Position des travailleurs de l'éducation sur la propagation du coronavirus

Workers' Weekly, le journal du Parti communiste révolutionnaire de Grande-Bretagne (marxiste-léniniste), a publié l'entrevue qui suit avec un représentant au niveau collégial du National Education Union (NEU).

Workers' Weekly : Quels sont les enjeux auxquels font face les enseignants durant cette propagation du coronavirus ?

Représentant du NEU : Depuis que les écoles et les collèges ont été fermés, ce qui s'est passé au cours des semaines alors que l'épidémie de coronavirus devenait de plus en plus intense, c'est que de nombreuses écoles ont adopté l'utilisation de la technologie de communication pour enseigner en ligne des cours à des groupes. Cela a soulevé une question immédiate pour le personnel, car il a dû, dans de nombreux cas, faire des heures supplémentaires les fins de semaine et les soirs pour préparer des cours dans l'éventualité d'enseigner en ligne. Bien qu'un certain nombre d'écoles a déclaré qu'il ne demandait pas de travail supplémentaire à leur personnel, c'est pourtant bien ce qui se produit. Dans tout le pays, le personnel enseignant est invité à fournir cet engagement supplémentaire. Le personnel enseignant a bien répondu parce que ce travail en ligne protège l'éducation et les emplois. Mais cela signifie que les enseignants sont entre l'écorce et l'arbre en ce qui concerne la protection des emplois en raison des changements dans le régime de travail afin de fournir toutes ces choses.

Deuxièmement, il y a la question d'assurer le suivi pour les enfants des travailleurs essentiels durant l'épidémie de coronavirus. Le gouvernement a soudainement annoncé que les travailleurs essentiels devraient avoir toutes les dispositions et ils ont appelé tous les enseignants à se porter volontaires pour être physiquement dans les écoles. Les travailleurs essentiels sont définis comme incluant le personnel des soins de santé et les travailleurs manuels essentiels qui sont en première ligne et doivent continuer de travailler pendant la crise. Le problème est que la façon dont cela se fait dans de nombreuses écoles est de faire pression sur les enseignants pour qu'ils entrent travailler. Ils peuvent donc être appelés à venir à tour de rôle dans l'école même lorsqu'ils ne sont pas bien, ou sont vulnérables, ou ont des parents malades à la maison.

Troisièmement, il y a la question de la sécurité d'emploi. Dans mon établissement, ils ont dit qu'ils licencieraient immédiatement les travailleurs temporaires et occasionnels et qu'ils ne seront pas dédommagés. Partout au pays, des centaines de travailleurs de l'éducation ont perdu leur emploi.

WW  : Quelle a été la position du syndicat et comment a-t-il répondu aux préoccupations de ses membres et du personnel dans les établissements scolaires ?

Représentant du NEU : C'est dans cette situation, avec toutes ces questions soulevées par les membres, que mon syndicat, le NEU, a dû intervenir en premier lieu en prenant position de fermer les établissements scolaires, alors que le gouvernement continuait de refuser de les fermer. En même temps, il a lancé une discussion nationale entre les enseignants, puis présenté la réponse des enseignants au gouvernement et aux directeurs des établissements.

Le 16 mars, le NEU a déclaré qu'il rencontrait Boris Johnson et exigeait la fermeture des écoles et que, si le gouvernement ne fermait pas les écoles avant le lundi 23 mars, il ordonnerait un débrayage de tous ses membres. Le mercredi 18 mars, le gouvernement avait accepté cette demande et déclaré que toutes les écoles fermeraient d'ici le vendredi 20 mars.

Le jeudi 19 mars et le lundi 23 mars, le NEU a organisé quelque chose que je n'avais jamais vu auparavant. En utilisant la technologie de communication moderne, il a écrit à tous les membres pour leur dire qu'ils pouvaient se joindre à une consultation téléphonique nationale où ils pourraient envoyer leur numéro de téléphone et, à 18 heures, ils seraient appelés. Ils pourraient ainsi participer à une tribune téléphonique où vous pourriez commenter en ligne et participer à cette conversation avec les deux secrétaires généraux conjoints, Mary Boustead et Kevin Courtney. J'ai entendu dire que quelque 190 000 membres se sont joints à cette discussion et, sur la base de cette discussion, le syndicat a fait part de ses préoccupations au gouvernement. Il a formulé les guides sur les questions soulevées par les membres durant ces appels téléphoniques et sondages en ligne qu'il a effectués.

