« Le peuple » n'est pas le problème, il est la solution
- Steve Rutchinski -
La semaine dernière, au nom de la
transparence envers le public, le gouvernement ontarien a
publié sa modélisation de l'évolution
de la COVID-19. Selon le communiqué de presse :
« La province fait preuve d'une transparence totale
à propos des conséquences si les Ontariens,
à l'exception des travailleurs essentiels, ne respectent pas
les consignes visant à rester à la maison et
à garder ses distances avec les autres. »
Le communiqué ajoute : « Sans les mesures
déjà prises par le gouvernement,
quelque 300 000 Ontariens et Ontariennes auraient
contracté la COVID-19 à ce jour et
environ 6 000 d'entre eux seraient
décédés de la maladie. Grâce
à des mesures de santé publique opportunes,
l'Ontario a évité des conséquences
beaucoup plus graves, prévenant à ce jour
environ 220 000 cas et 4 400
décès. »
Nul doute
que les projections sont impressionnantes, mais spéculer sur
le taux de mortalité potentiel, applaudir ses propres
actions et préparer le terrain pour jeter le blâme
de tout ce qui va se produire sur tous ceux qui « ne
respectent pas les consignes visant à rester à la
maison et à garder ses distances avec les
autres » « à l'exception des
travailleurs essentiels » est tout sauf de la
transparence !
Ce genre de discours est une diversion qui vise
à priver le peuple de sa propre conception du monde et de
son point de référence qui lui permettent
d'examiner ce qui est révélé par la
crise de la pandémie, et à justifier les pouvoirs
policiers comme « la solution ». Le
règlement de l'Ontario 116/20, par exemple,
adopté le 1er avril en vertu de la Loi
sur la protection civile et la gestion des situations d'urgence,
suspend les conventions collectives des travailleurs de la
santé dans les hôpitaux et les centres de soin de
longue durée et autorise les conseils de santé
à agir de façon arbitraire et avec
impunité pour ce qui est de la réaffectation des
travailleurs. Pourquoi ? Les travailleurs de la
santé aux premières lignes ne remuent-ils pas
ciel et terre pour fournir les services de santé
à tous ceux dans le besoin, comme ils l'ont fait pendant la
crise du SRAS ? Comme l'a dit la présidente de
l'Association des infirmières et infirmiers de l'Ontario,
Vicki McKenna : « Nous ne sommes pas un obstacle
à une réponse coordonnée et
adaptée à la pandémie, nous faisons
partie de la solution ».
Sans la mobilisation du facteur humain/conscience
sociale de la classe ouvrière et de ses organisations pour
faire face à la crise de la pandémie, tout ce qui
reste sont les pouvoirs de police, la répression et le rejet
du blâme sur les travailleurs et le peuple.
En vertu des mesures d'état d'urgence,
des voitures ont été
arrêtées dans la région de Toronto et
chacun de leurs passagers qui ne sont pas du même foyer ont
eu une contravention de 700 $ et plus pour ne pas avoir
pratiqué la « distanciation
sociale ». D'autres personnes ont
été interpellées par la police parce
qu'elles n'avaient pas de carte d'identité. Un homme
d'Orléans a reçu un avertissement d'un agent de
police municipal parce qu'il jouait au soccer avec son fils autiste de
quatre ans sur un terrain vacant. Un autre a reçu un
avertissement pour avoir promené son chien, tout cela au nom
d'aplanir la courbe de la COVID-19.
Qui, en
revanche, rendra des comptes pour le nombre limité de tests
de dépistage de la COVID-19 ou pour les délais
inacceptables dans l'obtention des résultats ?
Pourquoi n'y a-t-il pas suffisamment de laboratoires,
d'équipement de protection individuelle,
d'équipement de ventilation pour les travailleurs de la
santé ? Qui est responsable du fait qu'avant
même la crise de la pandémie plus d'un millier de
personnes par nuit étaient traitées dans les
corridors des hôpitaux parce que ceux-ci étaient
au maximum de leur capacité ?
La pandémie met en lumière
le fait que la réorganisation de la
société en fonction de l'offensive antisociale
des riches a miné et même complètement
brisé le tissu social, l'infrastructure et la production
industrielle nécessaires au bien-être du peuple et
de la société.
Les riches et leur système de partis
cartels ont imposé une offensive antisociale à la
société et créé une
situation où 46 % des
infirmières dans les hôpitaux affirment qu'elles
n'ont pas accès à l'équipement de
protection individuelle pour évaluer et soigner les patients
pour la COVID-19. Et pourtant, ils blâment le peuple et
applaudissent les pouvoirs policiers mis de l'avant comme «
solution ».
Certaines personnes et organisations, telles que
Green Jobs Oshawa, une coalition de travailleurs, de dirigeants
communautaires, d'environnementalistes, de défenseurs des
travailleurs et de la justice sociale exhortent le gouvernement
à faire de l'usine GM d'Oshawa une
société d'État afin qu'elle soit
réoutillée pour une production
bénéfique pour la société
telle que répondre aux besoins du Canada en protection
individuelle et en équipement médical. C'est une
mesure qui aurait dû être prise il y a longtemps.
Ils disent que le complexe manufacturier de GM couvre une superficie
de 10 millions de pieds carrés et
que 90 % de l'usine est inutilisée.
La pandémie de la COVID-19 illustre que
la société axée sur le mode depayer
les riches ne réussit pas à répondre
aux besoins humains d'une société moderne. Le
gouvernement fédéral, par exemple, s'engage de
façon éhontée à
expédier de l'eau embouteillée aux
communautés autochtones pour promouvoir le lavage de mains
et des tentes pour que les gens vivant dans des logements insalubres et
surpeuplés puissent «
s'auto-isoler ». Et s'il n'y a pas de ressources de
santé ? Rien de plus simple ! Envoyez
l'armée construise des hôpitaux de fortune et
déclarez un état d'urgence dans des
communautés autochtones isolées et continuez
d'ignorer les conditions sociales sous-jacentes !
Quel est le plan de match lorsque la
période d'urgence prendra fin ? Est-ce que ce sera
d'intensifier les pouvoirs policiers et de blâmer le peuple
tout en ne rendant pas de comptes pour les conditions sociales, y
compris le refus de faire des tests de dépistage rigoureux
et d'identifier rapidement les personnes infectées et celles
avec qui elles ont été en contact, tel que
recommandé par l'Organisation mondiale de la
santé ?
Les travailleurs et le peuple doivent activement
assumer leur responsabilité sociale et s'organiser, eux et
leurs collectifs, en tant que force de changement qui met fin
à la propagation du virus et oeuvre à changer la
direction de la société en faveur du
bien-être du peuple.
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 23 - 11
avril 2020
Lien de l'article:
« Le peuple » n'est pas le problème, il est la solution - Steve Rutchinski
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