Crise mondiale dans le
secteur pétrolier
Des réunions virtuelles internationales sur la réduction de la production de pétrole
Les agences de presse rapportent que
l'Organisation des pays exportateurs de pétrole plus la
Russie (OPEP+), lors d'une réunion virtuelle du 8
avril, a convenu en principe de réduire la production de
pétrole de 10 millions de barils par jour en mai et
juin. L'OPEP+ assouplirait alors les réductions
à 8 millions de barils par jour de juillet
à décembre et encore à 6
millions entre janvier 2021 et avril 2022. Une des
conditions à l'accord est que les producteurs de
pétrole en dehors de l'OPEP+ réduisent leur
production de 5 millions de barils par jour. Les pays non
membres produisent environ 60 % de
l'approvisionnement mondial et comprennent les États-Unis,
la Chine, le Mexique, le Canada, la Norvège et le
Brésil.
Les
ministres de l'énergie du G20 qui regroupe les «
plus grandes économies » ont tenu une
réunion extraordinaire par
vidéoconférence le 10 avril pour
débattre de l'accord de l'OPEP+. L'approvisionnement mondial
en pétrole a récemment augmenté,
principalement en raison du doublement de la capacité des
États-Unis à plus de 12 millions de
barils par jour en dix ans grâce à la fracturation
hydraulique qui capte le pétrole dans les schistes.
L'augmentation de l'offre mondiale a eu pour effet de
réduire considérablement les prix du
marché du pétrole, qui est passé en
dessous de ce qui est soutenable pour de nombreux producteurs. La
pandémie de COVID-19 a encore fait baisser la demande,
créant une situation où le stockage du
pétrole n'est plus possible et des réductions de
production devront se faire avec ou sans coordination internationale.
Le communiqué de presse du 10
avril publié à la suite de la réunion
extraordinaire des ministres de l'énergie du G20 ne contient
aucun engagement, seulement une vague déclaration de soutien
à la « stabilisation des marchés de
l'énergie ». Le communiqué se
lit en partie : « Dans le but de soutenir la reprise
économique mondiale et de protéger nos
marchés de l'énergie, nous nous engageons
à travailler ensemble pour élaborer des actions
stratégiques concertées [...]. Nous constatons
chez certains producteurs une volonté de stabiliser les
marchés de l'énergie. Nous reconnaissons
l'importance de la coopération internationale pour assurer
la résilience des systèmes
énergétiques. » Cliquer ici
pour le communiqué au complet.
Le président américain
Donald Trump insiste sur le fait que les réductions de la
production américaine ne se produiront que sous l'effet des
forces du marché et non par décret
gouvernemental. Sa fanfaronnade s'accompagne de la menace
d'éliminer les importations de pétrole aux
États-Unis en instituant un tarif pétrolier
suffisamment élevé pour maintenir les prix du
pétrole américain à l'écart
du prix mondial plus bas. Selon les agences de presse, le ton de cette
sortie publique de Trump est différent de celui des
représentants américains dans les
réunions mondiales privées où les
États-Unis semblent désireux de conclure un
accord. Cela est confirmé en public par le fait que des
factions puissantes de l'oligarchie financière
américaine demandent une sorte de réduction
mondiale coordonnée de la production de pétrole,
y compris même aux États-Unis.
Quoi qu'il en soit, les discussions sont
secrètes et seules certaines personnes sont
autorisées à en connaître les
détails. Comme pour les discussions en coulisses au Canada
sur les subventions gouvernementales à l'industrie
pétrolière privée, le peuple n'est pas
au courant des concessions mutuelles des oligarques du
pétrole et de leurs représentants politiques. Le
marchandage peut inclure des questions très
préoccupantes pour le peuple, telles que la lutte actuelle
contre la pandémie de COVID-19 et la
disponibilité d'équipements de protection
individuelle et même des questions de guerre et de paix.
Bloomberg News rapporte avoir vu le projet
d'accord de l'OPEP+, qui n'a pas été
officiellement publié ou approuvé par le G20. La
Russie aurait accepté de réduire sa production
de 2 millions de barils par jour et l'Arabie saoudite
de 4 millions. En avril, l'Arabie saoudite avait atteint le
record de 12,3 millions barils par jour pour ensuite se
stabiliser à 8,3 millions. La Jornada
rapporte que le Mexique et les États-Unis sont parvenus
à un accord basé sur une réduction de
100 000 barils par jour par le Mexique, qui réduira sa
production de 1,7 à 1,6 million de barils par jour, le
maximum qu'il dit être disposé à faire.
Le Mexique s'est dit prêt à résister
à la pression de couper 400 000 barils par jour, soit 23
pour cent de sa production. Le président mexicain
Andrés Manuel Lopez Obrador a dit, après avoir
parlé au président Trump, que le
président américain lui a proposé de
réduire la production américaine d'un autre 250
000 barils par jours pour « compenser » pour ce que
le Mexique n'a pas pu faire.
Les autres membres de l'OPEP+ n'ont pas encore
décidé ce qu'ils feront.
Pour garantir le respect des cibles de
réduction, un projet de communiqué
envoyé aux pays membres du G20, et diffusé avant
la réunion de l'OPEP+ le 9 avril, indique une
intention de créer un groupe spécial
chargé de surveiller la mise en application. Le groupe
surveillerait non seulement le respect des accords, mais proposerait
également aux ministres de l'énergie du G20
« de nouvelles mesures correctives si
nécessaire ». Au cours des
dernières années, l'OPEP+ a réussi
à garantir le respect des niveaux de production convenus,
mais cela a commencé à déraper
à mesure que les prix du marché du
pétrole chutaient sous la pression de l'augmentation de la
production à partir des gaz de schiste aux
États-Unis.
À lire dans Le
Marxiste-Léniniste du 14 avril 2020
Notes sur le secteur de l'énergie
Rivalités
inter-impérialistes et inter-cartel pour le
contrôle du secteur de l'énergie
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Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 23 - 11
avril 2020
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Crise mondiale dans le
secteur pétrolier: Des réunions virtuelles internationales sur la réduction de la production de pétrole
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