Bolivie
Dénonçons le coup d'État d'inspiration étrangère
Le 10 novembre, après une série d'attaques
brutales de la part de l'opposition d'inspiration
étrangère, le président bolivien, Evo Morales, et
son vice-président, ont annoncé leur démission et
la passation des rênes du gouvernement à
l'Assemblée nationale. LML dénonce les
actes graves de violence, d'incendie criminel, de
détournement de fonds et d'autres activités contre
les ministres du gouvernement Evo Morales, sa
famille et les familles de ministres, ainsi que
contre les dirigeants d'organisations de masse des
de travailleurs et de citoyens. Toute cette
tentative de coup d'État est incitée par les
États-Unis, le Canada et d'autres pays qui
commettent des attaques injustifiées contre les
institutions démocratiques au nom de la
démocratie, des droits humains et autres
prétentions. LML dénonce la position
totalement raciste du gouvernement du Canada qui
prétend défendre les droits des peuples
autochtones, mais fait tout pour saper le premier
président autochtone, qui a su restituer la
dignité des Premières Nations et de tous les
opprimés. Cela montre que ces représentants de
l'oligarchie financière internationale et des
intérêts miniers privés étroits ne toléreront pas
que les peuples se donnent le pouvoir de décider
de leurs affaires et que leur discours sur l'état
de droit et la défense de l'ordre démocratique est
purement démagogique et contre-révolutionnaire.
Plus tôt dans la journée, le président Evo
Morales a annoncé qu'il appelait une nouvelle
élection présidentielle après une nuit de
vandalisme et de violences dans différentes
régions du pays, perpétrés par les forces de
l'opposition de droite dans ce que le gouvernement
bolivien a qualifié de tentative de coup d'État.
Les maisons de deux gouverneurs, ainsi que celle
du ministre des Mines et celle de la soeur du
président Morales, ont été incendiées et des
personnes associées au parti au pouvoir, le
Mouvement pour le socialisme (MAS), ont été
agressées. Des manifestants de l'opposition
violente ont également pris le contrôle de deux
médias d'État et menacé leur personnel. Le signal
de Bolivia TV a été interrompu pendant plus de
huit heures. Pendant ce temps, des mouvements
sociaux et d'autres partisans du président Morales
sont descendus dans les rues de différentes villes
pour défendre les processus démocratiques du pays
et la constitution contre la destruction par les
forces du coup d'État.
Evo Morales a déclaré en conférence de presse à
La Paz qu'il remplacerait également le Tribunal
électoral suprême du pays par un nouveau tribunal
composé de membres élus par l'Assemblée
législative. Il a appelé au calme et au respect de
la propriété privée, des autorités et des
familles. « Nous avons tous l'obligation de rendre
la Bolivie pacifique », a-t-il dit.
Aux côtés de Juan Carlos Guarachi, dirigeant de
la Fédération des travailleurs de Bolivie, et de
Segundina Flores, secrétaire exécutive de la
Fédération nationale des femmes autochtones de
Bartolina Sisa, Evo a déclaré que sa décision
avait été prise après avoir consulté différents
mouvements sociaux du pays.
Cette annonce fait suite à la publication le 9
novembre par l'Organisation des États Américains
(OÉA) du rapport de son audit des élections du 20
octobre dans lequel elle recommandait la tenue
d'une nouvelle élection « dès que les conditions
sont réunies, y compris un corps électoral
nouvellement composé ».
Carlos Mesa, chef du parti de l'opposition,
parti des citoyens, est arrivé deuxième derrière
Evo et avait déclaré avant même l'élection que les
forces de l'opposition lanceraient un coup d'État
si Evo l'emportait, et a déclaré que Evo et son
vice-président Alvaro García Linera ne devraiemt
pas se présenter à la nouvelle élection.
Résultats de l'élection du 20 octobre
Manifestations saluant la réélection d'Evo
Morales, le 29 octobre 2019
La loi électorale bolivienne exige qu'un
candidat obtienne 50 % des voix plus un, soit 40 %
et un avantage de 10 points sur son rival le plus
proche, pour être déclaré vainqueur au premier
tour. Sinon, un second tour est requis. Lorsque le
Tribunal électoral suprême a annoncé les résultats
définitifs des élections, Evo a été déclaré
vainqueur avec 47,07 % des suffrages, contre 36,51
% pour Mesa. Chi Hyun Chung, du Parti
démocrate-chrétien, occupe la troisième place avec
8,78 %.
Or, bien avant que tous les résultats aient été
reçus et compilés, la mission d'observation des
élections de l'OÉA rapportait des « irrégularités
» dans le décompte des voix, sans aucune preuve
crédible à l'appui, sans tenir compte non plus des
différences connues dans les tendances du vote et
de la lenteur avec laquelle les résultats sont
généralement transmis des zones urbaines et des
zones rurales les plus reculées du pays où le
soutien à Morales est traditionnellement fort.
