Développements en Amérique latine et dans les Caraïbes

Quinze années à la défense de l'unité, de la paix et de l'intégration

1. Les chefs d'État et de gouvernement et les chefs de délégations des pays membres et invités de l'Alliance bolivarienne pour les peuples de Notre Amérique-Traité de commerce entre les peuples (ALBA-TCP), se sont réunis à La Havane à l'occasion du 15e anniversaire de l'Alliance, fondée par Fidel Castro et Hugo Rafael Chavez, avec la ferme volonté de l'approfondir en tant qu'expression des aspirations à l'indépendance régionale et rempart de l'intégration face aux menaces croissantes contre l'autodétermination, la souveraineté, la paix et la stabilité régionales.[1]

2. Nous revendiquons les idées de Bolivar, Marti, San Martin, Sucre, O'Higgins, Petion, Morazan, Sandino, Maurice Bishop, Garvey, Tupac Katari, Bartolina Sisa, Chatoyer et d'autres héros de l'indépendance.

3. Nous soulignons que l'unité et l'intégration régionales sont le seul moyen de faire face à la domination exercée par les structures hégémoniques du pouvoir mondial, qui ont laissé nos peuples dans une situation historique de subordination.

4. Nous exprimons que l'ALBA-TCP est le premier front d'intégration authentiquement latino-américain et caribéen, fondé sur les principes de solidarité, de justice sociale, de défense de l'indépendance et de la souveraineté, d'autodétermination des peuples, de coopération et de complémentarité économiques, fruit de la profonde vocation intégrationniste de ses membres et de leur volonté politique de progresser ensemble vers un développement durable.

5. Nous soulignons les réalisations sociales de l'ALBA-TCP, axées sur les êtres humains, sans distinction d'origine ethnique, sociale, de croyance ou de position politique.

6. Nous soulignons le Programme d'alphabétisation, la mission Miracle, le programme de soins pour les handicapés, le Programme de cardiologie pour enfants d'Amérique latine, la formation de médecins intégraux à l'École latino-américaine de médecine à Cuba et au Venezuela, et PetroCaribe, ainsi que les Maisons de l'ALBA, les Jeux sportifs ALBA, TeleSur et Radio del Sur.

7. Nous soulignons les progrès réalisés par l'ALBA-TCP dans le domaine économique et financier, notamment 11 ans après la création de la Banque de l'ALBA, période au cours de laquelle divers projets ont été mis en oeuvre.

8. Nous ratifions notre engagement à construire un modèle alternatif de souveraineté économique, exprimé dans une Nouvelle architecture financière, afin de consolider un système d'échanges et de coopération solidaire, participatif et complémentaire.

9. Nous réaffirmons notre volonté de continuer à travailler et à coopérer dans la lutte contre le changement climatique, un phénomène qui est le produit du système capitaliste, avec ses modes de production et de consommation irrationnels

10. Nous mettons l'accent sur la participation et la pleine présence des mouvements sociaux, des mouvements de solidarité et des secteurs populaires dans le processus d'intégration, afin de progresser dans la construction de sociétés inclusives, culturellement diverses et responsables.

11. Nous condamnons la politique agressive et interventionniste du gouvernement des États-Unis qui, avec la complicité des oligarchies nationales et des médias corporatifs, associée aux conséquences de l'application brutale de modèles néolibéraux inhumains, sont les principales causes de la dangereuse instabilité régionale.

12. Nous rappelons que la politique actuelle du gouvernement des États-Unis à l'égard de Notre Amérique pose des problèmes qui entraînent des violations manifestes des principes consacrés par la Charte des Nations unies et le droit international, ainsi que des postulats de la Proclamation de l'Amérique latine et des Caraïbes comme Zone de paix.

13. Nous rejetons les menaces de recours à la force du gouvernement des États-Unis contre la République bolivarienne du Venezuela et le maintien et l'expansion des mesures coercitives unilatérales criminelles contre son peuple. Nous manifestons notre soutien à la Révolution bolivarienne, à l'unité civile et militaire de son peuple et au président constitutionnel du Venezuela.

14. Nous rejetons l'activation du Traité interaméricain d'assistance réciproque (TIAR) contre la République bolivarienne du Venezuela, qui représente un danger pour la paix, et pourrait faciliter la fabrication d'un prétexte et jeter les bases pour une éventuelle intervention militaire.

15. Nous condamnons le coup d'État contre le gouvernement constitutionnel d'Evo Morales en Bolivie, qui constitue une expression claire de la stratégie impérialiste des États-Unis et de leur intention permanente de violer l'autodétermination de nos peuples. La complicité de l'oligarchie bolivienne dans l'attaque violente contre les institutions démocratiques et le soutien d'autres oligarchies de la région à cette violation flagrante de l'État de droit et des droits de l'Homme, ne laissent planer aucun doute.

16. Nous soulignons qu'en vue de récupérer les espaces conquis par les peuples avec des gouvernements progressistes, le gouvernement des États-Unis, en collusion avec les oligarchies de la région, relance des méthodes qui semblaient avoir été surmontées en Amérique latine et applique de nouvelles formules de guerre non conventionnelle.

17. Nous dénonçons le fait qu'en Bolivie, l'intolérance, le racisme et la répression brutale contre les mouvements sociaux et les peuples autochtones se sont multipliés, avec la ferme volonté de renverser les acquis obtenus sous la présidence d'Evo Morales Ayma.

18. Nous dénonçons le fait que les menaces et les tentatives répétées de déstabilisation contre le gouvernement légitime de la République soeur du Nicaragua constituent une violation du Droit international. Le gouvernement sandiniste du Nicaragua et son président, Daniel Ortega Saavedra, comptent sur notre solidarité et notre soutien.

