Les récents développements en
Amérique latine et dans les Caraïbes
Résistance grandissante à la destruction néolibérale, la terreur d'État et aux coups d'État d'inspiration impérialiste
- Margaret Villamizar -
Marche à Anzoategui, au Venezuela, le 15 novembre
2019, en appui à Evo Morales
et pour dénoncer le coup d'État en Bolivie
Au cours des deux dernières semaines, les peuples
bolivien et chilien ont poursuivi leurs luttes
courageuses pour faire valoir leurs droits face à
la répression brutale des forces de l'État.
Le 21 novembre, ils ont été rejoints par les
Colombiens qui ont organisé une grande grève
nationale dans des villes et villages du pays
contre l'offensive antisociale du gouvernement
néolibéral et belliciste d'Ivan Duque. Ils ont
également affronté la réaction violente de l'armée
et de la police militarisée, en particulier de la
détestée escouade antiémeute. De grandes
manifestations se sont poursuivies tous les jours
depuis.
À mesure que la confrontation de l'ancien et du
nouveau s'intensifie dans la région, les jeunes et
les travailleurs en particulier relèvent le défi
et sont en train de convaincre les couches
intermédiaires de rejoindre la cause de ceux qui
se battent pour leurs droits et les droits de
tous. Cela se voit par le fait que toutes les
tentatives des oligarques soutenus par l'étranger
de prendre des mesures exceptionnelles et
d'utiliser leur monopole du pouvoir d'État pour
terroriser les forces du peuple dans l'espoir de
les soumettre ne fonctionnent pas. Les meurtres,
les blessures infligées, les détentions
arbitraires, les disparitions et les persécutions
sous toutes leurs formes n'ont servi qu'à
accroître l'indignation du peuple et sa
détermination à continuer de résister et de faire
pression pour que ses revendications soient
satisfaites et que justice soit rendue.
Chili
Banderole à la manifestation du 16
novembre 2019 à Santiago, au Chili,
disant :
« Le Chili sera le tombeau du
néolibéralisme ».
Une grève générale a eu lieu les 26
et 27 novembre, la troisième depuis le début
des manifestations de masse il y a six semaines.
Les travailleurs de différents secteurs de
l'économie ont rejoint les mouvements sociaux et
les forces politiques organisés sous la forme
d'une table ronde sur l'unité sociale pour défiler
à Santiago et dans d'autres villes et établir des
barrages routiers dans certaines zones. Des
centaines de milliers de travailleurs y auraient
participé, y compris ceux des mines, des
installations portuaires, de l'éducation et du
transport.
Le secrétaire général de la Centrale des
travailleurs unitaire du Chili, Nolberto Diaz, a
déclaré que la grève avait été déclenchée parce
que le gouvernement, contrairement à ce qu'il
avait annoncé, n'avait engagé aucun dialogue avec
les mouvements sociaux ni répondu à leurs
demandes, ajoutant que si Piñera et les
parlementaires étaient incapables de trouver une
solution à la demande des Chiliens, ils devraient
se retirer et organiser des élections anticipées.
Gabriela Flores, présidente de la Fédération
nationale des fonctionnaires municipaux de la
santé, a déclaré : « Nous, les travailleurs,
ne resterons pas assis les bras croisés, pas plus
que la population. Comment est-il possible que les
conseillers [de Piñera] soient si aveugles et
sourds qu'ils n'entendent pas ce que le peuple
demande et se contentent de faire adopter des lois
pour accroître la répression ? »
Le 26
novembre, le jour où le ministère de l'Intérieur a
annoncé que la police avait arrêté 915
personnes, Piñera a présenté un projet de loi
autorisant le recours à l'armée pour « protéger
les infrastructures publiques critiques »
(largement interprété par leur retour dans les
rues) sans avoir besoin de déclarer un état
d'exception comme il était obligé de le faire
lorsqu'il militarisait les rues en prévision des
premières actions de protestation du 18
octobre. Peu après, durant neuf jours, les forces
armées ont agi au côté de la police (carabineros),
faisant usage de la force létale, de la torture,
du viol et d'autres mesures extrêmes, en
particulier contre les jeunes que le président
décrit comme l'ennemi à vaincre.