Evo Morales a déclaré en entrevue le 24 octobre
qu'historiquement, à l'époque coloniale, les
mouvements indigènes étaient menacés
d'extermination, et que « lorsque les élections
reviennent, ils ne reconnaissent plus les
mouvements indigènes comme par le passé, alors
nous voyons l'histoire se répéter ». Il a dénoncé
le fait que Mesa et d'autres responsables
politiques d'extrême droite étaient à l'origine de
la haine, du mépris et de la discrimination en
présumant ignorer le vote en milieu rural et en
appelant la population à se mobiliser contre les
résultats favorables au MAS. Indien aymara
originaire des hauts plateaux boliviens, en 2006
Evo est devenu le premier président autochtone du
pays et a remporté deux autres élections après
cela. Son objectif dans un quatrième mandat était
d'approfondir les transformations sociales et
économiques entamées depuis son entrée en
fonction.
Avant et après l'annonce des résultats, le chef
de l'opposition, Carlos Mesa, et d'autres membres
de l'oligarchie bolivienne et de riches hommes
d'affaires, basés pour la plupart dans la région
de Santa Cruz, ont tenté de concrétiser leur coup
d'État. Suivant le modèle établi par d'autres
forces de soutenues par de l'étranger au Venezuela
et au Nicaragua, ils ont incendié sept bureaux
électoraux régionaux, se sont livrés à d'autres
actes de vandalisme et de violence à différents
endroits au pays et ont appelé les forces
militaires et policières à se mutiner.
Pour déjouer les forces du coup d'État et éviter
les effusions de sang, Evo et le MAS ont
finalement accepté que l'OÉA effectue un examen
technique des résultats et s'engagent à respecter
ses recommandations, y compris l'appel à un second
tour de scrutin fondé sur ses résultats si
nécessaire.
L'ingérence du Canada
Bien avant que l'OÉA n'ait effectué son examen,
le 29 octobre, le Canada a cité les « graves
irrégularités » évoquées dans les « conclusions
préliminaires » de la mission d'observation de
l'OÉA, notamment « que le processus électoral
n'était pas conforme aux normes internationales ».
Il déclarait un « sérieux doute sur la légitimité
des résultats » qui rendait impossible
l'acceptation du vote dans les circonstances
données. Il a ensuite rejoint les États-Unis et
une poignée d'autres gouvernements du Groupe de
Lima et de l'Union européenne en appelant
illégitimement à un second tour d'élections, alors
que les autorités électorales boliviennes avait
déclaré Evo élu conformément à la loi électorale
du pays. Le Groupe de Lima apportait ainsi un
soutien à l'ingérence électorale de l'OÉA, qui
avait déclaré précédemment que même si, après la
comptabilisation de 100 % des suffrages et une
marge dépassant le seuil de 10 points, il était
toujours souhaitable de convoquer une deuxième
tour de scrutin en raison du « contexte et des
problèmes mis en évidence dans ce processus
électoral ».
Ainsi, le Canada, le parangon autoproclamé de la
« démocratie » et de l'« ordre international fondé
sur des règles », montre à nouveau son hypocrisie
en participant avec les États-Unis et d'autres
gouvernements serviles du Groupe de Lima à
l'ingérence de l'OÉA contre des gouvernements à
l'esprit indépendant, sujets à la déstabilisation
et au changement de régime par l'impérialisme
américain.
En revanche, lors d'une séance du Conseil
permanent de l'OÉA réunie le 24 octobre pour
examiner la situation en Bolivie, la représentante
du Mexique, Luz Elena Baños, a évoqué le manque
évident d'impartialité de la mission électorale de
l'OÉA : « Nous demandons le respect des processus
souverains et condamnons les affirmations
fallacieuses de certains États membres de cette
organisation qui, bien que leur pays soit en proie
à de grands bouleversements sociaux et politiques,
veulent être les juges et les observateurs de la
démocratie dans les autres pays de la région. Nous
appelons au respect de la souveraineté et de
l'institutionnalité de l'État plurinational [de la
Bolivie] et demandons que l'OÉA ne devienne pas un
organisme d'accréditation des processus politiques
et des gouvernements. » Elle a ajouté que le
Mexique souhaitait que les élections en Bolivie se
déroulent conformément aux lois en vigueur, sans
ingérence extérieure.
(TeleSUR, ABI, Orinoco
Tribune, Al Jazeera. Photos : ABI, AVN)
Cet article est paru dans
Volume 49 Numéro 27 - 10 novembre 2019
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