Défendre la souveraineté du Venezuela et l'état de droit international est une question de principe
À gauche : des agents de sécurité à
l'extérieur de l'ambassade du
Venezuela à Washington le 16 mai 2019. À
droite : des agents pénètrent
illégalement dans l'ambassade le matin du 16 mai 2019.
Le matin du 16 mai, les services secrets
américains et des agents
de sécurité spéciaux du département
d'État ont enfoncé une porte de
l'ambassade du Venezuela à Washington pour y accéder. Ils
ont arrêté
les quatre membres d'un groupe de militants qui portent le nom de
Collectif pour la protection de l'ambassade qui étaient
restés à
l'intérieur de l'édifice après que
l'électricité et l'eau aient été
coupées et la livraison de nourriture et de produits
médicaux entravée
par les autorités américaines qui les ont
assiégés. Les derniers
membres du personnel diplomatique ont quitté les lieux
le 24 avril
suite à la rupture des relations diplomatiques entre le
Venezuela et
les États-Unis.
Afin de tenter de défendre l'ambassade contre une prise de
contrôle
illégale par les forces du coup, les activistes ont
décidé de vivre et
de travailler dans l'édifice depuis le 10 avril en tant
qu'invités avec
l'autorisation expresse des propriétaires légitimes, le
gouvernement de
la République bolivarienne du Venezuela. En dépit de
cela, ils ont
été expulsés manu militari, accusé
d'intrusion et l'ambassade a
maintenant été confiée à un
représentant de l'imposteur Juan Guaido qui
s'est illégitimement autoproclamé «
président par intérim » du
Venezuela et chef d'un gouvernement fantôme parallèle que
les
États-Unis disent reconnaître.
La police attaque des activistes devant l'ambassade du Venezuela
à Washington quelques jours avant la descente du 16
mai 2019.
Anticipant les mesures que le gouvernement
américain allait
éventuellement prendre, les activistes ont émis une
déclaration le 13
mai pour expliquer le dangereux précédent que cela
créerait et comment
ils comptaient y répliquer.
Message urgent au département d'État
des États-Unis
Collectif pour la
protection de
l'ambassade, le 13 mai 2019
Nous entamons le 34e jour de notre séjour
à l'ambassade du
Venezuela à Washington. Nous sommes prêts à y
rester un autre 34 jours
et tout le temps qu'il faudra pour résoudre, de façon
pacifique et
conformément au droit international, le conflit touchant
à l'ambassade.
Ce
mémo a été envoyé aux États-Unis et
au Venezuela et
aux membres de nos collectifs et alliés. Nous invitons les gens
à le
publier puisqu'une démarche transparente est nécessaire
pour empêcher
les États-Unis de prendre une décision unilatérale
qui pourrait avoir
une incidence sur la sécurité des ambassades partout dans
le monde et
engendrer un conflit militaire.
Il y a deux façons de résoudre les
questions touchant à l'ambassade
du Venezuela dans le district de Colombia, et nous allons les expliquer.
Avant de le faire, nous voulons réitérer
que notre collectif est un
collectif d'individus et d'organisations indépendants qui n'ont
aucune
affiliation à un gouvernement quelconque. Nous sommes bien
citoyens
américains, mais nous ne sommes pas des agents des
États-Unis. Et si
nous sommes ici avec l'autorisation du gouvernement
vénézuélien,
nous ne sommes ni leurs agents ni leurs représentants.
Nous sommes à l'ambassade en toute
légalité. Nous n'enfreignons pas
la loi. Nous ne sommes pas entrés illégalement et nous ne
n'y sommes
pas par intrusion.
1. Quitter en vertu d'une Entente de pouvoir de
protection
Le départ de l'ambassade qui résout le
mieux la question à
l'avantage des États-Unis et du Venezuela est une Entente de
pouvoir de
protection. Les États-Unis veulent un Pouvoir de protection pour
leur
ambassade au Caracas et le Venezuela veut un Pouvoir de protection pour
son ambassade dans le district de Colombia. De telles ententes sont
fréquentes lorsqu'il y a eu rupture de relations diplomatiques.
