
dans les infrastructures et dans d'autres secteurs
pour développer l'économie locale, régionale et
nationale.
L'oligarchie impérialiste considère
l'infrastructure comme un moyen d'écorcher
plusieurs fois le même boeuf. Tout d'abord,
l'infrastructure est nécessaire à l'économie et à
toutes ses entreprises et institutions.
Deuxièmement, bien que l'on dise qu'elle est
publique, l'argent est emprunté à
l'oligarchie financière et devient une partie de
la dette publique due aux impérialistes.
Troisièmement, les grands cartels de la
construction, dont beaucoup ont leur siège social
hors du Canada, profitent directement de la
construction des projets. Ces entreprises privées
se voient garantir leurs paiements et leurs
profits et n'ont pas à attendre que la valeur des
infrastructures qu'elles construisent soit
réalisée par la vente ou leur utilisation
prolongée. Quatrièmement, les grandes entreprises
privées de l'ensemble de l'économie font des
profits avec les bas prix qu'elles paient pour
l'utilisation des infrastructures et ces bas prix
sont justifiés par la fraude que pour attirer les
investisseurs, il faut leur accorder des « prix
industriels ».
Le cercle vertueux des infrastructures pour
payer les riches
Le programme d'infrastructure du gouvernement
fédéral pour payer les riches, dont l'Institut
C.D. Howe demande l'élargissement immédiat pendant
la crise actuelle, comporte quatre éléments
principaux qui peuvent être résumés comme suit.
1. La Banque du Canada commence le processus par
l'achat de titres détenus par l'oligarchie
financière mondiale. Certaines des obligations
d'entreprises contiennent des hypothèques et
d'autres prêts appartenant à des institutions
financières privées et aux plus grandes sociétés.
De nombreux prêts et hypothèques contenus dans ces
obligations subissent actuellement des tensions
dues à la crise économique et pourraient
s'effondrer. La Banque du Canada a déclaré que le
montant qu'elle pourrait acheter pourrait
atteindre 150 milliards de dollars et
comprendrait l'achat d'obligations détenues par
les gouvernements provinciaux et d'autres paliers
de gouvernement. De plus, la Société canadienne
d'hypothèques et de logement (SCHL) a annoncé
l'achat de 50 milliards de dollars
d'hypothèques détenues actuellement par les
grandes banques. La justification pour déverser
tout cet argent public dans les coffres des
oligarques mondiaux est que les prêteurs privés
vont maintenant investir dans l'économie en
difficulté, alors qu'en fait ces mêmes
institutions financières mondiales achètent des
titres garantis par l'État.
2. L'oligarchie financière prend l'argent public
de la Banque du Canada et de la SCHL qui vient de
ses titres achetés et, avec cet argent, achète les
obligations d'État aujourd'hui encore plus
nombreuses, car le déficit du gouvernement fédéral
et des autres gouvernements monte en flèche. Ces
achats deviennent un refuge pour la richesse
sociale des oligarques pendant la crise alors que
les autres opportunités d'investissement se sont
taries ou sont devenues trop risquées. Les titres
garantis par l'État rapportent même des intérêts.
3. Le gouvernement prend l'argent privé qu'il
emprunte à l'oligarchie financière avec la vente
de ses titres et en consacre une partie au
financement de projets d'infrastructure. Cela
devient la mise de fonds de démarrage pour
commencer la construction.
4. Le gouvernement recrute des cartels mondiaux
privés de la construction pour réaliser les
projets d'infrastructure. Ces entreprises n'ont
pas à trouver elles-mêmes le financement ni à se
soucier de vendre le projet terminé. Le
gouvernement leur donne l'argent nécessaire à la
construction au fur et à mesure que les projets
avancent, ce qui comprend des profits
considérables. Tous ces travaux sont garantis par
le gouvernement, y compris les prix exorbitants
dictés par les cartels privés de la construction
pour la réalisation des projets.
