Notre Amérique face aux attaques de l'impérialisme et des oligarchies
- Ministère des Relations
extérieures de Cuba -
Rassemblement devant le Musée des beaux-arts de
Vancouver le 3 décembre 2019 en appui aux luttes
du peuple chilien et des autres peuples d'Amérique
latine contre le néolibéralisme et la répression
d'État
Les événements les plus récents dans la région
confirment le gouvernement des États-Unis et les
oligarchies réactionnaires comme les principaux
responsables des dangereux bouleversements et de
l'instabilité politique et sociale en Amérique
latine et dans les Caraïbes.
Comme nous en avait prévenu le Premier secrétaire
du Parti communiste de Cuba, le général d'armée
Raul Castro Ruz, dans son discours du 1er
janvier 2019 : « Ceux qui se bercent
d'illusions avec la restauration du pouvoir
impérialiste dans notre région devraient
comprendre que l'Amérique latine et les Caraïbes
ont changé, tout comme le monde. (...) La région
ressemble à une grande prairie en période de
sécheresse. Une étincelle pourrait provoquer un
incendie incontrôlable qui nuirait aux intérêts
nationaux de tous. »
Le Président Donald Trump proclame la validité de
la Doctrine Monroe et fait appel au maccartisme
afin de préserver la domination impérialiste sur
les ressources naturelles de la région ;
entraver l'exercice de la souveraineté nationale
et les aspirations d'intégration et de coopération
régionales ; tenter de rétablir son hégémonie
unipolaire à l'échelle mondiale et
continentale ; en finir avec les modèles
progressistes, révolutionnaires et alternatifs au
capitalisme sauvage ; inverser les conquêtes
politiques et sociales et imposer des modèles
néolibéraux, sans se soucier du Droit
international, des règles du jeu de la démocratie
représentative, de l'environnement ou du bien-être
des peuples.
Le lundi 2 décembre, le secrétaire d'État
Mike Pompeo a proféré des menaces contre Cuba et
le Venezuela, les accusant de tirer profit de
l'agitation dans les pays de la région et de
l'attiser. Il déforme et manipule la réalité et il
occulte le fait que l'intervention permanente des
États-Unis en Amérique latine et dans les Caraïbes
est l'élément central de l'instabilité régionale.
Les manifestations légitimes et les mobilisations
populaires massives qui ont lieu sur le continent,
notamment dans l'État plurinational de Bolivie, au
Chili, en Colombie, en Équateur et au Brésil, sont
causées par la pauvreté et l'inégalité croissante
dans la répartition de la richesse ; la
conviction que les formules néolibérales aggravent
la situation insoutenable d'exclusion et de
vulnérabilité sociales ; l'absence ou la précarité
des services de santé, d'éducation et de sécurité
sociale ; les atteintes à la dignité
humaine ; le chômage et la restriction des
droits du travail ; la privatisation,
l'augmentation des prix et la suppression des
services publics, ainsi que l'augmentation de
l'insécurité des citoyens.
Manifestations à Montréal le 1er décembre 2019
(haut) et à Calgary le 26 octobre 2019, deux parmi
les nombreuses manifestations tenues partout au
Canada en appui à la lutte courageuse du peuple
chilien pour l'affirmation de ses droits face à la
répression brutale de l'État chilien
Ces formules révèlent la crise des systèmes
politiques, l'absence d'une véritable démocratie,
le discrédit des partis conservateurs
traditionnels, la protestation contre la
corruption historique caractéristique des
dictatures militaires et des gouvernements de
droite, le faible soutien populaire aux autorités
officielles et la méfiance à l'égard des
institutions et du système judiciaire.
Les gens protestent également contre la
répression policière brutale, la militarisation de
la police sous prétexte de protéger les
infrastructures critiques, l'exonération de
responsabilité pénale pour les répresseurs,
l'utilisation d'armes de guerre et antiémeutes qui
causent des morts, des blessures graves, y compris
des centaines de jeunes ayant subi des blessures
irréversibles aux yeux par l'utilisation de balles
de caoutchouc, la criminalisation des
manifestations, les viols, les passages à tabac et
la violence contre les détenus, dont des mineurs,
et aussi l'assassinat de dirigeants sociaux, de
guérilleros démobilisés et de journalistes.
