Plan d'action conjoint pour la
collaboration dans
le domaine des minéraux critiques
Non à l'intégration du Canada à l'économie de guerre impérialiste américaine !
- Fernand Deschamps -
« L'intégration du Canada à l'économie de
guerre impérialiste américaine est un grand
sujet de préoccupation pour les Canadiens.
L'économie de guerre des États-Unis étend ses
tentacules à tous les États américains ainsi
qu'au Canada et à d'innombrables autres endroits
à l'étranger.[...] L'économie de guerre
américaine existe en relation avec la lutte pour
l'hégémonie mondiale de l'oligarchie financière
centrée aux États-Unis. Le vol de la richesse
sociale des peuples du monde et la concurrence
avec d'autres grandes puissances alimentent
l'économie de guerre qui, à son tour, engendre
l'instabilité, la violence et d'autres
guerres. » - « L'intégration du Canada
à l'économie de guerre impérialiste
américaine » de K.C. Adams, Le
Marxiste-Léniniste, 21
décembre 2019.
Le 9
janvier, Ressources naturelles Canada a publié un
communiqué de presse dans lequel il indique :
« Aujourd'hui, le Canada et les États-Unis ont
annoncé qu'ils avaient finalisé le plan d'action
canado-américain pour la collaboration dans le
domaine des minéraux critiques, mettant ainsi en
avant leur intérêt commun à sécuriser les chaînes
logistiques de différents minéraux critiques
nécessaires à d'importants secteurs
manufacturiers, dont la technologie des
communications, l'aérospatiale et la défense ainsi
que les technologies propres. [...] Le plan
d'action guidera nos travaux de coopération dans
des sphères comme la consultation de
l'industrie ; les efforts visant à sécuriser
les chaînes logistiques de minéraux critiques au
profit de diverses industries stratégiques et de
la défense ; l'amélioration du partage de
l'information sur les ressources minérales et le
potentiel minier ; et la collaboration au
sein de différents forums multilatéraux et avec
divers pays. Il promouvra également la réalisation
d'initiatives conjointes, qui favoriseront
notamment la coopération en
recherche-développement, la modélisation des
chaînes logistiques et un soutien accru à
l'industrie. [...] Des spécialistes des deux pays
se réuniront dans les semaines à venir pour
proposer des initiatives conjointes en vue de
remédier aux préoccupations communes touchant la
sécurité de l'approvisionnement en minéraux – et
ainsi soutenir la croissance économique et assurer
la sécurité intérieure du Canada et des
États-Unis. »[1]
Le communiqué de presse mentionne que « le plan
d'action » survient après la visite de
Trudeau à Washington en juin dernier lorsqu'il a
rencontré le président Trump et a discuté « des
tensions entre les États-Unis et l'Iran. Ils ont
notamment soulevé les rapports que l'Iran a abattu
un drone américain dans l'espace aérien
international ». Dans cette atmosphère
d'escalade des préparatifs de guerre, les deux
dirigeants ont « discuté de moyens d'améliorer la
sécurité entourant les réserves de minéraux,
d'assurer la compétitivité des industries minières
et de veiller à ce que les chaînes
d'approvisionnement soient sûres et fiables. [...]
le Canada et les États-Unis concevront un plan
d'action conjoint pour encourager la collaboration
à ce chapitre. »
Trudeau a souligné « l'importance de l'uranium
canadien pour la sécurité énergétique de
l'Amérique du Nord et a fait valoir que le Canada
est un fournisseur fiable d'uranium pour les
États-Unis depuis plus de 75 ans ».[2]
Le rôle du gouvernement du Québec dans le plan
d'action conjoint pour la collaboration dans le
domaine des minéraux critiques
« Un matériau nécessaire à des fins militaires
est considéré comme stratégique et un matériau est
qualifié de critique si des événements futurs qui
affectent son approvisionnement de l'étranger
menacent de nuire gravement à l'économie d'un
pays. » (DeYoung et al, Procès-verbaux
du 42 e Forum sur la géologie des minéraux
industriels, 2006, Raleigh, Caroline du Nord)
Avant que Trudeau ne se rende à Washington, le
premier ministre du Québec François Legault était
à la Maison-Blanche le 22 mai 2019.