Une Entente de pouvoir de protection permettrait
d'éviter un conflit
militaire qui pourrait engendrer une guerre. Une guerre au Venezuela
serait catastrophique pour le Venezuela, les États-Unis et toute
la
région. Des gens perdraient leur vie et il y aurait une
migration de
masse pour fuir le chaos et la guerre. Cela coûterait aux
États-Unis
des
billions de dollars et se transformerait en bourbier dans lequel
seraient mêlés des pays alliés du monde entier.
Nous agissons en tant que protecteurs par intérim
dans l'espoir que
les deux nations pourront négocier une résolution. Dans
ce cas, nous
enlèverons nos bannières de l'édifice, nous ferons
nos bagages et nous
quitterons sur une base volontaire. L'électricité pourra
être restaurée
et nous quitterons en auto.
Nous proposons une visite virtuelle
avec les représentants de l'ambassade pour montrer que le
Collectif
pour la protection de l'ambassade n'a pas endommagé les lieux.
Les
seuls dommages à l'édifice ont été
causés par les supporters du coup
lorsqu'ils ont commis leurs infractions impunies.
2. Les États-Unis dérogent à la
Convention de Vienne et ont procédé à une
éviction et à des arrestations illégales
Cette façon de faire déroge au droit
international et comporte
d'innombrables dangers. Il faudrait que les États-Unis coupent
les
chaînes à la porte d'entrée posées par le
personnel de l'ambassade, et
violent l'ambassade. Nous avons posé des obstacles à cet
endroit ainsi
qu'à d'autres entrées pour nous protéger des
infractions continues et
des
menaces d'intrus venant de l'extérieur de l'ambassade et que la
police
accepte. C'est suite au refus de la police de protéger
l'ambassade et
les citoyens américains qui s'y trouvent que nous avons pris ces
mesures.
En tant que Protecteurs de l'ambassade nous ne nous
barricaderons
pas et nous ne nous cacherons pas dans l'ambassade advenant que la
police entre par infraction. Nous allons nous rassembler et de
façon
pacifique nous allons affirmer notre droit de rester dans
l'édifice et
de défendre le droit international.
Tout ordre de quitter les lieux en vertu d'une demande
des
conspirateurs du coup qui n'ont aucune autorité officielle sera
sans
fondement juridique. Le coup a été un échec
à plusieurs reprises au
Venezuela. Le gouvernement élu est reconnu par les tribunaux
vénézuéliens en vertu des lois
vénézuéliennes et par les Nations unies
en vertu du droit
international. Un ordre donné par les comploteurs de coup
nommés par
les États-Unis n'a aucune valeur juridique.
Une telle infraction constituerait un danger pour les
ambassades
partout dans le monde et aux États-Unis. Nous serons inquiets
pour les
ambassades américaines et leur personnel partout dans le monde
si la
Convention de Vienne est violée dans cette ambassade. Un
dangereux
précédent serait créé et pourrait
vraisemblablement se produire contre
les ambassades américaines.
Si on procède à une éviction et des
arrestations illégales, nous
allons tenir les décideurs de la hiérarchie et tous les
agents qui
obéiront à des ordres illégaux responsables.
Si vous êtes munis d'une injonction à
l'effet que nous sommes
coupables d'intrusion et que nous devons évacuer les lieux, ayez
l'obligeance de la faire parvenir à notre avocate Mara
Verhayden-Hilliard, dont vous trouverez les coordonnées dans ce
mémo.
Nous nous sommes occupés de cette ambassade et
nous demandons une
visite virtuelle de l'édifice avant que vous ne procédiez
aux
arrestations.
Nous espérons qu'une solution calme et
réfléchie sera envisagée pour
résoudre ce problème et que nous puissions éviter
une escalade de ce
conflit.
Aucune raison n'existe pour que les États-Unis et
le Venezuela
soient des ennemis. Une résolution diplomatique de ce conflit
touchant
à l'ambassade devrait engendrer des négociations sur
d'autres questions
d'intérêt entre nations.
Manifestation à Washington le 18 mai 2019
Cet article est paru dans
Volume 49 Numéro 19 - 18 mai 2019
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