Un statut pour les travailleurs migrants et les réfugiés

La résidence permanente pour tous les travailleurs migrants comme étape vers la citoyenneté!

« La pandémie de la COVID-19 révèle comment les travailleurs migrants étrangers contribuent à l'économie et à la société du Canada en prenant des emplois que trop peu de Canadiens veulent. Leur travail garantit que notre industrie alimentaire prospère, que les jeunes, les personnes âgées et les Canadiens à risque reçoivent les soins appropriés, et que les familles aient le soutien dont elles ont grandement besoin », écrit Connie Sorio, coordonnatrice de KAIROS pour la justice envers les personnes migrantes, l'une des principales défenseures des droits des migrants au Canada, dans un article paru le 7 mai dans le Hill Times.

Connie Sorio considère l'action menée par le Portugal comme « un effort pour protéger la santé et la sécurité de chacun ». « Le Portugal a pris la mesure sans précédent d'accorder aux migrants, y compris aux travailleurs migrants, le statut de résident pendant la pandémie et de fournir un accès complet aux soins de santé et aux services sociaux. » Elle est également d'avis que le Canada doit faire de même, mais « pourrait aller plus loin et accorder à tous les travailleurs étrangers le statut de résident permanent ».

Elle rappelle qu'au Canada, jusque dans les années 1960, « les travailleurs étrangers qui comblaient les pénuries en main-d'oeuvre se voyaient accorder la résidence permanente dès leur arrivée ». Cependant, en 1973, informe-t-elle, « le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) a remplacé la résidence permanente et bien que le besoin de travailleurs migrants ne se soit jamais atténué, leur environnement de travail et de vie est soudainement devenu précaire ».

Elle explique en outre : « Dans le cadre du PTET, la plupart des travailleurs sont liés à un seul employeur. Alors que le Permis de travail ouvert pour les travailleurs vulnérables récemment mis en place offre aux travailleurs la possibilité de quitter des situations de violence, il incombe aux travailleurs de fournir une preuve d'abus. Parce qu'il n'y a aucune garantie que le permis sera accordé et craignant l'expulsion et la perte des revenus vitaux qui font vivre leur famille, de nombreux travailleurs gardent le silence et, par conséquent, les abus et les blessures sur le lieu de travail sont rarement signalés. »

Connie Sorio nous informe également que « les possibilités de demander la résidence permanente vont de difficiles à impossibles selon le métier. Par exemple, dans le cadre du nouveau programme pilote pour les aidants naturels, les futurs soignants peuvent postuler, mais uniquement après un processus exténuant et coûteux, tandis que les travailleurs agricoles et ceux dans la transformation de la viande ne peuvent pas, malgré qu'ils aient travaillé pendant des années et parfois des décennies au Canada. Jusqu'à récemment, aucun travailleur ne pouvait amener sa famille avec lui, une séparation cruelle qui a finalement et heureusement pris fin pour les aidants, mais pas pour les autres. »

Même si le gouvernement fédéral a pris certaines mesures telles que la réduction des conditions d'admissibilité à l'accès à l'assurance-emploi (AE) et l'introduction de nouveaux critères pour les agriculteurs pour aider à protéger la sécurité des travailleurs, elle affirme que « beaucoup plus doit être fait ».

Les nouveaux soutiens du gouvernement fédéral couvrent « les travailleurs étrangers temporaires qui ont perdu leur emploi en raison de licenciements causés par la COVID-19, ou qui ont dû arrêter de travailler en raison d'une maladie. Mais les travailleurs rencontrent des obstacles pour accéder aux prestations parce que les informations sur le soutien ne sont pas disponibles dans leur langue ou nécessitent un ordinateur et l'internet, dont beaucoup n'ont pas », écrit-elle.

« En outre, l'ensemble de ces soutiens ne prend pas en charge les travailleurs qui ont perdu leur statut parce qu'ils font face à un imbroglio bureaucratique », ni ne « garantit la conformité des directives de santé publique dans les exploitations agricoles, dans les installations de transformation de la viande et sur d'autres lieux de travail ».

« Le gouvernement canadien n'a qu'à se tourner vers le Portugal pour trouver une solution efficace et rapide pour protéger la sûreté et la sécurité de ces travailleurs essentiels et de tous les Canadiens : leur accorder le statut de résident. » Elle est également d'avis que pour aller de l'avant, tous les travailleurs étrangers migrants devraient avoir « accès à la résidence permanente à leur arrivée dans le cadre de la construction d'un pays équitable et inclusif. En 2019, le gouvernement fédéral a pris des mesures dans ce sens en renforçant le parcours des aidants naturels vers la résidence permanente conditionnelle après avoir accompli deux ans de travail au Canada. Il doit étendre ce programme aux travailleurs de tous les secteurs. »

En guise de conclusion, la coordonnatrice de KAIROS écrit : « La COVID-19 a mis en lumière l'emploi précaire de nombreux travailleurs essentiels, y compris ceux de l'étranger. L'octroi du statut de résident aux travailleurs migrants démontrera une véritable appréciation pour les services qu'ils fournissent, ce qui crée une voie vers la citoyenneté et élimine les barrières systémiques intégrées dans les programmes des travailleurs étrangers temporaires.

« C'est maintenant que ça doit changer. »

(Source : Hill Times. Photos: LML, J4MV)


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 33 - 16 mai 2020

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