Les étudiants de Johns Hopkins demandent la fin des contrats avec l'ICE et qu'il n'y ait pas de police armée sur le campus
Les étudiants de l'Université Johns
Hopkins ont organisé un sit-in d'un mois dans le bâtiment
administratif de leur campus, le Garland Hall, contre le projet de
l'université d'avoir une police armée sur le campus et
contre ses contrats avec le Service de l'immigration et de
l'application des règles douanières des États-Unis
(ICE). Ils ont
réclamé que ces contrats soient annulés alors
qu'ils arrivent à terme cette année et que l'argent que
ces contrats ont généré, environ 1,7 million
de dollars, soit versé à un fond de défense des
immigrants. Les étudiants ont fermement dénoncé la
détention des demandeurs d'asile et la criminalisation des
immigrants et exigé que l'université ne
prenne pas part à ces crimes.
Pendant ce sit-in d'un mois, la voix des
étudiants s'est fait entendre haut et fort : « Pas
de police armée sur le campus ! Non aux contrats avec
l'ICE ! »
Un organisateur du sit-in a expliqué la
situation : « Une loi de l'État très
dangereuse vient juste d'être adoptée, qui donne à
cette université, qui est un récidiviste en fait de
crimes contre les résidents de Baltimore, un pouvoir policier.
Soixante-quinze pour cent des étudiants de Johns Hopkins ont dit
qu'ils ne veulent pas de force de
police. De nombreuses associations communautaires, principalement
à Baltimore, ont aussi dit qu'elles ne veulent pas de cette
force armée.
« Cent professeurs ont aussi écrit une
lettre à l'administration dans laquelle ils disent qu'ils
veulent désarmer, désamorcer et stopper le financement de
cet instrument de recours à la force qui va être
déployé. Ils ont revendiqué d'autres solutions et
d'autre formes d'investissement et des choses comme la médiation
et des alternatives d'initiative
communautaire à cette présence policière. En tant
qu'institution de santé publique, l'Université Johns
Hopkins peut faire beaucoup mieux et sait très bien que plus de
présence policière ne veut pas dire moins de crime, et
qu'au contraire elle cause plus d'anxiété et de
préoccupations de santé publique dans les
communautés, qu'elle retire la richesse
des communautés et normalise la violence et la terreur
sanctionnées par l'État contre les personnes noires et
brunes partout aux États-Unis.
Les professeurs ont
adopté à l'unanimité une résolution en
appui aux étudiants. L'appui de la communauté a grandi
pendant le sit-in. Les organisations communautaires et les groupes
religieux ont visité les étudiants et exprimé leur
appui publiquement. Grâce à cet appui, les
étudiants ont recueilli plus de 2 700 $ pour la
nourriture et d'autres produits de première
nécessité.
Le président Ron Daniels a refusé de
rencontrer les étudiants au sujet de leurs préoccupations
à moins qu'ils ne quittent le bâtiment administratif. Loin
de quitter les lieux, les étudiants ont affiché des
tracts et installé des bannières et organisé des
réunions et d'autres événements pour informer
leurs collègues étudiants et toutes les personnes
concernées de la nécessité d'empêcher qu'une
force de police armée s'installe sur le campus et de rejeter
toute relation avec l'ICE. Ils ont établi une connexion
très claire entre l'usage de la force contre les immigrants
à la frontière avec le Mexique et l'usage de la force
contre les étudiants, en particulier les étudiants des
minorités, qui sont
régulièrement brutalisés et victimes de profilage.
La police de Baltimore est déjà connue pour le meurtre
d'Afro-Américains non armés. Les étudiants n'ont
aucun doute qu'une force de police privée armée sur le
campus, non redevable au public, va empirer les choses.
Les étudiants ont aussi parlé de la lutte
qui se mène à Baltimore pour réclamer justice pour
Tyrone West, un Afro-Américain qui a été
tué par la police de l'Université d'État Morgan en
juillet 2013. Cette université possède une force
armée privée que Johns Hopkins utilise comme
modèle pour la sienne. Les étudiants et la
communauté
savent très bien que, depuis plusieurs années, les
officiers de police des campus ont recours au profilage racial et
à la force pour traiter les incidents, y compris ceux qui
comprennent des étudiants ayant des problèmes de
santé mentale. Ce sont des conclusions qui s'imposent à
la lumière d'un incident qui s'est produit en avril lorsqu'un
couple
afro-américain, non armé et agissant de manière
entièrement conforme lors d'un contrôle routier, a
été blessé par balles par la police, dont un
officier du département de police de Yale.
Les étudiants ont aussi rejeté
l'affirmation de l'administration que la police armée va rendre
le campus plus sécuritaire. De nombreuses étudiantes ont
dit par exemple que faire enquête sur les assauts sexuels sur le
campus ferait beaucoup plus pour la sécurité des
étudiants.
L'université a aussi menacé les
étudiants de mesures disciplinaires. Elle a refusé de
mettre quoi que ce soit par écrit en rapport aux
préoccupations des étudiantes, mais elle a
accumulé
un dossier sur papier au sujet des « violations »
commises par les étudiants dans le but, comme l'a dit un
organisateur, de « prendre des mesures
disciplinaires contre les étudiants dès qu'ils
lèveront le sit-in. [...] Nous avons entendu dire que le bureau
du doyen a appelé des professeurs, surtout ceux qui sont dans
des conditions plus précaires, et les a menacés et
découragés d'appuyer le sit-in. Quiconque
pénètre dans l'espace du sit-in est repéré
et étroitement surveillé, ce qui est très alarmant
et donne crédibilité à nos préoccupations
sur ce que Hopkins ferait de sa force de police privée
armée sur le campus et dans la communauté. »
L'université a aussi rejeté la proposition
de médiation des étudiants et des professeurs pour
traiter de leurs préoccupations et résoudre les
problèmes. Elle a aussi rejeté les appels des
étudiants et des professeurs à la tenue de plus de
réunions publiques pour que les personnes de la
communauté puissent faire entendre leurs préoccupations
au sujet
de l'ICE, du profilage policier et des meurtres commis par la police et
sur des alternatives au recours à la force.
Le premier mai, après des semaines de refus de
l'administration de les rencontrer, les étudiants ont
fermé le Garland Hall. Ils ont mis des chaînes aux portes
et se sont enchaînés aux rampes et aux escaliers. Ils ont
laissé ouverte la porte menant au bureau du président.
Les étudiants ont affiché des affiches et
des tracts sur les vitres et sur les portes de l'édifice et ont
fait connaître leurs préoccupations. Une grande
bannière sur les escaliers disait : « Pas de police
privée. Pas de contrats avec l'ICE, Justice pour Tyrone
West. »
Le 5 mai, Daniels a dit qu'il rencontrerait les
étudiants, mais seulement à l'extérieur de
l'édifice, ce que la plupart des étudiants ont
considéré comme un subterfuge pour les
démobiliser. Ils ont demandé qu'un médiateur
neutre, accepté par les parties, mène les
négociations. Ils ont demandé que les étudiants,
les
professeurs et le personnel qui
ont participé aux protestations ne soient pas punis et de
pouvoir revenir dans l'édifice et ne pas être
arrêtés si les pourparlers échouaient. Daniels a
refusé et a fait appel à la police pour qu'elle vide
l'édifice. Plus de 80 policiers ont envahi le
bâtiment. Sept étudiants ont été
arrêtés. Alors qu'ils étaient évacués
de force, les étudiants ont
exprimé clairement qu'ils continuent leur lutte.
Cet article est paru dans
Volume 49 Numéro 18 - 11 mai 2019
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