Au cours des dix derniers jours, Amnestie
Internationale et Human Rights Watch ont tous deux
publié des rapports accablants faisant état de la
brutalité avec laquelle la police et l'armée
chiliennes ont attaqué les manifestants et
d'autres personnes qui se trouvaient tout
simplement à proximité d'actions dans les rues,
pendant et après la levée de l'état d'exception.
Dans une déclaration publiée le 21 novembre,
Amnestie Internationale écrit :
« L'intention des forces de sécurité chiliennes
est claire : blesser les manifestants afin de
décourager les manifestations, allant même jusqu'à
recourir à la torture et à la violence sexuelle
contre les manifestants. Au lieu de prendre des
mesures pour mettre un terme à la très grave crise
des droits humains, les autorités, sous le
commandement du président Sebastian Piñera, ont
poursuivi une politique de punition pendant plus
d'un mois, ajoutant encore plus de personnes au
nombre effarant de victimes, qui continue de
croître à ce jour », a déclaré Erika
Guevara-Rosas, directrice de la section des
Amériques d'Amnestie Internationale.[1]
Puis, le 26 novembre, Human Rights Watch
(HRW) a publié son rapport documentant des abus et
violations des droits humains similaires par la
police, ainsi que des statistiques fournies par
différentes autorités chiliennes. Il indique que
le bureau du procureur général enquêtait
sur 26 décès survenus au cours des
manifestations et citait un rapport du ministère
de la Santé indiquant que des services médicaux
d'urgence avaient été dispensés à 11 564
personnes blessées entre le 18 octobre et
le 22 novembre, dont 1 200 blessés
graves. Il dit que l'utilisation de fusils à
plombs ciblant le visage était la principale cause
des plus de 220 blessures oculaires recensées
en date du 17 novembre, 16 personnes
ayant perdu la vue d'un oeil et 34 ayant des
lésions oculaires graves pouvant entraîner la
cécité partielle ou totale. Depuis lors, des
personnes ont perdu la capacité de voir et
l'organisme rapporte le cas d'un adolescent dont
les yeux ont été physiquement détruits.
Selon HRW, la police a arrêté plus
de 15 000 personnes du 18 octobre
au 19 novembre et «
détenu » 2 000 autres pour avoir
enfreint le couvre-feu imposé pendant l'état
d'urgence. Le 21 novembre, l'Institut national des
droits de l'homme avait déposé 442 plaintes
pénales contre des procureurs au nom de victimes
pour blessures, traitements cruels, tortures,
viols, meurtres et tentatives de meurtre qui
auraient été commis par les forces de sécurité.
Selon l'organisme, des centaines d'autres
personnes auraient été maltraitées et humiliées
dans les postes de police. Par ailleurs, l'agence
Reuters a rapporté le 26 novembre que les
procureurs avaient déclaré étudier 2 670
plaintes d'abus commis par les forces de sécurité.
La conclusion à laquelle est parvenu HRW,
largement considéré comme fonctionnant de concert
avec le département d'État américain, était
seulement que le Chili avait un besoin urgent
d'une « réforme de la police », ce qui a sans
doute permis à Piñera de pousser un soupir de
soulagement puisqu'il avait déjà son agneau
sacrificiel. La veille, il avait rencontré HRW au
sujet de ses recommandations et il avait congédié
son cousin et ministre de l'Intérieur discrédité
Andres Chadwick, qui assumait déjà la
responsabilité politique de l'assassinat
extrajudiciaire par la police il y a plus d'un an
du dirigeant de la communauté mapuche Camillo
Catrillanca, et avait récemment qualifié les
manifestants de « criminels ». Le 27
novembre, la Chambre des représentants du Chili a
également voté la destitution de Chadwick.
En dépit de tout ce à quoi ils sont soumis, les
Chiliens ne sont pas intimidés et continuent de
sortir dans la rue en grand nombre pour se battre
pour leurs justes revendications, notamment pour
punir les responsables des torts causés à tant de
citoyens et réclamer une réparation pour les
personnes tuées et blessées ainsi que la
convocation d'une assemblée constituante qui
habilite le peuple à rédiger et à approuver une
nouvelle constitution pour le pays afin de
remplacer celle actuellement en vigueur imposée
par la dictature de Pinochet, et qui consacre le
modèle économique et social néolibéral qu'ils
rejettent.
