Lettre ouverte au premier ministre Legault

Monsieur le premier ministre,

En ce temps de pandémie de la COVID-19, nous souhaitons attirer votre attention sur le sort des personnes sans papiers. Il s'agit de travailleuses et travailleurs essentiels qui ont été ignoré.es pour qui nous demandons :

1. l'accès à un revenu pendant toute la durée de la pandémie;

2. l'accès à une carte d'assurance maladie avec tous les droits qu'elle donne à l'ensemble des citoyens;

3. l'émission de certificats de sélection de Québec qui permettent de demander la résidence permanente au gouvernement fédéral.

Les personnes sans statut se retrouvent dans plusieurs secteurs d'activité à effectuer des tâches indispensables pour le bon fonctionnement de notre société : semailles de champs, cueillette de fruits et légumes, étiquetage et emballage d'aliments, préparation de repas, soin d'enfants, d'aîné.es et de personnes malades, ménage de restaurants, de bureaux et de résidences, etc. Toutefois, elles effectuent leurs fonctions avec un désavantage notable : elles sont sans papiers. Cette situation signifie le plus souvent qu'elles doivent accepter un taux horaire de 9 $ ou 10 $ en sachant que le salaire minimum est 13,10 $. Parfois, elles ne sont pas payées du tout. De plus, lorsqu'il y a un accident de travail, ces travailleuses et travailleurs sont exclu.es des indemnités prévues par la Loi sur les accidents de travail en plus de ne pouvoir se faire soigner. En ce qui concerne les femmes sans statut, elles sont souvent harcelées sexuellement et psychologiquement sans pouvoir porter plainte à la Commission des normes, de l'équité et de la santé et sécurité au travail. De plus, comme d'autres femmes immigrantes et racisées, elles sont surreprésentées dans le travail de soin et l'entretien ménager, très exigeant physiquement et psychologiquement en plus d'être mal rémunéré malgré leur grande valeur.

Au sein de l'Association des travailleuses et travailleurs temporaires des agences de placement (ATTAP), de l'Association des travailleuses et travailleurs migrant.es du Québec (ATTMQ) et de la Coalition contre le travail précaire, les personnes sans papiers participent aux luttes pour l'augmentation du salaire minimum à 15 $. Le leadership des personnes sans statut a été déterminant pour l'adoption de la nouvelle règlementation québécoise qui protège mieux les travailleuses et travailleurs d'agence. En dépit de leur engagement professionnel et social dans la société québécoise, elles n'obtiennent pas un juste retour. Malgré le stress et la peur causés par le risque de détention et de déportation pour des motifs strictement administratifs, ces personnes sont assez fortes et dignes pour rester, travailler et lutter.

Comme beaucoup de travailleuses et de travailleurs, elles ont perdu leur emploi, mais contrairement au reste de la population, elles n'ont pas accès aux programmes de remplacement de revenu. Elles ont désormais accès au dépistage pour la COVID-19, mais contrairement à l'annonce de la ministre de la Santé, les frais exorbitants pour les soins ne sont pas gratuits dans tous les hôpitaux. Ceci met en péril la vie de ces personnes et défie toute logique de santé publique. Les personnes sans statut doivent avoir les mêmes droits que le reste de la population ! Afin qu'elles puissent s'occuper de leur santé, de leur bien-être et de leur famille, une intervention gouvernementale décisive est plus que jamais nécessaire.[1]

Note

1. Le Devoir, les 9 et 10 mai 2020

(Photo: J4MW)


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 33 - 16 mai 2020

Lien de l'article:
Lettre ouverte au premier ministre Legault - Association des travailleuses et travailleurs temporaires d'agences de placement, Centre de travailleuses et travailleurs immigrants


    

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