Déclarations de soutien de collègues universitaires et canadiens

Déclaration du président de l'Association du personnel universitaire
de l'Université de l'Alberta


Chers membres,

Il a été annoncé dans les nouvelles récemment que Dougal MacDonald, un chargé de cours à l'Université de l'Alberta, aurait publié des commentaires sur sa page privée de Facebook, commentaires qui ont été regardés à la loupe. Les commentaires de Dougal MacDonald lui appartiennent et ne sont aucunement liés à ses activités professionnelles à l'Université de l'Alberta. La vice-rectrice principale de l'université, Wendy Rodgers, a dit dans un message courriel :

« En tant que simple citoyen, M. MacDonald a le droit d'exprimer son opinion, et d'autres ont le droit de le critiquer ou de débattre de cette opinion », a-t-elle dit. « Nous croyons comprendre qu'il n'a pas exprimé ces opinions dans le cadre de sa relation d'employé avec l'université. »

En effet, en tant que simple citoyen, Dougal MacDonald jouit de la liberté d'expression, qui est protégée dans la Charte des droits et des libertés. La liberté d'expression assure aussi une protection au droit, tel que mentionné plus haut, à la critique ou au débat des opinions émises par un simple citoyen tel que Dougal MacDonald, ce que l'Association étudiante de l'université a fait. Cependant, l'Association étudiante a aussi exigé que Dougal MacDonald retire ses commentaires ou qu'il démissionne. L'exigence imposée par l'association pourrait être interprétée comme étant une pression visant à une autocensure rétroactive, ce qui contrevient aux principes de la liberté d'expression. L'autre volet de la proposition de l'association, c'est-à-dire, faute de rétraction, la démission, n'est pas plus approprié, puisque cette exigence est en lien avec les commentaires émis par Dougal MacDonald à titre de simple citoyen.

Kevin Kane

(1er décembre 2019)

Pétition du corps professoral de l'Université de l'Alberta

Akanksha Bhatnagar
Présidente, Association des étudiants de l'Université de l'Alberta
[...]

Chère Akanksha,

Nous sommes très préoccupés par la déclaration de l'Association étudiante de l'Université de l'Alberta concernant le docteur Dougal MacDonald, qui enseigne à la faculté de l'Éducation.

Votre condamnation des commentaires du docteur MacDonald sur l'Holomodor et l'exigence qu'il les retire ou qu'il démissionne sont non conformes aux politiques et aux principes de l'Université sur la liberté d'expression. Cette semaine, le conseil général du corps enseignant a approuvé la nouvelle déclaration de l'université sur la liberté d'expression qui se lit comme suit :

« L'université est un endroit de recherche libre et ouverte sur toutes les questions, et tous les membres de la communauté universitaire ont la plus grande latitude possible lorsqu'il s'agit de parler, écrire, écouter, regarder, contester, promouvoir et apprendre. Les membres de la communauté universitaire ont le droit de critiquer et de remettre en cause d'autres opinions défendues sur nos campus, mais n'ont pas le droit d'entraver ou de faire obstacle d'aucune façon à la liberté d'expression des autres. Le débat et la délibération ne doivent pas être supprimés parce que les idées défendues sont perçues par certains, ou par plusieurs, comme étant injurieux, malavisés, immoraux ou erronés. Il relève des individus, et non des institutions, de formuler ces jugements de façon personnelle et d'agir non pas en tentant de supprimer l'expression, mais en contestant ouvertement et résolument les idées qu'ils contestent. L'université ne cherche pas à protéger la communauté universitaire contre des idées ou des opinions avec lesquelles elle n'est pas d'accord ou qu'elle considère offensantes. »

Les commentaires du docteur MacDonald sont protégés par notre Charte des droits et libertés et par la liberté d'expression académique extramuros, un droit nécessaire pour tout le personnel professoral de l'université. Comme l'indique la déclaration, à l'université, la réaction que l'on doit avoir face aux idées avec lesquelles nous ne sommes pas d'accord est d'en débattre farouchement et non de les supprimer.

L'environnement propice à l'apprentissage n'est pas, comme il est sous-entendu dans votre déclaration, « sécuritaire » lorsqu'un individu ou un groupe tente d'empêcher un autre individu ou groupe d'exercer sa liberté d'expression. Au contraire, il est par le fait même profondément discrédité, puisque la capacité d'examiner, d'analyser et de critiquer toutes les idées est la pierre angulaire de l'université.