Bolivie
Manifestation de masse à El Alto, Bolivie,
le 16 novembre 2019
La semaine qui s'est terminée le 23 novembre
a été marquée par un massacre au cours duquel au
moins 10 hommes, principalement de jeunes
hommes, ont été abattus par les forces de sécurité
de l'État qui ont attaqué un blocus pacifique à la
centrale à gaz de Sekata, à El Alto. Des témoins
ont déclaré croire que de nombreuses autres
personnes ont été tuées et que les forces de
l'État ont tout simplement fait disparaître les
corps pour tenter de réduire le nombre de décès
rapportés. La fermeture de l'accès aux centrales à
gaz et les nombreux barrages routiers mis en place
dans le pays font partie de la résistance
nationale au coup d'État. Cela a empêché le
carburant de quitter l'usine pour alimenter la
capitale voisine, La Paz.
Cette semaine a
également été marquée par de grandes mobilisations
quotidiennes à travers le pays d'ouvriers et de
familles révoltés réclamant justice pour les
personnes assassinées à El Alto et dans un
massacre similaire commis la semaine précédente
contre des travailleurs soutenant Evo Morales à
Cochabamba. Ce massacre a eu lieu un jour à peine
après la proclamation de la « présidente par
intérim », Jeanine Añez, qui a publié un
décret exemptant les membres des forces armées de
toute responsabilité pénale pour les actes commis
dans le cadre du « rétablissement de l'ordre
public ». Et pour comble d'insulte, une
grande procession funéraire pour les personnes
tuées à El Alto a été attaquée par des soldats
dans des chars d'assaut et dispersée de force à
l'aide de gaz lacrymogènes.
Plus de 30 meurtres documentés, des
centaines de blessés et plus d'un millier de
détentions et de disparitions sont à l'origine de
la répression : jeunes autochtones, paysans
et autres travailleurs dont les organisations
constituent la principale base d'appui du
président légitime du pays, Evo Morales. La
dictature qui se fait passer pour un gouvernement
intérimaire a publié des mandats d'arrêt contre
Evo et d'autres membres influents du Mouvement
vers le socialisme (MAS) en inventant contre eux
des accusations de sédition, de terrorisme et
d'incitation à des actes criminels. Cela s'ajoute
aux maires et autres élus locaux affiliés au MAS
déjà contraints de quitter leurs fonctions et/ou
détenus pendant le coup d'État. Les gens sur le
terrain en Bolivie décrivent cette campagne comme
une chasse aux sorcières généralisée.
La censure des médias fait également partie de
l'équation. Deux jours après le massacre d'El
Alto, qui a fait l'objet de nombreux reportages,
TeleSUR a été averti par la société de
télécommunications publique Entel que son signal
serait immédiatement interrompu en Bolivie. Le
fournisseur privé a dit à RT version espagnole de
s'attendre à ce qu'il en soit de même à compter
du 2 décembre. Des attaques similaires à
l'encontre d'organisations de médias nationales et
internationales et de journalistes seraient
largement répandues, alors que les Boliviens se
voient menacer d'être accusés de sédition s'ils
présentent les forces derrière le coup sous un
mauvais jour.
Depuis plus d'une semaine, le Sénat et la Chambre
des députés de l'Assemblée législative
plurinationale ont engagé des négociations sur un
projet de loi proposé par la majorité du MAS pour
la création de nouveaux tribunaux électoraux
nationaux et régionaux et la convocation
d'élections générales. Un accord a été conclu et
la Loi électorale temporaire exceptionnelle
pour la réalisation des élections générales
a été promulguée le 23 novembre.
Actuellement, la fausse présidente Áñez et la
législature sont en train de nommer (dans son cas)
et d'élire (dans le cas de la législature) de
nouvelles autorités électorales. Ils disposeront
de 120 jours pour déclencher des élections
une fois que les nouveaux tribunaux nationaux et
régionaux auront été établis et qu'ils auront mis
en place un échéancier. Ni Evo Morales ni Alvaro
Garcia Linera ne sont autorisés à se représenter.
Le fait que l'adoption d'une loi complémentaire
garantissant les droits constitutionnels de tous
les citoyens boliviens soit bloquée par Áñez qui
la considère comme une « loi d'impunité »,
entrave la capacité des autres membres du MAS
d'exercer leur droit de participer aux élections
ou à la vie politique de manière générale. Le
projet de loi interdirait les détentions
arbitraires et les persécutions politiques, y
compris celles que son gouvernement de coup d'État
pratique depuis le premier jour et que ceux qui
sont derrière elle n'ont aucune intention de
cesser. Il suffit de rappeler à quel point la
législation a été efficace pour empêcher Lula de
se présenter à la dernière élection présidentielle
au Brésil, et la même chose a été tentée contre
l'ancien président Correa en Équateur.
