Une nouvelle relation est requise avec les peuples aucohtones

C'est au Canada qu'appartient le « fardeau de la résolution », pas aux peuples autochtones

Depuis son élection en 2015, le premier ministre Justin Trudeau a répété à maintes reprises qu'« aucune relation n'est plus importante que celle entre le Canada et les peuples autochtones », allant jusqu'à dire à l'Assemblée des Premières Nations, en décembre 2018, qu'une « nouvelle relation » avec les peuples autochtones était ce qu'il voulait laisser comme héritage en tant que premier ministre.

Les mots ne coûtent pas cher et les paroles de Trudeau sont dépassées par la réalité, non seulement de l'échec du gouvernement à s'attaquer aux problèmes chroniques auxquels sont confrontées les communautés autochtones, notamment les crises du logement, le manque d'eau potable, le chômage, la pauvreté et le suicide chez les jeunes, mais aussi du recours répété à la violence policière contre les peuples autochtones qui défendent leurs droits. S'il subsiste des doutes quant à la position réelle du gouvernement fédéral, il suffit de rappeler qu'il fait présentement appel de la décision du Tribunal canadien des droits de la personne qui reproche au Canada de sous-financer la protection de l'enfance dans les réserves. Selon les estimations, plus de 9 millions de dollars ont été dépensés jusqu'à présent pour faire appel des ordonnances du Tribunal, notamment celle de septembre 2019 ordonnant au gouvernement de verser 40 000 dollars à chaque enfant concerné.

Les discours sur la « réconciliation » et la « primauté du droit » perdent tout sens quand des ministres reconnaissent que les paroles ne s'accompagnent pas d'actions et que, qui plus est, le gouvernement continue de poser des gestes qui exposent un racisme profondément ancré et un mépris pour les peuples autochtones et l'état de droit. Trudeau et le premier ministre de la Colombie-Britannique, John Horgan, ont tous deux été interpellés à plusieurs reprises pour leur traitement irrespectueux des chefs héréditaires. Ils refusent de les rencontrer depuis le début de la crise actuelle, qui a commencé avec l'avis d'expulsion émis à Coastal GasLink le 4 janvier.

Mis au pied du mur par les nombreuses manifestations à l'échelle du pays en appui à la juste position des chefs héréditaires Wet'suwet'en et des Wet'suwet'en vivant sur leur territoire, Trudeau et Horgan ont à contrecoeur chargé des ministres de proposer de rencontrer les chefs héréditaires. Pour leur part, les chefs héréditaires continuent de soutenir la position de principe que la GRC doit d'abord se retirer complètement des territoires des Wets'uwet'en. Le visage hideux des institutions coloniales canadiennes se voit dans la feinte de Trudeau à l'égard des chefs qu'il considère comme pas très « raisonnables ». Il affirme que son gouvernement a « fait sa part », qu'il a toléré la désobéissance assez longtemps, qu'il a encouragé le dialogue assez longtemps et que « le fardeau de la résolution de la crise » appartient désormais aux chefs autochtones. Il a répété à quatre reprises ce non-sens à propos du « fardeau » lors de sa conférence de presse du 21 février. Le message qu'il voulait transmettre est assez clair : s'ils continuent de refuser de démanteler les blocus, ils auront ce qu'ils méritent.

Ces menaces et déclarations fausses, hypocrites et cyniques ne changent le fait qu'il incombe au gouvernement du Canada de défendre les droits ancestraux des peuples autochtones. Le refus du gouvernement de s'acquitter de son devoir donne raison à ceux qui se mobilisent pour les faire respecter. La force ne fait pas le droit, peu importe les subterfuges et faux-fuyants. La reconnaissance des droits et des titres autochtones est devenue comme une arête de poisson logée dans la gorge du gouvernement libéral qu'il ne peut ni avaler ni recracher. Elle y restera tant qu'il n'y aura pas de rupture avec la Loi sur les Indiens, qui est une loi raciste, et les arrangements coloniaux fondés sur la dépossession des peuples autochtones de leurs terres, qui perdurent à ce jour et sont à l'origine de la crise actuelle.

Le 4 janvier, les Wet'suwet'en, s'appuyant sur leurs propres lois sur leurs propres terres non cédées, ont émis un avis d'expulsion à Coastal GasLink. Cette loi et les droits ancestraux des Wet'suwet'en ne peuvent être éteints par « la primauté du droit » que citent Trudeau, Horgan et d'autres et sur laquelle ils s'appuient pour ensuite envoyer une police coloniale lourdement armée attaquer, arrêter et chasser les Autochtones de leurs terres. En vertu de la loi actuelle, fondée sur des accords coloniaux, l'État canadien manque à ses obligations fiduciaires envers les peuples autochtones, tant ceux dont les nations ont des traités que ceux qui n'en ont pas.

Pour s'acquitter de cette obligation, l'État canadien doit, dans un premier temps, pour bâtir une nouvelle relation, assurer aux peuples autochtones un niveau de vie canadien, notamment un revenu garanti, l'éducation, les soins de santé, le logement et des infrastructures qui répondent aux besoins de la communauté où qu'elle se trouve. Le Canada a les moyens de le faire. Un gouvernement vraiment désireux d'établir une nouvelle relation, surtout un gouvernement qui n'a pas de difficulté à dépenser des milliards pour le pipeline Trans Mountain, a les moyens de le faire et n'a aucune excuse pour maintenir la fiction selon laquelle les peuples autochtones sont des « cas de bien-être social », privilégiés ou autrement indignes de soutien. Les dirigeants des gouvernements fédéral et provinciaux doivent cesser de parler et d'agir comme s'ils n'avaient rien à voir avec la réparation des torts historiques ou que la société canadienne ne devrait pas et n'avait pas les moyens de redresser les torts historiques.


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 10 - 22 février 2020

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Une nouvelle relation est requise avec les peuples aucohtones: C'est au Canada qu'appartient le « fardeau de la résolution », pas aux peuples autochtones - Barbara Biley


    

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