Le Parlement se réunit pour adopter le projet de loi C-13,
Loi sur les mesures d'urgence visant la COVID-19

Non aux marchandages de coulisses! Les négociations parlementaires doivent être télédiffusées en direct!

Les partis cartellisés qui siègent au Parlement du Canada ont adopté le projet de loi C-13, Loi sur les mesures d'urgence visant la COVID-19, le 25 mars. Ils ont négocié entre eux et avec des représentants de l'entreprise privée et le premier ministre du Canada a également négocié la chose avec les premiers ministres des autres provinces, tout cela dans le dos des Canadiens. Le projet de loi a été adopté par la Chambre des communes et le Sénat et a tout de suite reçu la sanction royale au nom de la lutte contre la pandémie du coronavirus.

La proposition initiale du Parti libéral au pouvoir a apparemment été modifiée après que deux partis cartellisés se soient opposés à sa demande de deux ans de pouvoirs d'exception. Ce délai a été réduit à six mois, durant lesquels le Parti libéral peut dépenser l'argent de l'État sans contrôle parlementaire. Deux jours plus tard, le 27 mars, le premier ministre Trudeau a annoncé des modifications de la subvention salariale aux entreprises et augmenté le montant de 10 % à 75 %.

Les pouvoirs d'exception sont les pouvoirs de police d'urgence. La loi donne au cabinet du Parti libéral, en particulier au premier ministre et au ministre des Finances, des pouvoirs extraordinaires leur permettant d'adopter des mesures et de dépenser l'argent de l'État jusqu'au 30 septembre 2020 sans débat public ou même parlementaire et sans surveillance publique ou parlementaire.

Évidemment, on ne connaît pas les détails de ce marchandage et on ne sait pas ce que le Parti libéral au pouvoir a reçu en échange de la réduction de la durée parce que tout cela s'est fait en secret derrière des portes closes. On ne sait rien des arguments donnés pour expliquer pourquoi le gouvernement a besoin de pouvoirs de police extraordinaires. A-t-on fait valoir que les institutions gouvernementales telles qu'elles existent n'ont pas ce qu'il faut pour faire face à la situation ? Elizabeth May, députée du Parti vert, insiste même pour dire que le gouvernement devrait aller plus loin et appliquer la Loi sur les mesures d'urgence qui a remplacé la Loi sur les mesures de guerre en 1988.

Ce que l'on sait, c'est que très peu de discussion, voire aucune, n'a eu lieu sur les raisons pour lesquelles les partis cartellisés ont accepté de donner au Parti libéral des pouvoirs exécutifs de police d'urgence. La discussion sur la manière de répondre aux besoins se résume à désinformer le public, lequel ne sait pas qui a décidé quoi, sans parler de participer lui-même partie prenante à la prise de décisions. Le ministre des Finances a annoncé qu'il dépensait 6 milliards de dollars par semaine mais les Canadiens sont sans information sur ce que cela veut dire. Ils sont laissés à eux-mêmes et doivent essayer de comprendre ce qui se passe en ramassant des brins d'information ici et là. Les négociations de coulisses entre le gouvernement, les partis cartellisés, les intérêts privés et les premiers ministres des provinces devraient être télévisées pour que tous soient tenus responsables de leurs décisions.

La discussion dans les médias détenus et contrôlés par des monopoles se résume essentiellement à réprimander le premier ministre pour avoir voulu une limite de deux ans plutôt qu'une limite plus courte ou à le féliciter d'avoir pris le contrôle du Trésor en échappant au contrôle du peuple. La prétention que le parlement représente les intérêts du peuple et doit par conséquent être en mesure de « surveiller » est une illusion, puisque c'est lui qui fait ce marchandage et qui bloque l'accès à l'information et à l'organisation dont les Canadiens ont besoin.

C'est une bien mauvaise plaisanterie que de faire croire qu'une fois que les portes de l'écurie auront été ouvertes et que les chevaux se seront échappés, le parlement pourra se réunir à nouveau plus tard et fermer les portes sans autre conséquence. Ces sottises détournent la discussion et empêchent de voir quels intérêts sont servis par le recours aux pouvoirs d'exception, les raisons pour lesquelles cela se produit en premier lieu et, surtout, le fait que lorsqu'il s'agit de s'occuper des personnes âgées, des femmes et des enfants, des communautés autochtones et des populations autochtones urbaines, des sans-abri et de tous les travailleurs, le gouvernement ne répond pas à l'appel. Dans ces marchandages de coulisses, seuls les milieux d'affaires et les premiers ministres ont l'argent et les moyens d'intervenir comme force organisée pour s'assurer que leurs intérêts priment en tout temps. Les Canadiens sont sans défense face à cela.

