Réunion virtuelle de la 73e session de l'Assemblée mondiale de la santé
L'Assemblée mondiale de la santé (AMS), l'organe
décisionnel de l'Organisation mondiale de la santé
(OMS) s'est réunie les 18 et 19 mai.
Dans les conditions normales, l'AMS se rencontre
aux trois semaines et « compte sur la
participation de délégations de tous les États
membres de l'Organisation et examine un ordre du
jour spécifique consacré à la santé et établi par
le Conseil exécutif. Ses principales fonctions
consistent à arrêter la politique de
l'Organisation, à nommer le directeur général, à
contrôler la politique financière et à examiner et
approuver le projet de budget programme.
L'Assemblée mondiale de la Santé se tient chaque
année à Genève, Suisse ». À cause de la
pandémie de la COVID-19, l'assemblée se tiendra
sous la forme d'une réunion virtuelle sur deux
jours.
L'ordre du jour provisoire tel que publié
le 6 avril comprend ceci :
1. Ouverture de l'Assemblée de la Santé
1.1 Constitution de la Commission de
vérification des pouvoirs
1.2 Élection du président
1.3 Élection des cinq vice-présidents, des
présidents des commissions principales et
constitution du Bureau
1.4 Adoption de l'ordre du jour et répartition
des points entre les commissions principales
2. Rapport du Conseil exécutif sur ses cent
quarante-cinquième et cent quarante-sixième
sessions.
3. Allocution du Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus,
directeur général
4. Intervenant(s) invité(s)
5. Admission de nouveaux membres et de membres
associés [s'il y a lieu]
6. Conseil exécutif : élection
7. Distinctions
8. Rapports des commissions principales
9. Clôture de l'Assemblée de la Santé
À cet ordre du jour s'est ajouté un projet
de résolution intitulé « Riposte à la
COVID-19 » qui appelle à un processus
d'évaluation « impartiale », «
indépendante » de l'OMS par rapport à la
pandémie. Il était parrainé par 62 pays, dont
le Canada, mais notamment ne l'était pas par les
États-Unis. Un point additionnel à l'ordre du jour
proposé par un certain nombre de pays a été celui
d'inviter Taiwan à participer à l'AMS en tant
qu'observateur, un statut qu'il avait de 2009
à 2016.
Le 19 mai, le projet de résolution a été
présenté par l'Union ueopéenne (UE) et proposé par
plus de 100 pays et approuvé par l'OMS. Il ne
cible aucun pays, mais réitère les responsabilités
de l'OMS envers ses pays membres et la nécessité
pour tous les gouvernements nationaux de rendre
des comptes à leurs citoyens et résidents en
fournissant les moyens d'assurer la santé et la
sécurité publiques, ainsi que la nécessité de
coopération internationale pour surmonter la
pandémie. En ce qui concerne l'origine du nouveau
coronavirus, une question que les États-Unis, le
Canada et d'autres ont tenté d'utiliser pour faire
de la Chine le bouc émissaire, la résolution
appelle le directeur général de l'OMS à continuer
« à collaborer étroitement avec l'Organisation
mondiale de la santé animale (OIE), l'Organisation
des Nations unies pour l'alimentation et
l'agriculture (FAO) et les pays, dans le cadre de
l'approche ' n monde, une santé' en vue
d'identifier la source zoonotique du virus et de
déterminer par quelle voie il s'est introduit dans
la population humaine, y compris en examinant le
rôle potentiel d'hôtes intermédiaires, notamment
moyennant des missions scientifiques et des
missions de collaboration sur le terrain qui
permettront de cibler les interventions et
d'établir un programme de recherche visant à
réduire le risque d'apparition d'incidents
similaires et à fournir des orientations sur les
moyens à mettre en oeuvre pour prévenir les
infections par lecoronavirus 2 du syndrome
respiratoire aigu sévère (SRAS-CoV-2) chez l'homme
et chez l'animal et éviter l'apparition de
nouveaux réservoirs zoonotiques, et à réduire
encore les risques d'émergence et de transmission
des zoonoses ».
Le projet de résolution lance de plus l'appel au
directeur général de l'OMS à « lancer, au moment
approprié le plus proche et en consultation avec
les États Membres, un processus d'évaluation
impartiale, indépendante et complète par étape,
notamment en utilisant les mécanismes existants,
selon qu'il conviendra, pour examiner l'expérience
acquise et les leçons tirées de la riposte
sanitaire internationale coordonnée par l'OMS face
à la COVID-19 ».
