Le Canada et l'état de droit
international
Le Réseau canadien pour Cuba exhorte Ottawa à rouvrir son bureau d'immigration à Cuba
- Isaac Saney, porte-parole -
Le Réseau canadien pour Cuba (RCC) est
profondément préoccupé de la décision
soudaine d'Ottawa de fermer la section Immigration,
Réfugiés et Citoyenneté (IRC) de son bureau de La
Havane où les visas sont obtenus par les citoyens cubains
désirant visiter le Canada ou encore cherchant du travail ou un
permis d'études. Cette mesure a
été précédée d'une réduction
de 50 % du personnel de l'ambassade du Canada à Cuba
en janvier de cette année. Les Cubains doivent maintenant faire
leurs demandes par le biais d'un centre de demandes de visas dans un
tiers pays (le plus proche est le Mexique). Toute personne devant
fournir des données biométriques (photo et
empreintes digitales), une exigence imposée en 2018 et
touchant presque tout le monde, devra désormais se rendre
à un centre à l'extérieur de Cuba pour faire
enregistrer ces informations.
Ces décisions ont
occasionné des délais irraisonnables et des obstacles
financiers importants aux Cubains qui désirent voyager au
Canada. Elles auront aussi des répercussions négatives
sur, entre autres, les relations dans le monde des affaires et les
domaines culturels, scientifiques et sportifs. De fait, elles ont
déjà eu des répercussions
draconiennes sur les échanges académiques entre le Canada
et Cuba : certains intellectuels cubains devant participer
à la conférence annuelle de l'Association canadienne des
Études latino-américaines et caraïbes du 10
au 12 mai n'ont pu obtenir de visa.
Le Canada et Cuba entretiennent des relations
diplomatiques sans interruption depuis 1945. Ce
développement représente une importante rupture des
relations qui ont existé durant toutes ces années. Le
Canada, comme le Mexique, a refusé de rompre les relations
diplomatiques avec Cuba dans les années 1960 lorsque les
États-Unis
imposaient le blocus multilatéral qu'ils maintiennent depuis ce
temps. À ce moment-là, les États-Unis avaient
exigé que les membres de l'Organisation des États
américains (OÉA) rompent leurs liens avec Cuba et,
quoique le Canada n'était pas membre de l'OÉA à
cette époque, il a refusé de suivre le mot d'ordre.
Quel crime, se demande-t-on, Cuba a-t-il commis contre
le Canada pour que celui-ci agisse ainsi de façon qu'on ne peut
qualifier que d'hostile à l'égard de Cuba ? Pourquoi
à ce moment précis, alors que les États-Unis font
marche arrière sur les efforts du gouvernement d'Obama pour
mettre fin à une politique que, malgré son échec,
Washington maintenait contre Cuba depuis soixante ans ?
En 2014, le monde se réjouissait de constater la reprise
des relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba et
avait espoir que les relations entre les deux pays allaient être
normalisées. Le Canada avait contribué à la
démarche en offrant un forum pour les pourparlers
qui ont créé une amélioration des relations.
Tout le monde sait que les sanctions ciblent le peuple
et le privent de denrées alimentaires, de produits
pharmaceutiques
et d'une normalité dans la poursuite de relations commerciales,
financières et autres relations fondamentales. Pendant 27
ans, la vaste majorité de pays dans le monde a massivement
rejeté la guerre économique
multilatérale des États-Unis contre Cuba. Ne serait-ce
qu'en 2018, 189 pays ont voté avec Cuba en faveur
d'une résolution exigeant la fin du blocus et seuls deux pays
ont voté contre, l'un étant les États-Unis
eux-mêmes.
Et voilà que le
Canada prend une telle mesure ! Le Canada est-il à ce point
emporté par les attaques antidémocratiques et
contre-révolutionnaires de l'administration Trump contre le
droit du Venezuela à l'autodétermination qu'il voudrait
se venger contre Cuba ? Ou est-il sur le point d'annoncer que ce
sont les
États-Unis qui dictent la
politique canadienne ? Quoi qu'il en soit, le geste est honteux.
Qui bénéficiera de la fermeture des
services de visa à La Havane ? Ce ne seront pas les Cubains
désireux d'avoir des relations normales avec le Canada et les
Canadiens. Quel tort Cuba a-t-il jamais fait au Canada ?
Le Réseau canadien pour Cuba demande au
gouvernement canadien de rétablir les services interrompus au
bureau de l'IRC à La Havane, pour que le processus d'obtention
de visa puisse se poursuivre de façon raisonnable. Si la
fermeture impromptue est simplement le fait d'un manque de personnel
requis, comme l'affirme le ministère
d'Affaires mondiales, alors Ottawa devrait en toute transparence
annoncer que l'émission de visas et les autres procédures
reliées reprendront dès que le problème de
personnel sera réglé.
Les Canadiens, dont plusieurs milliers visitent Cuba
pour de multiples raisons, qu'il s'agisse de tourisme, d'affaires ou
d'échanges académiques, politiques et culturels de
toutes sortes, veulent qu'Ottawa poursuive une politique
étrangère fondée sur le respect réciproque
et sur l'égalité. Le Réseau canadien pour Cuba est
persuadé que les
Canadiens vont rejeter toute mesure prise par Ottawa qui minerait les
relations diplomatiques de longue date entre les peuples de nos deux
pays, sans parler des liens d'amitié et de solidarité qui
nous unissent, relations fondées sur les normes du droit
international.
Cet article est paru dans
Volume 49 Numéro 18 - 11 mai 2019
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international: Le Réseau canadien pour Cuba exhorte Ottawa à rouvrir son bureau d'immigration à Cuba - Isaac Saney, porte-parole
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