Les conditions du peuple palestinien à la veille de la 71e commémoration de la Nakba palestinienne

Au moyen de chiffres et de données historiques et actuelles, la présidente du Bureau central de statistiques palestinien, Ola Awad, a examiné la situation géographique, démographique et économique du peuple palestinien à la veille de la 71e commémoration de la Nakba palestinienne qui a eu lieu le 15 mai. Voici un aperçu de ces chiffres et données :

La Nakba : nettoyage ethnique, déplacement des Palestiniens et implantation de colons

La Nakba en Palestine décrit un processus de nettoyage ethnique par lequel une nation non armée a été détruite et sa population déplacée systématiquement par des gangs et des individus de partout dans le monde. La Nakba a causé le déplacement de 800 000 personnes sur une population de 1,4 million de Palestiniens qui ont vécu dans 1 300 villes et villages qui font partie de la Palestine historique de 1948. La majorité des Palestiniens déplacés se sont retrouvés dans les pays arabes avoisinants, en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et dans d'autres pays du monde. Aussi, des milliers de Palestiniensmqui sont restés dans les régions contrôlées par l'occupation israélienne en 1948 ont été chassés de leurs maisons et de leurs terres saisies par les occupants.

Selon les preuves documentaires, les Israéliens ont contrôlé 774 villes et villages et détruit 531 villes et villages palestiniens pendant la Nakba. Parmi les atrocités commises par les forces sionistes, il y eu plus de 70 massacres au cours desquels plus de 15 000 Palestiniens sont devenus des martyrs.

La réalité démographique : la population palestinienne a doublé neuf fois depuis la Nakba de 1948

La population de la Palestine en 1914 était d'environ 690 000 personnes dont seulement 8 % étaient des Juifs. En 1948, le nombre de Palestiniens en Palestine dépassait les 2 millions, 31,5 % étaient juifs, leur nombre ayant doublé plus de six fois au cours de cette période. De 1932 à 1939, le nombre d'immigrants juifs en Palestine a été de 225 000. Entre 1940 et 1947, plus de 93 000 Juifs ont émigré en Palestine. La Palestine a reçu près de 318 000 juifs entre 1932 et 1947 et 540 000 de 1948 à 1975.

En dépit du déplacement de plus de 800 000 Palestiniens en 1948 et du déplacement de plus de 200 000 Palestiniens (la majorité d'entre eux en Jordanie) après la guerre de 1967, la population palestinienne à l'échelle mondiale a atteint 13,1 millions à la fin de 2018, ce qui veut dire que le nombre de Palestiniens dans le monde a doublé plus de neuf fois depuis les événements de la Nakba en 1948. Plus de la moitié d'entre eux vivaient en Palestine historique vers la fin de 2018 où leur nombre a atteint 6,48 millions (1,57 millions dans les territoires occupés en 1948). Les estimés démographiques indiquent que la population de Cisjordanie à la fin de 2018, incluant Jérusalem, était de 2,95 millions et près de 1,96 millions dans la bande de Gaza. La population du Gouvernorat de Jérusalem était de près de 447 000 personnes dont approximativement 65 % (près de 281 000 personnes) vivent dans ces quartiers de Jérusalem qui ont été annexés en 1967 par les occupants israéliens, une région qu'on appelle J1. Les données montrent que les Palestiniens représentent 49 % de la population vivant en Palestine historique tandis que les Juifs 51 % de la population vers la fin de 2018. L'occupation israélienne continue de contrôler plus de 85 % de la région de la Palestine historique, qui équivaut à 27 000 kilomètres carrés, tandis que le reste de la région continue d'être soumise à des tentatives renouvelées d'usurpation et de contrôle. Il est important de noter que les Juifs en vertu du mandat britannique n'ont pris que 1682 km2 des terres historiques de la Palestine, ce qui représente 6,2 %

Le statut de réfugié palestinien


L'inscription sur le mur des bureaux de l'agence de l'ONU pour les réfugiés à Bethlehem
se lit : « La dignité n'a pas de prix ».

