Le mouvement antiguerre continue d'exiger la fermeture des bases américaines en Grande-Bretagne
- Workers' Weekly -
Depuis la
Deuxième Guerre mondiale, les États-Unis maintiennent
toujours
cinq grandes bases de l'armée de l'air en Grande-Bretagne, soit
à Fairfield, Molesworth, Alconbury, Lakenheath et Mildenhall[1], malgré l'opposition massive du
mouvement antiguerre pendant des
décennies qui a mené à la fermeture de nombreuses
bases américaines, y compris celle de Greenham Common. Greenham
Common est redevenu un parc public en 1997.
En 2015, le commandement européen des
États-Unis (EUCOM) a annoncé son intention de fermer la
base de Mildenhall dans le cadre d'un examen militaire prévoyant
la fermeture de 14 autres bases européennes, y compris les bases
de la Royal Air Force (RAF) à Alconbury et Molesworth, Des
milliers d'employés américains seront
ainsi mutés vers d'autres bases en Grande-Bretagne et en
Allemagne. Or, en 2017, Rick Fryer, chef de l'escadron de la RAF
à Mildenhall, a annoncé : « Le
ministère de la Défense a été
informé que le dessaisissement complet de Mildenhall et de la
RAF à Alconbury/Molesworth ne se fera pas
avant 2024. » Un rapport
de la Campagne pour le désarmement du Yorkshire[2] souligne que
l'édition du 17 avril 2017 de Stars and Stripes
(un journal du département américain de la
Défense) indiquait que le climat politique et militaire avait
changé depuis la décision prise il y a deux ans par
l'administration du président Obama et que le plan
était révisé sous le président Trump.
Les cinq principales bases des forces de l'air
américaines en Grande-Bretagne.
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Au cours des dernières années
également, en plus de leurs bases aériennes, les
États-Unis ont élargi et construit leurs bases de «
renseignement »[3]
à : RAF Croughton ; Morwentsow (Bude), base commune
avec le GCHQ ; RAF Digby ; RAF Fylingdales ; et la
RAF Menwith Hill dans le North Yorkshire, lien clé des
programmes américains de « défense » des
missiles et de drones impliqués dans des assassinats
extraterritoriaux dans le monde entier. Le commandant britannique des
drones est la RAF Waddington à Lincoln. Menwith Hill et les
autres bases de « renseignement »
américaines sont devenues encore plus importantes avec la revue
de la défense antimissile, dévoilée par Trump en
janvier dernier au Pentagone[4].
On y annonçait une mise à niveau majeure des
systèmes de défense terrestre et maritime, ainsi que le
développement d'une couche de capteurs satellites en
orbite basse qui permettraient de suivre de nouveaux types de missiles
de croisière et de véhicules hypersoniques à
glissement.
En juin 2017, Trump a fait la une des journaux en
retirant les États-Unis de l'Accord de Paris sur le climat.
Parallèlement, il a également été
signalé que les États-Unis avaient déployé
pour la première fois dans l'histoire à la base de la
Royal Air Force de Fairford l'ensemble de leurs bombardiers
stratégiques en
Grande-Bretagne.[5] Deux
bombardiers furtifs B-2, trois avions B-52H Stratofortress et trois
lanceurs B-1B ont été exposés au spectacle
aérien de Fairford cette année-là.
La base de RAF Lakenheath, la plus grande base de
l'armée de l'air des États-Unis en Grande-Bretagne,
où, selon les rapports, auraient été
entreposées environ 30 armes nucléaires
en 2003, héberge aujourd'hui la 48e escadre de
chasseurs et soutient trois escadrons prêts au combat, les avions
de chasse F-15E Strike Eagle et
les F-15C Eagle. Deux escadrons d'avions américains F-35 (48 au
total) y arriveront d'ici 2020. Ils seront les premiers
déployés en Europe. Ces escadrons jouent un rôle
depuis 2001 dans le cadre de missions de combat et de soutien au
combat dans des opérations en Afghanistan, en Irak, en Libye, en
Syrie et au Moyen-Orient.
