Au coeur de l'unité de l'Amérique latine
- Enrique Ubieta Gomez -
En joignant leurs forces,
Chavez et Fidel ont permis à des centaines de
milliers de Latino-Américains d'avoir accès
aux services de santé et à l'éducation, de
regagner la vue et la dignité.
Notre Amérique vit des journées intenses. Nous
n'avons aucune raison ni le temps de nous
décourager. Les peuples du continent ont ouvert
les grandes avenues de leur émancipation et
l'impérialisme ne peut pas les refermer. Bolivar,
Marti, Sandino ont indiqué la voie de l'unité. «
Jusqu'à quand allons-nous persister dans notre
léthargie ? », demandait Fidel
en 1959, lors de sa visite à Caracas.
« Jusqu'à quand allons-nous rester des
accessoires sans défense d'un continent que son
Libertador a conçu comme quelque chose de plus
digne, de plus grand ? Jusqu'à quand
allons-nous vivre dans cette atmosphère mesquine
et ridicule ? Jusqu'à quand allons-nous
rester divisés ? »
Depuis l'époque de sa formation dans les
années 40, Fidel s'est impliqué dans les
revendications les plus urgentes pour la justice
dans la région : l'indépendance de Porto Rico
et le renversement du dictateur Trujillo en
République dominicaine, entre autres, et il allait
vivre aux côtés du peuple colombien les événements
que l'Histoire connaît sous le nom de Bogotazo.
Sa visite au Venezuela, à peine quelques mois
après le triomphe révolutionnaire, devait prendre
un caractère prémonitoire. Dans ce pays, il
déclara au sujet de l'unité nécessaire de nos
peuples : « Et qui doivent être les
défenseurs de cette idée ? Les Vénézuéliens,
parce que les Vénézuéliens l'ont lancée sur le
continent américain, parce que Bolivar est le fils
du Venezuela et que Bolivar est le père de l'idée
de l'union des peuples de l'Amérique. »
Mais Fidel ne faisait pas seulement référence à
l'unité interne des peuples, indispensable au
triomphe de la justice, mais à l'unité entre les
nations du continent, même s'il savait qu'il y
aurait des gouvernements « avortons » sans
foi en leur terre, prêts à livrer les richesses
collectives et les aspirations populaires dans
l'attente de récompenses personnelles indignes.
C'est pourquoi, à de nombreuses occasions, il
tenta de montrer les avantages de l'union, à
partir du respect de la diversité des modèles
socio-économiques et des identités. « De plus,
quelle est la destinée des pays balkanisés de
notre Amérique ? Quelle place vont-ils
occuper au XXIe siècle ? Quelle place va-t-on
leur laisser ? Quel sera leur rôle s'ils ne
s'unissent pas, s'ils ne s'intègrent
pas ? », insistait-il en 1990.
Dans les dernières années de cette décennie de
renoncements et de désespoir, Fidel allait
relancer l'internationalisme médical cubain
(démarré en Algérie en 1963) en faveur des
peuples d'Amérique centrale et d'Haïti - où les
gouvernements ne partageaient pas la même
sensibilité politique - après le passage de deux
ouragans dévastateurs : des centaines de
professionnels de la santé se sont rendus dans les
coins les plus reculés et depuis lors ont pris en
charge les populations les plus déshéritées. Le
peuple cubain se trouvait face à face, sans
intermédiaires, avec ses frères du continent.
Avant chaque départ, Fidel avait coutume de se
réunir avec chaque brigade ; il s'entretenait
avec ses membres comme un père. Le 25
novembre 1998, il déclara : « Je tiens à
souligner ceci tout de suite : nos médecins
ne se mêleront pas le moins du monde des affaires
de politique intérieure. Ils seront absolument
respectueux des lois, des traditions et des
coutumes des pays dans lesquels ils travailleront.
Ils n'ont pas pour mission de propager des
idéologies. [...] Ils se rendent en Amérique
centrale en tant que médecins, en tant que
porteurs désintéressés de la santé humaine, pour
travailler dans les lieux et dans les conditions
les plus difficiles, pour sauver des vies, pour
préserver ou rendre le bien-être grâce à la santé,
et pour exalter et donner du prestige à la noble
profession du médecin, rien de plus. »
Cette année-là, un disciple de Bolivar deviendra
président du Venezuela. Deux rêveurs, deux fous
sains d'esprit, Fidel et Chavez, se rencontreront
dans l'effort de contribuer à l'unité nécessaire.
Et c'est ainsi que l'ALBA (Alternative
bolivarienne pour les peuples de Notre Amérique)
est née, le projet d'unité le plus avancé qui ait
jamais existé sur notre continent, un accord dont
le fondement s'appuie sur les peuples, sur leur
capacité infinie de solidarité. Des centaines de
milliers de Latino-Américains ont eu accès à la
santé, à l'éducation ; ils ont recouvré la
vue et la dignité. Notre Amérique, un concept
martinien, qui inclut aussi les îles des Caraïbes,
devint alors plus grande, parce qu'elle sut se
regarder de l'intérieur et s'unir, se compléter
dans des projets communs. Aujourd'hui,
l'impérialisme tente de démanteler ces conquêtes
qu'il redoute tellement. Il est bon de rappeler
cela, alors que nous commémorons la troisième
année depuis le départ physique du commandant en
chef Fidel Castro, l'homme qui a consacré sa vie à
la défense de l'unité des peuples et des nations
d'Amérique latine.
(Granma, le 25 novembre.
Photo: J.L. Gonzalez)
Cet article est paru dans
Volume 49 Numéro 33 - 30 novembre 2019
Lien de l'article:
Au coeur de l'unité de l'Amérique latine - Enrique Ubieta Gomez
Site Web: www.pccml.ca
Courriel: redaction@cpcml.ca
|