Bolivie

Défaite retentissante des États-Unis à l'Organisation des États américains après l'adoption de la résolution caribéenne

Le 18 décembre, les États-Unis et le secrétaire de l'Organisation des États américains (OÉA) Luis Almagro ont subi une défaite retentissante à l'OÉA lorsque la Communauté caribéenne (CARICOM) a réussi à faire adopter une résolution sur la Bolivie au Conseil permanent.

Avant la réunion du Conseil permanent, la représentation de la Bolivie avait proposé des amendements à l'ébauche de résolution de la CARICOM. La Grenade a débuté la réunion en faisant remarquer que les amendements proposés ne constituaient pas un amendement à l'ébauche de la CARICOM mais bien une nouvelle ébauche de résolution.

Le représentant du gouvernement issu du coup en Bolivie a répondu qu'il n'était pas d'accord et qu'il ne s'agissait pas d'un nouveau document. Il a dit qu'il pensait que l'ébauche de résolution de la CARICOM serait plus constructive si elle contribuait à la paix en Bolivie « plutôt que de soutenir l'intention de mettre le pays à feu comme le souhaite Evo Morales ». Il a ajouté que beaucoup de gens ne sont pas intéressés de savoir ce qui s'est passé en Bolivie et qu'il ne s'agissait pas d'une action ciblant les peuples autochtones mais de gestes de groupes armés qui ont appuyé Evo Morales et son appel à encercler les villes.

Le Bélize a présenté une motion d'ordre proposant que l'ébauche d'amendement de la Bolivie soit mise au vote.

Le résultat du vote a été comme suit :

Huit en faveur : Bolivie, Brésil, Colombie, États-Unis, Équateur, Panama, Paraguay et Venezuela (le représentant du président autoproclamé Guaido)

Dix-sept contre : Antigue-et-Barbuda , Argentine, la Barbade, Bélize, Dominique, Guyane, Grenade, Jamaïque, Mexique, Trinidad-et-Tobago, Nicaragua, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les Grenadines, Surinam, Uruguay, les Bahamas, Saint-Christophe-et-Nevis

Huit abstentions : Canada, Costa Rica, Chili, Guatemala, Salvador, République dominicaine, Pérou et Honduras

Un absent : Haïti

Le projet bolivien a donc été rejeté.

L'ambassadeur des États-Unis a alors proposé que le vote se tienne sur l'ébauche de résolution de la CARICOM, qui a donné le résultat suivant :

Dix-huit en faveur : Antigua-et-Barbuda , Argentine, les Bahamas, la Barbade, Bélize, Dominique, Grenade, Guyane, La Jamaïque, Mexique, Trinidad-et-Tobago, Nicaragua, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les Grenadines, Saint-Christophe-et-Nevis, Surinam, Uruguay et Panama

Quatre contre : Bolivie, Colombie, États-Unis, Venezuela (le représentant de l'autoproclamé Guaido)

Onze abstentions : Canada, Costa Rica, Guatemala, Salvador, République dominicaine, Équateur, Pérou, Honduras, Brésil, Chili et Paraguay

Un absent : Haïti

Conséquemment, la résolution « Rejet de la violence et appel au plein respect des droits des peuples autochtones dans l'État plurinational de Bolivie » a été adoptée.

Dans une note en bas de page, plusieurs délégations ont expliqué les motifs de leur vote. La note de l'ambassadeur colombien a attiré l'attention par son langage agressif et même offensant envers les auteurs de la résolution et ceux qui l'ont appuyée. Les représentants de la Colombie et des États-Unis ont attaqué le Venezuela tandis que le représentant de Guaido s'en est pris au Nicaragua.

Résolution du Conseil permanent

« Rejet de la violence et appel au plein respect des droits des peuples autochtones dans l'État plurinational de la Bolivie » tel que proposé par les États membres de la communauté caribéenne (CARICOM)

Le Conseil permanent de l'Organisation des États américains affirme,

TENANT COMPTE des objectifs et des principes de la Charte des Nations unies et de ceux de la Charte de l'Organisation des États américains (OÉA) ;

GARDANT À L'ESPRIT que les conventions internationales et hémisphériques sur les droits de l'homme comprennent les valeurs et les principes de la liberté, de l'égalité et de la justice sociale qui sont intrinsèques à la démocratie ;

RAPPELANT la Déclaration des Nations unies sur les peuples autochtones, dont l'article 1 stipule que « les peuples autochtones ont le droit, à titre collectif ou individuel, de jouir pleinement de l'ensemble des droits de l'homme et des libertés fondamentales reconnus par la Charte des Nations unies, la Déclaration universelle des droits de l'homme et le droit international relatif aux droits de l'homme » ; la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale des Nations unies et la Déclaration américaine sur les droits des peuples autochtones (AG / RES. 2888 (XLVI-O / 16), dont l'article XII se lit : « Les peuples autochtones ont le droit de ne pas faire l'objet de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et d'autres formes connexes d'intolérance. Les États adoptent les mesures préventives et correctives nécessaires pour garantir pleinement et efficacement la protection de ce droit. »

