Anniversaire de la Commune de
Paris
Glorieux fourrier d'une société nouvelle
La Commune de Paris défendue sur les barricades
par les ouvriers
révolutionnaires le 18 mars 1871
Le 18 mars 1871, la classe ouvrière de
Paris s'est soulevée contre la bourgeoisie
française et dans les jours qui ont suivi, la
Commune de Paris a été proclamée. C'était la
première prise du pouvoir d'État révolutionnaire
par le prolétariat et l'une des plus glorieuses
pages de l'histoire de la classe ouvrière
internationale.
Les efforts héroïques du prolétariat de Paris ont
marqué un tournant historique de la lutte de
classe du prolétariat contre la bourgeoisie parce
que, pour la première fois, il agissait en son nom
et que les communards ont agi de façon décisive
comme force politique indépendante de plein droit
pour avancer une cause définie par eux-mêmes. Par
leur sang, les communards héroïques demeurent une
source d'inspiration profonde et d'enseignements
d'une valeur inestimable pour le mouvement
communiste et ouvrier international.
Le pouvoir d'État
chargé de défendre le système capitaliste
d'esclavage salarié et d'exploitation de l'être
humain par l'être humain rongé par la crise bloque
la voie au progrès de la société. Les élites
dirigeantes néolibérales qui ont usurpé l'autorité
publique et les institutions d'État sont
directement contrôlées par les intérêts
monopolistes privés les plus puissants. Leur
rivalité intermonopoliste a détruit non seulement
l'économie de pays entiers, mais également des
États-nations au complet ou les a plongés dans une
profonde crise existentielle. Le tissu social de
ce pays se désagrège rapidement et les peuples
n'ont plus le choix que de trouver une alternative
à la collusion et aux rivalités
inter-impérialistes qui amènent le monde au bord
d'un embrasement mondial.
Dans cette situation, les enseignements de la
Commune de Paris sont d'une importance
particulière pour la classe ouvrière et tous les
exploités. L'expérience de la Commune de Paris a
détruit le mythe de la nature éternelle et du
caractère invincible et neutre de l'État bourgeois
et a fourni la première confirmation pratique des
principes les plus fondamentaux du socialisme
scientifique tels qu'élaborés par Marx et Engels.
Elle a également fourni une expérience pratique
qui leur a permis de continuer d'élaborer ces
principes.
La création de la Commune de Paris a eu lieu dans
les conditions d'un grand bouleversement
révolutionnaire en France. En 1870, le
despote français Louis Bonaparte, qui avait
déclenché une guerre chauvine injuste et
antipopulaire contre la Prusse, a subi une
humiliante défaite. Paris fut alors assiégé par
l'armée prussienne et c'est dans cette situation
qu'éclata la révolution de Paris le 4
septembre 1870 qui renversa le Second Empire
de Louis Bonaparte et proclama la République.
La bourgeoisie forma le gouvernement de cette
République, bien que les ouvriers de Paris, armés
pour défendre leur ville, aient été la force
principale de cette révolution. Quand, après un
long siège, le gouvernement bourgeois capitula
devant les Prussiens et, avec leur soutien, voulut
désarmer le prolétariat le 18 mars 1871,
le prolétariat se souleva et tourna ses armes
contre le gouvernement des classes possédantes qui
siégeait à Versailles. Le prolétariat devenait la
classe dirigeante pour la première fois.
Le 26 mars, la Commune de Paris était élue et
elle était proclamée le 28 mars 1871.
Les arrondissements de Paris sont dirigés par
des groupes de Communards. Dans les rues, la foule
lit les proclamations de ce nouvel État.
La Commune de Paris a été écrasée par la suite
avec une violence inouïe, mais a fourni un
brillant exemple de certaines des caractéristiques
fondamentales d'un nouvel État prolétarien.
Le 30 mars, deux jours seulement après la
proclamation de la Commune, la conscription et
l'armée permanente étaient abolies et la Garde
nationale, constituée de tous les citoyens
capables de porter des armes, devint la seule
force armée. Le même jour, elle a montré son
caractère profondément internationaliste lorsque
les étrangers élus à la Commune furent confirmés
dans leurs fonctions, parce que « le drapeau de la
Commune est le drapeau de la République
universelle ». Afin de se protéger contre
tout carriériste qui aurait pu tenter d'avancer
ses propres intérêts aux dépens du peuple, la
Commune a décidé de payer ses représentants à un
salaire d'ouvrier et de les déclarer tous sans
exception révocables en tout temps.
