Les priorités en ce temps de pandémie
- Peter Ewart -
La pandémie de la COVID-19 qui se répand dans le
monde a mis en lumière les faiblesses, les
défaillances et les lacunes sérieuses du système
de santé au Canada et dans d'autres pays et de
l'économie dans son ensemble, et le besoin de
nouvelles priorités. Alors que des mesures
extraordinaires doivent être prises pour faire
face à la pandémie, nous devons en même temps
faire un grand examen du genre de système de santé
et d'approvisionnement alimentaire dont nous avons
besoin pour confronter les défis de l'univers
mondialisé du XXIe siècle.
Le mode actuel de
mondialisation, qui a été établi depuis quelques
décennies au Canada, aux États-Unis et dans
d'autres pays, s'est traduit par d'importantes
compressions dans le système de santé public et
d'autres services sociaux, par l'élimination de
services de santé par la privatisation et la
sous-traitance massives à des entreprises privées
mondialisées, par de longs délais et de grandes
carences dans la prestation des soins de santé et
la détérioration des conditions de travail du
personnel de la santé, entre autres problèmes.
En plus, la plus grande partie des industries de
recherche scientifique, pharmaceutiques et
d'équipements médicaux ont été relocalisées et
vendues à des entreprises mondialisées, ce qui a
rendu le Canada dépendant des installations et des
entreprises manufacturières aux États-Unis, en
Chine et dans d'autres pays. En effet, Connaught
Laboratories, la dernière société pharmaceutique
entièrement indépendante, basée au Canada (qui
était liée à l'Université de Toronto), a été
privatisée par le gouvernement fédéral
en 1986. Dans les décennies qui ont précédé
sa privatisation, Connaught Laboratories était
célèbre dans le monde pour sa découverte de
l'insuline, la production de traitements pour la
maladie infantile de la diphtérie, et pour
d'autres développements. Néanmoins, ce célèbre
actif national a été vendu à un monopole privé
mondialisé.
L'approvisionnement en nourriture est lié au
système de santé. À cet égard, notre système
d'approvisionnement alimentaire est déséquilibré
et vulnérable. La plupart de nos fruits et légumes
viennent de la Californie. À quel point cette
chaîne alimentaire et les autres chaînes
alimentaires basées à l'étranger sont-elles
fiables et sécuritaires ? Il semble que le
président Trump envisage de déplacer des troupes à
la frontière canadienne. Cela ressemble à une
menace et n'inspire pas confiance aux Canadiens,
surtout si des pénuries de nourriture se déclarent
aux États-Unis.
C'est un fait que nous vivons dans un univers
mondialisé. C'est une réalité que nous devons
accepter. Cela ne veut pas dire, cependant, que
nous devons accepter le modèle actuel de
mondialisation dans lequel les intérêts de vastes
entreprises prédominent sur ceux du peuple, et où
les chaînes de production et d'approvisionnement
sont externalisées partout dans le monde pour la
réalisation du profit maximum, ce qui vide les
économies nationales et locales. Sous ce modèle
actuel, des communautés petites et basées sur les
ressources, comme Prince George, Mackenzie et
d'autres du nord de la Colombie-Britannique sont
particulièrement vulnérables.
Dans cet
univers mondialisé, des économies locales et
nationales fortes, diversifiées et produisant ce
dont elles ont besoin sont absolument nécessaires,
tout comme l'est le commerce à avantage réciproque
entre les peuples et les pays. Le Canada a ce
qu'il faut pour développer ses propres industries
pharmaceutiques et d'équipement médical, et pour
renforcer et étendre notre système de santé public
et nos instituts scientifiques. Comme on le voit
si clairement pendant la pandémie, nos
travailleurs et notre personnel de la santé sont
héroïques. Tout leur pouvoir et leurs talents
doivent être libérés.
Nous possédons aussi ce qu'il faut pour bâtir des
industries alimentaires locales, régionales et
nationales qui nous rendent plus autonomes et
diversifiés. Le Canada possède des
approvisionnements en énergie abondants qui
peuvent être utilisés pour alimenter en pouvoir et
chauffer des serres pour produire de la nourriture
dans les provinces et même dans le Grand Nord.
Il existe de nombreux autres exemples.
En tout cas, dans le cadre de la pandémie, il
faut faire des besoins en santé la priorité. Nous
avons besoin d'un système de santé de première
classe et entièrement public pour faire face à
tout défi qui nous attend dans l'avenir. Et nous
avons besoin d'un approvisionnement en nourriture
qui est local et national et plus autonome. Dans
l'immédiat, nous devons prendre la parole pour
réclamer des mesures d'urgence pour que tous dans
notre société aient ce qu'il leur faut.
Globalement, nous devons rompre avec ce vieux
système mondialisé et établir de nouvelles
priorités.
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 17 - 28 mars 2020
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