Réponse impuissante de la Commission civile d'examen et d'instruction des plaintes relative à la GRC

Le 20 février, l'Association des libertés civiles de la Colombie-Britannique (BCCLA), l'Union des chefs indiens de la Colombie-Britannique (UBCIC) et les chefs héréditaires Wet'suwet'en ont tenu une conférence de presse à Vancouver au cours de laquelle ils ont rendu public et discuté la réponse de Michelaine Lahaie, présidente de la Commission civile d'examen et d'instruction des plaintes relative à la GRC (CCETP) à leur demande écrite d'enquête sur ce que ces organisations estimaient être des actions illégales de la GRC en territoire des Wet'suwet'en.

Sept personnes représentant les organisations qui ont soulevé la question ont pris la parole lors de la conférence de presse : Harsha Walia, directrice générale de l'Association des libertés civiles de la Colombie-Britannique, le grand chef Stewart Phillip, président de l'Union des chefs indiens de la Colombie-Britannique, Molly Wickham Sleydo', porte-parole du clan Gidimt'en des Wet'suwet'en, Delee Alexis Nikal, du clan Gidimt'en des Wet'suwet'en, l'une des plaignants au CCETP, Mary Ellen Turpel-Lafond Akikwe, directrice du Centre d'histoire et de dialogue sur les pensionnats autochtones de l'Université de la Colombie-Britannique et professeur à la faculté de droit Allard de l'UBC, David Suzuki, cofondateur de la Fondation David Suzuki et Ta'Kaiya Blaney, de Indigenous Youth for Wet'suwet'en.

Harsha Walia a présenté un résumé de la lettre de neuf pages de la présidente de la CCETP. Elle a indiqué que la présidente avait décidé de ne pas ouvrir d'enquête d'intérêt public pour le moment, parce que des préoccupations semblables ont déjà été soulevées auprès de la GRC dans un cas de 2013 semblable à ce qui se produit en territoire Wet'suwet'en. Elle a indiqué que la présidente a fourni un résumé des conclusions et des recommandations sur une série de questions concernant l'exécution des injonctions, l'utilisation des pouvoirs d'arrestation, le rôle de la GRC dans la surveillance des défenseurs des terres autochtones, les restrictions d'accès, les zones d'exclusion et les arrêts aux points de contrôle figurant dans un rapport provisoire, qui n'a pas été rendu public, sur l'intervention de la GRC contre des défenseurs de la terre opposés au gaz de fracturation hydraulique dans le comté de Kent au Nouveau-Brunswick en 2013. Ce rapport provisoire, qui comprend 37 conclusions, n'a pas été rendu public parce que la CCETP attend une réponse du commissaire de la GRC qui a le rapport en mains depuis 2019.

Dans le cas du Nouveau-Brunswick, la Commission a notamment conclu qu'il n'existait pas de disposition juridique permettant à la GRC d'exiger des passagers qu'ils présentent une pièce d'identité aux points de contrôle, que la GRC n'a pas le pouvoir légal d'effectuer des vérifications à des points de contrôle à des fins de la collecte de renseignements, que le souci de la sécurité publique déclaré reposait sur des renseignements non confirmés qui ne sont pas suffisants pour justifier un point de contrôle de la GRC, que les fouilles de routine des véhicules et des personnes effectuées par la GRC n'étaient pas autorisées par la loi, que les « zones tampons » ou les « zones d'exclusion » ne sont justifiables que dans des circonstances limitées précises et avec le moins d'entraves possible aux libertés individuelles.

La commission a conclu que certaines arrestations reposaient sur des interprétations erronées des conditions de l'injonction et que les agents de la GRC doivent avoir une interprétation détaillée et exacte des injonctions.

Harsha Walia a conclu ses remarques en soulignant que « ce qui est extrêmement troublant dans cette lettre de la présidente, c'est qu'une fois de plus la GRC est au courant de ces mêmes questions depuis mars 2019. » Les événements au Nouveau-Brunswick ont eu lieu en 2013, donc depuis sept ans, les gens du Nouveau-Brunswick qui ont déposé les plaintes n'ont eu aucune réponse et n'ont toujours pas accès au rapport parce qu'il n'est pas encore public. La lettre se trouve ici.

La conférence de presse complète peut être vue ici.

Les intervenants à la conférence de presse ont abordé les questions liées aux relations entre la police et les Premières Nations, historiquement et aujourd'hui dans le cas des Wet'suwet'en, et ont appelé les dirigeants fédéraux et provinciaux à mettre fin à l'occupation policière et à négocier avec les chefs héréditaires des Wet'suwet'en.

Le Grand Chef Stewart Phillip a rendu hommage aux chefs héréditaires et aux matriarches des Wet'suwet'en ainsi qu'aux jeunes autochtones de l'Île de la Tortue pour leur solidarité avec les Wet'suwet'en qui « se sont vigoureusement élevés contre les tactiques paramilitaires de la GRC, les forces d'occupation qui sont utilisées en territoire Wet'suwet'en et le fait honteux et révoltant que les actions de la GRC soient de nature très mercenaire, car elle agit au nom de Coastal Gaslink plutôt que de protéger les intérêts généraux de toutes les parties concernées par ces questions très instables. »

Il a déclaré : « Nous sommes à la croisée des chemins dans ce pays en ce qui concerne ce que tout cela représente et nous devons sortir de l'ombre coloniale et néocoloniale de la notion d'exploitation de la terre et de marchandisation de la terre qui est contraire à la prise en charge et à la conservation de ce bel endroit que nous décrivons comme le Canada et la Colombie-Britannique. Nous devons comprendre que la déclaration des Nations unies [sur les droits des peuples autochtones] est de la plus haute importance pour ce qu'elle représente, pour faire avancer le droit autochtone et les institutions juridiques autochtones afin qu'elles se situent aux côtés des autres systèmes de droit qui existent dans ce pays. Il ne s'agit pas d'un cas où le droit colonial supplante le droit ou les institutions autochtones. Le droit autochtone est inscrit dans nos langues autochtones, dans notre culture et nos traditions. Nous l'enseignons à nos enfants dès le plus jeune âge et c'est notre responsabilité envers la Terre Mère, la terre et les eaux. Les peuples autochtones appliquent simplement nos propres lois et nos propres traditions comme nous l'enseignent nos gardiens du savoir. Et il est absolument inacceptable que ces activités soient criminalisées par les gouvernements et par la GRC et qu'elles subissent la répression brutale dont nous avons été témoins à maintes reprises dans ce pays ». Le Grand Chef Stewart Phillip a conclu en déclarant : « Nous faisons appel aux gouvernements, et je suis d'accord avec Jody Wilson-Raybould lorsqu'elle a proposé au premier ministre Trudeau de prendre l'avion, d'aller chercher le premier ministre Horgan et de se rendre à Smithers pour y rencontrer les chefs héréditaires. Les jours à venir vont être très longs et très intenses. »

Dans leurs remarques et leurs réponses aux questions de la presse, les intervenants ont souligné deux choses : la nécessité de mettre un terme aux activités illégales de la GRC et le retrait de la GRC et de Coastal GasLink du territoire de Wet'suwet'en comme condition préalable d'une rencontre, dans le respect, des chefs hériditaires Wet'suwet'en avec le premier ministre Trudeau et le premier ministre de l'Ontario Horgan, afin de parvenir à une résolution pacifique du conflit basée sur le respect des droits des autochtones.

(Photo : UBCIC)


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 10 - 22 février 2020

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