Venezuela

Lettre du président Nicolas Maduro Moros aux gouvernements du monde

Je vous adresse mes salutations les plus cordiales e me permettant de dénoncer les graves événements en cours contre la paix et la stabilité du Venezuela, à un moment où la préoccupation des États et des gouvernements devrait se concentrer sur la protection de la vie et de la santé de leurs habitants, vu l'accélération de la pandémie de COVID-19.

Comme il est de connaissance publique, le 26 mars dernier le gouvernement des États-Unis a annoncé une action gravissime à l'encontre d'un groupe de hauts fonctionnaires de l'État vénézuélien dont moi-même, en tant que président constitutionnel de la République bolivarienne du Venezuela.

Cet acte a consisté dans la présentation d'une accusation formelle devant le système judiciaire des États-Unis, ce qui n'est pas seulement illégal en soi- même, mais qui prétend en plus fonder une accusation fallacieuse de trafic de drogues et de terrorisme, dans le seul but de simuler un prétendu processus judiciaire contre les autorités vénézuéliennes.

Cette farce étasunienne comprend l'offre insolite d'une récompense internationale à celui qui apportera des informations sur le président et les hauts fonctionnaires vénézuéliens, menant ainsi à une dangereuse tension dans le continent ; c'est pourquoi je considère nécessaire de faire retracer les faits qui révèlent la trame perverse qui se trouve derrière les accusations du département de Justice.

La veille, le 25 mars, la République bolivarienne du Venezuela a dénoncé devant l'opinion publique nationale et internationale le développement, sur le territoire colombien, d'une opération dont le but était d'attenter à la vie du président de la République, de sa famille et de hauts fonctionnaires de l'État, ainsi que d'attaquer des cibles civiles et militaires dans notre pays, signalant comme chef militaire de cette opération monsieur Cliver Alcala, général à la retraite de la Force armée vénézuélienne.

Cette dénonciation a été effectuée en toute responsabilité, après avoir pris connaissance le 24 mars d'une opération de contrôle de la route au nord de la Colombie, près de la frontière avec le Venezuela, au cours de laquelle la police de ce pays a saisi un lot d'armes de guerre dans un véhicule civil.

L'enquête a révélé qu'il s'agissait d'un armement sophistiqué destiné à un groupe d'anciens militaires et paramilitaires vénézuéliens et colombiens qui s'entraînent dans des camps situés sur le territoire de la Colombie.

Le 26 mars, le précité Cliver Alcala, dans une déclaration à un média colombien depuis sa résidence à la ville de Barranquilla, Colombie, a confirmé sa participation dans les faits dénoncés et avoué être le leader militaire de l'opération, révélant que les armes ont été achetées par ordre de monsieur Juan Guaido, député national, qui se fait appeler président par intérim du Venezuela et qui agit comme opérateur de Washington au Venezuela. Alcala a également confirmé que les armes étaient destinées à une opération militaire ayant pour objectif d'assassiner de hautes personnalités de l'État et du gouvernement vénézuélien et exécuter un coup d'État au Venezuela.

Monsieur Alcala a précisé que les armes ont été achetées moyennant un contrat signé par lui-même et monsieur Juan José Rendon, conseiller politique du président Ivan Duque, ce qui était connu des autorités du gouvernement colombien.

Devant cet aveu, la réponse insolite du gouvernement des États-Unis a été la publication des graves accusations mentionnées au début de cette lettre, incluant de façon extravagante le nom de monsieur Alcala parmi les autorités du Venezuela, comme s'il n'était pas un mercenaire sous contrat des États-Unis pour réaliser une opération terroriste contre le gouvernement vénézuélien.