Dans son allocution de clôture à l'Assemblée, le
Dr Tedros a remercié les États membres pour «
avoir adopté la résolution, qui appelle à une
évaluation indépendante et globale de la riposte
internationale – y compris, mais non seulement, de
l'action de l'OMS.
« Comme je l'ai dit hier, j'entreprendrai une
telle évaluation au plus tôt dès que le moment
sera approprié.
« Nous sommes favorables à toute initiative
visant à renforcer la sécurité sanitaire mondiale,
et à renforcer l'OMS, et à mieux nous protéger.
« Comme toujours, l'OMS reste pleinement engagée
en faveur de la transparence, de la
responsabilisation et d'une amélioration
constante. Nous voulons, plus que quiconque, de la
responsabilisation. »
Il a déclaré que l'OMS continuerait de travailler
avec tous les pays et remplirait son mandat de
fournir à tous les pays l'assistance requise
pendant la pandémie.
En avril, le président Trump a retiré sous
condition le financement américain de l'OMS, de
l'ordre de 500 millions de dollars par an,
l'accusant d'avoir manqué à son devoir de base
dans sa réponse au coronavirus, dans le cadre des
tentatives américaines de rejeter sur d'autres la
faute de la crise de la COVID-19 aux États-Unis.
Trump a réitéré ce chantage dans une lettre
envoyée au Dr Tedros le 18 mai, dans laquelle
il menace de suspendre définitivement le
financement de l'OMS, en déclarant :
« Mon administration a déjà entamé des
discussions avec vous sur la façon de réformer
l'organisation. Mais une action est nécessaire
rapidement. Nous n'avons pas de temps à perdre.
C'est pourquoi il est de mon devoir, en tant que
président des États-Unis, de vous informer que, si
l'Organisation mondiale de la santé ne s'engage
pas à apporter des améliorations substantielles
importantes dans les 30 prochains jours, je
rendrai permanent mon gel temporaire du
financement américain à l'Organisation mondiale de
la santé et reconsidérerai notre appartenance à
l'organisation. Je ne peux pas permettre aux
contribuables américains de continuer de financer
une organisation qui, dans son état actuel, ne
sert manifestement pas les intérêts de
l'Amérique. »
En revanche, alors que Trump n'a pas daigné
s'adresser en personne à l'AMS, le président
chinois Xi Jinping l'a fait par vidéoconférence
le 18 mai. Dans ses remarques, Xi a appuyé
les efforts mondiaux pour surmonter la pandémie et
le rôle de leadership de l'OMS. Il a déclaré que «
la Chine porte depuis toujours la vision de la
communauté d'avenir partagé pour l'humanité. Elle
assume ses responsabilités pour protéger la vie et
la santé de son peuple et remplit son devoir pour
préserver la santé publique mondiale. Pour
promouvoir la coopération internationale contre le
COVID-19, j'annonce ce qui suit :
« - La Chine accordera d'ici deux ans une aide de
deux milliards de dollars US pour soutenir les
pays touchés, notamment les pays en développement,
dans leur lutte contre le COVID-19 et la reprise
de leur développement économique et social.
- La Chine créera, en collaboration avec les
Nations unies, un dépôt et une plaque tournante de
réponse humanitaire globale pour assurer les
chaînes d'approvisionnement en matériel destiné à
la lutte contre les épidémies, et mettra en place
des corridors verts de transport et de
dédouanement.
- La Chine mettra en place un mécanisme de
coopération entre des hôpitaux chinois et 30
hôpitaux africains et accélérera la construction
du siège du CDC africain, pour accompagner
l'Afrique dans le renforcement de ses capacités de
prévention et de contrôle des maladies.
- Quand le développement et le déploiement d'un
vaccin contre le COVID-19 seront disponibles en
Chine, ce sera un bien public mondial. Il s'agira
de la contribution chinoise à l'accessibilité et
l'abordabilité du vaccin dans les pays en
développement.
- La Chine oeuvrera avec les autres membres du
G20 à concrétiser l'initiative sur la suspension
du service de la dette pour les pays les plus
pauvres, et travaillera avec la communauté
internationale pour accroître le soutien aux pays
durement touchés et soumis à une forte pression en
vue de les aider à surmonter les difficultés
actuelles. »
Des membres de l'équipe médicale chinoise en
Italie le 17 mars 2020
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 35 - 23 mai 2020
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