Les États-Unis défendent et soutiennent la
répression contre les manifestants sous prétexte
de sauvegarder le soi-disant « ordre
démocratique ». Le silence complice de
plusieurs gouvernements, institutions et
personnalités qui s'avèrent très actifs et
critiques à l'égard de la gauche est une honte. La
complicité des grands médias est une ignominie.
Les peuples se demandent à juste titre : où
est la démocratie et l'État de Droit ? Que
font les institutions censées se consacrer à la
protection des droits humains et où est le système
judiciaire dont on proclame l'indépendance ?
Revenons sur quelques faits. En mars 2015,
le président Barack Obama signe un Décret exécutif
saugrenu déclarant la République bolivarienne du
Venezuela comme « une menace inhabituelle et
extraordinaire pour la sécurité nationale,
l'économie et la politique extérieure » de
cette grande puissance.
En novembre 2015 a lieu la coûteuse défaite
électorale de la gauche en Argentine.
L'offensive néolibérale connaît un moment décisif
en août 2016, avec le coup d'État
parlementaire et judiciaire au Brésil contre la
présidente Dilma Rousseff, la criminalisation et
l'emprisonnement des dirigeants du Parti des
travailleurs, et plus tard de l'ancien président
Luiz Inacio Lula Da Silva, avec la participation
précoce du Département de la Justice des
États-Unis, à travers la Loi sur la corruption
dans les transactions à l'étranger, visant à
installer un gouvernement sous sa dépendance, prêt
à inverser d'importantes conquêtes sociales par le
biais d'ajustements néolibéraux, à effectuer des
changements nuisibles au modèle de développement,
à permettre la destruction de l'entreprise
nationale et la spoliation par la
privatisation ; à vendre à bas prix les
ressources et l'infrastructure du pays aux
sociétés transnationales étasuniennes.
Fin 2017, une manifestation a eu lieu au
Honduras contre le résultat électoral, laquelle
fut violemment réprimée.
En janvier 2018, les États-Unis font échouer
la signature d'un accord entre le gouvernement
vénézuélien et l'opposition manipulée depuis
Washington. Un mois plus tard, le secrétaire
d'État proclame l'actualité de la Doctrine Monroe
et appelle à un coup d'État militaire contre la
Révolution bolivarienne et chaviste.
En mars 2018, l'assassinat atroce de la
conseillère municipale brésilienne Marielle Franco
suscite une vague d'indignation dans son pays et
dans le monde, alors que les sombres implications
des groupes de pouvoir sont encore inconnues. En
avril, Lula est emprisonné sur la base de
manoeuvres juridiques fallacieuses. On ne compte
pas les innombrables preuves de l'intervention des
États-Unis dans les élections brésiliennes par le
biais de sociétés spécialisées qui utilisent des
technologies de « mégadonnées » et de
polymétrie pour manipuler la volonté des électeurs
de façon individuelle, comme celles utilisées par
l'ultraréactionnaire Steve Bannon et autres
Israéliens.
Manifestation à Toronto le 4 février 2019 pour
dénoncer le leadership canadien dans le Groupe de
Lima
et dire : « Ne touchez pas au Venezuela ! »
Au cours de cette période, des procédures
judiciaires sont ouvertes contre les anciens
présidents Cristina Fernandez de Kirchner et
Rafael Correa. En avril 2018, les États-Unis
tentent de déstabiliser le Nicaragua par des
ingérences extérieures et l'application de mesures
coercitives unilatérales.
Le 4 août 2018 se produit la tentative
d'assassinat contre le président Nicolas Maduro
Moros. En janvier 2019, organisée depuis
Washington, a lieu l'autoproclamation de Juan
Guaido, un inconnu corrompu. En mars 2019, le
président Trump renouvelle le Décret exécutif qui
qualifie le Venezuela de menace. Le 30 avril,
la tentative de coup d'État militaire à Caracas
est un échec spectaculaire, si bien que les
États-Unis, de façon vindicative, montent d'un
cran leur guerre non conventionnelle contre la
nation sud-américaine qui résiste avec ténacité et
héroïsme en s'appuyant sur l'union civique et
militaire de son peuple.
Durant toute cette période, le gouvernement des
États-Unis met en oeuvre des politiques
anti-immigrés sauvages et fait preuve d'un
comportement agressif, plein de haine, pour
alimenter la peur et la division des électeurs. Il
tente de construire le mur xénophobe à la
frontière avec le Mexique, menace ce pays et
l'Amérique centrale d'énormes taxes douanières et
de sanctions s'ils n'interceptent pas les gens qui
fuient la pauvreté et l'insécurité, et multiplie
les expulsions. Il sépare cruellement des milliers
d'enfants de leurs parents. 69 000
mineurs sont arrêtés, alors qu'il prétend expulser
les enfants des immigrants nés et élevés sur le
territoire étasunien.
