Les migrants précaires ne doivent pas être laissés pour compte
- Dorota Blumczynska, présidente,
Conseil canadien pour les réfugiés -
Affiches de la caravane organisée en mai 2020
en appui aux travailleurs migrants par
Justice pour les travailleurs migrants
La présidente du Conseil canadien pour les
réfugiés (CCR), Dorota Blumczynska, a écrit une
lettre au premier ministre Trudeau le 5 mai
pour souligner la situation particulière à
laquelle font face les travailleurs migrants au
Canada durant la pandémie. Avec ou sans statut,
elle fait remarquer que « les personnes migrantes
au Canada se retrouvent souvent dans des
situations d'exploitation, et sont
particulièrement vulnérables aux violations du
droit des travailleurs, à la violence basée sur le
genre, à la violation des droits de l'homme, à la
traite des personnes et à d'autres types
d'abus ». À cause de cela, leur précarité «
est amplifiée pendant la crise de la
pandémie » et elles ont « un besoin urgent
d'aide ».
Dans sa lettre, Dorota Blumczynska demande que
des mesures immédiates soient prises dans les
domaines suivants :
Le revenu
Même si le gouvernement fédéral a étendu la
Prestation canadienne d'urgence (PCU) aux
résidents migrants ayant un numéro d'assurance
sociale valide et qui ont gagné au
moins 5 000 $ au cours des 12
mois précédents, Dorota Blumczyska souligne le
fait qu'« un certain nombre de lacunes subsistent
pour répondre aux besoins urgents des
travailleurs/euses migrants, des personnes en
situation de traite des personnes, des étudiants
internationaux, des demandeurs d'asile et d'autres
personnes migrantes précaires ». Cette
pandémie « oblige certains à travailler dans des
conditions dangereuses pour leur santé et celle de
la santé publique, les pousse à la clandestinité
ou à rester dans des situations abusives
uniquement pour arriver à joindre les deux
bouts », fait-elle remarquer.
La santé
« Il est essentiel que les soins de santé soient
fournis à tous ceux et celles qui vivent au
Canada, quel que soit leur statut d'immigration,
note-t-elle. Nous demandons à tous les échelons du
gouvernement de fournir les services nécessaires
liés à la COVID, y compris l'accès aux tests et
aux traitements nécessaires au même titre que tous
les résidents du Canada. De plus, l'état de santé
d'une personne doit rester confidentiel, notamment
en termes de communication avec les autorités
d'immigration ou les employeurs. »
Le statut d'immigration
Durant cette crise
de pandémie, Dorota Blumczynska rappelle que « le
gouvernement fédéral devrait veiller à ce que les
voies d'accès à la résidence permanente au Canada
soient maintenues, y compris les voies d'accès aux
demandeurs du statut de réfugié, aux personnes
ayant subi la traite, aux travailleurs/euses
migrants et aux personnes migrantes au statut
précaire qui présentent une demande pour des
motifs d'ordre humanitaire. Aucun migrant de
statut précaire ne devrait craindre d'être expulsé
en ce moment ».
La présidente du CCR veut aussi que le
gouvernement privilégie les divers « recours à
court terme existants pour régulariser le
statut » et appelle le gouvernement à mettre
en place immédiatement « un processus de demande
et d'approbation clair et standardisé, ne prenant
pas plus de dix jours » pour ceux « qui
demandent un permis de séjour temporaire pour les
victimes de la traite des personnes, un permis de
travail ouvert pour les travailleurs vulnérables,
ou encore un permis de séjour temporaire pour les
victimes de violence familiale ».
Le soutien communautaire
La présidente de l'organisation veut aussi que le
gouvernement fédéral consulte les nombreuses
organisations communautaires qui « sont en
première ligne pour fournir un soutien aux
personnes migrantes en cette période critique. Ces
organismes devraient être consultés dans le cadre
de l'élaboration de politiques et de réponses
communautaires à la COVID-19 ». « Les
organismes qui soutiennent les personnes migrantes
devraient recevoir un financement adéquat pour
fournir les services essentiels de
sensibilisation, d'éducation populaire et
d'interventions nécessaires en ce moment »,
insiste-t-elle dans sa lettre.
« Les jeunes personnes migrantes sont également
particulièrement touchées par la crise actuelle.
Les organismes dirigés par des jeunes et les
organismes de première ligne qui soutiennent les
jeunes devraient recevoir un financement adéquat
pour fournir des services, un soutien en santé
mentale et des outils appropriés pour gérer la
crise actuelle. »
La présidente de la CCR conclut sa lettre en
rappelant que « les droits humains et les normes
de santé publique doivent être au coeur des
réponses politiques à la pandémie de COVID-19 en
ce moment. »
(Photos: J4MW)
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 33 - 16 mai 2020
Lien de l'article:
Les migrants précaires ne doivent pas être laissés pour compte - Dorota Blumczynska, présidente,
Conseil canadien pour les réfugiés
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