Grande-Bretagne

Crise du système de santé nationale

Le système de santé nationale (SSN) en Grande-Bretagne est dans une crise profonde que le gouvernement, les partis d'opposition et la désinformation des médias font tout en leur possible pour masquer. Même avant que la pandémie de la COVID-19 n'atteigne fortement la Grande-Bretagne, une diversion sur la façon dont le SSN devrait être financé accompagnait le projet de loi de financement « obligatoire » du 15 janvier du SSN pour 2019-2020 par le gouvernement britannique. Le gouvernement a déclaré que le financement supplémentaire serait dépensé par le SSN-Angleterre dans le cadre du « Plan à long terme du SSN ».

Workers' Weekly a dénoncé la diversion. Il écrit que le SSN doit respecter son objectif initial de répondre aux besoins en santé de la population plutôt qu'aux intérêts privés des entreprises qui détruisent le SSN et compromettent son avenir.[1] Le projet de loi a été annoncé pour la première fois sous le gouvernement de Theresa May, souligne Workers' Weekly. Il indique que le gouvernement s'engage à augmenter les investissements dans le SSN au cours des prochaines années jusqu'en 2024 inclusivement. Cela se traduira par une augmentation de 33,9 milliards de livres sterling en termes nominaux d'ici 2023-2024, le total des dépenses du SSN en Angleterre atteignant 148,5 milliards de livres sterling en 2024.

Le King's Fund, le trust Nuffield et la Fondation pour la santé ont répondu qu'une augmentation annuelle du financement du SSN devrait être d'au moins 4 % par an plutôt que la moyenne de 3,4 % par an proposée par le gouvernement. Cette position a également été reprise par l'opposition au Parlement.

Workers' Weekly écrit : « Cela ne résout pourtant pas le manque chronique actuel de personnel médical et infirmier qualifié et la perte depuis des décennies de services du SSN, comme l'ont souligné de nombreux critiques. Cela ne remet pas non plus en cause la direction que le SSN est en train de prendre, la privatisation et la sous-traitance des services, et sans compter que cette approche du gouvernement ne résout pas la crise du financement de la santé.

« Ce qui est occulté par cette proposition, c'est que les soins de santé sont une réclamation que tous sont en droit de faire à l'économie et à la société. Les travailleurs de la santé fournissent des services de santé vitaux et accessibles à tous et, ce faisant, créent de la valeur dans l'économie socialisée en guérissant les personnes malades et blessées. Ils maintiennent en bonne santé les ressources humaines de la société. Cette valeur est consommée par les grandes entreprises quand elles emploient la force de travail d'une main-d'oeuvre en santé. C'est une valeur qui ne doit pas être expropriée par ces entreprises, mais doit être réclamée par le gouvernement et leurs services de santé en tant que valeur pouvant ensuite être utilisée pour assurer le financement en entier du SSN. Le projet de loi ne soulève pas cette question vitale du rôle du SSN dans une économie centrée sur l'être humain, où le système de santé est financé au moins à même la valeur qu'il crée dans l'économie, de sorte que tout financement supplémentaire contribue à répondre aux besoins en santé pour tous. »

L'incapacité totale du système médical britannique à faire face à la crise de la COVID-19 est une preuve suffisante que le financement gouvernemental ne garantira pas l'avenir du SSN et qu'il n'est pas non plus destiné à le faire. « Même l'affirmation qu'un financement 'obligatoire' par le gouvernement donne une certaine 'sécurité' de financement su SSN est fausse lorsque les décisions sont prises pour le compte d'entreprises néolibérales, comme avec le 'Plan à long terme du SSN'. Le 'Plan à long terme' réduit déjà l'accès sécuritaire aux services vitaux d'urgence, aux soins pédiatriques, aux soins d'obstétrique et de santé mentale pour des pans entiers de la population. Ce plan s'inscrit dans le démantèlement actuel des services de soins intensifs des hôpitaux de district locaux avec une perte massive des lits pour soins aigus et à long terme, et des services locaux de médecins omnipraticiens à travers l'Angleterre. C'est plutôt un plan pour transférer le financement vers des fournisseurs de soins 'intégrés' que le gouvernement a l'intention de soumettre principalement à des entreprises privées », écrit Workers' Weekly.

Note

1. « 'Mandatory' Funding Obscures How the NHS Should be Funded and Pursues a Corporate-Led Direction », Workers' Weekly, 25 janvier 2020


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 22 - 8 avril 2020

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