Pour des relations de nation à
nation et la fin du
génocide des peuples autochtones
Journée nationale d'action le 27 mai
Les chefs des Premières Nations des
Traités 6, 7 et 8 organisent une journée
d'action le 27 mai pour s'opposer aux attaques
génocidaires contre les peuples autochtones suite aux actions
régionales qui ont déjà eu lieu.
Une des formes que prennent ces attaques est le projet
de loi C-92 du gouvernement Trudeau qui restructure le système
de protection de l'enfance autochtone. Le projet de loi est
actuellement devant le Comité sénatorial permanent des
peuples autochtones, qui a déposé son rapport le 13
mai.
Le projet de loi C-92 est
présenté comme
un moyen de lutter contre la surreprésentation des enfants des
Premières Nations, des Métis et des Inuits dans le
placement familial en confiant le contrôle des services aux
gouvernements autochtones. Toutefois, les chefs des Premières
Nations de la Colombie-Britannique, de l'Alberta, de la
Saskatchewan et de l'Ontario affirment que le projet de loi ne respecte
ni la souveraineté des Premières Nations, ni les
générations futures. Un des problèmes, disent-ils,
est que le financement prévu par la nouvelle législation
sera toujours accordé aux provinces plutôt qu'aux
Premières Nations.
« Tant que les provinces ne seront pas exclues du
processus, rien ne changera, a déclaré le chef Craig
Makinow de la nation crie d'Ermineskin, au sud d'Edmonton. Cela devrait
être un processus bilatéral avec le gouvernement
fédéral, et la province ne devrait absolument pas
participer à la rédaction de ce projet de loi. »
Manifestation contre le projet de loi C-92 à Winnipeg,
le 10 mai 2019
Dans le même ordre d'idées, le
réseau APTN a publié le 16 mai une vidéo
de 2012 mettant en lumière le problème des abus
sexuels subis par les jeunes, en particulier les filles autochtones,
dans le cadre du système de placement familial. La vidéo
montre un officier de la Gendarmerie royale du Canada interrogeant une
jeune
femme autochtone qui lui confie avoir été victime d'abus
sexuel dans un foyer d'accueil en Colombie-Britannique. Dans la
vidéo, on peut entendre la policière lui poser des
questions, notamment pour savoir si elle était «
allumée [...] même un petit peu » au cours de
l'abus qu'elle décrit.
Au moins 109 filles ont été victimes
de violence sexuelle pendant leur placement en famille d'accueil,
dont 74 autochtones, selon un rapport de 2016 de la
représentante de l'enfance et de la jeunesse de la
Colombie-Britannique, Mary Ellen Turpel-Lafond. Le cas de l'adolescente
dans la vidéo de 2012 publiée par
APTN était parmi eux. Après la sortie de la vidéo,
madame Turpel-Lafond a précisé que la vidéo
était loin d'être un cas isolé, soulignant que les
politiciens provinciaux et fédéraux savaient bien que
cette question posait « des problèmes majeurs »
depuis un certain temps.
« La façon odieuse dont cette jeune
personne a été traitée, seule dans une salle
d'interrogatoire, traitée comme une criminelle, pas une victime,
et aussi la formation médiocre de l'intervenante, la suggestion
que la victime de violence sexuelle prend plaisir à la violence
sexualisée, est fondamentalement offensante, mais c'est une
tendance que j'ai
vue encore et encore », a-t-elle déclaré.
Livre blanc 2.0 de Trudeau
Rassemblement devant le lieu où se tient la conférence
politique de l'Assemblée des
Premières Nations,
le 1er mai 2019, pour demander que l'Assemblée
mobilise les peuples autochtones dans toute discussion et
décision sur
quelque loi proposée par le gouvernement fédéral
qui a un impact sur leurs droits
La Journée nationale d'action convoquée
pour le 27 mai et les événements régionaux
connexes s'opposent également à ce que l'on a
appelé le « Livre blanc 2.0 de Trudeau ».
Cela inclut le projet de loi C-86, un projet de loi omnibus portant
exécution du budget qui contient des modifications à des
lois, notamment la Loi
sur la gestion des terres des Premières Nations et la
Loi sur la gestion financière des Premières Nations.
Avec ces changements, le gouvernement présente des plans pour
remplacer les politiques relatives aux traités modernes
(qu'il appelle revendications globales) et à
l'autonomie gouvernementale (qu'il appelle politique
des droits inhérents). En raison de l'opposition exprimée
par les chefs des Premières Nations, la ministre des Relations
entre la Couronne et les peuples autochtones, Carolyn Bennett, a
renoncé à introduire ces changements, qui constituent une
violation flagrante des droits ancestraux de tous les peuples
autochtones, d'ici à juin.
APTN News rapporte :
« Le Canada ne
présentera pas encore de
nouvelles politiques sur les revendications territoriales globales et
les droits inhérents, a déclaré Carolyn Bennett,
Relations entre la Couronne et les peuples autochtones, à
l'Assemblée des Premières Nations (APN) » le 2
mai.
« L'annonce intervient un jour après que
des centaines de citoyens, de chefs et d'aînés se soient
rassemblés dans un forum politique de l'APN pour exiger leur
participation à toute modification des politiques
fédérales ayant une incidence sur leurs droits.
« Les manifestants ont condamné
l'échéance de juin, date à laquelle le
gouvernement avait précédemment indiqué à
certaines Premières Nations qu'il souhaitait que les deux
politiques clés soient remplacées.
