Les banques de l'oligarchie financière mondiale

La classe ouvrière ne doit pas sous-estimer l'importance du système bancaire et de ses institutions connexes, comme le fait invariablement l'oligarchie financière. La presque totalité des biens et services produits au sein de l'économie impérialiste doivent être vendus avant qu'ils ne puissent être utilisés. La nécessité de faire circuler tous les biens et services dans l'économie impérialiste des produits de base en tant que valeur d'échange avant d'être utilisés signifie que les services monétaires et électroniques pour réaliser les produits de base sont importants. Cela donne une grande importance aux institutions financières qui, en réalité, ne sont pas productives et requièrent la valeur des secteurs productifs pour fonctionner. Une nouvelle direction de l'économie où les biens et services sont produits en fonction d'un plan, utilisés au moment de la production et selon la nécessité et ne sont pas obligés de circuler éliminerait en grande partie le rôle actuel de la monnaie et des autres moyens de réaliser les biens et services.

Sous l'impérialisme, le rôle des banques et des autres institutions de l'oligarchie financière s'est développé sous forme d'activités parasitaires de la pire espèce. Ces activités ont principalement à faire avec la redivision de la valeur déjà produite de plus en plus déconnectée de la production actuelle et de la circulation des biens et services et devraient être perçues et dénoncées comme une forme de corruption criminelle.

Le rôle premier des banques est d'agir comme dépôt pour la valeur que la classe ouvrière a produite par son travail. À partir de ce rôle, les banques peuvent servir de chambre de compensation pour la circulation et l'échange de biens et services sous forme de liquidités et de chèques et sous formes électroniques. En tant que détenteur de la valeur, elles détiennent aussi un rôle de prêteur aux individus et entreprises de la valeur déjà produite.

Les banques se sont depuis longtemps écartées de leur rôle initial pour se tourner vers la spéculation et d'autres activités parasitaires assistées par les gouvernements par la prolifération d'échanges de marchandises et de valeurs. Il y a quelques années, par le biais d'un initié, les propriétaires de la Bourse de Toronto ont obtenu le droit exclusif de gérer la vente des titres d'État, ce qui leur a permis de grandement consolider leur cartel qui porte maintenant le nom de groupe TMX.

Les banques ont obtenu le droit de créer de l'argent en prêtant en pratique plus qu'elles ne détiennent dans leurs dépôts. La création d'argent devrait être une activité publique contrôlée exclusivement par le gouvernement et entièrement transparente où les autorités publiques responsables doivent rendre des comptes. La création d'argent par les banques privées de l'oligarchie financière est une pratique qui sert les intérêts privés étroits des riches et va à l'encontre des grands intérêts publics de la classe ouvrière. L'élite dirigeante s'est même fixé la cible de créer une inflation des prix annuelle d'au moins 2 % pour les biens et services pour que s'exerce une pression à la baisse constante sur le prix que la classe ouvrière reçoit pour la vente de sa capacité de travail et que les travailleurs soient toujours financièrement à la traîne dans leurs efforts pour maintenir leur niveau de vie.

La classe ouvrière doit exiger que tous les droits spéciaux accordés aux banques par le biais de règlements juridiques et de chartes soient retirés et que les gouvernements à tous les niveaux rompent leurs relations avec les institutions financières privées, y compris toute relation avec les prêteurs et institutions privés en ce qui concerne les emprunts gouvernementaux. Les gouvernements devraient emprunter à eux-mêmes lorsque nécessaire sans aucun lien quel qu'il soit avec les institutions privées de l'oligarchie financière. Le remboursement de la dette du gouvernement envers lui-même doit être fondé sur la création par la classe ouvrière de nouvelle valeur sur la base de son travail au sein de l'économie canadienne. Les emprunts publics du gouvernement doivent être tout à fait transparents et justifiés et les autorités publiques doivent en être tenues responsables.

Tout service de la dette gouvernementale due doit cesser immédiatement. Une enquête publique doit être menée pour examiner la légitimité de la dette publique, pourquoi et à quelles fins les gouvernements ont vendu des titres à des institutions privées de l'oligarchie financière, et combien a déjà été remboursé en frais de la dette. L'enquête doit décider combien de capital devrait être remboursé. Absolument aucun nouvel intérêt ne devrait être payé en aucune circonstance pour la dette en cours et absolument aucun nouveau titre ne doit être vendu aux institutions privées de l'oligarchie financière.

Des banques de service public doivent être créées qui servent le rôle initial de dépôts de la valeur, de chambres de compensation pour la circulation des biens et services et pour prêter de l'argent aux individus et entreprises. La classe ouvrière et ses collectivités doivent retirer leurs épargnes de toute institution financière de l'oligarchie financière et faire affaire uniquement avec les banques publiques ou les institutions financières que la classe ouvrière aura elle-même organisées.

Les banques doivent être perçues comme fournissant un service public à l'économie et au peuple et sur lesquelles le peuple doit exercer son contrôle et exiger une reddition de comptes. La classe ouvrière met la valeur à la disposition des banques sous forme d'argent de leurs épargnes individuelles, leurs comptes de chèques et d'autres moyens collectifs tels les régimes de retraite. La revendication que les banques fonctionnent ouvertement et avec transparence sans actes de corruption peut se matérialiser si les travailleurs eux-mêmes exercent un contrôle sur leurs épargnes et les institutions financières et si les banques publiques sont créées et forcées à être transparentes et responsables de leurs agissements.

La discussion devrait s'entamer sur comment mobiliser les épargnes et les régimes de retraite de la classe ouvrière de sorte à servir les intérêts de la classe ouvrière et de la société et non les intérêts privés étroits de l'oligarchie financière. La discussion et les actions sur le front bancaire font partie du mouvement pour une nouvelle direction prosociale de l'économie indépendante de et en opposition au contrôle de l'oligarchie financière.


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 32 - 12 mai 2020

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