Le gouvernement britannique ferme les yeux sur les décès dans les résidences pour personnes âgées

Le vendredi 17 avril, le gouvernement britannique a reconnu pour la première fois que les chiffres sur les décès de personnes dans les résidences pour aînés et dans la communauté dus à la COVID-19 étaient faux. Matt Hancock, le secrétaire d'État à la Santé, a confirmé que ces chiffres avaient été « substantiellement sous-estimés » lorsqu'il a comparu devant le Comité spécial de la Chambre des communes. Il a avoué qu'il y avait eu plus de décès dans les résidences pour aînés que ce qui avait été annoncé par le Bureau de la statistique nationale (BSN), et que la part de décès s'étant produits dans des résidences était beaucoup plus élevée que ce qui avait été annoncé jusque-là. « J'ai demandé à la Commission de la qualité des soins de veiller à ce que nous recueillions les données sur les cas de décès des personnes qui sont dans ces résidences pour aînés. Elle a commencé à recueillir les données hier et les publiera sous peu. »

Le Health Service Journal a commenté : « L'ampleur de l'écart seulement pour la semaine finissant le 3 avril est telle que le total des décès dus à la COVID-19 – 1 400 – dans les résidences pour aînés publié cette semaine par Santé Angleterre pourrait représenter une sous-estimation substantielle. »[1]

Puisque des données concrètes n'ont pas été recueillies par le gouvernement ni par le BSN, le Forum national sur la santé a fait part d'une « augmentation importante de décès liés au coronavirus dans les résidences pour aînés », qui, lorsque mise à jour, indique que « plus de 2 500 personnes en résidence pour aînés ont peut-être perdu la vie dans ces résidences suite à des cas de la COVID-19, soit confirmés ou soupçonnés, au cours de la dernière semaine seulement, représentant une augmentation de 193 %. Cette analyse laisse entendre qu'un total de 4 040 personnes ont peut-être perdu la vie dû à cette maladie dans des résidences de soins pour aînés avant le 13 avril. Incluant les décès d'individus ayant été admis à l'hôpital, ce nombre représente 7 337 personnes décédées dans nos communautés les plus vulnérables. »[2]

L'aveu de ce gouvernement révèle plus que la criminalité avec laquelle il gère la pandémie de la COVID-19 en ignorant les décès des patients dans les résidences pour aînés. Ce mauvais décompte des décès révèle le niveau du mépris pour la vie humaine qui a toujours été un trait saillant de l'élite dirigeante et des gouvernements britanniques successifs. Par exemple, pendant ces nombreuses années, au cours de la « crise d'hiver » du Service national de la Santé, il y a eu des décès évitables dus au manque de lits, aux listes d'attente, etc., qui n'ont jamais été officiellement notés et soulignés par le gouvernement, et il en est de même pour les décès tragiques dans les résidences pour aînés durant la pandémie actuelle. Aussi, pendant la guerre de l'Irak, non seulement le gouvernement Blair de l'époque a-t-il commis des actes de guerre criminels en envahissant l'Irak, mais il a aussi refusé de compter les centaines de milliers de personnes tuées ou blessées en Irak à la suite de cette invasion. En ce sens, la pandémie révèle au grand jour le mépris criminel de la vie humaine affiché par les forces au pouvoir, dont la conception du monde est de servir les intérêts privés, et non de défendre la vie humaine et le bien-être du public.

En effet, un des aspects frappants de la Loi sur le coronavirus 2020, qui a reçu la sanction royale le 25 mars, est sa perspective d'une « main-d'oeuvre réduite, une pression accrue sur les services de santé et sur les démarches de gestion des morts » et d'« introduire de nouveaux pouvoirs statutaires conçus pour atténuer ces impacts », comme il est affirmé dans les notes explicatives du projet de loi. Le contraste entre défendre la santé et le bien-être publics, y compris éviter les décès dus à la maladie, et son objectif d'une « main-d'oeuvre réduite » et de « démarches de gestion de la mort » est impossible à ignorer.

Aussi, l'aveu du gouvernement à savoir que ses chiffres liés aux décès dus à la COVID-19 sont faux lève le voile sur les arrangements démodés et inacceptables où la vie et les préoccupations du peuple sont ignorées et les travailleurs de la santé n'ont pas voix au chapitre ou si peu sur ces arrangements. Les travailleurs de la santé et le peuple dans les communautés luttent pour un système de santé et de soins sociaux axé sur l'humain qui répond aux besoins de tous, que ce soit dans les hôpitaux ou les résidences communautaires, de santé mentale et de soins. Au coeur de ce système est la nécessité d'investir les travailleurs de la santé du pouvoir de prendre les décisions cruciales. Cela comprend aussi la capacité de mobiliser la classe ouvrière et le peuple à leur pleine capacité et avec leur entière participation, en particulier en temps de crise comme celle de la pandémie de la COVID-19.

Rien de moins n'est acceptable.

Notes

1. Dave West, « Care home deaths substantially underestimated as Hancock moves to speed reporting », HSJ, 17 avril,2020

2. « Ring of steel needed to support care homes as deaths double in a week », NCF press release, 18 avril,2020

(Workers' Weekly, 18 avril 2020. Traduit de l'anglais par LML)


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 28 - 25 avril 2020

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