Le 26 novembre, le commandant en chef des
forces armées a remis à Añez son prix du Grand
mérite militaire et lui a attribué le rang de
capitaine général pour services rendus. Ne voulant
pas en rester là, Añez a déclaré qu'elle était
reconnaissante aux forces armées de ne pas avoir
hésité à se joindre au coup d'État et que leur
présence avait contribué à « pacifier » le
pays. Elle a assuré le commandant que, malgré le
caractère temporaire de son « mandat », son
intention était de redonner aux militaires le rôle
et le prestige qui les caractérisaient depuis
toujours et qu'elle travaillerait avec les pays
amis pour ramener le plus haut niveau de
programmes de formation pour eux. Un jour plus
tard, il a été annoncé que la Bolivie avait
rétabli ses relations diplomatiques avec Israël.
Également le 26 novembre, une assemblée de
mouvements sociaux opposés au coup d'État s'est
tenue à Cochabamba, au siège de la Fédération des
producteurs de coca dirigée par Evo. Une
résolution a été adoptée qui réaffirme notamment
le soutien moral et matériel des participants à
leur frère Evo Morales Ayma, président de l'État
plurinational de Bolivie ; réaffirme l'état
d'urgence en cours et annonce la cessation
temporaire de ses actions de protestation pour
vérifier si le gouvernement du putsch respecte ses
engagements signés et les autres accords conclus
avec les secteurs sociaux mobilisés du pays ;
appelle l'Assemblée législative et l'exécutif du
gouvernement de facto à approuver immédiatement la
loi garantissant l'exercice des droits civils,
politiques et constitutionnels fondamentaux aux
autorités politiques et aux dirigeants syndicaux
élus ; et exige la libération immédiate des
détenus et l'arrêt de toutes les persécutions et
détentions illégales. Les participants à
l'assemblée s'engagent également à maintenir
l'unité dans la lutte politique et sociale pour la
justice sociale.
Le vice-président de l'organisation hôte, les Six
Fédérations du Trópico de Cochabamba, a déclaré
qu'il existait toute une stratégie en place pour
faire perdre au MAS les prochaines élections.
Compte tenu de la situation difficile, il a appelé
toutes les sections du parti à se préparer à se
battre pour les élections sans épuiser le
mouvement dans des manifestations et des barrages
routiers. Une réunion d'urgence du MAS a été
convoquée ce week-end pour décider qui seront ses
candidats.
Colombie
Bogota, Colombie, le 21 novembre 2019
Les énormes manifestations qui ont eu lieu
quotidiennement dans la capitale, Bogota, et dans
d'autres régions de la Colombie depuis le 21
novembre auraient atteint des dimensions
insurpassées depuis des décennies. Ce qui a
commencé comme une initiative principalement des
centrales syndicales du pays, des étudiants et des
retraités de tenir une journée de grève nationale
pour demander la fin du « paquetazo »
(ensemble d'énoncés politiques) néolibéral de
mesures d'austérité et de privatisation, de
corruption endémique et d'engagements non tenus du
gouvernement Duque, a rapidement pris une tout
autre ampleur avec la participation de dizaines de
milliers de personnes qui ont continué de
descendre dans les rues et de faire jour et nuit
un tintamarre avec des casseroles. Les
manifestants demandent l'arrêt de la
criminalisation des protestations, le retrait de
l'armée dans le maintien de l'ordre, que le
gouvernement mette fin à l'impunité pour les
meurtres commis contre des dirigeants sociaux et
d'anciens guérilleros des FARC, qu'il mette en
oeuvre l'accord de paix avec les FARC et que des
négociations soient entamées avec l'ELN.
Les enseignants appellent au démantèlement de
l'escouade antiémeute, à Bogota, le 27 novembre.
Sur la bannière, on peut lire: « Nous n'avons pas
choisi d'être enseignants pour voir nos étudiants
se faire tuer ».
