Ce qu'ils
ont dit
Amiral à la retraite Mike Mullen,
dix-septième président de l'Instance collégiale
des chefs d'état-major
Hier, j'ai été dégoûté de voir du personnel des
services de sécurité - y compris des membres de la
Garde nationale - dégager de force et violemment
un chemin à travers Square Lafayette pour
accueillir la visite du président à l'extérieur de
l'église St. John. À ce jour, j'ai été réticent à
m'exprimer sur les questions entourant le
leadership du président Trump, mais nous sommes à
un point d'inflexion, et les événements des
dernières semaines ont rendu impossible de garder
le silence.
Quel que soit l'objectif de Trump lors de sa
visite, il a dévoilé son dédain pour les droits à
manifester pacifiquement dans ce pays, a porté
secours aux dirigeants d'autres pays qui se
consolent devant nos conflits intérieurs et a
risqué de politiser davantage les hommes et les
femmes de nos forces armées.
Il y a peu de bien à dire de ce tour de force.
Bien que personne ne devrait jamais tolérer la
violence, le vandalisme et le pillage qui ont
explosé dans les rues de nos villes, personne ne
devrait non plus perdre de vue les préoccupations
plus grandes et plus profondes concernant le
racisme institutionnel qui ont déclenché cette
rage.
En tant qu'homme blanc, je ne peux pas prétendre
comprendre parfaitement la peur et la colère que
ressentent les Afro-Américains aujourd'hui. Mais
en tant que personne qui existe depuis un certain
temps, j'en sais assez - et j'en ai vu assez -
pour comprendre que ces sentiments sont réels et
qu'ils sont profondément douloureux.
Nous devons, en tant que citoyens, aborder de
front le problème de la brutalité policière et des
injustices persistantes auxquelles fait face la
communauté afro-américaine. Nous devons, en tant
que citoyens, soutenir et défendre le droit - en
fait, l'obligation solennelle - de se réunir
pacifiquement et d'être entendus. Ce ne sont pas
des quêtes qui s'excluent mutuellement.
Et aucune de ces quêtes ne sera rendue plus
facile ou plus sécuritaire par une utilisation
exagérément agressive de nos militaires, qu'ils
soient en service actif ou de la Garde nationale.
Les États-Unis ont une longue histoire et, pour
être honnête, parfois troublée, d'utilisation des
forces armées pour faire appliquer les lois
nationales. La question pour nous aujourd'hui
n'est pas de savoir si cette autorité existe, mais
si elle sera administrée judicieusement.
Je reste confiant dans le professionnalisme de
nos hommes et femmes en uniforme. Ils serviront
avec compétence et compassion. Ils obéiront aux
ordres légaux. Mais je suis moins confiant dans le
bien-fondé des ordres que ce commandant en chef
leur donnera, et je ne suis pas convaincu que les
conditions dans nos rues, aussi mauvaises
soient-elles, ont atteint un niveau qui justifie
un tel recours aux troupes militaires. Certes,
nous n'avons pas franchi le seuil qui permettrait
d'invoquer les dispositions de l'Insurrection
Act.
En outre, je suis profondément préoccupé par le
fait que, lorsqu'ils exécuteront leurs ordres, les
militaires seront cooptés à des fins politiques.
Même au milieu du carnage auquel nous assistons,
nous devons nous efforcer de voir les villes et
cités américaines comme nos maisons et nos
quartiers. Ce ne sont pas des « espaces de
combat » à dominer et ne doivent jamais le
devenir.
Nous devons veiller à ce que les
Afro-Américains – en fait, tous les
Américains – bénéficient des mêmes droits en vertu
de la Constitution, de la même justice en vertu de
la loi et des mêmes considérations que nous
accordons aux membres de notre propre famille. Nos
concitoyens ne sont pas l'ennemi et ne doivent
jamais le devenir.
Trop de choix de politiques étrangère et
intérieure ont été militarisés ; trop de
missions militaires ont été politisées.
Ce n'est pas le moment de faire des tours de
force. C'est le moment de faire preuve de
leadership.
(2 juin. The Atlantic)
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