Il convient également de noter que la
Grande-Bretagne aide les États-Unis à maintenir certaines
de leurs 800 bases militaires à l'étranger -
certaines conjointement, comme à l'île de l'Ascension - et
continue de louer aux États-Unis des bases militaires
stratégiques dont elle s'est emparée à
l'étranger, telles que la base de Diego Garcia dans
les îles Chagos. Le gouvernement britannique a commis ce crime
international en 1965 lorsqu'il a été contraint de
décoloniser Maurice mais a gardé les îles Chagos, a
expulsé la population et a livré Diego Garcia aux
États-Unis pour établir une base militaire qu'ils
occupaient encore à ce jour. À présent, le
gouvernement britannique fait fi
des instructions du plus haut tribunal des Nations unies en 2019
de mener à terme le processus de décolonisation et de
remettre les îles Chagos à Maurice et aux personnes
expulsées. Il a également été
annoncé que Gibraltar, qui est actuellement une base de la
marine britannique, deviendra une « base militaire
stratégique »[6]
clé pour les États-Unis.
Aujourd'hui, le mouvement antiguerre contre les bases
américaines s'inspire de la lutte héroïque contre
les missiles de croisière américains de Greenham Common
dans les années 80 et de ceux qui se battent aujourd'hui
contre les armes nucléaires, qui luttent contre les bases
d'espionnage américaines de Fylingdales et Menwith Hill et de
l'ensemble du mouvement antiguerre qui se lève pour dire «
Pas en notre nom ». La classe ouvrière et le peuple
aux côtés des peuples du monde poursuivront ce combat pour
réaliser leur aspiration à la paix. Les citoyens se sont
toujours opposés aux plans de faire de la Grande-Bretagne un
tremplin pour les interventions américaines et les
guerres à l'étranger, tout comme ils se sont
opposés aux interventions bellicistes et militaires des
gouvernements britanniques successifs à l'étranger. Faire
de la Grande-Bretagne une zone de paix signifie le
démantèlement de toutes les bases de l'armée de
l'air et d'espionnage américaines ainsi que de celles
placées sous le contrôle de la
Grande-Bretagne à l'étranger. Ces revendications sont au
coeur de la lutte pour la formation d'un gouvernement antiguerre en
Grande-Bretagne.
Camp de la paix à Mildenhall
Notes
1. Diverses sources : «
U.S. Military Bases in the
UK »,Yorkshire Campaign for Nuclear Disarmament, 24
octobre 2018; militarybases.com; « UK RAF Stations
Map »,"Royal Air
Force Website, 2019; « RAF Fairford », A Guide to
Military Airshows in the
UK; www.aeroresource.co.uk
2. Campagne contre le
désarmement du Yorkshire
3. « U.S./UK Spy and
Communications Bases in the UK », Yorkshire Campaign for
Nuclear Disarmament, 26 octobre 2018
4. « Trump announces huge
expansion of U.S. missile defense system », Julian Borger, Guardian, 17
janvier 2019
5. Campagne contre le
désarmement du Yorkshire
6. « Why Gibraltar Matters
to The British Military », Forces Network, 31
octobre 2018 ; « Gibraltar wins with Brexit :
London to make the Rock a strategic military base », Simon
Osborne, Express, 28 février 2018 ;
« Gibraltar's vital role for the U.S.
Navy's operations is underlined », MercoPress, 26
février 2015
À titre d'information
En 2014, à l'occasion du 70e
anniversaire de l'établissement des bases américaines en
Grande-Bretagne, Seumas Milne a écrit un article pour le Guardian,
reproduit
par
la
Coalition
Stop
the War alors présidée
par Jeremy Corbyn, intitulé « Après 70 ans de
troupes américaines en Grande-Bretagne, il est temps de les
retourner chez elles et de fermer les bases ». L'auteur fait
remarquer que « les gouvernements successifs ont
hypothéqué la sécurité et
l'indépendance de la Grande-Bretagne à une puissance
étrangère - et mis ses forces armées, son
territoire et ses armes à la disposition d'un système de
domination mondiale ».
Cet article est paru dans
Volume 49 Numéro 20 - 25 mai 2019
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