Le refus d'engager les Canadiens dans la prise de décision et le tabou sur la discussion de ce qui est pertinent et de ce qui ne l'est pas ne sont pas nouveaux, mais cela prend encore plus d'ampleur dans un état d'urgence. Le premier ministre Trudeau père a utilisé la Loi sur les mesures de guerre en 1970 pour supprimer les discussions et les efforts pour établir de nouvelles relations de nation à nation entre le Canada et le Québec, et a déchaîné les pouvoirs de police contre le peuple. De plus, le Livre blanc honteux de Trudeau de 1969 intitulé La politique indienne du gouvernement du Canada écartait toute proposition visant à établir des relations respectueuses de nation à nation avec les peuples autochtones. Trudeau père et son ministre des Affaires indiennes, Jean Chrétien, ont cherché à abolir tous les arrangements et traités antérieurs avec les peuples autochtones et à les « intégrer » au Canada sans garantir les droits ancestraux et issus de traités. L'objectif était d'imposer la libre possession ou la propriété privée sur tous les territoires autochtones sans exception afin que les impérialistes puissent s'emparer de ces terres et les exploiter sans opposition des autochtones. Même si l'opposition populaire massive a fait échouer cet odieux Livre blanc, l'injustice coloniale qu'il représente demeure à ce jour la position du gouvernement. Les gouvernements fédéral et provincial, la GRC et Coastal Gaslink continuent leurs attaques contre le territoire autochtone des Wet'suwet'en et les courageux défenseurs de la terre dans le nord de la Colombie-Britannique.

Les marchandages en coulisses suivent le mode opératoire typique qui consiste à lancer un ballon d'essai pour provoquer de l'opposition, puis à modifier sa position pour atteindre le but initialement visé et déclarer qu'il a le consentement des gouvernés. Le fait que les partis cartellisés ont accepté l'état d'urgence et les pouvoirs d'exception tant qu'une clause crépusculaire de six mois permet de les réexaminer est une preuve de plus du besoin du renouveau démocratique et de la nécessité que le peuple s'investisse du pouvoir en créant de formes nouvelles de gouvernance afin qu'il puisse se représenter lui-même et servir ses propres intérêts en prenant les décisions ouvertement et publiquement. Il est très pratique pour ceux qui servent des intérêts privés que de se donner carte blanche pour dépenser comme bon leur semble. Les institutions démocratiques libérales existantes sont conçues pour que le peuple ne soit jamais investi du pouvoir. Elles vont de crise en crise en cherchant par pragmatisme à tirer profit des problèmes d'un monde impérialiste continuellement en crise.

Dans le cas de cette crise, deux choses sont répétées pour désinformer les Canadiens. La première est que toutes les mesures sont en place pour protéger la population et la seconde est que tout est fait pour éviter une récession économique. Loin d'accepter ces proclamations, le peuple doit établir ses propres points de référence en fonction des besoins du monde réel tel qu'il le connaît pour ne pas être en proie à la désinformation. Il doit garder l'initiative sur toutes les questions.

Un lecteur du LML a commenté la situation actuelle : « Alors que le gouvernement est capable de donner des directives puis de faire en sorte que les gens se débrouillent seuls avec une aide financière qui viendra mais pas assez tôt, et qu'il est capable d'infliger des amendes et de punir ceux qui ne s'y conforment pas, il n'y a aucune reconnaissance de la responsabilité sociale des employeurs et du gouvernement de protéger l'ensemble de la société en protégeant les travailleurs. Les louanges faites aux 'travailleurs essentiels' et aux travailleurs de première ligne semblent contenir un élément d'espoir que ces travailleurs continueront à travailler dans des conditions dangereuses, en se mettant eux-mêmes et d'autres en danger, par sens du devoir, sans que le gouvernement et les employeurs ne défendent leurs droits.

« Ça n'arrivera pas. »

Quand la crise sert de justification pour verser
aux riches des sommes massives

Quand que les partis-cartels prétendent que toutes leurs actions visent à servir la population et à éviter de graves « dommages structurels à l'économie », cela laisse la grande majorité des Canadiens très inquiets. Lorsque des termes tels que « dommages structurels » sont utilisés, c'est un avertissement que la principale préoccupation du gouvernement est de préserver à tout prix ce système qui maintient la richesse de l'oligarchie financière et la domination de l'élite dirigeante sur l'économie au détriment des travailleurs et du peuple. L'urgence de la pandémie leur donnent maintenant une justification pour faire ce qu'ils veulent.

Le Financial Post a rapporté le 27 mars que « la Banque du Canada a réduit son taux d'intérêt de référence à zéro, tout en s'engageant pour la première fois à créer des dizaines de milliards de dollars pour acheter des obligations, une approche de la politique monétaire appelée assouplissement quantitatif. [...]

« Parallèlement à la baisse des taux d'intérêt, la banque centrale a annoncé qu'elle commencerait à acheter pour au moins 5 milliards de dollars d'obligations d'État par semaine jusqu'à la reprise de l'économie. Elle achètera également des billets de trésorerie à partir de la semaine prochaine, mais elle n'a pas encore déterminé le montant. L'idée est d'inonder la peur des marchés du crédit avec des liquidités. »

Cela suit sur les traces du gouvernement américain qui injecte des milliards de dollars dans le système.