Faisant preuve d'une subordination éhontée aux
États-Unis, le gouvernement d'extrême droite du
Brésil dirigé par Jair Bolsonaro a eu recours au
mensonge, au discours xénophobe, raciste, misogyne
et homophobe, associé à des envolées délirantes
sur des phénomènes sociaux et politiques comme le
changement climatique, les populations indigènes,
les incendies en Amazonie et l'émigration, qui ont
provoqué la condamnation de nombreux dirigeants et
organisations. Depuis le début de son mandat, il a
procédé au démantèlement systématique des
politiques sociales qui avaient permis au Brésil,
sous les gouvernements du Parti des travailleurs,
de réduire considérablement les niveaux de
pauvreté et d'exclusion sociale.
À partir de mai 2019, des dizaines de
milliers de manifestants sont descendus dans les
rues pour protester contre les coupes dans
l'éducation, les réformes du système de retraite,
les politiques discriminatoires et la violence de
genre.
Le gouvernement du Brésil est intervenu dans les
affaires intérieures de pays voisins tels que le
Venezuela, l'Argentine, le Paraguay et l'Uruguay,
et a adopté des positions hostiles à l'égard de
Cuba, en violation du Droit international. Comme
l'a rapporté la presse brésilienne en
avril 2019, le ministère des Affaires
étrangères a chargé 15 de ses ambassades de
se concerter avec les ambassades des États-Unis
pour exhorter les gouvernements des pays auprès
desquels ils sont accrédités à condamner Cuba dans
les instances internationales.
Pour la première fois depuis 1992, le Brésil
a voté cette année contre, faisant cavalier seul
avec les États-Unis et Israël, la résolution de
l'Assemblée générale des Nations Unies qui appelle
à la levée du blocus économique, commercial et
financier que les États-Unis durcissent
aujourd'hui contre Cuba, et à la cessation de
l'application extraterritoriale de ses lois à
l'encontre d'États tiers.
Dans le même temps, le gouvernement colombien
s'est abstenu lors du vote de la résolution qu'il
soutenait depuis 1992 et qui exige, à un
moment où il s'intensifie, la levée du blocus
génocidaire des États-Unis contre Cuba et sa
portée extraterritoriale. Pour justifier cette
décision choquante, les autorités de ce pays se
sont livrées à la manipulation, ingrate et
politiquement motivée, sur la contribution
altruiste, engagée, discrète et incontestable de
Cuba à la paix en Colombie, une question dans
laquelle le rôle de notre pays est universellement
reconnu. Le débat large et critique que cette
attitude a généré dans ce pays est bien connu et,
néanmoins, nous continuerons de l'accompagner dans
ses efforts pour parvenir à la paix.
La calomnie des États-Unis visant à attribuer à
Cuba de soi-disant responsabilités dans
l'organisation de mobilisations populaires contre
le néolibéralisme en Amérique du Sud constitue un
incroyable prétexte pour justifier et renforcer le
blocus et la politique hostile à l'égard de notre
peuple. De même, elle constitue une tentative
inutile pour masquer l'échec du système
capitaliste, pour protéger les gouvernements
chancelants et répressifs, pour cacher les coups
d'État parlementaires, judiciaires et policiers et
agiter le spectre du socialisme pour intimider le
peuple. Ces manoeuvres visent également à
justifier la répression et la criminalisation de
la contestation sociale.
La seule responsabilité de Cuba est celle qui
émane de l'exemple donné par son peuple héroïque
dans la défense de sa souveraineté, dans la
résistance aux agressions les plus brutales et
systématiques, dans la pratique invariable de la
solidarité et de la coopération avec les pays
frères d'Amérique latine et des Caraïbes.
L'impérialisme ne supporte pas que Cuba ait
montré qu'un autre monde est possible et qu'un
modèle alternatif au néolibéralisme peut être
construit, fondé sur la solidarité, la
coopération, la dignité, la répartition équitable
des revenus, l'accès équitable à l'épanouissement
professionnel, à la sécurité et à la protection
des citoyens et à la pleine libération des êtres
humains.
