À titre d'information

La production et la vente de matériel de guerre

Les États-Unis et d'autres gouvernements vont généralement se procurer du matériel de guerre auprès d'entreprises privées. Cela signifie que le contrôle politique est fondamentalement important pour ceux qui profitent de la production de matériel de guerre et des services qui s'y rattachent. Un exemple récent de l'importance du contrôle politique est la perte par Amazon d'un contrat « cloud » de 10 milliards de dollars octroyé par le Pentagone à son concurrent Microsoft. Amazon a immédiatement lancé une contestation judiciaire de la décision et a directement attaqué l'administration Trump l'accusant d'ingérence dans l'attribution du contrat. L'antagonisme entre le président Trump et Amazon, en particulier son PDG Jeff Bezos, propriétaire et éditeur du Washington Post, est intense.[1]

Bon nombre des plus grandes entreprises impliquées dans l'économie de guerre utilisent les contrats militaires garantis par l'État comme base pour accroître leurs ventes de biens et services non militaires. Boeing, le deuxième plus grand producteur d'armes au monde, en est un exemple. Il a enregistré 29,2 milliards de dollars de ventes d'armes au pays et à l'étranger en 2018, ce qui a servi de point d'ancrage ou de plateforme au point de représenter 29 % du revenu brut total réalisé de 101,1 milliards de dollars de ventes.

L'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) compile chaque année des données sur les ventes d'armes à l'échelle mondiale, à l'exclusion de la Chine. Les données pour 2018 montrent que 43 entreprises basées aux États-Unis ont généré un revenu brut total de 246 milliards de dollars provenant de la vente de biens et services militaires au pays et à l'étranger. Cela représente une augmentation de 7,2 % des ventes par rapport à 2017 et représente 59 % du total des revenus bruts provenant des ventes d'armes des 100 plus grandes entreprises du monde. Les données n'incluent pas la recherche, la production et les ventes dans les entreprises militaires publiques ni l'entretien « à l'interne » des actifs militaires.

En ce qui concerne l'importance des ventes d'armes par rapport aux dépenses militaires totales, le SIPRI écrit : « En général, les dépenses en armes, systèmes et plateformes d'armes et autres équipements spécifiquement militaires (y compris la recherche et le développement de ces équipements) ne représentent pas plus d'un tiers des dépenses militaires, et beaucoup moins dans les pays non producteurs d'armes. Aux États-Unis, les achats et la recherche et développement ont généralement représenté environ 30 % des dépenses totales de la ‘Défense nationale' depuis 2005. »

Les cinq plus grands producteurs d'armes au monde sont basés aux États-Unis et ont généré à eux seuls 148 milliards de dollars de revenus bruts et 35 % du total des ventes d'armes des 100 plus grandes entreprises en 2018. Ce sont :

Lockheed Martin Corp dont les revenus bruts militaires sont de 47,26 milliards de dollars : Lockheed Martin, le plus grand producteur d'armes au monde, a vu ses ventes d'armes augmenter de 5,2 % en 2018, ce qui représentait 11 % du revenu brut des 100 plus grandes entreprises du monde. Lockheed Martin produit les avions de combat F-35 achetés par de nombreux pays au sein du système impérialiste d'États dirigé par les États-Unis.

Boeing avec des revenus de 29,150 milliards de dollars : les ventes d'armes de Boeing, le deuxième plus grand producteur d'armes au monde, ont augmenté de 5,7 % en 2018 et ont totalisé 6,9 % des ventes mondiales des 100 plus grandes entreprises.

Northrop Grumman Corp. avec des revenus de 26,19 milliards de dollars : les ventes d'armes de Northrop Grumman ont augmenté de 14 % en 2018, soit une augmentation de 3,3 milliards de dollars. Cela est dû en partie à son acquisition du producteur d'armes Orbital-ATK et à la forte demande nationale et internationale pour ses armes, y compris les missiles balistiques intercontinentaux et les systèmes de défense antimissile. [2]

Les ventes d'armes de Raytheon représentent 23,44 milliards de dollars (au quatrième rang) et ont augmenté de 3,9 %.