La Banque du Canada a indiqué qu'elle fournirait tous les fonds jugés nécessaires aux banques, fonds spéculatifs et autres institutions qui ne créent pas de valeur, mais dont les bénéfices doivent être néanmoins garantis. Le Financial Post cite le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, qui dit : « Ce sont des montants énormes. On a jamais reproché à un pompier d'utiliser trop d'eau. »

C'est eux que servent les décisions du gouvernement et non le peuple, et c'est pourtant la vie des simples gens qui est virée sens dessus dessous.

La mafia du cartel

Il faut en finir avec cette habitude des soi-disant représentants de négocier dans le dos du peuple et d'annoncer ensuite seulement ce que l'élite dirigeante veut que le peuple sache. C'est une pratique autocratique qui porte atteinte au droit du peuple de savoir quelles décisions sont prises et de participer à la prise de ces décisions en donnant ses vues.

Dire d'un député qu'il est le représentant d'une circonscription quand ceux qui sont représentés ne savent même pas quels accords secrets sont conclus et à qui le marchandage profite, c'est ne respecter aucune notion de démocratie.

Ces représentants disent représenter « le peuple » mais qui exactement est ce « peuple » qu'ils disent représenter ? L'oligarchie financière n'est pas « le peuple ». Les intérêts d'affaires privés étroits ne sont pas « le peuple ». La bourse n'est pas « le peuple ». Chez nos voisins du sud, le président Trump et le gouverneur de New York, Andrew Cuomo, et les oligarques de leur acabit ne sont pas « le peuple ».

Les entités qu'on appelle partis politiques forment un système de cartel au Parlement, comme c'est également le cas au Congrès américain et ailleurs. Cela fait référence au fait que les partis politiques ont depuis longtemps cessé de représenter un intérêt national. Ils agissent comme une mafia du cartel non seulement au sens figuré mais au sens propre et objectif. La mafia est un cartel défini comme « un groupe soudé ou influent de personnes qui travaillent ensemble et protègent leurs intérêts les unes les autres ou les intérêts d'une personne en particulier ». L'objectif du cartel est de garder tous les autres à l'écart et de contrôler son territoire. Le capo de l'organisation criminelle ou politique délimite le territoire et maintient les troupes dans le droit chemin soit par des gratifications malhonnêtes, soit par une forme ou une autre de violence. Des négociations ou des guerres de territoire entre différents cartels peuvent aboutir à la formation d'une coalition établie dans un but particulier.

La mafia est un cartel défini comme « un groupe soudé ou influent de personnes qui travaillent ensemble et protègent leurs intérêts les uns les autres ou protègent les intérêts d'une personne en particulier ». L'objectif du cartel est de garder tous les autres à l'écart et de contrôler son territoire. Le capo de l'organisation criminelle ou politique délimite le territoire et maintient les troupes dans le droit chemin soit des gratifications malhonnêtes , soit par une forme ou une autre de violence. Des négociations ou des guerres de territoire entre différents cartels peuvent aboutir à la formation d'une coalition établie dans un but particulier.

Évidemment, divulguer les négociations parlementaires de coulisse d'un cartel politique est tabou, car cela exposerait et nuirait certains intérêts privés ou d'affaires, ou donnerait à quelqu'un un avantage sur un autre. Cela pourrait même faire du tort au marché boursier. Du moins, c'est ce qu'on nous dit sans beaucoup plus d'explications. Les raisons du secret d'un cartel criminel n'ont pas besoin d'être expliquées davantage parce que c'est évidemment le secret qui lui donne de sa force et le protège de ses ennemis. Le secret d'un cartel politique est également sa force pour à peu près les mêmes raisons, mais aussi pour maintenir la mystique de la personne d'État fictive qui est toute puissante et avec laquelle on ne badine pas.

Mais tout cela ne tient pas compte du tort très réel que fait le cartel politique en maintenant le peuple à l'écart des délibérations sur la direction de l'économie, la santé publique et toutes les questions liées à la guerre et à la paix. Le Canadien qui a une conscience a de plus en plus de mal à tolérer le porte-parole du parti cartellisé qui se lève pour dire : « Bien sûr, nous agissons pour le bien-être du public, pas pour nos propres intérêts partisans. »

Ces soi-disant représentants ne parlent pas au nom du peuple ni au nom de leurs communautés et de ces collectifs de travailleurs chargés de produire tout ce dont le peuple a besoin. Ces politiciens des cartels se sont emparés du nom du peuple et prétendent parler en son nom sans jamais avoir pris la peine de demander, et encore moins de recevoir, la permission du peuple.

Durant cette pandémie de coronavirus, de nombreux travailleurs ont choisi de répondre aux gouvernements de partis cartellisés en faisant connaître haut et fort les réclamations qu'ils sont en droit de faire et qu'ils doivent faire. Leur lutte pour leurs conditions de vie et de travail dans ces conditions et pour exiger une allocation de vie pour tous est exactement la contribution décisive qu'il faut faire pour contenir le virus et résoudre la crise d'une manière qui favorise le peuple.


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 17 - 28 mars 2020

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