Les tentatives de recruter les femmes pour l'agression et la guerre

Le Forum de Halifax sur la sécurité internationale (FHSI) fait la promotion d'un rôle des femmes dans la défense de la paix et de la sécurité, mais le définit d'une manière qui sert les impérialistes américains et l'alliance agressive qu'est l'OTAN. Cette soi-disant sécurité repose sur la destruction des pays qui refusent de se soumettre au diktat impérialiste américain. Dans le sillage du chaos et de la violence créés par les interventions et les occupations de l'OTAN, les premiers à souffrir sont les femmes et les enfants.

En octobre, pour la première fois depuis 2009, deux femmes ont été nommées au conseil d'administration du FHSI : Tammy Harris, ancienne commandante adjointe en chef de l'Aviation royale canadienne, et Cindy McCain, responsable du McCain Institute, basé à Washington. Le sénateur américain aujourd'hui décédé John McCain, fauteur de guerre et défenseur de l'exceptionnalisme américain, qui a donné son nom à l'institut, avait des liens de longue date avec le FHSI. L'institut est financé par de nombreux monopoles de l'armement et de l'énergie ainsi que par le gouvernement du royaume féodal d'Arabie Saoudite.

En septembre 2018, le FHSI a créé le Programme de bourse de paix pour les femmes. Il s'agit d'un programme d'endoctrinement et non d'étude académique. À chaque année, des officières militaires sont sélectionnées au sein du bloc de l'OTAN et sont invitées à une « grande tournée » des États-Unis et du Canada en route vers la conférence de Halifax.

Selon le communiqué de presse :

« Les participantes auront l'occasion de visiter Washington, DC, Silicon Valley, Toronto, Waterloo et Ottawa avant la fin du programme à Halifax, en Nouvelle-Écosse.

« Les associées pourront aussi rencontrer des dirigeants gouvernementaux, militaires et intellectuels lors de leur voyage dans les capitales politiques et technologiques des États-Unis et du Canada pour mieux saisir les défis stratégiques américains et canadiens et mieux connaître les technologies de pointe et leurs effets transformateurs sur les réalités de la sécurité nationale. »

On doit présumer que c'est ce que veut dire « rehausser le profil des femmes à tous les niveaux au sein de l'Alliance ».

Cette stratégie de recruter des femmes a vu le jour au FHSI de 2017, lorsque le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a annoncé que la canadienne Clare Hutchinson deviendrait la nouvelle Représentante spéciale de l'OTAN pour Femmes, paix et sécurité.

Claire Hutchinson a été conseillère en matière d'égalité des sexes au département des oprations de maintien de la paix des Nations unies. Elle a participé au déploiement de la Force intérimaire des Nations unies au Liban de juillet 2012 à décembre 2013 et à la MIssion d'administration intérimaire des Nations unies au Kosovo d'octobre 2004 à décembre 2007.

Selon Hutchinson et Stoltenberg, le rôle des femmes dans l'armée est de défendre un idéal abstrait et décontextualisé de l'affirmation des femmes, de l'égalité des sexes et de la création d'opportunités pour les femmes. Le contenu d'une mission militaire, à savoir quels intérêts sont servis, ou si elle est juste ou si elle défend la paix, la souveraineté nationale et l'état de droit international, ou s'il s'agit plutôt de crimes de guerre, sont des sujets qui ne doivent pas être discutés.

Par exemple, lors de la cérémonie de février 2016 en l'honneur de 125 policières indiennes participant à la mission des Nations unies au Libéria, Hutchinson a dit :

« Ce que nous faisons au sein de l'armée et de la police, c'est de contrer la perception que c'est un domaine d'hommes et que les femmes ne peuvent pas en faire partie. Nous savons que ce ne sont pas les dangers qui constituent le principal obstacle ni qu'elles ne veulent pas voyager ou laisser leurs enfants. Le principal obstacle est qu'elles ne sont pas au courant des possibilités qui existent. »

Stoltenberg a dit de la nomination de Hutchinson : « L'affirmation des femmes est non seulement un devoir, c'est aussi un choix judicieux : cela fait des pays des endroits plus sécuritaires et stables. L'OTAN est déterminée à changer les choses, y compris par le biais de nos programmes d'entraînement et de nos opérations — par exemple, en déployant des conseillers en matière d'égalité des genres dans les communautés locales d'Afghanistan. Nous visons aussi à rehausser le profil des femmes à tous les niveaux de l'Alliance.

« Il reste beaucoup à faire, mais pour l'OTAN, la paix et la sécurité n'est pas le propre des hommes.

« Je remercie le Canada pour son solide engagement envers les femmes, la paix et la sécurité, et j'ai hâte de bientôt souhaiter la bienvenue à Mme Hutchinson aux quartiers généraux de l'OTAN. »

De son côté, le gouvernement Trudeau, dans le cadre de l'Initiative Elsie, s'est fixé comme tâche déshonorable de convaincre les femmes — qui sont aux premiers rangs de l'opposition à la guerre et à l'agression — de prendre en compte « l'égalité des chances » offerte pour le recrutement de soldats, de policiers ou d'espions pour l'OTAN et ses membres.

À peu près au même moment où le FHSI commençait à faire pression pour le recrutement des femmes, le gouvernement Trudeau a lancé son «Initiative Elsie pour la participation des femmes aux opérations de paix» avec laquelle il s'est donné pour tâche déshonorante de convaincre les femmes - qui sont aux premiers rangs de l'opposition à l'agression et à la guerre - de considérer « l'égalité des chances » offerte comme un incitatitif pour s'engager comme soldats ou policières pour le nouveau « maintien de la paix » plus agressif qui se déroule aujourd'hui sous les auspices de l'ONU.

La nomination de Hutchinson n'est rien de moins qu'une tentative par l'OTAN de reconnaître le Canada et ses activités odieuses et de rehausser ses efforts pour rendre la guerre et l'agression « progressistes ».

Les mains du Canada sont tachées du sang des peuples — que ce soit en Corée, en Yougoslavie, en Libye, en Ukraine, en Haïti ou en Afghanistan, et maintenant, il déploie des troupes en Europe de l'Est pour menacer la Russie et supprimer l'opposition au rôle agressif de l'OTAN en Lituanie, en Ukraine et dans d'autres pays européens.

Personne n'est dupe de ces efforts du Canada pour s'exonérer de ses crimes en se présentant comme le plus grand défenseur des femmes et de la paix. La sécurité et l'affirmation des femmes est dans leur lutte pour leurs propres droits et les droits de tous. Les femmes, en particulier les femmes de la classe ouvrière, sont aux premiers rangs de toutes les luttes pour les droits et contre l'intervention militaire et la guerre.

La tentative de cacher ces intentions en faisant la promotion des femmes en tant qu'instruments de l'impérialisme — que ce soit ouvertement ou sous prétexte de différentes versions de leur ordre du jour des « droits humains » - montre que l'affirmation de l'être humain selon le FHSI et le gouvernement Trudeau est intimement liée à l'agression et à la guerre. C'est d'une hypocrisie sans bornes.

(Source : Tony Seed)


Cet article est paru dans

Volume 49 Numéro 32 - 23 novembre 2019

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