Legault a rencontré Wells Griffith, l'assistant
spécial au président et directeur en matière
d'environnement et d'énergie internationale auprès
du Conseil de sécurité nationale. Par la suite,
Legault a rencontré Mark Menezes, le
sous-secrétaire à l'Énergie auprès du département
américain de l'Énergie.
Le bureau du premier ministre a publié un
communiqué de presse dans lequel il fait remarquer
que Legault a exprimé aux représentants des
États-Unis la volonté de son gouvernement «
d'augmenter considérablement la vente
d'hydroélectricité sur le territoire américain. Il
leur a également exposé son intention de voir le
Québec devenir un partenaire important des
États-Unis dans le dossier des minéraux
stratégiques ».
Le ministre de l'Énergie et des Ressources
naturelles, Jonatan Julien, a visité la capitale
américaine à la fin de septembre 2019 pour
procéder à la signature d'une déclaration commune
renforçant la coopération scientifique et
technologique entre le gouvernement du Québec et
la Commission géologique des États-Unis (U.S.
Geological Survey) du département de l'Intérieur
des États-Unis. L'entente prévoit une
collaboration étroite « en matière de cartographie
et d'analyses de données, particulièrement dans le
dossier des minéraux critiques et
stratégiques »
Dans un communiqué faisant
suite à cette rencontre, le bureau du ministre
Julien a écrit : « Le ministre a notamment pu
s'entretenir avec Steven Fortier, Senior Policy
Advisor du White House Office of Science and
Technology Policy. Cette rencontre a permis de
constater l'importance qu'accorde l'administration
américaine à la nécessité de trouver des
fournisseurs de minéraux critiques fiables afin de
réduire les vulnérabilités de leur propre chaîne
d'approvisionnement. Le ministre a ainsi pu faire
valoir le potentiel du Québec à cet égard. [...]
Ces minéraux sont en forte croissance parce qu'ils
répondent à des enjeux liés aux nouvelles
technologies et à la transition énergétique
(transport, aviation, télécommunication, énergie
renouvelable et industrie militaire). Plusieurs
biens qui sont fabriqués pour l'économie de demain
en contiennent, dont les équipements électroniques
et les voitures électriques. Washington s'est dit
ouvert à améliorer le commerce international et la
collaboration avec ses alliés pour assurer une
chaîne d'approvisionnement avec des pays dont
l'exemplarité sociale et environnementale est
démontrée. »
La déclaration se termine en soulignant
l'importance de l'économie du Québec pour
l'économie de guerre des États-Unis : « Les
minéraux critiques et stratégiques, produits au
Québec, sont le niobium, le graphite, les éléments
du groupe du platine, le cobalt et le titane. De
plus, le Québec possède un potentiel minéral pour
le lithium, les éléments de terres rares et le
vanadium. La demande pour les minéraux critiques
et stratégiques et critiques est en forte
croissance, car elle répond à des enjeux liés aux
nouvelles technologies et à la transition
énergétique. [...] Le Québec est le premier
fournisseur d'électricité étranger aux États-Unis
et l'un des plus grands producteurs
d'hydroélectricité au monde. »
Des gestes cyniques pour promouvoir
l'intégration
à l'économie de guerre des États-Unis
Le 19 novembre 2019, le ministre de
l'Énergie et des Ressources naturelles a annoncé
l'amorce d'un processus de consultation pour « une
réflexion sur la place du Québec dans la mise en
valeur des minéraux critiques et
stratégiques ». À cette fin, le gouvernement
a produit un guide de discussion intitulé «
Réflexion sur la place du Québec dans la mise en
valeur des minéraux critiques et stratégiques
(MCS) ».[3]
Le guide de discussion indique que « Le ministère
de l'Énergie et des Ressources naturelles
considère les minéraux critiques comme ceux qui
revêtent aujourd'hui une importance économique
significative pour des secteurs clés de
l'économie, qui présentent un risque élevé sur le
plan de l'approvisionnement et qui n'ont pas de
substituts disponibles commercialement. Les
minéraux stratégiques sont des substances
minérales nécessaires à la mise en oeuvre des
politiques économiques du Québec, notamment le
Plan d'électrification et de changement
climatique 2020-2030 et la Politique
énergétique 2030. [...] L'aéronautique, les
télécommunications, les énergies renouvelables
(solaire, éolien, etc.), le stockage d'énergie, le
secteur médical et l'électrification des
transports sont des secteurs en forte croissance
et pour lesquels un approvisionnement en MCS est
indispensable. »
Toute
référence au fait que les MCS sont essentiels et
critiques à l'industrie militaire et à l'économie
de guerre a disparu comme par magie du Guide de
discussion du ministère et est remplacée par
l'importance des « changements climatiques »
et des « énergies renouvelables » même si
plusieurs des MCS présents au Québec sont extraits
ou ont le potentiel d'être extraits aux fins de
préparatifs de guerre.[4]
Par exemple, l'aluminium primaire est produit et
l'oxyde de titane est extrait au Québec.
