Des
organisations et des individus condamnent la
violence
du gouvernement Piñera contre le peuple chilien
Texte collectif de 40 organisations
Montréal, 6 novembre 2019
Par la présente, nous, les organisations
signataires, souhaitons exprimer notre profonde
indignation face à la violente répression qui
sévit au Chili et qui vise à faire taire la forte
vague de contestation sociale qui secoue le pays
depuis la semaine dernière. La déclaration d'état
d'urgence, l'imposition d'un couvre-feu et le
déploiement massif des forces militaires et
policières bafouent les droits fondamentaux du
peuple chilien. Cette répression rappelle
dramatiquement les méthodes utilisées par la
funeste dictature de Pinochet.
L'accroissement du
mécontentement populaire face aux insoutenables
conditions de vie qui accablent le pays fut
catalysé par une action générale de désobéissance
civile des étudiants et étudiantes du secondaire
qui ont refusé de payer le métro afin de protester
contre la hausse des tarifs décrétée par le
gouvernement de Sebastian Piñera. Ceci a été
l'élément déclencheur d'une vaste mobilisation
sociale partout au pays. Face à l'irruption de
contestations et du grabuge qui s'est produit en
parallèle, le gouvernement a répondu, le 18
octobre dernier, par une forte répression et a
décrété l'état d'urgence et un couvre-feu,
activant ainsi la loi martiale. Ces mesures ont
été étendues aux principales villes de cinq
régions du Chili. Le recours à la criminalisation
des manifestations ainsi qu'à la militarisation
des forces de l'ordre laisse un bilan alarmant.
Selon les données émises le 21 octobre
dernier par l'Institut national de droits humains
(INDH), qui a déjà entamé plusieurs poursuites
afin de dénoncer des actes de torture, on compte
au bas mot 2 643 personnes
détenues, 15 personnes assassinées, 8
personnes atteintes par balles, des centaines de
personnes blessées et 4 personnes frappées
par des véhicules des forces répressives. [En
date du 8 novembre, selon les reportages 23
personnes ont été tuées, 1659 blessées et plus
de 7000 ont été détenues - note de la rédaction]
La vaste majorité du peuple chilien, par le biais
des organisations sociales, syndicales et
étudiantes, ainsi que les travailleur.euse.s de la
santé, les travailleurs portuaires, les
professeur.e.s, les retraité.e.s et les artistes,
soulignent clairement l'urgence de trouver des
solutions aux graves problèmes associés à la
détérioration alarmante des services sociaux
essentiels ainsi qu'à la corruption de la classe
politique et du patronat. À ces revendications
s'ajoute une dénonciation de la privatisation des
cours d'eau et des terres, ainsi que de
l'application de la loi antiterroriste contre les
autochtones qui défendent leurs territoires.
Dans ce contexte, et considérant l'extrême
gravité de la situation et de son évolution
critique de celle-ci, les organisations
signataires appuient les revendications de
nombreuses organisations internationales et
chiliennes
en déclarant ce qui suit :
- Nous accusons le président Piñera de tenir un
discours violent et haineux par sa stigmatisation
de la contestation sociale qu'il associe à la
délinquance ;
- Nous répudions le blocus médiatique, la
désinformation et la manipulation de l'information
qui occultent la réelle ampleur de la contestation
sociale, de ses demandes et de la répression
brutale qui sévit partout au pays ;
- Nous dénonçons catégoriquement les violations
aux droits humains de la part des forces
policières et militaires (détentions illégales,
enlèvements, tortures, assassinats et agressions
sexuelles) qui constituent une véritable
déclaration de guerre contre le peuple
chilien ;
- Nous répudions l'utilisation de la répression
comme forme de gouvernance (violation au droit de
circulation, droit d'association et droit de
manifestation) et la violation de l'État de droit
et exigeons le retrait immédiat des forces
militaires ;
- Nous exigeons la restitution de démocratie par
la levée de l'état d'urgence et du couvre-feu qui
s'attaquent à ses fondements ;
- Nous lançons un appel criant et urgent au
gouvernement chilien afin qu'il écoute et trouve
des solutions aux demandes sociales à la base de
la crise actuelle.
Voir la liste
complète des signataires
(30 octobre 2019)
Cet article est paru dans
Volume 49 Numéro 27 - 10 novembre 2019
Lien de l'article:
: Texte collectif de 40 organisations
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