La Dominique

Le peuple fait échec à l'ingérence flagrante des États-Unis dans les élections générales par le biais de l'Organisation des États américains

Dans une déclaration pour le moins impudente, le département d'État des États-Unis a félicité l'île de la Dominique dans les Caraïbes pour les résultats de l'élection générale du 6 décembre lors de laquelle Roosevelt Skerrit s'est vu confier un nouveau mandat en tant que premier ministre du gouvernement du Parti du travail de la Dominique.

Selon un communiqué de presse en date du 9 décembre, le gouvernement des États-Unis aurait l'intention de « continuer de travailler avec l'administration Skerrit afin de promouvoir la sécurité régionale, la prospérité économique, une réforme électorale qui garantit des élections libres, équitables et transparentes ainsi que le droit des citoyens d'exercer pacifiquement leur devoir civil ». On y remercie aussi les missions d'observation électorale (MOÉ) de l'Organisation des États américains (OÉA), du Commonwealth et de la CARICOM et leur travail pour assurer la transparence du processus démocratique.

Le premier ministre Roosevelt Skerrit après l'élection

Suite à des démarches juridiques visant sans succès à retarder les élections tout en présentant des candidats dans chaque circonscription, le Parti des travailleurs unis (PTU), de l'opposition, a remporté trois des 21 sièges à l'Assemblée législative et au Sénat, tandis que le Parti du travail de la Dominique a remporté les 18 autres sièges. Les trois MOÉ ont reconnu la validité des élections et n'ont noté aucun problème majeur dans le processus.

Au cours des dernières semaines, l'île de 75 000 habitants a vécu des moments de violence et de tension alors que le PTU dirigé par Lennox Linton, avec la complicité de groupes de la société civile que plusieurs croient inspirés, conseillés et organisés par l'OÉA, a mis en doute la validité du processus électoral en annonçant à l'avance son intention de rejeter les résultats des élections générales et en allant jusqu'à dire que le premier ministre pourrait connaître le même sort qu'Evo Morales en Bolivie. Le porte-parole a aussi ajouté que le PTU n'hésiterait pas à solliciter l'aide de l'OÉA pour atteindre ses objectifs. La tension a dégénéré en violence et en perturbations avant la tenue des élections du 6 décembre, attribuées aux propos incendiaires de Linton et au fait de pousser ses partisans à se défouler lors des manifestations.

Dans un appel à la CARICOM, aux gouvernements caribéens individuels, aux partis politiques, organisations religieuses et sociales ainsi qu'aux individus, avant la tenue des élections, le Réseau anti-impérialiste caribéen (RAC) a soulevé que les déclarations attribuées à l'opposition constituent un danger pour la paix en Dominique et à la sécurité et la sûreté des Dominicains, et que si l'on permettait aux forces qui défendent de tels objectifs de poursuivre leurs efforts, il y aurait un grave danger d'effusion de sang et de pertes de vie en Dominique.

Faisant allusion aux activités de l'OÉA en Dominique et mettant en lumière ses antécédents à miner la gouvernance démocratique dans la région — en organisant des coups d'État, en appuyant des forces racistes et en servant d'instrument pour les manoeuvres de changement de régime organisées par les États-Unis —, la déclaration condamne l'ingérence destructrice de cette organisation, qui fait des demandes éhontées à la Dominique concernant cette élection.

Suite à l'élection, le premier ministre Skerrit a dit : « Les élections sont donc terminées. Le PTU n'a pas réussi à les retarder ni à inciter le chaos dans notre société et il a connu l'échec électoral ». Au sujet de l'opposition, il a dit : « J'appelle le PTU et ses partisans à cesser leurs activités et leurs comportements des récentes semaines. Qu'ils reconnaissent leur défaite électorale et qu'ils oeuvrent pour la paix ». Il a réitéré son appel à « donner à ce pays la pleine assurance que le Parti du travail de la Dominique est totalement engagé envers la paix et l'unité ».

Le premier ministre a aussi dit que le gouvernement allait continuer de bâtir le pays avec détermination et respect pour son peuple, en favorisant des politiques qui consolident surtout les projets de logement, d'éducation et de santé.

En revanche, le chef de l'opposition a réitéré le rejet par son parti des résultats électoraux, disant qu'ils sont le résultat d'une fraude électorale, exigeant de nouvelles élections, rejetant les conclusions des MOÉ et appelant le peuple à s'insurger. À cette fin, Linton a lancé l'appel à ses partisans à se rassembler dans Roseau, la capitale, pour une soi-disant réunion de remerciement le 12 décembre.

Maintenant que la poussière est retombée, la Dominique peut continuer de se reconstruire à la suite de la destruction de l'ouragan qui a frappé en 2017, gérer la situation volatile créée par l'OÉA et d'autres forces et tenter de résoudre ses problèmes quotidiens dans un climat de calme. Mais il faut savoir que la caravane de déstabilisation de l'OÉA est toujours là et va sans doute poursuivre sa tournée dans la région.

À la lumière de cette tension continue, la vigilance est de mise. Il faut aussi faire le bilan des récentes expériences de Cuba, de la Jamaïque, de la Grenade, du Nicaragua et du Venezuela. La souveraineté des Caraïbes est des plus importantes. Il faut surtout lui donner corps en investissant nos peuples du pouvoir. Ce sera le premier pas de la défense.

Le vote à l'élection du 6 décembre

(Avec des informations de la correspondante du LML et du Réseau anti-impérialiste des Caraïbes. Photos : TeleSUR, Barricada)


Cet article est paru dans

Volume 49 Numéro 35 - 14 décembre 2019

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