Contestation constitutionnelle de la nation crie de Beaver Lake

La définition de la réconciliation du gouvernement Trudeau


Rassemblement à Edmonton en appui à la contestation judiciaire de la nation crie de Beaver Lake, 19 février 2019

Les gouvernements fédéral et albertain n'ont épargné aucun effort pour bloquer la contestation constitutionnelle lancée par la nation crie de Beaver Lake en 2008 à la défense de ses droits inhérents et issus de traités. L'enjeu est la prise en compte des effets cumulatifs du développement industriel sur les terres et le mode de vie traditionnels de la nation dans le processus d'approbation de projets.

Le dernier développement en date est l'appel, entendu en cour le 4 juin, par les gouvernements fédéral et albertain de la décision de septembre 2019 de la Cour du Banc de la Reine qui exige que chaque gouvernement verse 300 000 $ par année à la nation crie de Beaver Lake pour qu'elle puisse poursuivre sa contestation constitutionnelle.

Le gouvernement de l'Alberta et le gouvernement fédéral ont tenté depuis le début d'empêcher la cause d'être entendue. En 2008, ils ont tenté de la faire rejeter. Le gouvernement de l'Alberta affirme que la contestation est « frivole, vexatoire et un abus de procédure ». Le gouvernement fédéral déclare qu'il ne devait pas être nommé défendeur, cherchant à se laver les mains de ses obligations fiduciaires envers les Cris de Beaver Lake et oubliant que le champ de tir de l'armée canadienne à Cold Lake se trouve sur leur territoire. Le tribunal a décidé en 2013 que la cause pouvait aller de l'avant. Alors que les partis cartellisés qui se succèdent au pouvoir ont alterné au cours des sept années qui ont suivi, le refus de négocier de bonne foi et les tentatives de mettre fin à la contestation constitutionnelle demeurent.

Ce que les gouvernements Trudeau et Kenney demandent dans leur appel de la décision de 2019 sur les coûts est que Beaver Lake devrait épuiser tous ses fonds pour continuer à défendre sa revendication, ce que la nation a déclaré qu'elle ne ferait pas et ne pourrait pas faire. Elle dit qu'une communauté dont la seule source d'eau potable propre est un camion-citerne ne doit pas choisir entre de l'eau propre et la poursuite de sa cause. Toute cette affaire révèle le cynisme du « je vous entends » et d'« aucune relation plus importante » de Trudeau, et ses promesses de faire mieux.

Dans son budget de 2018, le gouvernement Trudeau a déclaré que « la participation des autochtones aux négociations modernes des traités sera financée par des contributions non remboursables ». Mais il continue d'essayer de faire croire que les traités à numéros comme le Traité Six, dont Beaver Lake est signataire, sont des traités de cessation des terres et qu'il n'y a donc plus rien à négocier. L'histoire orale dit autre chose, sans mentionner que la conception de la vente de la terre n'existe même pas dans le droit autochtone et dans les traditions et la conception du monde autochtones que les rédacteurs des traités autochtones étaient tenus de respecter et ont respecté. Tout aussi hypocrites sont les promesses répétées du gouvernement Trudeau en matière d'eau potable pour tous les peuples autochtones. Cette hypocrisie souligne la nécessité de moderniser la Constitution du Canada afin d'éliminer les relations coloniales avec les peuples autochtones et redresser les torts historiques.

La position du gouvernement Trudeau est claire et inacceptable. Sa définition de la réconciliation est que les peuples autochtones doivent se réconcilier avec la perte de leur mode de vie, la perte de leur capacité de s'acquitter de leurs fonctions de gardiens de la terre, et accepter la loi du plus fort comme loi du pays. Cela ne marchera pas. Les projets qui ont été imposés sur le territoire comprennent le champ de tir de Cold Lake, qui occupe illégalement les territoires traditionnels de la nation crie et qui est une violation du concept de paix et d'amitié et doit être fermé[1].

Les Canadiens ont la responsabilité de défendre la nation crie de Beaver Lake qui défend ses droits et ses responsabilités envers la Terre Mère. Le droit souverain des peuples autochtones de dire oui ou non aux projets de développement sur leur territoire traditionnel doit être respecté.

Note

1. Entre autres choses, le champ de tir militaire est le site des exercices annuels de guerre « Maple Leaf » qui comprennent des avions de l'OTAN ainsi que la participation de pays non membres de l'OTAN, dont Israël, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Suède, Singapour, le Brésil et la Colombie.


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 40 - 13 juin 2020

Lien de l'article:
Contestation constitutionnelle de la nation crie de Beaver Lake: La définition de la réconciliation du gouvernement Trudeau - Peggy Morton


    

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