Une fausse recherche d'équilibre entre la rouvrir l'économie et maintenir la contagion sous contrôle

Alors que les gouvernements à différents niveaux entreprennent la « réouverture de l'économie », on dit aux Canadiens qu'il faut une expertise pour trouver le bon équilibre entre la réouverture de l'économie et le contrôle de la contagion. C'est une fausse équation parce que l'une n'a rien à voir avec l'autre. La protection de la population a ses exigencs et le maintien de l'économie a les siennes. La fausse équation est présentée pour justifier ce qu'on appelle des « risques calculés » pour la population pour essayer de rétablir une activité économique basée sur le vieux but de servir des intérêts privés. Les faits montrent que c'est ce but, de servir des intérêts privés, qui a fait que la contagion est devenue incontrôlable en premier lieu et il est prévisible que servir ce but à l'avenir aggravera la crise. Il est malicieux de confondre les deux catégories comme si l'une devait nécessairement céder la place à l'autre.

Une des leçons importantes de la pandémie est que l'ancienne façon d'organiser l'économie est incapable de produire la planification nécessaire pour l'utilisation des ressources de la société, tant les ressources humaines que naturelles, d'une manière qui réponde aux besoins de la population en temps normal, et totalement incapable de faire face à des situations d'urgence telles qu'avec la COVID-19. Le caractère social de la production ne peut pas pleinement réaliser son potentiel en termes de satisfaction des besoins de la société tant que la production est sous contrôle privé et a pour objectif principal de satisfaire les intérêts privés étroits des oligopoles qui ont usurpé l'État, ses institutions, ses agences et les gouvernements. Il en résulte une anarchie de la production et des crises récurrentes, qui se manifestent clairement à chaque étape importante de la lutte contre la pandémie. Qu'il s'agisse des équipements de protection individuelle pour les travailleurs, des ventilateurs, des tests adéquats et en nombre suffisant, des ressources adéquates pour le traçage des contacts ou pour effectuer des travaux jugés essentiels, le système n'a pas fourni ce qui est requis. Cela est dû à l'anarchie résultant de conflits entre intérêts privés.

Pendant ce temps, les partis cartellisés agissent de manière à garder leurs adversaires hors du pouvoir, en particulier les masses du peuple. Ils agissent en tant que porte-paroles de l'élite dirigeante dont la priorité est de cacher l'échec de leur économie à répondre aux besoins du peuple et de la société dont il dépend. Cela se fait en utilisant les pouvoirs de police pour surmonter les crises auxquelles la société est confrontée en faveur de ces intérêts étroits. Ils ont saisi ces pouvoirs arbitraires au nom de l'urgence qui, selon eux, n'est pas due à leur refus de garantir que l'économie réponde aux besoins de la population, mais à la pandémie.

Les libéraux au niveau fédéral et les gouvernements de diverses allégeances politiques au provincial et au Québec disent que l'urgence les oblige à prendre toutes sortes de mesures pour servir et protéger la population. En fait, ils imposent des mesures qui ne sont pas conçues pour garder la contagion sous contrôle ou pour veiller au bien-être des gens. Il n'y a pas de cohérence dans ces mesures. C'est pourquoi les premiers ministres refusent ouvertement de tirer les conclusions qui s'imposent de l'expérience de la pandémie à mesure qu'elle se déroule. Loin d'avoir pour objectif de protéger la population, les mesures qu'ils prennent sont pragmatiques et sont conçues de manière à assurer le rétablissement des plus grands intérêts privés.

La fausse équation d'un équilibre à trouver entre la réouverture de l'économie et la maîtrise de la contagion sert à duper les crédules. Les riches garantissent leurs profits en obtenant leur livre de chair. La « réduction des coûts » est une façon pernicieuse de dire que la main-d'oeuvre est sacrifiable, un « dommage collatéral », « malheureux mais nécessaire » dans la recherche du profit privé maximum. La prospérité d'intérêts privés étroits au service des riches est faussement assimilée à la prospérité de l'ensemble de la société. Tout cela sert à garantir que les travailleurs et le peuple ne soient pas en mesure de prendre le contrôle des décisions qui affectent leur vie et la vie de la société.

Ça ne doit pas passer !


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 33 - 16 mai 2020

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Une fausse recherche d'équilibre entre la rouvrir l'économie et maintenir la contagion sous contrôle - Louis Lang


    

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