19. Nous exprimons notre solidarité avec le peuple frère du Commonwealth de la Dominique et félicitons le premier ministre Roosevelt Skerrit pour sa réélection

20. Nous rejetons les actions d'ingérence contre le Suriname et les tentatives de déstabilisation de ce pays. Le gouvernement constitutionnel du Suriname et son président, Desiré Bouterse, comptent sur notre solidarité et notre soutien.

21. Nous rejetons fermement l'application de la Doctrine Monroe. Nous exigeons le respect de l'autodétermination de nos peuples, de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et de la non-ingérence dans les affaires intérieures des États, le règlement pacifique des différends internationaux, le rejet du recours ou de la menace du recours à la force, tout en dénonçant le recours à des méthodes de guerre non conventionnelles pour renverser des gouvernements légitimes et l'imposition de mesures coercitives unilatérales.

22. Nous déclarons que la montée des gouvernements néolibéraux au pouvoir politique dans la région a entraîné un renversement évident des politiques sociales dans plusieurs pays, une augmentation des taux de pauvreté et des inégalités sociales.

23. Nous déclarons que la corruption croissante des gouvernements néolibéraux, leur exercice du pouvoir pour maximiser les profits des sociétés transnationales et des élites privilégiées ; la violence et la brutalité policière, ont provoqué l'explosion de manifestations dans Notre Amérique.

24. Nous dénonçons le mensonge inventé par les États-Unis voulant attribuer aux membres de cette Alliance la responsabilité dans l'organisation des protestations populaires massives dans la région

25. Nous condamnons la distorsion honteuse de la réalité latino-américaine par les États-Unis et les élites oligarchiques de la région qui cherchent à cacher la véritable origine des manifestations.

26. Nous rejetons les champions autoproclamés des droits de l'Homme et de la démocratie, qui ont de plus en plus recours à la militarisation et à la répression pour soutenir le modèle néolibéral en crise. Le soutien de plusieurs gouvernements à la répression brutale dans plusieurs pays et le silence complice d'autres pays est inacceptable.

27. Nous condamnons les actions systématiques du gouvernement des États-Unis visant à discréditer et à saboter la coopération internationale fournie par Cuba dans le domaine de la santé dans des dizaines de pays, qui a bénéficié à des millions de personnes, ainsi que les pressions énormes exercées contre plusieurs gouvernements pour interrompre l'accueil de la coopération cubaine.

28. Nous saluons l'adoption par l'Assemblée générale des Nations Unies de la résolution intitulée « Nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba par les États-Unis d'Amérique » par 187 voix pour, ce qui démontre une fois de plus l'isolement massif du gouvernement étasunien. La décision regrettable du gouvernement brésilien de voter contre, et du gouvernement colombien de s'abstenir, confirme la prise en otage de leurs politiques par des secteurs ouvertement soumis aux intérêts de la Maison-Blanche.


Programme politique et culturel de célébration du 15e anniversaire de l'ALBA-TCP le
14 décembre 2019 sur le grand escalier de l'Université de La Havane

29. Nous exprimons notre solidarité avec les pays frères des Caraïbes, qui ont subi le génocide de leurs populations autochtones, les horreurs de l'esclavage, la traite transatlantique et le pillage colonial et néocolonial, et qui sont aujourd'hui confrontés aux défis résultant du changement climatique, des catastrophes naturelles et du système financier injuste. Nous réaffirmons le droit des pays des Caraïbes à un traitement équitable, spécial et différencié. Les Caraïbes trouveront toujours en l'ALBA-TCP une plateforme d'articulation, de coopération et de complémentarité.

30. Nous exprimons notre désir d'unité et d'intégration qui confirme l'importance de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), véritable mécanisme de promotion des intérêts communs de nos nations. À cet égard, nous nous engageons à soutenir le Mexique dans l'exercice de la présidence tournante de la Communauté.

31. Nous nous félicitons de l'adhésion d'Antigua-et-Barbuda en tant que membre à part entière de la Banque de ALBA.

32. Les défis auxquels nous sommes confrontés réaffirment la nécessité de resserrer les rangs face aux menaces, aux interférences et aux agressions extérieures. Unis, nous affronterons l'interventionnisme et les coups d'État. Nous sommes animés par la profonde conviction que la construction de l'avenir meilleur que nous désirons et pour lequel nous travaillons est entre les mains des peuples libres.

33. Garantissons la réalisation des droits à la vie, à la paix, à l'autodétermination et au développement de nos peuples. Unissons-nous ! La victoire des justes causes que nous revendiquons dépend de l'unité.

« Nous recherchons la solidarité non pas comme une fin en soi, mais comme un moyen de réaliser la mission universelle de Notre Amérique » - José Martí, Notre Amérique

La Havane, le 14 décembre 2019


Réunion du chapitre d'Ottawa des Mouvements sociaux ALBA le 9 novembre 2019 pour discuter
des luttes des peuples d'Amérique latine contre l'impérialisme et le néolibéralisme

Note

1. Antigua-et-Barbuda, Cuba, la Dominique, la Grenade, le Nicaragua, Saint-Christophe-et-Niévès, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les Grenadines, le Suriname et le Venezuela sont actuellement membres de l'ALBA-TCP.

(Granma. Photos : A. Paredes, Radio Havana, Minrex)


Cet article est paru dans

Volume 49 Numéro 41 - 21 décembre 2019

Lien de l'article:
Développements en Amérique latine Et dans les Caraïbes: Quinze années à la défense de l'unité, De la paix et de l'intégration - Déclaration du XVIIe Sommet des Chefs d'État et de gouvernement de l'ALBA-TCP


    

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