L'exploitation du vanadium est également possible.
Le United States Geological Survey dans son examen
d'étude sur le vanadium dit : « Le vanadium a
été utilisé avec de l'aluminium pour donner la
résistance requise dans les alliages de titane
utilisés dans les moteurs à réaction et les
fuselages d'avions à grande vitesse. »[5]
Le gouvernement du Québec a publié un
questionnaire concernant l'exploitation minière et
la production de MCS dans lequel la question
suivante est posée : « Est-il souhaitable que
le gouvernement et ses sociétés d'État soutiennent
l'attraction d'investissements dans les filières
de MCS québécoises et, si oui, de quelle
façon ? »
Ce questionnaire devrait être dénoncé comme
faisant partie d'une campagne gouvernementale
cynique qui vise à gagner l'opinion publique pour
que les fonds de l'État soient dilapidés vers
l'oligarchie financière impliquée dans les MCS par
des stratagèmes pour payer les riches et pour
entraîner davantage le Québec et le Canada dans
l'économie de guerre des États-Unis. Un aspect
important pour faire du Canada et du Québec un
facteur de paix dans le monde est l'opposition à
l'intégration du pays dans l'économie de guerre
impérialiste américaine.
Notes
1. «
Le Canada et les États-Unis mettent la dernière
main à leur plan d'action conjoint pour la
collaboration dans le domaine des minéraux
critiques », communiqué de presse,
Ressources naturelles Canada, 9
janvier 2020.
2. Le Bureau du premier
ministre (BPM) et Ressources naturelles Canada se
vantent de la braderie des ressources naturelles
du Canada au service de l'oligarchie financière
centrée aux États-Unis dans sa quête pour la
domination mondiale. « Les minéraux critiques
utilisés par les industries de la défense, de la
fabrication et des hautes technologies sont
indispensables aux économies et à la sécurité
nationale du Canada et des États-Unis. Le riche
secteur des minéraux du Canada est bien placé pour
répondre à une grande partie de la demande
nord-américaine et pour tirer profit des
opportunités découlant du commerce stratégique et
de l'investissement. » (BPM)
« Important fournisseur de 13 des 35
minerais que les États-Unis jugent essentiels à la
sécurité économique et nationale, le Canada
pourrait également devenir une source fiable
d'autres minéraux critiques, dont les métaux des
terres rares – composants essentiels de nombreux
appareils électroniques à usage quotidien. À
l'heure actuelle, notre pays est le premier
fournisseur des États-Unis en potasse, indium,
aluminium et tellure, de même que leur deuxième
fournisseur en niobium, tungstène et magnésium.
Enfin, en plus d'être un partenaire fiable pour
les États-Unis dans le secteur de l'uranium depuis
plus de 75 ans, le Canada comble
environ 25 % de leurs besoins en
uranium. » (Ressources naturelles Canada)
3. Guide
de discussion - Réflexion sur la place du Québec
dans la mise en valeur des minéraux critiques et
stratégiques, 2019, Gouvernement du
Québec
4. Minéraux
critiques et stratégiques au Québec, 2019,
Gouvernement du Québec
5. Vanadium
Statistics and Information, Désirée E. Polyak,
National Minerals information Center, United
States Geological Survey.
Cet article est paru dans
Volume 50 Numéro 5 - 1er février 2020
Lien de l'article:
Plan d'action conjoint pour la
Collaboration dans : Non à l'intégration du Canada à l'économie De guerre impérialiste américaine ! - Fernand Deschamps
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