Ce qui a fait déborder le vase a été l'assassinat
par l'escouade antiémeute d'un élève de 18
ans qui a été touché à la tête par un projectile -
le tout enregistré sur vidéo. Le meurtre a
provoqué l'indignation partout au pays. Dilan Cruz
devait obtenir le 25 novembre son diplôme du
secondaire et s'était joint à la manifestation
pour s'opposer au sous-financement de l'éducation
publique après s'être vu refuser un prêt qu'il
avait demandé pour pouvoir fréquenter
l'université. Un de ses amis a déclaré au
quotidien colombien El Espectador : «
Nous marchions et l'ESMAD nous a lancé des
grenades assourdissantes et des bombes de gaz
lacrymogène. Dilan s'est avancé pour disperser une
bombe de gaz lacrymogène, parce qu'elle avait
atterri à côté de personnes âgées. C'est à ce
moment-là qu'on lui a tiré dessus. » « Ils
disent que c'était une balle en caoutchouc »,
a ajouté son ami. Selon des rapports
médico-légaux, il s'agirait d'un sachet rempli de
plombs tirés à bout portant. Il était la quatrième
personne tuée par les forces de sécurité lors des
manifestations. Mais la répression se poursuit
avec Duque, tout comme son homologue chilien tout
aussi impopulaire, espérant pouvoir résister à la
tempête en utilisant la force, encouragé par les
propos du secrétaire d'État américain Mike Pompeo
plus tôt cette semaine, qui l'a félicité sur son
compte Twitter pour son traitement des
manifestations.
Le 28 novembre, des représentants du Conseil
régional des peuples autochtones du département du
Cauca (CRIC) se sont joints à ceux qui
manifestaient à Bogota. Les membres de leur garde
indigène prévoyaient se rendre dans les prochains
jours dans la capitale depuis différentes parties
du Cauca pour ajouter leurs voix aux
revendications exprimées par les autres.
Neuvième journée consécutive de manifestations à
Bogota, le 29 novembre
Ne touchez pas à la Dominique !
Luis Almagro, secrétaire général de
l'Organisation des États américains (OÉA), s'est
mis récemment à cibler l'État insulaire de la
Dominique, dans les Caraïbes, où des élections
générales doivent avoir lieu le 6 décembre.
Le 19 novembre, le ministre des Affaires
étrangères et du Caricom de la Dominique a informé
le Conseil permanent de l'OÉA lors d'une séance
extraordinaire que le Parti ouvrier unifié qui
fait partie de l'opposition avait empêché toute
tentative de débattre plus tôt des propositions de
réforme électorale, commençait maintenant à
répandre des mensonges sur des troubles et le
manque de sécurité sur l'île. En même temps, elle
tente elle-même d'inciter à la violence pour
donner l'impression que le pays serait dans le
chaos et ingouvernable et que les conditions
n'étaient pas réunies pour la tenue des élections
le 6 décembre. Dans une entrevue accordée à
TeleSUR le 27 novembre, le premier ministre
Roosevelt Skerrit a laissé peu de doute sur le
fait que des agents étrangers provenant des
États-Unis et de l'OÉA encourageaient l'opposition
à faire cela. Il a dit :
Le premier ministre Roosevelt Skerrit
|
« Ils (OÉA) ciblent certains États membres. La
Dominique fait partie de ces pays et mon
gouvernement en fait partie. Donc, le problème
n'est pas la tenue d'élections libres et
équitables - il ne s'agit pas non plus du
processus électoral. Ils (OÉA) ont attendu cette
occasion pour mettre en oeuvre cette stratégie.
C'est donc quelque chose qui se prépare depuis
trois ou quatre ans. »
Skerrit a ajouté qu'il estimait que le principal
facteur de motivation de la croisade de l'OÉA pour
délégitimer son gouvernement était de le punir
pour avoir toujours voté contre la non-ingérence
dans la région, et plus particulièrement contre
les résolutions de l'OÉA sur le Venezuela.
La ministre Baron a informé l'OÉA dans son exposé
que la Dominique envisage d'inviter le CARICOM, le
Commonwealth [britannique], les Nations unies et
le Centre Carter à observer son élection et était
ouverte à l'inclusion de l'OÉA. Mais elle lui a
d'abord demandé d'émettre des déclarations
condamnant toute utilisation de la violence lors
de cette élection et invitant toutes les parties à
s'abstenir de déclarations susceptibles de
constituer une ingérence dans les affaires
souveraines des pays. Et dans le cas des États
membres qui ne mettent pas en oeuvre les
recommandations de l'OÉA, qu'il n'y ait pas
présomption que leurs élections ne sont pas libres
et équitables.