Discussion sur la situation actuelle à Cuba
le 4 décembre 2019 avec Son Excellence Josefina
Vidal Fereiro, l'ambassadrice de la République de
Cuba au Canada, au cégep de l'Outaouais
La Révolution cubaine est également la preuve
qu'un peuple étroitement uni, maître de son pays
et de ses institutions, dans une démocratie
permanente et profonde, peut résister
victorieusement et faire progresser son
développement, face à la plus longue agression et
au plus long blocus de l'histoire.
Le coup d'État en Bolivie, orchestré par les
États-Unis en utilisant l'OEA et l'oligarchie
locale comme instruments, est une démonstration de
l'agressivité de l'assaut impérialiste. Cuba
réitère sa condamnation du coup d'État, de la
répression brutale déclenchée dans ce pays, et
exprime sa solidarité avec le compañero
Evo Morales Ayma et le peuple bolivien.
Alors que le gouvernement des États-Unis poursuit
sa guerre non conventionnelle pour tenter de
renverser le gouvernement légitimement constitué
du président Nicolas Maduro Moros, en invoquant le
Traité interaméricain d'assistance réciproque
(TIAR), Cuba ratifie sa volonté inébranlable de
maintenir sa coopération avec le gouvernement et
le peuple vénézuéliens
Nous réaffirmons notre solidarité au gouvernement
et au peuple sandinistes du Nicaragua, dirigés par
le président Daniel Ortega, qui sont en butte aux
tentatives de déstabilisation et aux mesures
coercitives unilatérales des États-Unis.
Le gouvernement légitime du Commonwealth de la
Dominique et son Premier ministre Roosevelt
Skerrit méritent la solidarité internationale et
celle du peuple cubain, à un moment où cette île
est victime de l'ingérence extérieure qui a déjà
provoqué des violences et vise à faire avorter le
processus électoral.
Dans ce scénario complexe, le gouvernement
d'Andrés Manuel Lopez Obrador au Mexique affronte
le néolibéralisme et défend les principes de
non-intervention et de respect de la souveraineté,
tandis que l'élection d'Alberto Fernandez et de
Cristina Fernandez à la présidence et à la
vice-présidence en Argentine exprime le rejet sans
équivoque par ce pays des formules néolibérales
qui l'ont appauvri, endetté et ont gravement
précarisé son peuple. La libération de Lula est
une victoire des peuples, et Cuba réitère son
appel à la mobilisation mondiale pour exiger sa
pleine liberté, la reconnaissance de son innocence
et la restitution de ses droits politiques.
La corruption qui caractérise le comportement de
l'actuelle administration des États-Unis est
désormais indéniable. Son impact sur les peuples
d'Amérique latine et des Caraïbes se traduit par
un coût en vies humaines, en souffrances, en
instabilité et en dommages économiques.
Dans la conjoncture dramatique que vivent la
région et le monde, Cuba réaffirme les principes
de souveraineté, de non-ingérence dans les
affaires intérieures des États et le droit de
chaque peuple de choisir et de construire
librement son système politique, dans un climat de
paix, de stabilité et de justice, sans menaces,
agressions ni mesures coercitives unilatérales, et
appelle au respect des principes de la
Proclamation de l'Amérique latine et des Caraïbes
en tant que Zone de paix.
Cuba continuera d'oeuvrer sur la voie de
l'intégration de Notre Amérique, qui passe par la
mobilisation de tous les efforts pour que la
Communauté des États d'Amérique latine et des
Caraïbes (CELAC), qui sera bientôt présidée par le
Mexique, continue de promouvoir les intérêts
communs de nos nations en renforçant leur unité
dans la diversité.
À l'assaut implacable des forces les plus
réactionnaires du continent, Cuba oppose la
résistance inflexible de son peuple et sa volonté
de défendre l'unité de la nation, ses conquêtes
sociales, sa souveraineté et son indépendance, et
le socialisme quel qu'en soit le prix. Nous le
faisons avec l'optimisme et avec la confiance
inébranlable dans la victoire que nous a léguée le
commandant en chef de la Révolution cubaine, Fidel
Castro Ruz, sous la conduite du Premier secrétaire
de notre Parti, le général d'armée Raul Castro, et
sous la direction du président Miguel Diaz-Canel.
(Minrex, La Havane, 3 décembre
2019)
Cet article est paru dans
Volume 49 Numéro 41 - 21 décembre 2019
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