Parmi les autres mesures que la Commune a prises
pour démanteler l'ancien appareil d'État et
instaurer le nouveau, il y a : l'élection des
fonctionnaires, comme les juges, ceux-ci devenant
tous révocables en tout temps ; la séparation
de l'Église et de l'État et la suppression du
budget des cultes, le bannissement des écoles de
tous les symboles, images, dogmes et prières
religieux. Ces mesures signifiaient que la
religion est une question qui relève purement de
la conscience individuelle de chacun. Surtout, la
Commune a fait des organes élus des instances
redevables, alors qu'ils n'étaient auparavant que
des corps législatifs pour approuver les mesures
nécessaires aux classes exploiteuses tandis que
l'appareil bureaucratique était responsable de
leur application. Elle donna aux organes
législatifs des fonctions à la fois législatives
et exécutives, de sorte que ceux qui adoptaient
les lois étaient aussi responsables de leur
application.
La Commune a également pris d'importantes mesures
révolutionnaires pour l'émancipation économique et
le bien-être des travailleurs. Elle a décrété la
remise totale des loyers à partir
d'octobre 1870 jusqu'à avril 1871 et que
les sommes déjà payées sur ces loyers étaient des
avances sur les futurs paiements. Elle a interdit
la vente de tous les objets engagés au
mont-de-piété municipal, puis supprimé les
monts-de-piété. Elle a interdit le travail de nuit
dans les boulangeries. Elle a ordonné la remise
des fabriques, usines et ateliers fermés aux
associations ouvrières. Les communards ont
entrepris d'appliquer ces mesures, mais presque
toutes leurs énergies devaient être consacrées à
la défense de la Commune contre les assauts
barbares du gouvernement de Versailles. Le
gouvernement de Versailles avait obtenu la
collaboration des Prussiens pour écraser la
révolte des travailleurs.
Une affiche soviétique des
années 1920 qui, invoquant la mémoire
des martyrs de la Commune de Paris,
appelle à se rallier au drapeau rouge des
Soviets.
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Après plus de 28 jours de résistance
héroïque, les derniers communards succombèrent à
l'assaut général des troupes de Versailles
appuyées par les Prussiens. C'est alors que le
massacre des hommes, des femmes et des enfants
sans défense qui avait fait rage tout au long de
la semaine sanglante, atteignit son point
culminant. Des milliers et des milliers d'ouvriers
sans armes furent massacrés par la bourgeoisie. Si
la bourgeoisie se présente comme «
humanitaire », « raisonnable », «
juste » et « civilisée », la Commune de
Paris a montré la barbarie effrénée à laquelle
elle est prête à recourir pour écraser les luttes
révolutionnaires du prolétariat, soulignant ainsi
l'importance pour le prolétariat, une fois qu'il a
pris le pouvoir, d'exercer résolument sa dictature
sur les exploiteurs afin de pouvoir consolider ses
victoires et établir la démocratie pour la grande
majorité des travailleurs.
C'est l'enseignement précieux que la Commune de
Paris pendant sa courte existence a donné au
prolétariat mondial, un enseignement d'une
profonde importance dans sa lutte continue pour
édifier la société nouvelle, socialiste. Dans la
préface à l'édition allemande de 1872 du
Manifeste du Parti communiste, Marx et Engels
écrivent : « La Commune, notamment, a
démontré que la classe ouvrière ne peut pas se
contenter de prendre telle quelle la machine de
l'État et de la faire fonctionner pour son propre
compte. »
La Commune de Paris, qui a montré dans les faits
ce que signifie la dictature du prolétariat, offre
également des enseignements sur la nécessité d'un
parti politique révolutionnaire prolétarien pour
le diriger dans les hauts et les bas complexes de
la lutte de classe et sur la nécessité de bâtir et
de renforcer l'alliance ouvriers-paysans et
d'autres leçons inestimables qui ont été
confirmées par la Grande Révolution
d'Octobre 1917 et les autres luttes
révolutionnaires du prolétariat.
Aujourd'hui,
l'importance d'avoir des partis capables de
fournir à la lutte de classe de la classe ouvrière
et du peuple opprimé l'orientation et la direction
dont ils ont besoin pour développer leur politique
indépendante et apporter des solutions aux
problèmes de la société est en essence la cause
pour laquelle les communards ont combattu et
ouvert la voie avec tant d'héroïsme. L'exemple de
la Commune de Paris inspirera toujours la classe
ouvrière partout dans le monde qui n'oubliera
jamais les leçons inestimables écrites dans le
sang par les communards. La Commune de Paris a été
en effet le glorieux fourrier de la société
nouvelle que la classe ouvrière et les opprimés du
monde aspirent à créer.
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 15 - 17 mars 2020
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