Baron a déclaré qu'elle retenait son indignation
face aux tentatives de déstabilisation de la
Dominique et des élections, alors que la Dominique
fait d'énormes efforts pour surmonter les
terribles effets de l'ouragan Maria et remettre le
pays sur pied, reconnaissant l'aide reçue de
nombre pays présents dans la salle.
S'adressant à un rassemblement de partisans
le 23 novembre, le premier ministre Skerrit a
souligné que la Dominique n'était pas à vendre et
que personne ne pouvait lui dire quoi faire,
répétant à plusieurs reprises : « Ne touchez
pas la Dominique ! » Il a rappelé aux
Dominicains qu'une situation dangereuse s'est
créée dans la région avec l'imposition d'un «
gouvernement » non élu, une tentative de coup
d'État au Venezuela et un coup d'État en Bolivie,
tous deux soutenus par Almagro. Il a déclaré que
la lutte cette fois n'était pas pour se faire
réélire, mais pour défendre le pays contre des
intérêts étrangers qui ne se soucient pas du
peuple mais cherchent à prendre le contrôle du
pays.
La position juste des Dominicains patriotes,
exprimée par le premier ministre Skerrit et la
ministre Baron, a reçu le soutien de l'Alliance
bolivarienne des peuples de notre Amérique
(ALBA-TCP) qui, dans sa déclaration du 21
novembre, a exprimé le « malaise de ses membres
face aux déclarations du secrétaire général de
l'OÉA, Luis Almagro, qui prétend imposer à la
Dominique une mission électorale de ladite
organisation; cela constitue non seulement un acte
d'ingérence inadmissible dans les affaires
intérieures de la Dominique, mais également un
dépassement inacceptable de l'exercice de ses
fonctions »
La déclaration a ensuite fait référence à « la
performance controversée de la dernière mission
d'observation électorale de l'OÉA en Bolivie,
entachée d'actes d'une impartialité politique
douteuse, qui remet en cause son autorité
technique et décourage ouvertement son
intervention ».
« En ce sens, poursuit-elle, les pays membres de
l'ALBA-TCP mettent en garde la communauté
internationale, et en particulier la communauté
des Caraïbes, contre l'application de la même
forme de violence et de mort utilisé en Bolivie
contre le Commonwealth de la Dominique et dont les
buts et objectifs semblent être d'imposer un
changement inconstitutionnel du gouvernement du
premier ministre Roosevelt Skerrit. »
Dans sa déclaration d'appui, le CARICOM rappelle
qu'aucun État membre n'est tenu d'inviter l'OÉA à
observer ses élections. D'autres dirigeants des
Caraïbes, dont Gaston Browne, premier ministre
d'Antigua-et-Barbuda, et Ralph Gonsalves, premier
ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines, ont
également exprimé leur soutien à la position du
gouvernement dominicain. Le premier ministre
Gonsalves a ajouté que l'OÉA et son secrétaire
général, Luis Almagro, étaient des ennemis des
forces démocratiques et progressistes du
continent.
Les jeunes empêchent le secrétaire général de
l'OÉA
de parler au Paraguay
Plus tôt ce
mois-ci, des organisations sociales, politiques et
étudiantes ont mis à sa place Luis Almagro en
l'empêchant de parler à l'Université pacifique de
l'Asuncion, où il était censé prononcer un
discours sur la « Démocratie et le
développement ». À son approche en véhicule
de l'endroit où il devait donner son discours, des
jeunes portant des pancartes et des drapeaux l'ont
encerclé et ont crié qu'il n'était pas le
bienvenu, qu'il était responsable du coup d'État
en Bolivie et qu'il avait du sang sur les mains.
Almagro s'est ravisé et est reparti sans sortir du
véhicule.
Note
1. Pour le texte complet du rapport, cliquer ici.
Cet article est paru dans
Volume 49 Numéro 33 - 30 novembre 2019
Lien de l'article:
Les récents développements en
Amérique latine et dans les Caraïbes: Résistance grandissante à la destruction Néolibérale, la terreur d'État et aux coups d'État D'inspiration impérialiste - Margaret Villamizar
Site Web: www.pccml.ca
Courriel: redaction@cpcml.ca
|