Ne touchez pas à l'Iran!
Les États-Unis menacent l'Iran
d'étranglement économique, d'agression et de guerre
Une délégation de militants
américains contre la guerre en visite en Iran en mars devant le
musée de la paix de Téhéran.
Le 8 mai 2019, l'Iran a annoncé qu'il
cesserait ses exportations d'uranium excédentaire et d'eau
lourde et a donné 60 jours aux pays restant parties
à l'accord (l'Allemagne, la Chine, la France, la Grande-Bretagne
et la Russie) pour prendre des mesures concrètes pour
protéger les intérêts de l'Iran face aux sanctions
américaines.
Face à l'abrogation unilatérale de
l'accord par les États-Unis l'année dernière et
devant l'intensification des sanctions américaines, l'Iran a
déclaré qu'il devait prendre des mesures concrètes
pour protéger ses intérêts. Une des mesures prises
par les États-Unis a été de révoquer les
dérogations qui avaient permis à certains pays de
continuer à
acheter du pétrole iranien, une mesure rejetée par les
cinq membres restants qui ont signé le plan d'action global
conjoint (PAGC) - le nom officiel de l'accord international
de 2015 sur le programme nucléaire iranien.
En réaction, les ministres des Affaires
étrangères de la France, de l'Allemagne et du Royaume-Uni
et la haute représentante de l'UE pour la politique
étrangère, Federica Mogherini, ont publié une
déclaration commune dans laquelle ils rejettent le délai
fixé par l'Iran, tout en réitérant leur
attachement à la mise en oeuvre de l'accord
nucléaire.
Le ministre iranien des Affaires
étrangères Mohammad Javad Zarif a critiqué la
déclaration de l'UE et affirmé qu'il était injuste
d'exiger que l'Iran respecte unilatéralement un accord
multilatéral qui a déjà été
abrogé par les États-Unis. Le 8 mai, le
vice-ministre des Affaires étrangères iranien, Abbas
Araghchi, a déclaré dans une
entrevue : « Nous n'avons pas encore quitté le PAGC,
mais nous avons mis un tel geste à notre ordre du jour et cela
se fera étape par étape. »
« Aucun pays ne peut accuser l'Iran de violer ou
de quitter l'accord nucléaire », a souligné le
ministre. Il a ajouté que toutes les mesures prises par son pays
jusqu'à présent, y compris celle-ci, s'inscrivaient dans
le cadre de l'accord.
Le 10 mai, la Force aérienne des
États-Unis a reconnu que les bombardiers B-52H Stratofortress
dont la Maison-Blanche avait ordonné le déploiement dans
le golfe Persique pour contrer les menaces indéterminées
de l'Iran étaient arrivés à la Base
aérienne Al Oudeid au Qatar la nuit précédente. Le
Commandement central des Forces
aériennes des États-Unis a publié des photos pour
le confirmer. Trump a dit que l'Iran avait été «
très menaçant ».
« Nous disposons d'informations, vous ne pouvez
même pas imaginer. Ils étaient très
menaçants, et nous voulons juste avoir - nous devons avoir une
grande sécurité pour ce pays », a
déclaré Trump.
Le 12 mai, invoquant une « menace
crédible » de la part de l'Iran, le conseiller
à la sécurité nationale des États-Unis,
John Bolton, a annoncé le déploiement d'un groupe
d'attaque aéronaval américain au Moyen-Orient,
Les États-Unis veulent provoquer une
confrontation avec l'Iran
« Les États-Unis avancent dangereusement
vers ce qui semble être une tentative
délibérée de provoquer une guerre avec l'Iran,
apparemment sur la base de renseignements de menace fournis par
Israël », écrit Philip Giraldi, ancien
spécialiste de la lutte contre le terrorisme aux
États-Unis et officier du renseignement militaire de la CIA
dans un article publié le 9 mai.
« Les affirmations du conseiller à la
sécurité nationale, John Bolton, et du secrétaire
d'État, Mike Pompeo, selon lesquelles il existe des preuves
solides des intentions de l'Iran d'attaquer les forces
américaines dans la région du golfe Persique sont presque
certainement une fabrication, sans doute
délibérément inventée par Bolton et
compagnie
en collaboration avec le premier ministre Benyamin
Netanyahou », écrit-il.
