Ouvrez immédiatement les frontières du Canada aux réfugiés!

L'Entente sur les tiers pays sûrs a été signée par le Canada et les États-Unis en 2002 et est entrée en vigueur en décembre 2004. En vertu de cette entente, le Canada et les États-Unis se déclarent l'un l'autre pays sûr pour les réfugiés et ferment la porte à la plupart des demandeurs d'asile aux frontières canado-américaines. C'est précisément cette entente qui oblige les demandeurs d'asile à franchir la frontière canadienne de façon irrégulière pour faire leur demande de statut de réfugié, sinon la grande majorité d'entre eux se voient refuser l'entrée aux postes frontaliers à la frontière du Canada et des États-Unis. La plupart des demandeurs d'asile entrent au Canada via l'État de New York par le chemin Roxham, situé près de la petite ville de Hemmingford, au Québec, en Estrie.

Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré aux Canadiens : « Le Canada et les États-Unis annoncent une entente mutuelle selon laquelle nous allons renvoyer les migrants irréguliers qui tentent de traverser la frontière. » Il a également déclaré : « Ce sont, pour la plupart, des personnes qui sont légalement aux États-Unis et c'est quelque chose dont nous sommes confiants. Nous avons également veillé à ce que nous soyons à l'aise avec le traitement des réfugiés et des personnes vulnérables. » Il a ajouté que « cela fait partie d'un ensemble de nouvelles mesures extrêmes destinées à arrêter la propagation de la COVID-19 » et que ces mesures étaient conformes aux « valeurs canadiennes en ce qui a trait au traitement des réfugiés et des personnes vulnérables ». La frontière a été fermée aux réfugiés le 21 mars et l'accord signé entre le Canada et les États-Unis est d'une durée de 30 jours et est renouvelable.

Le Canada est signataire de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés et a donc des obligations juridiques internationales. Son refus d'autoriser la venue de réfugiés au Canada peut également contrevenir à la Convention contre la torture.

Environ une semaine avant la fermeture de la frontière aux demandeurs d'asile, Jean-Pierre Fortin, président de Syndicat des douanes et de l'immigration (SDI), avait contacté les médias au sujet des préoccupations concernant le fait que les personnes qui traversent le chemin Roxham ne sont pas soumises à une période de 14 jours d'isolement obligatoire, ajoutant qu'il avait fait part de ses préoccupations au ministre de la Sécurité publique, Bill Blair. Le président du SDI avait également informé qu'entre 60 et 80 demandeurs d'asile par jour traversaient irrégulièrement le Canada en provenance des États-Unis par le chemin Roxham. Il avait également souligné que ces personnes avaient souvent voyagé dans plusieurs pays avant d'arriver au Canada et qu'elles avaient besoin d'aide. Des mesures devaient être mises en place, soulignait-il, afin que les demandeurs d'asile puissent entrer en toute sécurité et ne pas infecter les citoyens canadiens. Sa suggestion était qu'ils devraient être gardés dans des installations temporaires sur place tout en étant isolés et devaient recevoir des soins pendant cette période par le personnel de Santé Canada ou de la Croix-Rouge.

Avant la signature de l'entente mutuelle avec les États-Unis, et comme justification pour celle-ci, tant le premier ministre que la vice-première ministre répétaient sans cesse que nous connaissons des « temps exceptionnels » et que, par conséquent, des « mesures exceptionnelles » étaient nécessaires. Ces demandeurs d'asile renvoyés aux États-Unis risquent d'être placés dans des centres de détention aux États-Unis dans des conditions inhumaines, où leur santé et leur sécurité sont sérieusement menacées en raison de la surpopulation, où les familles sont séparées et les personnes peuvent être expulsées vers leur pays d'origine où elles pourraient faire face à la torture ou à la mort.

Au Canada, les droits sont considérés comme des privilèges, qui peuvent être accordés ou supprimés par ceux qui détiennent le pouvoir. C'est précisément dans des circonstances exceptionnelles que les droits et obligations doivent être respectés. Il n'y avait aucune menace ici de la part de ces demandeurs d'asile si le gouvernement avait pris la responsabilité de les isoler pendant une période de 14 jours et de leur procurer le soutien médical dont ils avaient besoin. Les Canadiens ne sont pas d'accord avec les soi-disant valeurs canadiennes du premier ministre ni avec ce traitement réservé aux réfugiés. Ce qui se passe met également en évidence la situation difficile dans laquelle se trouve le Canada en raison de son intégration aux États-Unis et l'absence d'une économie qui suffit à ses besoins. Nous devons utiliser tous les moyens à notre disposition pour condamner le gouvernement canadien pour ce qu'il a fait et faire pression sur lui pour que la frontière soit immédiatement rouverte aux êtres humains les plus vulnérables du monde.

(Sources : CPAC, Conseil canadien pour les réfugiés, Radio-Canada. Photo: Réseau Roxham)


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 23 - 11 avril 2020

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Ouvrez immédiatement les frontières du Canada aux réfugiés! - Diane Johnston


    

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