Selon les dossiers de l'Office de secours et de travaux des Nations unies (OSTNU) du 1er janvier 2018, le nombre total de réfugiés palestiniens était de 6,02 millions, 28,4 % desquels vivaient dans 58 camps (10 en Jordanie, 9 en Syrie, 12 au Liban, 19 en Cisjordanie et 8 dans la bande de Gaza). Les estimés laissent entendre cependant qu'il s'agit ici du nombre minimum de réfugiés puisque plusieurs d'entre eux ne sont pas enregistrés. Ce nombre ne comprend pas les Palestiniens déplacés dans la période allant de 1949 à la Guerre des Six Jours en juin 1967. La définition de réfugiés de l'OSTNU ne tient pas compte des réfugiés qui ont migré ou ont été déplacés après 1967 en raison de la guerre et qui n'étaient pas répertoriés comme réfugiés. D'autre part, le recensement de la population, du logement et des établissements de 2017 montre que les réfugiés représentaient 43 % de la population de l'État de Palestine.

Densité de population : la bande de Gaza a l'une des plus grandes densités de population au monde

La densité de population de l'État de Palestine à la fin de 2018 était de 816 individus par kilomètre carré (km2) : 522 individus par km2 en Cisjordanie et 5 375 individus par km2 dans la bande de Gaza, tenant compte que 66 % de la population totale de la bande de Gaza sont des réfugiés. L'arrivée de réfugiés a transformé la bande de Gaza en l'une des superficies démographiques les plus denses au monde. En dépit de la petite superficie du territoire de la bande de Gaza, l'occupation israélienne a installé une zone de protection sur plus de 1 500 mètres le long de la frontière Est de la bande. En conséquence, l'occupation israélienne contrôle près de 24 % de l'ensemble du territoire de la bande de Gaza (365 km2).

Siège continu de la bande de Gaza

Le siège continu de la bande de Gaza, une des régions les plus densément peuplées du monde, a engendré une augmentation marquée du chômage. Le taux de chômage y a atteint 52 %, et près de 72 % des jeunes de l'âge de 15 à 24 ans sont sans emploi. Le siège ébranle aussi l'économie de la bande de Gaza et fait en sorte que plus de la moitié de la population vit dans la pauvreté (53 %) et 11 % des familles ont recours à une source bonifiée d'eau potable dans la bande de Gaza en raison de la détérioration de la qualité de l'eau puisée dans le bassin côtier.

Plus de 100 000 martyrs depuis la Nakba de 1948


Funérailles le 31 mars 2019 pourTamir Abu Al-Khair, un des 4 jeunes tués lors
des manifestations durant le Jour de la Terre à Gaza

Le nombre de martyrs palestiniens et arabes depuis la Nakba de 1948 jusqu'à aujourd'hui (à l'intérieur et à l'extérieur de la Palestine) a atteint près de 100 000. Le nombre de martyrs tués entre le 29 septembre 2000 et le 7 mai 2019 était de 10 853. L'année la plus meurtrière a été 2014 alors que 2 240 martyrs palestiniens sont tombés, dont 2 181 étaient de la bande de Gaza. Le nombre de martyrs tués palestiniens a atteint 312 au cours de l'année 2018, dont 57 étaient des enfants et 3 des femmes. Les occupants israéliens ont aussi gardé les dépouilles de 15 martyrs.

Près de 17 000 personnes blessées depuis le début
des Marches du Retour


Jeune blessé durant la Journée de la Terre, le 30 mars 2018, alors que
débutait la Grande Marche du Retour

Le nombre de Palestiniens blessés au cours de l'année 2018 a été d'environ 29 600 personnes, et les données du ministère de la Santé indiquent que le nombre de blessés dans la bande de Gaza est de près de 16 800 depuis le début des Marches du Retour à l'occasion de la Journée de la Terre le 30 mars 2018. Il est important de noter que 136 citoyens ont subi des amputations à la suite de l'agression des forces d'occupation israélienne contre les Palestiniens lors de la Marche du Retour et des efforts pour mettre fin au siège de l'est de la bande de Gaza. Le nombre de citoyens martyrs était de 272 et, parmi eux, il y avait 54 enfants et 6 femmes et aînés, et 4 ambulanciers et 3 journalistes.

Près d'un million de détentions depuis 1967


Les occupants israéliens ont détenu environ 1 million de Palestiniens depuis 1967. Cette année, leur nombre a atteint 5 700 à la fin du mois de mars, dont 250 étaient des enfants et 47 des femmes. Depuis le début de 2018, l'occupation israélienne a entraîné l'arrestation de 6 500 Palestiniens dont 1 063 enfants et 140 femmes. En plus, depuis octobre 2015, les occupants israéliens ont imposé la détention à domicile à 300 enfants à Jérusalem. Environ 36 enfants sont toujours en détention à domicile.

