Le traitement inhumain des migrants par les États-Unis met en péril les peuples des Amériques


Expulsés des États-Unis durant la pandémie, des migrants arrivent chez eux au Mexique.

Une des choses qui caractérise la pandémie aux États-Unis en ce moment est le traitement inhumain par le gouvernement des personnes sans statut : les immigrants, les travailleurs migrants et les demandeurs d'asile. Il s'agit non seulement de traitement ou de détention dans des conditions peu propices à la distanciation sociale, mais de déportations continues de personnes vers le Mexique, l'Amérique centrale et Haïti. Tout cela est fait au détriment de toutes normes établies pour le traitement des migrants et des réfugiés.

Des pays comme Cuba et d'autres fournissent de l'aide désintéressée aux peuples du monde tout comme le Venezuela qui, malgré tout ce à quoi il doit faire face en tant qu'objet de la guerre économique américaine, accueille les migrants vénézuéliens qui reviennent (plus de 6 000 au 10 juin, la plupart informels), après avoir été abandonnés sans aucun soutien à la frontière des pays voisins qui étaient mal préparés à résister à une pandémie. C'est encore le Venezuela qui leur fournit des services sociaux et de santé gratuits tandis que les impérialistes américains font preuve de mépris sans borne pour la vie humaine en mettant en péril les peuples d'Amérique latine et des Caraïbes alors que cette région est aux prises plus que jamais avec la pandémie.

Une agence de nouvelles rapportait le 7 juin : « Sous prétexte de contenir la propagation de la COVID-19 au pays, les États-Unis vont de l'avant avec leur ordre du jour d'appliquer leurs politiques en matière d'immigration, déportant des milliers de personnes d'Amérique centrale, y compris celles qui ont été infectées par le virus mortel, vers leurs pays d'origine alors même que la pandémie fait rage.

« Dans des centres de détention surpeuplés ou au cours de processus de déportation ayant peu ou pas de mesures sanitaires, l'approche 'business-as-usual' de Washington fait fi d'une crise de santé mondiale et met en danger les systèmes de santé fragilisés dans les pays moins développés de l'Amérique centrale.

« Jusqu'ici, le Guatemala, Haïti, la Jamaïque et d'autres pays d'Amérique latine tels que la Colombie et le Mexique ont annoncé des cas d'infection chez les personnes déportées. Les États-Unis, le pays avec le plus grand nombre d'infections et de décès au monde, sont accusés d'avoir encouragé la propagation du virus dans les régions avoisinantes.

« Marvin Canahui, un migrant guatémaltèque de 38 ans, dit que son expérience vécue est la même que celle de milliers de personnes qui ont été détenues ou déportées par le Service américain de l'immigration et de l'application des règles douanières (ICE) pendant la pandémie.

« 'Ils ne nous ont jamais donné du savon ni du désinfectant à main', a dit Canahui, qui [a été déporté tout récemment] après avoir travaillé aux États-Unis pendant 17 ans. [...]

« Sauf dans la salle à manger et la pièce où se trouvent les téléphones, il n'y avait aucune mesure de nettoyage ou de prévention comme la distanciation sociale dans l'établissement où il partageait le dortoir, les douches et les salles de bain avec près de 200 migrants du Guatemala, du Salvador, du Honduras et du Nicaragua, a-t-il évoqué.

« 'Nous étions entassés, à pleine capacité. Il n'y avait plus de place pour une seule personne, a dit Canahui. Elles (les autorités américaines) ont continué de faire entrer des prisonniers. Nous étions totalement à l'étroit là-dedans.'

« Avant qu'il ne soit déporté à la mi-avril, il a subi un examen de la gorge avec un abaisse-langue en plastique, sans qu'on lui explique pourquoi ni quel en était le résultat.

« Après son arrivée par avion au Guatemala le 14 avril, les autorités de l'immigration à cet endroit l'ont placé, lui et d'autres personnes déportées, en quarantaine pendant 14 jours dans un refuge près de l'aéroport, puisque des nouveaux arrivés avant eux avaient eu des résultats positifs lors de leur test de dépistage du virus. [...]

« Un migrant salvadorien qui n'a donné que son prénom, Carlos, a été détenu dans un établissement de détention au Texas à partir de janvier jusqu'au début d'avril, où il a perdu 20 kilos en raison de problèmes de santé existants et des mauvaises conditions. [...]