Les ventes d'armes de General Dynamics Corp ont augmenté de 10 % pour atteindre 22 milliards de dollars (cinquième rang).

Notes

1. Le journal Business Insider titrait le 9 décembre : « Amazon a récemment perdu face à Microsoft un contrat de 10 milliards de dollars pour des services informatiques hébergés (« cloud computing ») pour le ministère de la Défense.

« Amazon a contesté devant un tribunal la décision concernant l'octroi du contrat intitulé « Joint Enterprise Defense Infrastructure », alléguant que la partialité du président Donald Trump contre Amazon a joué un rôle dans la décision.

« Dans des documents rendus publics lundi, Amazon a déclaré que Trump avait mené ‘des attaques publiques et en coulisse répétées' pour s'assurer qu'Amazon n'obtienne pas le contrat afin de nuire au PDG Jeff Bezos, ‘perçu comme son ennemi politique'.

« Trump n'a pas caché son aversion pour Amazon : il a accusé l'entreprise ‘d ‘échapper aux sanctions fiscales' et a accusé Bezos d'utiliser la publication qu'il possède, le Washington Post, comme une ‘arme de lobbyiste'. »

2. Un développement en 2018 dans l'industrie de l'armement aux États-Unis a été la tendance croissante des regroupements parmi certains des plus grands producteurs d'armes. Par exemple, deux des cinq premiers, Northrop Grumman et General Dynamics, ont fait des acquisitions de plusieurs milliards de dollars en 2018. SPIRI écrit : « 'Les entreprises américaines se préparent pour le nouveau programme de modernisation des armements annoncé en 2017 par le président Trump', explique Aude Fleurant, directrice du programme Armes et dépenses militaires du SIPRI. ‘Les grandes entreprises américaines fusionnent pour pouvoir produire la nouvelle génération de systèmes d'armes et ainsi être mieux placées pour décrocher des contrats avec le gouvernement américain.'

« Le résumé de la stratégie de défense nationale des États-Unis pour 2018 publié par l'administration du président Donald J. Trump a déclaré que l'environnement de sécurité actuel était caractérisé par une « concurrence stratégique inter étatique » et que l'avantage militaire américain s'était atrophié et devait être rebâti afin de répondre à la concurrence stratégique de la Chine et de la Russie. Ce document souligne l'engagement des États-Unis à poursuivre et à renforcer leur programme de modernisation à grande échelle des armes annoncé en 2017. Suite à cette annonce, plusieurs entreprises américaines d'armes incluses dans les 100 plus grandes entreprises ont fusionné ou acquis en 2017 et 2018 les secteurs d'activité d'autres sociétés, en partie dans le but d'obtenir un avantage sur leurs concurrents. Les transactions les plus importantes incluaient l'acquisition par Northrop Grumman d'Orbital-ATK, l'acquisition par United Technologies de Rockwell Collins et l'acquisition par General Dynamics de CSRA. Il y a également eu des transactions de moindre envergure comme l'acquisition par CACI International de la division commerciale de General Dynamics et l'acquisition par Engility du segment des technologies de l'information (TI) de SAIC. »

« La principale motivation des regroupements en 2017 et 2018 était le programme de modernisation complet et ambitieux des États-Unis visant à concevoir et produire une nouvelle génération de systèmes d'armes. »

3. Outre des informations détaillées sur les 100 plus grandes sociétés productrices d'armes qui fournissent aussi des services militaires : « Le SIPRI dispose d'informations sur les dépenses militaires totales pour chaque pays, avec une catégorie spécifique de dépenses pour les armes. Les dépenses militaires sont définies comme les dépenses militaires en général, y compris les dépenses liées au personnel (c.-à-d. les salaires et avantages sociaux des troupes et du personnel civil), les opérations et l'entretien (c.-à-d. les dépenses de fournitures générales, de services et de transport), l'équipement (par exemple, armes, autres équipements militaires et équipement non militaire), la construction (par exemple, des bases militaires) et de la recherche et du développement. »

Pour accéder au rapport complet 2018 de SIPRI, en anglais, cliquer ici.


Cet article est paru dans

Volume 49 Numéro 41 - 21 décembre 2019

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