Ces guides [1] visent à assurer la sécurité de tous les enseignants lorsqu'ils travaillent dans ces écoles et viennent à tour de rôle enseigner aux enfants des travailleurs essentiels. Ils garantissent que tout membre du personnel qui s'occupe des personnes vulnérables ne doit pas aller à l'école. Ils essaient de parvenir à une distanciation sociale dans les écoles, ce qui était une des questions complexes abordées dans les échanges.

Les guides formulés par les membres donnent des conseils à ce sujet et sur les catégories de risques du personnel enseignant et des assistants et autres membres du personnel qui ne seraient pas appelés à venir enseigner. Le syndicat a déterminé qu'à l'heure actuelle, 90 % du personnel vulnérable avait été autorisé à travailler à domicile, mais que 10 % du personnel vulnérable n'avait pas été autorisé. Le syndicat étudie comment protéger les droits de ces travailleurs. Le NEU avait publié une lettre à la suite de ces préoccupations exprimées par téléphone avec des exemples concrets convenus avec le gouvernement où le personnel ne devrait pas être contraint de se présenter au travail et révélerait le nom des écoles qui contreviennent à cet accord.

Il était également nécessaire de veiller au bien-être de tous les enseignants et des personnes qui travaillent dans les écoles, car la première approche du gouvernement était de ne traiter que des pertes de revenu du personnel salarié, mais pas de celles des travailleurs autonomes occasionnels et contractuels à court terme. Il s'agit, par exemple, des enseignants suppléants, des aides-enseignants, des enseignants d'art dramatique, des tuteurs à domicile, des enseignants de musique invités, des enseignants en éducation physique et d'autres qui n'étaient pas auparavant couverts par l'annonce du gouvernement sur la protection des employés salariés. Le jeudi 26 mars, dans le cadre de cette approche, le gouvernement a fait une annonce similaire pour les travailleurs autonomes à celle faite au personnel à temps plein la semaine précédente, déclarant que ce personnel toucherait 80 % du salaire moyen des années précédentes, bien que le montant ne puisse être réclamé qu'en juin.

WW  : Où en êtes-vous dans la mobilisation contre le coronavirus et ses conséquences pour les travailleurs de l'éducation ?

Représentant du NEU : Il y a eu une réponse positive dans notre école et je pense que cela se reflète dans beaucoup d'écoles. En tant que représentant syndical, on m'a demandé de rejoindre le groupe spécial qui conseille désormais le conseil d'établissement. J'ai demandé l'avis des membres et un membre m'a dit qu'il me voulait là, à cause de mes prises de position par le passé pour protéger le bien-être du personnel. Nous étions donc sur le point de rencontrer le directeur, mais l'école a été fermée. Ce que nous allions lui dire, c'était de se concentrer sur la protection du personnel. J'y ai réfléchi et je l'ai soumis au groupe consultatif, qui comprend le responsable du comité des finances. Le libellé qui a été convenu et soumis au directeur de l'école et au conseil d'établissement est que nous devons, du mieux que nous le pouvons, protéger l'intégrité de l'établissement d'enseignement et que la partie essentielle de cette action implique la protection de tous les membres du personnel, y compris tous les travailleurs de soutien, le personnel occasionnel et le personnel opérationnel. Cela a ensuite été approuvé par le directeur et le conseil d'établissement. À ce stade, nous semblons unis pour maintenir cette approche et cette conception. Cependant, dans ce qu'ils appellent le climat économique de cet établissement d'enseignement, ils ont déclaré qu'ils ne pouvaient garantir les emplois de chacun que jusqu'à la fin de l'année scolaire de 2021 et qu'ils ne pouvaient garantir qu'ils conserveraient tous les emplois par la suite. En outre, nous avions convenu en septembre d'une augmentation de salaire de 3 %, qui a maintenant été retirée, et les augmentations prévues selon les échelons de salaire ont été gelées. En outre, il convient de mentionner qu'un certain nombre d'écoles tente de retirer les enseignants du Régime de retraite des enseignants (Teachers Pension Scheme) et encourage les enseignants à adopter à la place un régime de retraite privé. C'est un combat qui ne fait que commencer.