« 'Il n'y avait aucune mesure de protection ni de traitement (spécial)' et plus de 80 détenus présents 'n'ont pas été testés', a dit Carlos, 31 ans, qui s'est enfui du Salvador en janvier après que les membres d'un gang ont menacé de le tuer pour avoir refusé de verser de l'argent de protection pour sa petite entreprise.

« Il a dit qu'il espérait demander l'asile aux États-Unis, mais qu'il avait été arrêté presque immédiatement par des agents patrouilleurs à la frontière et envoyé à la 'glacière', le nom familier attribué aux cellules de détention froides où sont les détenus. [...]

« David Cruz, un migrant mexicain de 48 ans, a dit qu'on lui avait donné un masque et qu'on avait vérifié sa température lorsqu'il a été mis dans une cellule de détention à McAllen, au Texas, mais qu'il avait été détenu avec 27 autres personnes dans un espace serré.

« Il a été déporté en mai par l'un des huit vols nolisés pour accélérer le processus de déportation vers le Mexique, qui est habituellement fait par transport terrestre.

« Le but de ces vols est de réduire la propagation de la COVID-19 'aux États-Unis', a dit le service de patrouille frontalière et des douanes américaines dans une déclaration.

« Cependant, les experts latino-américains ont dit que la décision des États-Unis en pleine éclosion de la COVID-19 menaçait de propager le virus au sud de ce pays, en particulier dans les communautés rurales pauvres d'où viennent plusieurs des migrants.

« Le 4 mai, l'organisation médicale non gouvernementale internationale Médecins sans frontières a exhorté les États-Unis de suspendre les déportations, avertissant que le déplacement pourrait détériorer la situation dans des pays qui n'ont pas l'équipement requis pour faire face à une telle crise.

« Loic Jagger, le directeur de l'organisation pour le Mexique et l'Amérique centrale, a dit plus tôt que le fait de déporter des migrants sans d'abord vérifier s'ils ne sont pas infectés est une 'politique criminelle'. [...]

« Selon l'ICE, près de 943 migrants dans plus de 45 centres de détention ont eu un résultat positif à la suite d'un test pour la COVID-19 après que 1 788 tests de dépistage ont été effectués. Le nombre total de migrants détenus dans ces centres a atteint 29 675 à la fin d'avril.

« 'Les États-Unis semblent exploiter la pandémie pour s'attaquer à l'immigration, a dit Ruben Figueroa, un membre du Mouvement migrant mésoaméricain qui défend les droits humains des migrants de l'Amérique centrale.

« 'Ils saisissent cette occasion pour imposer des restrictions beaucoup plus draconiennes. Il en va de même pour les mesures de sécurité. Ils violent (les droits) de ces gens, de leurs communautés et de leur pays d'origine. C'est clair, c'est évident', a dit Figueroa.

« En Colombie, les experts en maladies infectieuses ont sonné l'alarme face aux agissements des États-Unis après que plus de 20 des 64 Colombiens déportés le 30 mars ont été testés positifs pour la COVID-19.

« Aristobulo Varon, un des rapatriés, a dit à la presse locale qu'aucune des personnes déportées n'avait été testée, et leur validation reposait entièrement sur le fait qu'elles n'avaient manifesté aucun symptôme évident du nouveau coronavirus.

« Soraya Marquez, une experte en maladies infectieuses et coordonnatrice en rétablissement de la santé à la clinique Juan N. Corpas de Bogota, a dit que les États-Unis étaient irresponsables dans leur négation des protocoles standards de la santé en pleine pandémie, laquelle a infecté plus de 6,8 millions de personnes par le monde et tué plus de 390 000 personnes.

« 'Je pense que c'est un échec total en raison de leur refus de respecter les protocoles, puisque la présence de la COVID-19 chez des patients sans aucun symptôme est prouvée, et c'est pourquoi des mesures rigoureuses sont nécessaires, ainsi que des mesures et des tests pour confirmer ou non d'une façon ou d'une autre le diagnostic pour ne pas augmenter le nombre d'infections', a dit Marquez.

« La performance des États-Unis dans la pandémie a 'mis un grand nombre de personnes en danger', a-t-elle dit. 'Le message est clair : la vie doit l'emporter sur tout autre intérêt.' »

Le 10 juin, le ministre des Affaires étrangères du Guatemala a dit que les États-Unis avaient recommencé ses vols de déportation des personnes vers ce pays cette semaine, après une pause d'un mois en raison de la pandémie du coronavirus, selon teleSUR. Celui-ci poursuit :

« La porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Patricia Letona, a dit que les vols contiendraient des groupes d'environ 50 personnes y compris des enfants et que deux autres vols étaient prévus la semaine prochaine.

