Des manifestations massives en opposition aux compressions budgétaires du gouvernement Bolsonaro en éducation


Au moins 250 000 personnes ont manifesté dans les rues de Sao Paulo contre les coupures à l'éducation le 15 mai 2019.

Le mercredi 15 mai ont eu lieu partout au Brésil des manifestations massives contre les coupures de budget touchant à l'enseignement supérieur et de base annoncées le 30 avril par le gouvernement du président Jair Bolsonaro. Selon les médias, des manifestations faisant partie de ce qu'on a appelé le Tsunami pour l'éducation (#TsunamiDaEducacao) ont été organisées dans 27 États de la république dans près de 200 villes. On évalue la participation au niveau national à entre un et deux millions de personnes. À Sao Paolo et Belo Horizante, au moins 250 000 personnes ont marché, et le chiffre serait de 200 000 à Rio de Janeiro et de 100 000 à Fortaleza. Les cours ont été suspendus pour la journée dans toutes les universités fédérales et tous les collèges du pays.

Les manifestations étaient organisées par l'Union nationale des étudiants (UNE) et l'Union brésilienne des étudiants du secondaire (Ubes), ainsi que par des enseignants, des travailleurs de l'éducation, des associations de doyens, des syndicats et d'autres mouvements. Marianna Dias, présidente de l'UNE, a dit que le 15 mai avait été une « journée historique » et une « victoire » et qu'on s'en souviendrait comme de « l'une des plus grandes manifestations » de l'histoire récente du Brésil, selon Brasil Fato.

L'offensive du gouvernement contre l'éducation publique

Le 30 avril, le ministre de l'Éducation a annoncé des compressions budgétaires à tous les niveaux de l'éducation publique et que 30 % des budgets d'universités financés par le fédéral seraient amputés, avec des répercussions dans des secteurs tels les services d'entretien et de sécurité, les travaux de construction, l'approvisionnement de services, ainsi que l'eau, l'électricité, le téléphone et l'internet. Les dépenses jugées obligatoires sont protégées des compressions par des projets de lois.

Dans un sondage mené par l'Association nationale brésilienne des directeurs des institutions fédérales d'éducation supérieure, il est dit que la moitié des universités fédérales du pays écoperont de compressions supérieures à 30 %. Au moins deux d'entre elles subiront des coupures de 50 % et d'autres de 40 % et plus, selon le sondage.


« Vous ne nous ferez pas taire ! »

Réagissant au vaste mouvement d'opposition provoqué par les compressions, le ministre de l'Éducation a tenté de se rétracter en disant qu'il ne s'agissait pas de coupures, mais seulement de « contingentements » faisant partie du plan d'austérité du gouvernement. Tout le financement sera renouvelé, a-t-il dit, à condition que l'économie connaisse une croissance. Plusieurs ont dénoncé cette façon de faire comme étant du chantage pour tenter de gagner de l'appui à l'ordre du jour répressif du gouvernement.

En plus de dénoncer les compressions en éducation, les marcheurs du 15 mai ont dénoncé le vol prévu des régimes de retraite des travailleurs advenant l'adoption de la réforme néolibérale de Bolsonaro. Ce dernier, ainsi que son ministre de l'Économie formé aux États-Unis, Paulo Guedes, tentent fébrilement de faire adopter cette réforme au Congrès, ce que les législateurs ont jusqu'ici refusé de faire, faisant réagir Guedes qui a menacé de faire ses valises et de quitter le pays si jamais les réformes étaient diluées. Une autre revendication défendue par les manifestants est que l'ancien président Lula, qui est toujours incarcéré comme prisonnier politique, soit libéré.

Faisant preuve de mépris pour les masses de la jeunesse brésilienne qui étaient descendues dans la rue partout au pays à la défense du droit à l'éducation, Bolsonaro a dit : « La majorité de ces jeunes sont des militants. Si vous leur demandez quelle est la formule de l'eau, ils ne sauront vous répondre. C'est une bande d'idiots utiles, une bande d'abrutis qui servent de pions à une minorité de malins qui forment le noyau de plusieurs universités fédérales au Brésil. »

Le même jour, posant un autre geste de représailles, il a imposé un décret accordant à ses administrations de nouveaux pouvoirs leur permettant de contrôler la sélection des cadres supérieurs dans les universités publiques, qui sont actuellement nommés ou élus par leurs communautés académiques. Par cette mesure, il met fin à une tradition de longue date d'autonomie des universités. Le décret, qui entre en vigueur le 25 juillet, stipule que le président, ou ses délégués, ont l'autorité de nommer des doyens et les présidents de ces institutions. Il exige aussi que l'Agence de renseignement brésilien fasse enquête sur les antécédents des candidats. Puisque quiconque a été impliqué dans des activités illégales se voit déjà interdit en vertu de lois existantes d'accepter un poste universitaire, l'inquiétude partagée par plusieurs est que l'enquête portera sur les engagements politiques des candidats ou sur le fait qu'ils soient membres de mouvements sociaux et de syndicats. Bolsonaro a déjà ouvertement déclaré qu'il jugeait que les matières comme la sociologie et la philosophie sont « communistes » et la cible de compressions budgétaires.

Appels à de nouvelles manifestations le 30 mai


Feirade de Santana

En raison de la réponse massive à leur appel à la manifestation du 15 mai, les mêmes associations étudiantes, avec la participation de l'Association nationale des étudiants diplômés (ANED), ont lancé l'appel à une Deuxième Journée nationale à la défense de l'éducation le 30 mai. Encore une fois, la principale revendication sera de rejeter les compressions budgétaires en éducation publique. La présidente de l'UNE a affirmé que la lutte étudiante ne fait que commencer et se poursuivra jusqu'à ce que les compressions soient renversées.

Brasil de Fato, Matias Cardomingo, un étudiant en maîtrise en économie et coordonnateur de l'Association des étudiants diplômés de l'université de Sao Paolo, a expliqué que les chercheurs organiseront plusieurs activités au cours des prochaines semaines pour stimuler « la relation entre le monde académique et la société » par des activités qui ne sont pas exclusivement des manifestations. Il a évoqué l'importance de créer des liens entre la défense de l'éducation publique et faire connaître au peuple les contributions des universités publiques du pays puisque les deux sont ciblés financièrement et politiquement par le gouvernement.

Porto Alegre

Florianopolis


Curitiba


Rio de Janeiro


Belo Horizonte



Porto Velho


Recife


João Pessoa


Sao Luis


Fortaleza


Belém


Chapeco


Maranhao

(Brasil de Fato, teleSUR, Brasil Wire, Vermelho, Eyes on Latin America. Photos : Brasil de Fato, UBES, Latuff, R. Lima, G. Prates, M. Cabral, Amorin, C. Garcia)


Cet article est paru dans

Volume 49 Numéro 20 - 25 mai 2019

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