« Elle servira à justifier l'envoi de
bombardiers et de ressources aériennes et navales
supplémentaires pour faire face à toute tentative de
Téhéran de maintenir ses exportations de pétrole,
qui ont été bloquées par Washington la semaine
dernière. Si la marine américaine tente d'arraisonner des
navires transportant du pétrole iranien, elle
provoquera sans aucun doute, et à juste titre, une
réaction violente de la part de l'Iran, ce qui est
précisément ce que cherchent Bolton, Pompeo et
Netanyahou », dit-il.
Scott Bennett, un ancien officier de guerre
psychologique militaire américain et commentateur politique des
États-Unis, a également déclaré que la CIA
et le Mossad d'Israël confondent et déforment les
renseignements pour pousser les États-Unis dans un conflit
militaire avec l'Iran.
Les contradiction entre les États-Unis et
l'Union européenne au sujet des sanctions et du recours à
la force
Le 13 mai, les ministres des Affaires
étrangères de la France, de l'Allemagne et du Royaume-Uni
se sont réunis au siège de l'UE à Bruxelles pour
discuter de l'annonce de l'Iran. La haute représentante de l'UE
pour la politique étrangère, Federica Mogherini,
était également présente. Avant la rencontre,
Federica Mogherini a déclaré aux
journalistes : « Nous continuerons à le soutenir [le
PAGC] autant que nous pouvons avec tous nos moyens et toute notre
volonté politique. »
Le secrétaire d'État des
États-Unis, Mike Pompeo, a annulé sa visite à
Moscou pour se rendre à Bruxelles où il a tenu des
réunions bilatérales afin de partager des
prétendus renseignements sur l'Iran avec le ministre des
Affaires étrangères du Royaume-Uni, Jeremy Hunt, le
ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, et
le ministre
français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le
Drian. Mike Pompeo a également rencontré le
secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, et
Federica Mogherini. La position des États-Unis est d'exercer
« le plus de pression possible » sur l'Iran et la
menace du recours à la force est clairement exprimée par
les déploiements militaires dans
la région.
Le représentant spécial des
États-Unis pour l'Iran, Brian Hook, a déclaré que
Mike Pompeo « a partagé des informations et des
renseignements avec nos alliés et a discuté des multiples
vecteurs de complot qui émergent de l'Iran ». Mike
Pompeo a également pu discuter du Venezuela, de l'Ukraine, de la
Syrie, de la Libye et des «
questions relatives à l'OTAN ».
Cependant, les reportages sur les réunions
du 13 mai indiquent que les États-Unis n'ont pas
réussi à convaincre les pays de l'UE d'appuyer leur
menace de recours à la force militaire, ni même le
renforcement de leur régime de sanctions. Après sa
rencontre avec Mike Pompeo, Federica Mogherini a indiqué que
« l'attitude la plus
responsable à prendre devrait être celle de la retenue
maximale et d'éviter toute escalade du côté
militaire ».
« Nous sommes très inquiets face au risque
qu'un conflit éclate par accident, à la suite une
escalade involontaire de part et d'autre », a
déclaré le secrétaire d'État des Affaires
étrangères britannique, Jeremy Hunt. « Ce dont nous
avons besoin, c'est d'une période de calme pour que tout le
monde comprenne ce que pense l'autre partie.
Avant tout, nous devons nous assurer de ne pas remettre l'Iran sur la
voie de la renucléarisation. »
Le ministre allemand des Affaires
étrangères, Heiko Maas, a déclaré à
propos de sa rencontre avec Mike Pompeo : « J'ai une fois de
plus clairement fait savoir que nous sommes préoccupés
par l'évolution et les tensions dans la
région. » Il a ajouté que « Nous ne
voulons pas que la situation évolue vers une escalade
militaire ». Pour sa part, le ministre français des
Affaires étrangères ,Jean-Yves Le Drian, a
déclaré que la décision des États-Unis
d'aggraver les sanctions contre l'Iran « ne nous plaît
pas ».
Cet article est paru dans
Volume 49
Numéro 20 - 25 mai 2019
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d'étranglement économique, d'agression et de guerre
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