Dans l'ensemble, il est nécessaire de tenir tout le personnel informé et des communications ont été établies afin que tous puissent suivre les développements. Notre conviction est que la décision que nous avons prise est d'avancer et de construire une véritable force parmi le personnel et d'engager tous les membres du NEU dans cette discussion et peut-être de l'élargir encore plus. Dans notre école, nous avons plus de 100 membres du NEU et cela signifie que nous pouvons élargir cette discussion pour inclure tout le personnel pour voir ce qui est nécessaire pour l'avenir.

Note

1. Extrait des directives convenues avec le gouvernement : Merci d'appuyer votre syndicat en cette période critique. Des milliers de personnes se sont jointes à notre conférence téléphonique lundi et beaucoup d'autres ont répondu à notre sondage lundi soir.

D'après vos réponses, nous savons que nos conseils sont en place dans de nombreuses écoles et collèges.

Nous voulons vous rappeler notre position :

1. Si vous faites partie de l'un des groupes vulnérables définis par le gouvernement, vous devez travailler à domicile.

2. Si vous prenez soin d'un membre d'un groupe vulnérable, vous devez également travailler à domicile.

3. Les seuls enfants qui sont à l'école devraient être les enfants de travailleurs clés ou d'autres enfants vulnérables qui ne peuvent vraiment pas trouver d'alternative. Il doit y avoir un faible nombre d'enfants à l'école pour ralentir la propagation du virus.

4. Si vous ne faites pas partie d'un groupe vulnérable, nous souhaitons que vous vous portiez volontaire pour travailler à tour de rôle, afin que ces parents du SSN puissent travailler pour sauver des vies.

5. Les écoles et les collèges doivent être aussi propres et sécuritaires que possible. Nous avons des conseils sur notre site Web et faisons pression sur le gouvernement pour plus d'équipements de protection individuelle et pour que le dépistage ait lieu aussi dans les établissements scolaires.

6. Lorsque vous êtes à l'école à tour de rôle, votre travail consiste à travailler avec les enfants. Il ne s'agit pas de ranger des placards, d'installer des présentoirs ou de nettoyer des salles de classe. Seul le personnel qui devait être avec les enfants devrait être à l'école, pour minimiser les déplacements et ralentir la propagation du virus. Dans une minorité d'écoles, nous entendons parler de directeurs d'établissement déraisonnables qui exigent ce genre de travail de la part de nos membres. Vous aurez notre appui pour dire non.

7. On peut raisonnablement s'attendre à ce que vous fassiez du travail à domicile. Nous donnerons de plus amples informations à ce sujet, que nous adapterons à mesure que nous en apprendrons davantage sur la façon dont le travail est concrètement organisé.

8. Les écoles devraient continuer d'embaucher et de payer des enseignants suppléants, des professeurs de musique itinérants et des aides-enseignants embauchés par des agences de placement.

Nous savons qu'il existe différentes pressions et attentes pour nos membres qui travaillent dans le secteur indépendant.

De nombreuses écoles indépendantes prennent des dispositions pour prolonger le travail à distance. Bien que les membres souhaitent offrir la meilleure prestation en éducation dans les circonstances, cela doit être fait de manière appropriée et en toute sécurité. Nos membres cherchent à fournir la meilleure éducation possible dans les circonstances. Mais ce n'est pas comme d'habitude. Il n'est ni possible ni raisonnable de s'attendre à reproduire en ligne la journée scolaire normale.

(28 mars 2020. Traduit de l'anglais par LML)


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 22 - 8 avril 2020

Lien de l'article:
Position des travailleurs de l'éducation sur la propagation du coronavirus


    

Site Web:  www.pccml.ca   Courriel:  redaction@cpcml.ca