CONSTATANT les sérieuses préoccupations sur la situation des droits de l'homme, y compris la violence raciste et discriminatoire, exprimée par la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) dans ses observations préliminaires du 10 décembre 2019, à la suite de sa visite en Bolivie ;

CONSTATANT AUSSI les conclusions de la CIDH sur l'existence d'une vague de violence ayant suivi le processus électoral et les graves allégations au sujet de violations des droits de l'homme, dont des détentions et des arrestations arbitraires, des tueries et des meurtres, des blessures infligées à la population civile, la criminalisation et la persécution d'opposants politiques et des violations de la liberté d'expression ;

RAPPELANT la « Déclaration sur les droits des peuples autochtones dans les Amériques » (AG / DEC. 79 (XLIV-O / 14) qui réaffirme que le progrès dans la promotion et la protection effective des droits des peuples autochtones des Amériques est une priorité pour l'OÉA ;

RAPPELANT AUSSI l'article 9 de la Charte démocratique interaméricaine qui déclare que « l'élimination de toutes les formes de discrimination, notamment la discrimination basée sur le sexe, l'ethnie et la race, et des diverses formes d'intolérance, ainsi que la promotion et la protection des droits de la personne et de ceux des peuples autochtones et des migrants, le respect de la diversité ethnique culturelle et religieuse dans les Amériques, contribuent au renforcement de la démocratie et à la participation des citoyens » ;

RECONNAISSANT QU'en dépit des améliorations qui ont été apportées dans la dernière décennie, les peuples autochtones de la Bolivie ont souffert des injustices historiques causées par la colonisation et la dépossession de leurs terres, de leurs territoires et de leurs ressources, entre autres dépossessions, laquelle les a empêchés d'exercer pleinement, en particulier, leur droit au développement conformément à leurs propres besoins et intérêts ;

SOULIGNANT QUE les droits inhérents des peuples autochtones de la Bolivie, qui découlent de leurs structures politiques, économiques et sociales, de même que de leurs cultures, de leurs traditions spirituelles, de leurs récits et de leur philosophie, en particulier leur droit à leurs terres, leurs territoires et leurs ressources, doivent être respectés et promus ;

RÉAFFIRMANT que les peuples autochtones, dans l'exercice de leurs droits, doivent vivre libres de toute forme de discrimination ;

CONSIDÉRANT l'importance d'éliminer toutes les formes de discrimination ou de violence raciales découlant de ces formes qui affectent les citoyens des Amériques, en particulier les peuples autochtones, tenant compte de la responsabilité qui incombe à ces États de les combattre ;

AFFIRMANT QUE toute doctrine, politique et pratique qui repose sur la promotion de la supériorité de peuples ou de personnes sur la base de différences nationales, raciales, religieuses, ethniques ou culturelles en Bolivie, est raciste, fausse du point de vue scientifique, invalide juridiquement, moralement condamnable et injuste socialement ; et

ACCUEILLANT l'accord signé entre les autorités boliviennes et la CIDH visant à l'établissement d'un groupe indépendant d'experts internationaux pour faire enquête sur les actes de violence qui se sont produits entre septembre et décembre 2019 ;

DÉCIDE DE

1. CONDAMNER les violations des droits de l'homme et le recours à la violence contre tout citoyen de la Bolivie, en particulier toute forme de violence et d'intimidation à l'égard des Boliviens d'origine autochtone.

2. CONDAMNER également l'intolérance envers les symboles, vestiges traditionnels et pratiques religieuses, de même qu'envers tout aspect de la civilisation autochtone qui puisse être sujette à un traitement inégale ou à une mention inégale.

3. SOULIGNER la nécessité que les autorités de l'État plurinational de Bolivie s'acquittent de leur responsabilité inhérente, en tant que membre de la communauté des nations, de protéger les droits humains de tous en Bolivie.

4. APPELER les autorités de l'État plurinational de la Bolivie à respecter, garantir et mettre en oeuvre en pratique toutes leurs obligations en vertu du droit international relatif aux peuples autochtones, en particulier celui relié aux droits de l'homme.

5. RÉITÉRER l'appel émis par le Conseil permanent de l'OÉA le 20 novembre 2019, dans sa résolution CP / RES. 1140 (2259/19) rev. 1, à tous les acteurs politiques et civiques de la Bolivie, incluant toutes les autorités, la société civile, les forces militaires et de sécurité et le public en général, à mettre fin immédiatement à la violence, à préserver la paix et à rechercher un dialogue franc qui promeut la réconciliation démocratique nationale.

6. APPELER les autorités boliviennes à garantir, d'une manière entière et sans restriction, à respecter et protéger les droits de l'homme et à assumer sa responsabilité face à toute violation de ses droits, conformément au droit international en matière de droits de l'homme, tel que reflété dans la résolution CP / RES. 1140 (2259/19) rev. 1 du Conseil permanent de l'OÉA.

(Site de l'OÉA, 18 décembre 2019. Traduction : LML)


Cet article est paru dans

Volume 49 Numéro 41 - 21 décembre 2019

Lien de l'article:
: Défaite retentissante des États-Unis à L'Organisation Des États américains après l'adoption De la résolution caribéenne - Cubadebate


    

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