« La politique des revendications globales
s'applique aux cas où les traités ne comprennent pas les
droits et les titres autochtones, alors que la politique des droits
inhérents traite du droit des peuples autochtones de se
gouverner eux-mêmes dans leurs propres communautés et
nations. »
En référence à l'annonce de la
ministre Bennett, un autre rapport d'APTN indique :
« Elle a annoncé que les libéraux
publieront plutôt une directive du Cabinet à l'intention
des fonctionnaires fédéraux d'ici la fin juin, 'dans
laquelle nous ferions en sorte que la cession, la reddition et
l'extinction ne fassent plus partie de la conversation sur la voie de
l'autodétermination'.
« Elle a déclaré que la directive
respecterait la Déclaration des Nations unies sur les droits des
peuples autochtones et que le gouvernement soutiendrait un processus
'dirigé par les détenteurs des droits et des
traités autochtones [...] pour élaborer conjointement des
politiques fondées sur les droits susceptibles de remplacer la
politique globale des
revendications territoriales et la politique sur les droits
inhérents'. »
Okimaw Henry Lewis, chef de la nation crie d'Onion Lake
à la frontière entre la Saskatchewan et l'Alberta, a
déclaré à propos de la journée nationale de
protestation et des manifestations régionales : «
Nous travaillons avec un réseau de chefs de nations à
travers le pays pour alerter notre peuple à ce qui se passe et
pour dire au
gouvernement qu'ils ne peuvent pas continuer de procéder
unilatéralement à l'élaboration de politiques et
d'agendas législatifs qui attaquent directement nos droits
inhérents et issus de traités, ainsi que notre
compétence souveraine. »
Lewis a mis les choses au
clair : « Le Canada n'a jamais cessé d'essayer de
mettre en oeuvre la politique du Livre blanc de 1969, qui vise à
régulariser nos traités internationaux, à nous
transformer en municipalités et à nous expulser de nos
terres », ajoutant : « En tant que chefs et
peuples, nous devons faire front commun pour combattre cet ordre du
jour au
profit de nos enfants et des générations
futures. »
Cela est d'autant plus vrai compte tenu de l'ironie
qu'aujourd'hui l'autorité des municipalités est
réduite à néant, de sorte qu'elles n'ont plus leur
mot à dire sur les questions qui relèvent actuellement de
leur compétence.
Le premier Livre blanc présenté
en 1969 par le premier ministre de l'époque, Pierre
Trudeau, et son ministre de la Justice, Jean Chrétien, visait
à abolir la Loi sur les Indiens au nom de grands
idéaux mais en réalité pour supprimer le droit
ancestral. Les peuples autochtones considèrent à la Loi
sur
les
Indiens comme un
texte de loi raciste abominable qui maintient les relations coloniales
et donne la souveraineté à la Couronne. Ils
réclament à juste titre des relations de nation à
nation qui tiennent le Canada et les provinces pleinement redevables
pour les crimes de génocide commis contre eux de manière
qui permette de réparer tous les abus que les peuples
autochtones ont subis et subissent encore. Le plan du Canada est de
désarticuler l'opposition des peuples autochtones de telle sorte
que les intérêts supranationaux privés
étroits qui ont usurpé le pouvoir de l'État
puissent obtenir un faux consentement d'intérêts
privés prétendant représenter les Premières
Nations et le consentement de ceux qui
représentent la Couronne dans des réserves
établies sur des « terres de la Couronne ».
Mais quelles que soient les fraudes que les gouvernements tentent de
commettre, les droits ne peuvent en aucun cas être
cédés, retirés ou perdus. Ils appartiennent en
droit à leur titulaire et sont fondés sur l'être du
titulaire.
Selon CBC News, dans un courriel, « des
représentants des relations entre la Couronne et les peuples
autochtones et Affaires du Nord Canada ont déclaré que le
gouvernement poursuivait ses efforts pour la reconnaissance et la mise
en oeuvre des droits des peuples autochtones et la voie de
l'autodétermination en partenariat étroit avec les
détenteurs des droits des Premières Nations, des
Métis et des Inuits.
« Nos partenaires des Premières Nations ont
clairement indiqué que les politiques sur les revendications
globales, les revendications particulières et les droits
inhérents constituent des obstacles majeurs à l'exercice
par les communautés de leurs droits inhérents à
l'autodétermination, y compris l'autonomie
gouvernementale », indique le
communiqué.
« Nous sommes d'accord. C'est pourquoi nous
travaillons en partenariat étroit avec les partenaires des
Premières Nations pour remplacer ces politiques, en fonction des
échéanciers et des processus conçus par les
Premières Nations. »
Le courriel indiquait également que
l'Assemblée des Premières Nations avait
élaboré une proposition relative à un processus
dirigé par les Premières Nations et que le gouvernement
collaborait avec le groupe pour l'aider à la mettre en oeuvre, a
rapporté CBC.
Bien entendu, cela ne tient pas compte du fait que
l'Assemblée des Premières Nations reçoit la
majeure partie de son financement des gouvernements
fédéral et provinciaux et qu'elle leur est redevable.
Elle ne parle pas au nom des détenteurs de titres
autochtones selon le droit héréditaire. En dépit
de la constitution actuelle qui confère la souveraineté
à la reine d'Angleterre et non au peuple canadien, aucun
gouvernement du Canada ne
parviendra à obtenir l'approbation du vol de territoires
autochtones.
Cet article est paru dans
Volume 49 Numéro 20 - 25 mai 2019
Lien de l'article:
Pour des relations de nation à
nation et la fin du : Journée nationale d'action le 27 mai
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