La prétention du Canada de défendre l'état de droit international
est sans fondement

Un tournant historique auquel le gouvernement Trudeau ne peut échapper

La campagne du gouvernement Trudeau pour un siège au Conseil de sécurité des Nations unies est maintenant passée à la vitesse supérieure. Il rivalise avec l'Irlande et la Norvège pour ce mandat de deux ans et c'est pourquoi Trudeau et son ministre des Affaires étrangères François-Philippe Champagne sont allés courtiser divers pays d'Afrique, des Caraïbes, d'Amérique latine. Toutefois, les services inestimables que rend le Canada au bloc économique impérialiste et à la machine de guerre des États-Unis viennent brouiller l'image qu'il essaie de projeter de gardien de la paix et de médiateur honnête tandis que son adhésion à des accords étatiques coloniaux qui violent les traités et les conventions des Nations unies vient démentir sa prétention d'être un parangon de démocratie. En fait, sa candidature à un siège au Conseil de sécurité de l'ONU s'est heurtée à des vents contraires de plus en plus forts, car sa prétention maintes fois répétée que le Canada est un pays où règne l'état de droit - ce qui en ferait un candidat idéal pour un siège au Conseil de sécurité - est démasquée devant le monde entier.

Cette semaine, le mépris du Canada pour la Charte des Nations unies et les principes du droit international et de la diplomatie dans la conduite de ses affaires étrangères était manifeste quand il a accueilli à Gatineau une rencontre de l'illégitime Groupe de Lima qui conspire contre le peuple vénézuélien et continue de s'ingérer dans ses affaires pour provoquer un changement de régime, cyniquement appelé « rétablissement de la démocratie ». Cette rencontre a été dénoncée avec le mépris qu'elle mérite par des manifestations devant le lieu de la rencontre à Gatineau, devant les bureaux de circonscription du premier ministre Trudeau à Montréal, ceux de la vice-première ministre Chrystia Freeland à toronto et de plusieurs autres ministres et députés libéraux ailleurs au Canada.

S'il subsistait le moindre doute quant au rôle que joue aujourd'hui le Canada en suivant une politique d'apaisement envers les États-Unis qui s'efforcent d'affirmer leur hégémonie sur toute l'Amérique latine et les Caraïbes et ailleurs, il aura été dissipé par le discours du président Trump sur l'état de l'Union le 4 février devant le Congrès américain. Le président Trump a été très clair quant à qui établit les règles de « l'ordre international fondé sur des règles », que le Canada défend et se charge de faire respecter. Il a profité de l'occasion, un jour avant que le Sénat américain l'ait déclaré non coupable dans son procès de destitution, pour faire étalage de son gouvernement de pouvoirs de police et de sa propre capacité à exercer un pouvoir exécutif illimité, à la manière d'un empereur, à la fois sur le territoire national et à l'étranger, avec l'appui de la puissance de l'armée des États-Unis, dégagé des contraintes de la constitution des États-Unis ou du droit international. C'est ce qu'impliquait ses vantardises que « le mandat de tyrannie du président Maduro va être réduit à néant et brisé » et son assurance mafieuse « nous allons nous occuper du Venezuela ».

Il est également très significatif que, ces dernières semaines, l'État canadien et ses agences aient violé tous les principes qui déterminent et guident les relations de nation à nation, alors qu'ils sont au coeur de l'état de droit. Son rejet de la loi Wet'suwet'en, qu'il est tenu de respecter et de faire respecter, est également révélatrice de son attitude à l'égard de l'état de droit international. Il refuse de se débarrasser des arrangements coloniaux et de l'esprit colonial racistes inscrits dans la Constitution canadienne pour faire respecter non seulement en paroles mais également en actes les droits des autochtones et la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Le refus de respecter le Non des chefs héréditaires à la construction d'un pipeline sur leur territoire sans leur consentement libre, préalable et éclairé, et la résistance généralisée et déterminée qu'il a suscitée sont révélateurs de ce que le Canada fait également sur la scène internationale lorsqu'il bafoue les droits des peuples et des nations qui luttent pour leur droit d'être.

Le tournant historique actuel laisse au gouvernement le choix de changer, ce que les intérêts privés ne toléreront pas, ou de revenir à l'imposition du diktat impérialiste qui proclame que la force fait le droit, ce que les peuples ne toléreront pas. Ni les tergiversations, ni la rhétorique creuse qui présume que les peuples combattants du Canada et du monde entier vont se soumettre ne feront disparaître la réalité de ce tournant historique.

Quelle loi, et décidée par qui, le Canada doit appliquer est une question posée par l'histoire et beaucoup se la posent. La prétention du Canada de défendre l'état de droit et l'ordre international fondé sur des règles n'est pas nouvelle, elle fait partie des outils qu'il utilise pour s'ingérer dans les affaires des autres pays et commettre des agressions contre eux en violation des principes fondateurs de l'ONU tels qu'inscrits dans sa Charte. Ce n'est pas une violation mineure pour un pays qui fait campagne pour obtenir un siège au Conseil de sécurité, dont la fonction est de « maintenir la paix et la sécurité internationales, conformément aux buts et aux principes des Nations unies ».


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 10 - 22 février 2020

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