Confiscation continue de terres

Les occupants israéliens ont recours à la classification des terres en vertu de l'Accord d'Oslo (A, B, C) pour resserrer le contrôle des terres palestiniennes, en particulier les régions de catégorie (C) ayant une superficie de 3 375 000 dounams. Près de 2 642 000 dounams, représentant 76 % de la superficie totale de classification (C) sont exploités directement par les occupants israéliens. La superficie classifiée (A) est d'environ un million de dounams, et la région classifiée (B) est de 1 035 000 dounams, et les régions classifiées « Autres » représentent 250 000 dounams et elles comprennent les réserves naturelles et J1 dans Jérusalem-Est, et H2 à Hébron, et des régions non classifiées. En 2018, les occupants israéliens ont confisqué 508 dounams de terres palestiniennes par l'expansion de postes de contrôle israéliens et l'établissement de postes de contrôle militaires pour protéger les colons.

L'occupation israélienne : expansion continue de colonies de peuplement

À la fin de 2017, il y avait 435 colonies d'occupation et bases militaires des occupants israéliens en Cisjordanie (dont 150 colonies de peuplement et 116 avant-postes). Selon les données, le nombre total de colons en Cisjordanie était de 653 621 à la fin de 2017, dont 306 529 (47 %) vivaient dans le Gouvernorat de Jérusalem, et 225 335 d'entre eux vivaient à Jérusalem J1. En termes démographiques, le ratio de colons vis-à-vis la population de la Cisjordanie est d'environ 23 colons pour 100 Palestiniens comparativement à 70 colons pour 100 Palestiniens dans le Gouvernorat de Jérusalem.

Le mur d'expansion et d'annexion isole plus de 12 % de la Cisjordanie. Cela a imposé des restrictions à 1,9 millions de personnes vivant dans les régions à proximité du mur et/ou des colonies de peuplement. Près de 400 000 personnes vivent dans la région « C ». Le mur d'expansion et d'annexion qui encercle la ville de Jérusalem a une longueur de 93 km et isole près de 84 km2 de la région du gouvernorat de Jérusalem, tandis que la partie incomplète du mur, qui est d'environ 46 km, va en isoler près de 68 km2.

La région juridictionnelle des colonies de peuplement imposées par l'occupation israélienne en Cisjordanie a atteint 541,5 km2 à la fin de l'année 2018, représentant environ 10 % de la Cisjordanie, et les régions confisquées pour y installer des bases militaires et pour l'entraînement militaire en représentent environ 18 %. Cela prive les agriculteurs et les éleveurs palestiniens d'un accès à leurs fermes et leurs pâturages. Les occupants israéliens mettent tout en oeuvre pour consolider le siège et restreindre l'expansion urbaine des Palestiniens, en particulier à Jérusalem et dans la région (C), en Cisjordanie, qui sont toujours sous le plein poids de l'occupation israélienne.

Le vol de terres agricoles

La superficie totale des terres répertoriées comme ayant une valeur agricole élevée ou moyenne en Cisjordanie est de 2 072 000 dounams, ce qui constitue environ 37 % de la Cisjordanie. Les Palestiniens se servent de seulement 931,500 dounams, ce qui représente environ 17 % de la région de la Cisjordanie.

La raison de la non-exploitation des terres agricoles de la Cisjordanie est que la Région C, qui représente environ 60 % de la région de la Cisjordanie, est toujours sous le coup de la pleine occupation israélienne. Celle-ci a empêché de nombreux agriculteurs d'avoir accès à leurs terres ou de pouvoir cultiver ou entretenir les terres cultivées, causant la destruction de la plupart des récoltes dans ces régions. Il y a aussi eu la destruction par bulldozer et le déracinement de 7 122 arbres au cours de 2018 par les forces d'occupation israéliennes, portant le nombre d'arbres déracinés depuis l'an 2000 jusqu'à la fin de 2018 à plus d'un million. Des milliers de dounams ont été confisqués par les colons dans le but de les cultiver, et les régions ensemencées en 2018 par les colons des peuplements israéliens étaient d'environ 110 000 dounams, et la plus grande partie était de l'agriculture irriguée.

Jérusalem : déplacement intensif et systématique des Palestiniens


Manifestation contre la destruction israélienne en juillet 2018 du village bédouin de Khan al- Amar, près de Jérusalem-Est, afin de prolonger une colonie illégale.