5. Une fois construits, les principaux
utilisateurs des moyens de production publics
(routes, ponts, électricité, etc.), qui sont les
grandes entreprises privées de l'économie, n'ont
pas à payer le plein prix du marché pour la valeur
de la partie des infrastructures qu'ils
consomment, car ils bénéficient de « prix
industriels » préférentiels fixés
arbitrairement.
Ce cercle vertueux explique comment le plan
d'infrastructure du gouvernement fédéral «
Investir dans le Canada » sert à payer les
riches et contribue à la concentration toujours
plus grande des richesses et du pouvoir entre les
mains d'une poignée de privilégiés. En 2019,
le gouvernement fédéral s'est engagé à investir
plus de 187 milliards de dollars sur 12
ans en infrastructure. L'Institut C.D. Howe
affirme que la crise actuelle devrait inciter le
gouvernement à dépenser encore plus et plus
rapidement, non seulement pour de nouveaux
projets, mais aussi pour l'entretien et la
modernisation des infrastructures existantes.
Les Canadiens
sont intimidés et sommés de ne pas s'opposer à
cette orientation de l'économie, car elle « crée
des emplois et bâtit l'infrastructure » dont
ils ont tant besoin. Mais une nouvelle direction
est exactement ce qu'il faut pour que l'économie
soit sous le contrôle des travailleurs, pour
prévenir des crises récurrentes et résoudre les
autres problèmes sociaux.
Une nouvelle direction de l'économie interdirait
au gouvernement d'emprunter auprès d'institutions
privées. Une nouvelle direction permettrait de
bâtir, d'entretenir et de gérer les
infrastructures publiques avec des entreprises de
construction publiques permanentes. Elle
garantirait que la valeur des infrastructures est
pleinement réalisée par les entreprises publiques
et privées qui l'utilisent et la consomment et que
cette valeur est réinjectée dans l'économie et non
pas retirée par les riches et envoyée dans des
paradis fiscaux ou ailleurs.
L'Institut C.D. Howe veut justifier l'octroi de
fonds
publics à des intérêts privés
Dans son communiqué, il dit : « Les dépenses
publiques sont justifiées du point de vue
économique lorsque les avantages nets pour la
société dépassent les coûts des dépenses. Le
secteur privé est bien équipé pour réaliser des
projets qui génèrent des profits tout au long de
la durée de vie de l'actif. En revanche, les
gouvernements fournissent ou contribuent à juste
titre à des investissements lorsqu'un projet
procure à la société des avantages qui dépassent
la valeur actualisée nette qui reviendrait à un
propriétaire privé. »
Ce charabia est totalement intéressé. Les «
avantages nets pour la société » sont en fait
des programmes d'infrastructure pour payer les
riches qui enrichissent l'oligarchie financière et
garantissent le maintien de ses privilèges et de
son existence. Une économie moderne a besoin
d'infrastructures importantes pour exister.
L'Institut C.D. Howe veut que les fonds publics
soient utilisés « lorsque les avantages nets pour
la société dépassent les coûts des dépenses »
pendant que le secteur privé réalise « des
projets qui génèrent des profits tout au long de
la durée de vie de l'actif ». L'Institut C.D.
Howe présuppose que « les avantages nets pour la
société » sont contraires aux profits privés.
Si les profits privés étaient des profits publics,
ne serait-ce pas un avantage net pour la
société ?
L'Institut C.D. Howe tente de justifier la
poursuite du profit privé dans une situation où
les grands projets et le développement sont
impossibles sans fonds publics et sans stratagèmes
pour payer les riches. Cette direction désuète de
l'économie garantit qu'aucun projet, quelle que
soit sa taille, ne puisse se réaliser sans payer
les riches à même les fonds communs de l'État qui
proviennent principalement des impôts des
travailleurs et des petites et moyennes
entreprises. L'Institut C.D. Howe ne veut pas
entrer dans le Nouveau où l'entreprise publique
est la force motrice décisive de tous les grands
secteurs de l'économie et où les travailleurs
eux-mêmes sont aux commandes.
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 42 - 27 juin 2020
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Des programmes de dépenses publiques d'infrastructure pour payer les riches et maintenir le contrôle et les privilèges de classe - K.C. Adams
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