« Le peuple » n'est pas le problème, il est la solution

La semaine dernière, au nom de la transparence envers le public, le gouvernement ontarien a publié sa modélisation de l'évolution de la COVID-19. Selon le communiqué de presse : « La province fait preuve d'une transparence totale à propos des conséquences si les Ontariens, à l'exception des travailleurs essentiels, ne respectent pas les consignes visant à rester à la maison et à garder ses distances avec les autres. » Le communiqué ajoute : « Sans les mesures déjà prises par le gouvernement, quelque 300 000 Ontariens et Ontariennes auraient contracté la COVID-19 à ce jour et environ 6 000 d'entre eux seraient décédés de la maladie. Grâce à des mesures de santé publique opportunes, l'Ontario a évité des conséquences beaucoup plus graves, prévenant à ce jour environ 220 000 cas et 4 400 décès. »

Nul doute que les projections sont impressionnantes, mais spéculer sur le taux de mortalité potentiel, applaudir ses propres actions et préparer le terrain pour jeter le blâme de tout ce qui va se produire sur tous ceux qui « ne respectent pas les consignes visant à rester à la maison et à garder ses distances avec les autres » « à l'exception des travailleurs essentiels » est tout sauf de la transparence !

Ce genre de discours est une diversion qui vise à priver le peuple de sa propre conception du monde et de son point de référence qui lui permettent d'examiner ce qui est révélé par la crise de la pandémie, et à justifier les pouvoirs policiers comme « la solution ». Le règlement de l'Ontario 116/20, par exemple, adopté le 1er avril en vertu de la Loi sur la protection civile et la gestion des situations d'urgence, suspend les conventions collectives des travailleurs de la santé dans les hôpitaux et les centres de soin de longue durée et autorise les conseils de santé à agir de façon arbitraire et avec impunité pour ce qui est de la réaffectation des travailleurs. Pourquoi ? Les travailleurs de la santé aux premières lignes ne remuent-ils pas ciel et terre pour fournir les services de santé à tous ceux dans le besoin, comme ils l'ont fait pendant la crise du SRAS ? Comme l'a dit la présidente de l'Association des infirmières et infirmiers de l'Ontario, Vicki McKenna : « Nous ne sommes pas un obstacle à une réponse coordonnée et adaptée à la pandémie, nous faisons partie de la solution ».

Sans la mobilisation du facteur humain/conscience sociale de la classe ouvrière et de ses organisations pour faire face à la crise de la pandémie, tout ce qui reste sont les pouvoirs de police, la répression et le rejet du blâme sur les travailleurs et le peuple.

En vertu des mesures d'état d'urgence, des voitures ont été arrêtées dans la région de Toronto et chacun de leurs passagers qui ne sont pas du même foyer ont eu une contravention de 700 $ et plus pour ne pas avoir pratiqué la « distanciation sociale ». D'autres personnes ont été interpellées par la police parce qu'elles n'avaient pas de carte d'identité. Un homme d'Orléans a reçu un avertissement d'un agent de police municipal parce qu'il jouait au soccer avec son fils autiste de quatre ans sur un terrain vacant. Un autre a reçu un avertissement pour avoir promené son chien, tout cela au nom d'aplanir la courbe de la COVID-19.

Qui, en revanche, rendra des comptes pour le nombre limité de tests de dépistage de la COVID-19 ou pour les délais inacceptables dans l'obtention des résultats ? Pourquoi n'y a-t-il pas suffisamment de laboratoires, d'équipement de protection individuelle, d'équipement de ventilation pour les travailleurs de la santé ? Qui est responsable du fait qu'avant même la crise de la pandémie plus d'un millier de personnes par nuit étaient traitées dans les corridors des hôpitaux parce que ceux-ci étaient au maximum de leur capacité ?

La pandémie met en lumière le fait que la réorganisation de la société en fonction de l'offensive antisociale des riches a miné et même complètement brisé le tissu social, l'infrastructure et la production industrielle nécessaires au bien-être du peuple et de la société.

Les riches et leur système de partis cartels ont imposé une offensive antisociale à la société et créé une situation où 46 % des infirmières dans les hôpitaux affirment qu'elles n'ont pas accès à l'équipement de protection individuelle pour évaluer et soigner les patients pour la COVID-19. Et pourtant, ils blâment le peuple et applaudissent les pouvoirs policiers mis de l'avant comme « solution ».

Certaines personnes et organisations, telles que Green Jobs Oshawa, une coalition de travailleurs, de dirigeants communautaires, d'environnementalistes, de défenseurs des travailleurs et de la justice sociale exhortent le gouvernement à faire de l'usine GM d'Oshawa une société d'État afin qu'elle soit réoutillée pour une production bénéfique pour la société telle que répondre aux besoins du Canada en protection individuelle et en équipement médical. C'est une mesure qui aurait dû être prise il y a longtemps. Ils disent que le complexe manufacturier de GM couvre une superficie de 10 millions de pieds carrés et que 90 % de l'usine est inutilisée.

La pandémie de la COVID-19 illustre que la société axée sur le mode depayer les riches ne réussit pas à répondre aux besoins humains d'une société moderne. Le gouvernement fédéral, par exemple, s'engage de façon éhontée à expédier de l'eau embouteillée aux communautés autochtones pour promouvoir le lavage de mains et des tentes pour que les gens vivant dans des logements insalubres et surpeuplés puissent « s'auto-isoler ». Et s'il n'y a pas de ressources de santé ? Rien de plus simple ! Envoyez l'armée construise des hôpitaux de fortune et déclarez un état d'urgence dans des communautés autochtones isolées et continuez d'ignorer les conditions sociales sous-jacentes !

Quel est le plan de match lorsque la période d'urgence prendra fin ? Est-ce que ce sera d'intensifier les pouvoirs policiers et de blâmer le peuple tout en ne rendant pas de comptes pour les conditions sociales, y compris le refus de faire des tests de dépistage rigoureux et d'identifier rapidement les personnes infectées et celles avec qui elles ont été en contact, tel que recommandé par l'Organisation mondiale de la santé ?

Les travailleurs et le peuple doivent activement assumer leur responsabilité sociale et s'organiser, eux et leurs collectifs, en tant que force de changement qui met fin à la propagation du virus et oeuvre à changer la direction de la société en faveur du bien-être du peuple.


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 23 - 11 avril 2020

Lien de l'article:
« Le peuple » n'est pas le problème, il est la solution - Steve Rutchinski


    

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