Nouvelles et commentaires
Un problème se révèle
- Laura Chesnik -
Un problème qui se révèle de plus en plus
pendant la pandémie de la COVID-19 est que le
peuple doit établir ses propres formes
d'organisation pour faire face à ces désastres,
des façons de mener les gouvernements à assumer
leur responsabilité sociale dans les conditions
données. Le gouvernement et l'État ne sont pas
organisés pour mobiliser le peuple comme partie de
la solution des problèmes. Ils semblent être
uniquement capables de verser des fonds publics à
des individus ou à des intérêts privés. Sinon, ils
demandent à d'autres de résoudre les problèmes,
comme les petites et moyennes entreprises. Au lieu
de résoudre les problèmes en se servant de leur
autorité légale, ils se servent de leurs pouvoirs
pour criminaliser la réponse de différents
individus à l'absence de solutions du
gouvernement, comme le stockage de biens ou les
gens qui ne restent pas à la maison alors qu'ils
devraient être en isolement volontaire. Ce sont là
deux exemples de problèmes importants, mais les
gouvernements ne semblent être capables que
d'émettre des décrets, de faire la morale et de
menacer d'amendes ou de peines d'emprisonnement.
Ils ne semblent avoir ni l'intérêt ni la capacité
de mobiliser le peuple dans des formes
d'organisation par lesquelles il peut résoudre
lui-même les problèmes, comme le besoin d'une
chaîne d'approvisionnement interne de nourriture
pour tous ou de fournitures sanitaires appropriées
ou de matériel médical.
Un exemple
de problèmes que le gouvernement devrait résoudre
mais semble peu disposé à le faire est l'absence
de solution d'hébergement pour les travailleurs de
la santé pour qu'ils n'infectent pas leurs
familles. Dans des villes frontalières comme
Windsor, Niagara Falls et Sarnia en Ontario, il y
a de nombreux intervenants de la santé qui
travaillent aux États-Unis. Ils traversent la
frontière chaque jour puis reviennent au Canada,
retournant souvent à leur famille, à dormir dans
le garage, etc. Ils font face au besoin objectif
d'être logés et pris en charge afin qu'ils soient
en mesure de s'occuper des autres. À Windsor par
exemple, le maire demande aux hôtels de se porter
volontaires pour accueillir des travailleurs
d'hôpitaux. Le problème est laissé aux mains du
hasard ou, pire encore, à la volonté d'une
entreprise privée dans l'espoir qu'elle offre une
chambre. Celles qui acceptent sont présentés comme
des héros que les travailleurs sont censés
remercier. Il faudrait que le gouvernement
réquisitionne des hôtels. Dans les cas où le
gouvernement possède des hôtels, comme les trois
hôtels des casinos, il a clairement l'autorité
légale de le faire. En ce qui concerne les
municipalités, elles sont réduites à plaider pour
que les hôtels fassent leur devoir, mais doivent
se résigner au fait que ce sont des décisions
d'affaires privées.
Les mêmes problèmes se posent en ce qui concerne
la fourniture de nourriture et d'eau dans ces
circonstances. Des provinces ont émis des décrets
qui forcent les voyageurs à retourner à la maison
dès qu'ils reviennent, de ne pas s'arrêter pour
acheter de la nourriture ou des produits de
première nécessité, mais de s'isoler tout de suite
pendant 14 jours. C'est une mesure
importante, mais il n'y a pas d'organisation
publique qui est mobilisée pour garantir la
nourriture et les produits de première nécessité à
ces gens ou vérifier régulièrement s'ils se
portent bien. Cela aussi est laissé au hasard et
la personne ne peut s'appuyer que sur sa famille
ou ses amis. Quand même cela n'est pas possible,
la seule alternative qui reste est d'enfreindre la
loi et risquer d'infecter les autres ou de rester
chez soi et ne pas manger. Qu'on pense aussi aux
sans-abri, ou à ceux qui n'ont pas les moyens
d'acheter de quoi manger.
Sur les médias sociaux, différentes initiatives
sont prises pour assumer le rôle que les
gouvernements devraient jouer, soit de s'assurer
que les gens ont de quoi manger et un toit et
qu'on s'occupe d'eux, ou que les travailleurs de
la santé soient protégés comme il faut. Mais tout
cela est fait sur une base ponctuelle et avec le
sentiment de charité de faire ce qu'on peut pour
les moins fortunés. C'est très noble mais ce n'est
pas une solution. Cela ne répond pas au droit de
chacun à la satisfaction de ses besoins de base
dans les conditions données ni au droit à des
conditions de travail sécurisées. Les
gouvernements peuvent mettre leur autorité légale,
leurs ressources et leur bureaucratie à
contribution pour résoudre ces problèmes, mais ils
ne le font pas.
Les gens voient qu'ils ne peuvent pas compter sur
les gouvernements pour régler ces problèmes. En
même temps, la charité n'est pas la solution. La
classe ouvrière prend les devants en exigeant que
les gouvernements et les élus fassent leur devoir
de manière responsable. Cela montre d'abord et
avant tout ce qui est requis des représentants
élus pour résoudre les problèmes et mobiliser le
peuple dans cet effort. La classe ouvrière montre
par l'exemple ce que les gouvernements devraient
faire en des temps comme ceux-ci.
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 17 - 28 mars 2020
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