Voir la liste de signataires

(2 décembre 2019. Traduction: LML)

Lettre ouverte de la Société pour la liberté académique et universitaire au président de l'université

Cher président Turpin,

Je vous écris en tant que président de la Société de liberté académique et universitaire (SLAU), une organisation de membres du personnel universitaire et d'autres qui se consacrent à la défense de la liberté académique et du principe du mérite de l'enseignement supérieur. (Pour de plus amples informations, prière de visiter notre site web à www.safs.ca.)

Le chargé de cours en Éducation Dougal MacDonald a été sévèrement critiqué par des membres de la communauté de l'Université de l'Alberta (et d'autres) pour des commentaires qu'il aurait émis en novembre au sujet de l'Holodomor. Certains ont proposé que l'Université de l'Alberta réprimande ou congédie M. MacDonald. La Société de liberté académique et universitaire félicite l'Université de l'Alberta pour la teneur de ses réponses aux plaintes reçues. D'abord, l'Université de l'Alberta a rejeté les requêtes que M. MacDonald soit sanctionné. Aussi, l'Université de l'Alberta compte réunir des chercheurs dans un avenir proche pour discuter de l'Holodomor publiquement.

Néanmoins, deux éléments de la réponse de l'Université de l'Alberta aux plaintes ne semblent pas conformes à l'engagement déclaré de l'université à la défense de la liberté académique et la liberté d'expression sur le campus.

Le premier est le fait que l'université persiste à dire que M. MacDonald a parlé de l'Holodomor en tant que simple citoyen et non en tant qu'universitaire. Wendy Rogers, vice-rectrice de l'Université de l'Alberta, par exemple, au nom de l'université, aurait dit : « À notre avis, il n'a pas exprimé son opinion dans le cadre de sa relation d'emploi avec l'université. »

Parce qu'il est un universitaire, M. MacDonald jouit de la liberté d'expression extramuros. L'Université de l'Alberta ne fait pas que respecter sa liberté d'expression en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés. L'université a l'obligation, mis à part la Charte et simplement en tant qu'institution académique, de protéger et d'entretenir les propos extramuros.

Aussi, dans ses commentaires, la docteure Rodgers semble dire que si M. MacDonald avait émis ses propos au sujet de l'Holodomor en tant que professeur de l'Université de l'Alberta, en tant qu'enseignant, chercheur ou dans une fonction de service, l'Université de l'Alberta aurait été dans son droit de le réprimander ou de le sanctionner. M. MacDonald jouit de la liberté académique, et un aspect important de la liberté académique est la liberté de discussion peu importe le contexte académique. On ne pouvait discipliner M. MacDonald en raison de ses opinions exprimées dans un contexte académique pas plus que sur Facebook ou ailleurs.

Le deuxième est le désir de l'université de participer à la discussion sur l'Holodomor et de défendre une position officielle de l'université sur un événement historique. Ceci est évident dans la déclaration commune des doyens en Arts et Éducation. Les doyens écrivent qu'ils « affirment catégoriquement que ceci [que l'Holodomor est un ‘mythe' inventé par les nazis hitlériens pour discréditer l'Union soviétique] n'est pas vrai. » Ce désir est aussi présent dans votre propre déclaration, écrite avec trois autres, sous le titre : « Alerter l'opinion publique au sujet de l'Holodomor » : « Ses opinions ne représentent pas l'Université de l'Alberta et ne sont pas appuyées par elle. ».
Ce désir est contraire à la déclaration sur la Liberté d'expression qui a été approuvée récemment par le conseil général du personnel enseignant de l'Université de l'Alberta :

« Ce sont les individus et non les institutions qui doivent porter ces jugements sur une base personnelle et agir non pas en tentant de supprimer l'expression mais en contestant ouvertement et rigoureusement les idées avec lesquelles ils ne sont pas d'accord. »

Le principe que les universités elles-mêmes ne prennent pas position sur des questions de fond est un principe important et sage. Il fait en sorte que les universitaires ne souffrent pas des pressions exercées pour qu'elles se conforment à une ligne de parti. Ce faisant, il préserve la confiance du public dans la recherche qui a lieu à l'université.

Nous demandons respectueusement que vous répondiez à notre lettre. Avec votre permission, nous publierons votre réponse ainsi que cette lettre sur notre site web.

Sincèrement,

Mark Mercer, PhD
Président, Société pour la liberté académique et universitaire (SLAU)

(10 décembre 2019. Traduction et photos : LML)


Cet article est paru dans

Volume 49 Numéro 35 - 14 décembre 2019

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