« Bien que des vols provenant des États-Unis avec des mineurs sans accompagnement se sont poursuivis, les déportations dans leur ensemble par voie aérienne vers le Guatemala ont été suspendues à la mi-mai.

« Ces vols ont été une source de tension entre les États-Unis et le Guatemala puisque des douzaines de personnes renvoyées dans ce pays d'Amérique latine se sont avérées positives au coronavirus. Au moins 186 personnes déportées ont été déclarées positives pour la COVID-19 après leur arrivée au pays en dépit des prétentions des États-Unis qu'elles étaient en bonne santé.

« Le gouvernement guatémaltèque a dit que les personnes déportées seraient examinées pour dépister le virus et que seuls ses citoyens détenus dans les centres de détention par le Service américain de l'immigration et de l'application des règles douanières (ICE) reviendraient.

« 'La décision [de reprendre les vols] est fondée sur de l'information technique sur la situation sanitaire', a déclaré Letona.

« Le ministère des Affaires étrangères a dit que près de 5 500 Guatémaltèques sont détenus par ICE. Plus de 2 500 de ces personnes ont un ordre final de déportation et le traitement des autres est en cours.

« L'administration du président américain Donald Trump a exercé une pression sur le Guatemala pour que celui-ci continue d'accueillir des migrants déportés en dépit des préoccupations grandissantes qu'ils peuvent rapporter le coronavirus avec eux et possiblement infecter des communautés éloignées.

« La nouvelle de la reprise de vols a suscité la résistance des groupes de défense des migrants au Guatemala.

« Le directeur du refuge de migrants Casa del Migrante, Mauro Verzeletti, qui est aussi prêtre, a dit que la décision de Washington était une 'erreur majeure' et ne contribuerait en rien aux conditions au Guatemala.

« 'Cela n'engendrera que plus de racisme contre les gens qui reviennent dans leur propre pays', a-t-il dit à Reuters. 'Nous sommes toujours fermés et nous ouvrirons à nouveau lorsque la courbe de la pandémie sera à la baisse.' »

TeleSUR informe que depuis le début de la pandémie au Guatemala à la mi-mars, le pays a accueilli 2 160 personnes déportées des États-Unis. En date du 12 juin, le Guatemala annonce un total de 8 561 cas (6 660 actifs ; 1 567 rétablis ; 334 décès) pour un taux de 478 cas par million et 19 décès par million.

En ce qui a trait à la situation en Haïti, Steve Forester, coordinateur des politiques d'immigration de l'Institut pour la justice et la démocratie en Haïti, rapporte qu'« au moins huit des 30 Haïtiens déportés le mardi 26 mai 2020 des États-Unis vers Haïti avaient été mis en quarantaine au centre du Service de l'immigration et de l'application des règles douanières (ICE) de Pine Prairie, en Louisiane, car ils avaient été testés positifs à la COVID-19 à la fin avril et/ou au début de mai. Il ne semble qu'aucun d'entre eux n'ait jamais été testé négatif deux fois, voire seule une fois, à l'aide d'un test de dépistage fiable de la COVID-19. [...]

« Peu après 12 h 30 le 26 mai, 30 personnes sont rentrées à Port-au-Prince à bord d'un vol Swiftflight 737 d'iAero Airways dont un homme qui, ces derniers jours et le soir du 25 mai, s'était plaint de difficultés respiratoires, de fièvre et des douleurs à la poitrine, aux jambes et aux cuisses. Il était l'un des huit à avoir été testé positif au coronavirus et a donc été mis en quarantaine dans les installations de l'ICE à Pine Prairie.

« Les huit déportés qui avaient été déclarés positifs à la COVID-19 ont été transférés le matin du 25 mai de Pine Prairie au centre de transit d'Alexandria (ASF) de l'ICE en Louisiane, où ils ont été contrôlés pour le coronavirus à l'aide d'un 'test rapide'. [...]

« Nous ne savons pas combien des 22 autres personnes sur le vol du 26 mai peuvent également avoir été testées positives à la COVID-19 ou n'ont pas été approuvées selon le protocole approprié de la santé publique.

