Une nouvelle relation est requise
avec les peuples aucohtones
C'est au Canada qu'appartient le « fardeau de la résolution », pas aux peuples autochtones
- Barbara Biley -
Depuis son élection en 2015, le premier ministre
Justin Trudeau a répété à maintes reprises qu'«
aucune relation n'est plus importante que celle
entre le Canada et les peuples autochtones »,
allant jusqu'à dire à l'Assemblée des Premières
Nations, en décembre 2018, qu'une « nouvelle
relation » avec les peuples autochtones était
ce qu'il voulait laisser comme héritage en tant
que premier ministre.
Les mots ne coûtent pas cher et les paroles de
Trudeau sont dépassées par la réalité, non
seulement de l'échec du gouvernement à s'attaquer
aux problèmes chroniques auxquels sont confrontées
les communautés autochtones, notamment les crises
du logement, le manque d'eau potable, le chômage,
la pauvreté et le suicide chez les jeunes, mais
aussi du recours répété à la violence policière
contre les peuples autochtones qui défendent leurs
droits. S'il subsiste des doutes quant à la
position réelle du gouvernement fédéral, il suffit
de rappeler qu'il fait présentement appel de la
décision du Tribunal canadien des droits de la
personne qui reproche au Canada de sous-financer
la protection de l'enfance dans les réserves.
Selon les estimations, plus de 9 millions de
dollars ont été dépensés jusqu'à présent pour
faire appel des ordonnances du Tribunal, notamment
celle de septembre 2019 ordonnant au
gouvernement de verser 40 000 dollars à
chaque enfant concerné.
Les discours sur la « réconciliation » et la
« primauté du droit » perdent tout sens quand
des ministres reconnaissent que les paroles ne
s'accompagnent pas d'actions et que, qui plus est,
le gouvernement continue de poser des gestes qui
exposent un racisme profondément ancré et un
mépris pour les peuples autochtones et l'état de
droit. Trudeau et le premier ministre de la
Colombie-Britannique, John Horgan, ont tous deux
été interpellés à plusieurs reprises pour leur
traitement irrespectueux des chefs héréditaires.
Ils refusent de les rencontrer depuis le début de
la crise actuelle, qui a commencé avec l'avis
d'expulsion émis à Coastal GasLink le 4
janvier.
Mis au pied du mur par les nombreuses
manifestations à l'échelle du pays en appui à la
juste position des chefs héréditaires Wet'suwet'en
et des Wet'suwet'en vivant sur leur territoire,
Trudeau et Horgan ont à contrecoeur chargé des
ministres de proposer de rencontrer les chefs
héréditaires. Pour leur part, les chefs
héréditaires continuent de soutenir la position de
principe que la GRC doit d'abord se retirer
complètement des territoires des Wets'uwet'en. Le
visage hideux des institutions coloniales
canadiennes se voit dans la feinte de Trudeau à
l'égard des chefs qu'il considère comme pas très «
raisonnables ». Il affirme que son gouvernement a
« fait sa part », qu'il a toléré la désobéissance
assez longtemps, qu'il a encouragé le dialogue
assez longtemps et que « le fardeau de la
résolution de la crise » appartient désormais aux
chefs autochtones. Il a répété à quatre reprises
ce non-sens à propos du « fardeau » lors de sa
conférence de presse du 21 février. Le message
qu'il voulait transmettre est assez clair : s'ils
continuent de refuser de démanteler les blocus,
ils auront ce qu'ils méritent.
Ces menaces et déclarations fausses, hypocrites et
cyniques ne changent le fait qu'il incombe au
gouvernement du Canada de défendre les droits
ancestraux des peuples autochtones. Le refus du
gouvernement de s'acquitter de son devoir donne
raison à ceux qui se mobilisent pour les faire
respecter. La force ne fait pas le droit, peu
importe les subterfuges et faux-fuyants. La
reconnaissance des droits et des titres
autochtones est devenue comme une arête de poisson
logée dans la gorge du gouvernement libéral qu'il
ne peut ni avaler ni recracher. Elle y restera
tant qu'il n'y aura pas de rupture avec la Loi
sur les Indiens, qui est une loi raciste, et
les arrangements coloniaux fondés sur la
dépossession des peuples autochtones de leurs
terres, qui perdurent à ce jour et sont à
l'origine de la crise actuelle.
Le 4 janvier, les Wet'suwet'en, s'appuyant
sur leurs propres lois sur leurs propres terres
non cédées, ont émis un avis d'expulsion à Coastal
GasLink. Cette loi et les droits ancestraux des
Wet'suwet'en ne peuvent être éteints par « la
primauté du droit » que citent Trudeau,
Horgan et d'autres et sur laquelle ils s'appuient
pour ensuite envoyer une police coloniale
lourdement armée attaquer, arrêter et chasser les
Autochtones de leurs terres. En vertu de la loi
actuelle, fondée sur des accords coloniaux, l'État
canadien manque à ses obligations fiduciaires
envers les peuples autochtones, tant ceux dont les
nations ont des traités que ceux qui n'en ont pas.
Pour s'acquitter de cette obligation, l'État
canadien doit, dans un premier temps, pour bâtir
une nouvelle relation, assurer aux peuples
autochtones un niveau de vie canadien, notamment
un revenu garanti, l'éducation, les soins de
santé, le logement et des infrastructures qui
répondent aux besoins de la communauté où qu'elle
se trouve. Le Canada a les moyens de le faire. Un
gouvernement vraiment désireux d'établir une
nouvelle relation, surtout un gouvernement qui n'a
pas de difficulté à dépenser des milliards pour le
pipeline Trans Mountain, a les moyens de le faire
et n'a aucune excuse pour maintenir la fiction
selon laquelle les peuples autochtones sont des «
cas de bien-être social », privilégiés ou
autrement indignes de soutien. Les dirigeants des
gouvernements fédéral et provinciaux doivent
cesser de parler et d'agir comme s'ils n'avaient
rien à voir avec la réparation des torts
historiques ou que la société canadienne ne
devrait pas et n'avait pas les moyens de redresser
les torts historiques.
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 10 - 22 février 2020
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avec les peuples aucohtones: C'est au Canada qu'appartient le « fardeau de la résolution », pas aux peuples autochtones - Barbara Biley
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