Pour démontrer cette affirmation, je n'ai pas besoin d'autre preuve que la capture supposée de monsieur Alcala par les forces de sécurité colombiennes et sa remise immédiate aux autorités de la DEA des États-Unis, dans un curieux acte où le détenu, sans menottes, a serré la main de ceux qui l'avaient capturé au pied de la passerelle de l'avion qui le conduirait par vol spécial VIP aux États-Unis, montrant ainsi que toute cette mise en scène n'est en réalité que la récupération de celui qu'ils considèrent un agent des États-Unis.

Il faut souligner que l'opération armée échouée a été conçue à l'origine pour être exécutée à la fin du mois en cours, tandis que tout le Venezuela lutte contre la pandémie de COVID-19, justement la principale bataille qui préoccupe actuellement l'humanité.

Une lutte que notre nation livre avec succès, ayant réussi à aplanir la courbe de la contagion grâce au renforcement des précautions sanitaires et à la mise en quarantaine massive de la population, avec un faible nombre de cas positifs et de décès.

Pour toutes ces raisons, le gouvernement de la République bolivarienne du Venezuela alerte votre gouvernement aux démarches téméraires et criminelles de l'administration de Donald Trump qui, malgré l'effroyable accélération de l'augmentation de la CODIV-19 qui affecte le peuple des États-Unis, semble décidée à renforcer sa politique d'agression contre des États souverains de la région et en particulier contre le peuple vénézuélien.

Pendant la pandémie, le gouvernement des États-Unis, au lieu de se concentrer sur les politiques de coopération mondiale en matière de santé et de prévention, a renforcé les mesures coercitives unilatérales et refusé les demandes de la communauté internationale de lever ou d'assouplir les sanctions illégales qui empêchent le Venezuela d'avoir accès à des médicaments, à des équipements médicaux et à des aliments.

En même temps, il a interdit les vols humanitaires des États-Unis vers le Venezuela pour rapatrier des centaines de Vénézuéliens rattrapés par la crise économique et sanitaire que vit le pays du Nord.

Le Venezuela, en dénonçant ces faits graves, réitère sa volonté inébranlable de maintenir des relations de respect et de coopération avec toutes les nations, encore plus dans ces circonstances inédites qui obligent les gouvernements responsables à travailler ensemble et à mettre de côté leurs différends face à la pandémie de COVID-19.


Une équipe d'experts médicaux chinois arrivent au Venezuela le 30 mars 2020 avec
une cargaison d'aide humanitaire. (New China TV)

Face à ces graves circonstances, je demande votre inestimable soutien devant cette persécution insolite et arbitraire, exécutée par une version renouvelée du Maccarthisme archaïque qui se déchaina après la Deuxième Guerre mondiale. Si à l'époque ils ont étiqueté à loisir leurs adversaires de communistes pour les persécuter, aujourd'hui ils le font dans les capricieuses catégories de terroristes ou de trafiquants de drogues, sans aucune preuve.

La condamnation et la neutralisation aujourd'hui de ces attaques injustifiables contre le Venezuela seront d'une très grande utilité pour éviter que Washington engage demain des campagnes similaires contre d'autres peuples et d'autres gouvernements du monde. Nous devons rester attachés aux principes de la Charte des Nations unies pour éviter que l'unilatéralisme démesuré nous mène au chaos international.

Frères et soeurs du monde, ayez la certitude absolue que le Venezuela restera ferme dans sa lutte pour la paix et qu'en toute circonstance, elle prévaudra. Aucune agression impérialiste, aussi féroce qu'elle soit, ne nous détournera du chemin souverain et indépendant que nous avons forgé depuis 200 ans, ni de l'obligation sacrée de préserver la vie et la santé de notre peuple devant l'effroyable pandémie mondiale de la COVID-19.

Je vous remercie d'avance de la considération que vous avez montrée en lisant cette lettre et je suis convaincu qu'elle vous sera utile pour tenir correctement informé votre gouvernement. Je saisis l'occasion de vous renouveler les assurances de ma considération la plus distinguée.

(29 mars 2020. Source : Ambassade de la République Bolivarienne du Venezuela en France)


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 22 - 8 avril 2020

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