Lettre d'Unifor au ministre des Affaires étrangères condamnant le coup d'État militaire et à la défense de la démocratie en Bolivie
Monsieur le ministre Champagne,
Unifor condamne fermement le coup militaire en
Bolivie qui a récemment chassé le président élu
démocratiquement Evo Morales.
Nous sommes stupéfaits d'apprendre que le
gouvernement fédéral canadien a choisi d'appuyer
la chef par intérim Jeanine Añez Chavez, une
représentante d'un parti qui n'a reçu
que 4 % des votes lors des dernières
élections en octobre et dont le soutien provient
surtout de l'armée et de la police boliviennes.
Nous sommes inquiets : les remarques de
Jeanine Chavez envers les peuples autochtones,
surtout dans un pays où plus de la moitié de la
population est autochtone, sont hostiles et
discriminatoires.
En tant que premier président autochtone de la
Bolivie, Evo Morales a apporté d'importants
changements progressistes aux politiques sociales
et économiques, qui ont engendré une forte
croissance économique, permis de réduire
grandement la pauvreté et d'améliorer le respect
des droits de la personne. Cependant, nous avons
pu constater comment les actions des États
indépendants aux politiques socialistes provoquent
souvent la colère des entreprises et des pays
occidentaux comme les États-Unis, qui ont
l'habitude, depuis longue date, d'intervenir
auprès des gouvernements d'Amérique latine et
d'Amérique du Sud et de détrôner lors de violents
coups militaires des chefs élus démocratiquement.
Encore une fois aujourd'hui, des vagues de
violence et des atrocités, ainsi que la mort de
protestataires qui résistent à l'usurpation de
leur processus démocratique, secouent la Bolivie.
Alors que Jeanine Chavez a récemment fait des
changements pour assurer la protection des
services de sécurité contre des poursuites afin de
réprimer les protestations, la violence et la
répression par l'État ne feront qu'augmenter. En
ne condamnant pas ces gestes comme étant un coup
d'État, des actions contraires aux principes
fondamentaux de la démocratie, le Canada se rend
complice de ces violations des droits de la
personne.
Afin de comprendre cette situation qui évolue
constamment, Unifor a envoyé son directeur du
Service des relations internationales, Mohamad
Alsadi, à Mexico pour rencontrer directement le
président Morales. Cette rencontre a permis de
réaffirmer notre soutien et notre solidarité
envers le peuple de la Bolivie.
Unifor demande au gouvernement fédéral de
condamner publiquement le coup d'État et de
réprouver le poste provisoire illégitime de
Jeanine Chavez. Nous demandons le déplacement sûr
et le retour d'Evo Morales dans son pays
d'origine. Laissons les Boliviens exercer leur
propre droit démocratique de choisir un
gouvernement dans le cadre d'un nouveau tour de
scrutin, des élections qu'Evo Morales avait
d'ailleurs approuvées avant d'être contraint à
l'exil. Nous vous encourageons également à
discuter directement avec Evo Morales, comme nous
l'avons fait, afin d'obtenir un compte rendu de
première main de ce qui s'est passé en Bolivie et
des secteurs dans lesquels le Canada peut offrir
du soutien. Le Canada ne peut pas prétendre
soutenir la démocratie tout en facilitant
l'instauration d'une dictature militaire
répressive. Nous avons confiance que votre
gouvernement et vous ferez marche arrière et
appuierez la population de la Bolivie.
Veuillez prendre connaissance des déclarations
suivantes faites par d'autres organisations
partageant la même opinion, en cliquant sur les
liens ci-dessous :
https://www.ituc-csi.org/Cris-Bolivie-resolu-par-les-urnes
http://www.industriall-union.org/industriall-condemns-the-coup-in-bolivia
https://www.ueunion.org/statement/2019/ue-condemns-coup-in-bolivia
Veuillez agréer, monsieur le Ministre,
l'expression de mes sincères salutations,
Jerry Dias
Président national
cc : L'honorable premier ministre Justin
Trudeau
Cet article est paru dans
Volume 49 Numéro 33 - 30 novembre 2019
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