« J'ai parlé récemment à un Haïtien expulsé le 7 avril. Il a décrit les conditions de surpopulation dans les centres de détention de l'ICE et dans une zone d'attente, avec des gens assis côte à côte, certains toussant et éternuant. [...]

« Nous ne savons pas combien des 22 autres personnes sur le vol du 26 mai peuvent également avoir été testées positives pour COVID-19 ou n'ont pas été approuvées par le protocole de santé publique approprié.

« Il a dit que tout le monde sur le vol qui les déportait était assis côte à côte deux par deux, sans espace entre eux et avec les sièges de l'allée libres. Un rapport du 25 mai de Vice News documente le mépris de l'ICE pour la distanciation sociale dans le transport des détenus.

« Peu avant le vol du 11 mai dans lequel l'ICE organisait des déportations vers Haïti, les conseillers scientifiques du gouvernement haïtien ont déconseillé de recevoir ceux qui étaient expulsés de l'étranger en raison du risque de propagation du coronavirus.

« La déportation de huit personnes testées positives à la COVID-19, qui n'ont pas été détenues selon le protocole approprié de la santé publique est un autre exemple de la raison pour laquelle personne ne devrait être expulsé pendant la pandémie. En s'engageant dans de telles pratiques, l'administration Trump manque de respect envers Haïti et la vie de son peuple. »

Jake Johnston, associé de recherche principal au Centre de recherche sur les politiques dans le domaine économique (CEPR) à Washington, a également parlé de cette question lors d'un forum organisé par la représentante au Congrès Frederica S. Wilson le 29 mai. Il a expliqué que « Haïti n'est pas le seul pays qui a reçu des vols de personnes déportées des États-Unis pendant la pandémie mondiale. Depuis le 13 mars, l'ICE a effectué pas moins de 135 vols de personnes déportées vers 13 pays d'Amérique latine et des Caraïbes. Les déportés ont par la suite été déclarés positifs au Guatemala, en Jamaïque, au Mexique, en Colombie et en Haïti. Au Guatemala, le gouvernement a identifié plus de 100 cas de COVID-19 parmi les personnes déportées.

« Les déportations continues de l'administration Trump représentent un risque de santé publique important pour la région et pèsent sur les systèmes de santé publique déjà surchargés. Le gouvernement haïtien, par exemple, est contraint d'utiliser des ressources limitées pour mettre en quarantaine les déportés récents, tout en étant incapable de mettre correctement en quarantaine ses propres travailleurs de première ligne. Bien qu'il s'agisse d'un problème régional, il ne fait aucun doute qu'Haïti est l'un des pays les moins bien préparés à faire face à une épidémie de la COVID-19. Au cours des dernières semaines, les cas confirmés ont monté en flèche en Haïti et, avec l'un des taux de test de dépistage les plus bas du monde, cela ne représente probablement que la pointe de l'iceberg. »

Johnson poursuit en disant qu'« environ 60 % des services de santé en Haïti sont fournis par des ONG et des acteurs privés ».

Au 5 juin, Haïti comptait 3 941 cas déclarés de COVID-19 (3 853 actifs ; 24 rétablis ; 64 décès) et 346 cas par million ; 6 décès par million. Le nombre total de nouveaux cas quotidiens a culminé le 6 juin avec 332 et était descendu à 134 au 11 juin, tandis que le nombre de cas actifs n'a pas encore atteint son maximum. Haïti traverse une crise politique depuis le coup d'État de 2004 contre le gouvernement démocratiquement élu de Jean-Bertrand Aristide mené par le Canada, la France et les États-Unis. La situation sanitaire et politique a été aggravée par le tremblement de terre de 2010, puis l'épidémie de choléra provoquée par les soldats de la paix des Nations unies. Les récentes élections sont le résultat de l'ingérence étrangère et ont produit des gouvernements corrompus sans aucune légitimité.

Le Canada a pleinement trempé dans ce scandale, non seulement en Haïti, car il exploite les demandeurs d'asile haïtiens qui travaillent courageusement comme travailleurs de la santé de première ligne, mais en refusant l'asile à tous ceux qui arrivent au Canada en provenance des États-Unis en raison de l'Entente sur les tiers pays sûrs.

(Sources : Xinhua, Haiti Liberté, teleSUR, Worldometers)


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 40 - 13 juin 2020

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