L'origine de la campagne internationale pour mettre fin aux violences contre les femmes et les filles


La Marche des papillons pour l'élimination de la violence contre les femmes à Santo Domingo, République dominicaine, le 24 novembre 2019

Le 17 décembre 1999, l'ONU a proclamé le 25 novembre Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Cette année marque donc le 20e anniversaire de cette journée qui est le point de départ d'une campagne de 16 jours d'actions à l'échelle internationale pour mettre fin aux violences contre les femmes.

Des marcheuses portent la photo des soeurs Mirabal à la Marche des papillons 2019.

Cette date a été choisie pour honorer la mémoire de Minerva, Patria et Maria Teresa Mirabal, trois jeunes femmes de la République dominicaine assassinées le 25 novembre 1960. Les trois soeurs étaient d'actives militantes et organisatrices contre la dictature sanglante de Rafael Trujillo. Ce dernier, installé au pouvoir grâce aux États-Unis en 1930, est reconnu pour la persécution et l'assassinat des personnes ou collectifs qui s'opposaient à sa gouvernance. Il est aussi connu pour avoir commandé l'exécution de dizaines de milliers d'Haïtiens qui travaillaient en République dominicaine en 1937. Les soeurs Mirabal et leurs époux mobilisaient et organisaient pour tenter de renverser la dictature. Le 25 novembre 1960, alors qu'elles-mêmes venaient d'être libérées de prison et qu'elles revenaient de visiter leurs époux eux aussi incarcérés, leur voiture fut interceptée et les occupantes et leur chauffeur furent battus à mort. Les corps furent remis ensuite dans la voiture qu'on poussa dans un ravin pour faire croire à un accident de la route.


Photo des soeurs Mirabal en 1960

Le 25 novembre est une journée qui illustre la violence de l'État envers les femmes qui luttent pour leurs droits. En 1993, l'Assemblée générale des Nations unies, dans sa Déclaration sur l'élimination de la violence à l'égard des femmes, définissait ainsi la violence envers les femmes :

« Aux fins de la présente Déclaration, les termes ‘violence à l'égard des femmes' désignent tous actes de violence dirigés contre le sexe féminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée. »

L'article 2 de la déclaration précise que ces violences contre les femmes peuvent être exercées par la famille, par la collectivité (milieu de travail, lieu d'enseignement, etc.) et par l'État.

Depuis 10 ans, la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes est suivie d'une campagne d'actions de 16 jours qui se clôt le 10 décembre, Journée internationale des droits de la personne. Au Québec, la campagne dure 12 jours pour se clore le 6 décembre, pour commémorer la mémoire de 14 jeunes étudiantes de l'École polytechnique de Montréal, assassinées en 1989 parce qu'elles étaient des femmes. Depuis 1991, partout au Canada, la journée du 6 décembre est la Journée nationale de commémoration et d'action contre la violence faite aux femmes. Cette année marque le 30e anniversaire de cette tragédie et les femmes et leurs organisations font le bilan des avances qu'elles ont faites.

Au Québec, les 12 jours sont marqués par plus d'une cinquantaine d'actions qui sont organisées de Gatineau à Mont-Joli. Par des films, des discussions, des pièces de théâtre, des séances à micro ouvert, des marches et des vigiles, les femmes s'adressent aux formes d'abus dont elles sont victimes : migrantes emprisonnées, violence envers les femmes en situation de handicap, violence en milieu de travail, à la maison, racisme et pauvreté, la violence colonialiste de l'État canadien envers les autochtones, etc. Elles prennent leur responsabilité sociale en dénonçant les indignations subies et expriment qu'un gouvernement apte à gouverner doit prendre des mesures concrètes pour y mettre fin définitivement.

(Photos :  Listin Diario, Notas Argentina)


Cet article est paru dans

Volume 49 Numéro 35 - 14 décembre 2019

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