Les forces d'occupation israéliennes ont émis des ordres de déportation pour 12 communautés bédouines dans Jérusalem-Est, touchant près de 1 400 personnes.

En 2018, les occupants israéliens ont émis des ordres de démolition pour 546 édifices en Cisjordanie et à Jérusalem, alors que les besoins des Palestiniens en unités de logement croissaient. Selon les chiffres et les données du Recensement des conditions de logement de 2015, environ 61 % des ménages en Palestine auront besoin de nouvelles unités de logement dans la prochaine décennie. Les occupants israéliens ont démoli 471 édifices en 2018 (maisons et établissements), dont près de 46 % étaient dans la ville de Jérusalem où il y a eu 215 démolitions qui ont provoqué le déplacement forcé de 217 personnes, dont 110 enfants. Des édifices démolis, 157 étaient des édifices résidentiels et 314 des établissements. Pendant l'année 2018, l'occupation israélienne a approuvé les permis de construction pour 5 820 unités de peuplement.

Une dure réalité : 22 % de l'eau disponible en Palestine est achetée de l'entreprise israélienne des eaux « Mekorot »

Les mesures israéliennes contribuent à limiter la capacité des Palestiniens d'exploiter leurs ressources naturelles, en particulier l'eau, et les obligent à compenser le manque d'eau en achetant la quantité nécessaire à l'entreprise israélienne des eaux « Mekorot ». La quantité d'eau achetée à des fins domestiques a atteint 83 millions de mètres cubes en 2017, soit 22 % du total de 375 millions de m3, en plus des 23,5 millions de m3 d'eau provenant des sources palestiniennes, 264,5 millions de m3 des puits souterrains et 4,0 (MCM) d'eau potable dessalée.

77 % de l'eau disponible provient des eaux de surface
et des eaux souterraines

Les données ont montré que le pourcentage d'exploitation des eaux de surface et des eaux souterraines à partir des eaux disponibles en 2017 était élevé, soit une moyenne de 77 %. Il faut noter que les Palestiniens se voient refuser depuis 1967 l'accès à l'extraction d'eau du fleuve Jourdain, estimée à environ 250 millions de mètres cubes (MCM). D'autre part, la quantité d'eau pompée à partir de puits palestiniens en Cisjordanie en 2017 était de 86 MCM provenant d'un aquifère oriental, d'un aquifère occidental et d'un aquifère nord-est.

La quantité d'eau extraite de l'aquifère côtier à des fins domestiques était de 178,7 (MCM) dans la bande de Gaza en 2017, mais cette quantité est obtenue par un pompage non sécurisé qui compromet la durabilité de la source, alors que le rendement durable du bassin ne devrait pas dépasser 50-60 MCM par année. Plus de 97 % de l'eau pompée de l'aquifère côtier de la bande de Gaza ne respecte pas les normes de qualité de l'eau de l'Organisation mondiale de la santé, ce qui entraîne l'épuisement des réserves d'eaux souterraines, où le niveau des eaux souterraines dans l'aquifère côtier a atteint 19 mètres sous le niveau de la mer.

Sources

1. Bureau central de statistiques palestinien 2018 : les colonies israéliennes en Cisjordanie en 2017. Ramallah-Palestine

2. Bureau central de statistiques palestinien 2019. Estimations révisées basées sur les résultats finaux du recensement de la population, du logement et des établissements de 2017, Ramallah-Palestine.

3. Bureau central israélien de la Statistique, Résumé statistique d'Israel. Jérusalem, 2018.

4. Commission sur la colonisation et à la résistance au mur 2019 : résumé des plus importantes violations en Palestine en 2018. Ramallah-Palestine

5. Commission des affaires liées aux détenus et ex-détenus, rapport annuel, 2018.

6. Abdullah Al-Hourani Center for Studies and Documentation, violations israéliennes en 2018, Ramallah 2019.

7. Regroupement national des familles des martyrs, base de données des familles des martyrs 2019, données non publiées.

(Photos : Times of Gaza, Great Return March, Palestine Info Centre, Active Stills.)


Cet article est paru dans

Volume 49 Numéro 19 - 18 mai 2019

Lien de l'article:
Les conditions du peuple palestinien à la veille de la 71e commémoration de la Nakba palestinienne - Ola Awad, présidente du Bureau central de statistiques palestinien


    

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