Le Canada reste silencieux pendant que la COVID-19 se propage parmi les détenus dans les prisons israéliennes

Il y a environ 4 520 détenus palestiniens dans les prisons israéliennes surpeuplées, des hommes, des femmes et même des enfants de 14 ans. Face aux inquiétudes fondées que la COVID se propage dans ses prisons, un tollé mondial s'est élevé pour exiger qu'Israël libère les prisonniers palestiniens, en particulier les femmes et les enfants et ceux qui sont détenus sans inculpation dans le cadre de ce qu'on appelle la « détention administrative ». Mais Peter Larson, président du Forum israélo-palestinien d'Ottawa (OFIP), dit que jusqu'à présent, le Canada, qui prétend être un « ami du peuple palestinien », n'a manifesté aucun intérêt.

Larson rappelle que des prisonniers palestiniens sont détenus dans plus d'une douzaine de prisons réparties en Israël et en Cisjordanie. Les centres d'interrogatoire où la torture est souvent utilisée sont indiqués par un triangle rouge.

Pendant des années, les organisations palestiniennes de défense des droits humains ont utilisé cette journée pour faire la lumière sur ce qu'elles affirment être les politiques répressives d'Israël à l'égard de ses prisonniers palestiniens provenant de la Cisjordanie et de Gaza, souligne Larson.

Selon le Centre palestinien pour les droits de l'homme basé à Gaza, cela inclut :

- des conditions de détention inhumaines et cruelles ;
- la torture psychologique et physique et un isolement cellulaire ;
- la détention administrative ;
- des ordres et décisions militaires injustes ; et
- l'interdiction des visites par des professionnels de la santé

Dans un appel récent, Addameer, une organisation de défense des droits des prisonniers basée en Cisjordanie, a appelé la communauté internationale « à se joindre à nous dans une campagne urgente pour libérer tous les prisonniers palestiniens afin de les protéger de la COVID-19, en particulier à la lumière des restrictions accrues de leurs droits par l'administration pénitentiaire israélienne. »

L'appel d'Addameer souligne qu'au début de mars 2020, les Services pénitentiaires israéliens (IPS) :

- ont interrompu toutes les visites par les familles et les avocats des prisonniers palestiniens ;
- ont reporté tous les procès devant les tribunaux militaires ;
- ont cessé d'amener des Palestiniens en détention provisoire ou en interrogatoire pour prolonger leur détention ; [...]
- ont empêché les représentants juridiques des prisonniers palestiniens de communiquer directement avec leurs clients


Des artistes palestiniens peignent des murales en hommage aux prisonniers le 17 avril 2020.

Partout dans le monde, des organisations de défense des droits humains ont abordé avec inquiétude la question de la propagation de la COVID parmi les détenus, écrit Larson. «J'exhorte tous les États à libérer toutes les personnes détenues sans fondement juridique, y compris celles dont la détention est contraire aux obligations relatives aux droits de l'homme », a déclaré Michelle Bachelet, commissaire des Nations unies aux droits de l'homme.

Larson souligne qu'en fait, Israël a annoncé la libération d'environ 400 prisonniers israéliens pour freiner la propagation du coronavirus, mais cela ne semble pas avoir inclus des Palestiniens.

Larson indique également qu'aux États-Unis, les Amis de Sabeel en Amérique du Nord, une organisation chrétienne, a lancé une pétition exhortant les États-Unis à faire pression sur Israël pour qu'il libère ses prisonniers palestiniens. Pour atteindre le même but, la Campagne américaine pour les droits humains palestiniens (USCPR) a lancé sa propre campagne.

Larson dénonce le fait que le Canada n'a exprimé aucune préoccupation. Une lettre envoyée à la mission du Canada à Ramallah il y a trois semaines, lui demandant d'enquêter sur la situation des prisonniers palestiniens, n'a pas reçu d'accusé de réception et est demeurée sans réponse, dit-il.

La lettre du 32 mars à la mission canadienne à Ramallah se lit:

Lorsque notre groupe « Come and See » était à Ramallah l'automne dernier, nous avons rencontré des représentants d'Addameer, l'organisation palestinienne des droits des prisonniers. Nous avons reçu un excellent exposé détaillé sur la façon dont les Palestiniens accusés sont « traités » par les autorités israéliennes. La plupart sont détenus pendant des mois sans inculpation sous « détention administrative  ». Tous sont sous l'effet de la contrainte, avec peu de soins médicaux. Beaucoup sont torturés. Il semble maintenant que les visites par les familles aient également été suspendues, ce qui rend presque impossible toute surveillance extérieure.

Je viens de recevoir un appel urgent d'Addameer indiquant que certains de ces prisonniers (toujours non inculpés) ont été infectés par le virus de la COVID-19 durant leur interrogatoire.

Je vous exhorte, en tant que représentants du gouvernement canadien, à enquêter sur la véracité de ces allégations et à vous adresser au gouvernement israélien pour libérer ceux qui n'ont été reconnus coupables d'aucun crime.

Merci d'avance.

Peter Larson, dirigeant du groupe[1]

Quiconque croit que le Canada devrait prendre en main la demande de libérer les prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes est invité à envoyer une note au premier ministre, au ministre des Affaires étrangères, à l'ambassadeur du Canada à Tel Aviv ou au représentant en chef du Canada auprès de l'Autorité palestinienne à Ramallah. Des copies peuvent être envoyées aussi à votre député fédéral.

Note

1. La lettre a été publiée par Canada Talks Israel Palestine (CTIP), le bulletin hebdomadaire de Peter Larson, président du Forum israélo-palestinien d'Ottawa (OFIP). Le bulletin vise à « promouvoir une discussion sérieuse au Canada sur l'enjeu complexe et émotionnel qu'est Israël et la Palestine ».


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 28 - 25 avril 2020

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