Le gouvernement Trump applique le
Titre
III de la loi Helms-Burton
Assurons-nous que le gouvernement du Canada ne concilie pas avec les États-Unis dans leur tentative d'étrangler Cuba!
Piquetage mensuel devant l'ambassade des États-Unis
à
Ottawa le 17
avril 2019 pour exiger la levée du blocus criminel
exercé contre Cuba.
Le 17 janvier 2019, le
département
d'État des États-Unis a annoncé son
intention
d'appliquer le Titre III de sa loi criminelle Helms-Burton
«
[...] à la lumière des intérêts
nationaux
des États-Unis et des efforts déployés pour
accélérer la transition démocratique
à
Cuba, et inclure des facteurs comme l'oppression brutale des
droits
de la personne et des libertés fondamentales par le
régime cubain et son soutien injustifiable aux
régimes de
plus en plus autoritaires et corrompus au Venezuela et au
Nicaragua. »
Trois mois plus tard,
le 17 avril, il a annoncé qu'à compter
du 2
mai 2019, il commencera à appliquer pleinement le
Titre
III, qui a été suspendu par tous les
présidents
des États-Unis depuis l'adoption de la loi en 1996,
dans
une nouvelle tentative de se venger de Cuba, cette fois parce que
Cuba
défend le droit à
l'autodétermination du Venezuela, tout en l'utilisant pour
intensifier sa guerre économique contre le Venezuela. Le
Titre
III donne aux citoyens américains qui détenaient
auparavant des propriétés à Cuba qui ont
été nationalisées après la
révolution le droit de poursuivre pour dommages et
intérêts les entités cubaines et
étrangères qui ont utilisé ces
propriétés ou qui ont fait affaire avec des
enterprises
qui les ont utilisées.
Le même jour, lors d'un point de presse
portant
sur la décision de son gouvernement, la secrétaire
d'État adjointe aux affaires de l'hémisphère
occidental, Kimberly Breier, comme si elle brandissait un
trophée, a attiré l'attention sur le fait que le
Groupe
de Lima, qui s'était réuni deux jours plus
tôt au
Chili pour la première fois, a exprimé «
son inquiétude quant au rôle de Cuba à
Caracas » dans sa Déclaration et,
étrangement,
« a appelé le régime cubain à appuyer
la
transition à Caracas ».[1]
Le 17 avril également, dans un
discours
prononcé devant la Bay of Pigs Veterans Association,
à
Coral Gables, en Floride, le conseiller à la
sécurité nationale des États-Unis John
Bolton a
annoncé qu'en
plus d'activer le Titre III de la loi Helms-Burton, le
gouvernement
Trump commencerait également à appliquer le Titre
IV qui
prévoit le refus des visas et l'exclusion des
États-Unis
de tout ressortissant étranger qui, après
le 12 mars
1996, « confisque ou fait le trafic de biens
confisqués
à Cuba,
dont le droit de propriété appartient à un
ressortissant américain ».
John Bolton a profité également de
l'occasion pour annoncer d'autres changements visant à
renverser
ce qu'il a appelé « les politiques
désastreuses de
l'ère Obama » et à « mettre fin
à
la glorification du socialisme et du communisme ». Il
s'agit
notamment de restreindre les voyages des États-Unis
à
Cuba, en n'autorisant que les
visites de famille afin de limiter ce qu'il a appelé le
«
tourisme voilé », de rétablir le plafond
de
transfert de fonds à Cuba à 1 000 dollars par
personne par trimestre, et d'imposer des sanctions
supplémentaires à Cuba, au Venezuela et au
Nicaragua.
John Bolton a profité également de
l'occasion pour rappeler à son auditoire que les
États-Unis avaient récemment condamné six
entreprises et 44 pétroliers qui expédient du
pétrole « subventionné » du
Venezuela
à Cuba et que, pour la première fois, un des
navires
s'était vu refuser l'entrée à un port
américain la veille. Il s'est
vanté que les nouvelles sanctions « font d'une
pierre deux
coups » parce qu'elles frappent le Venezuela et Cuba
et a
déclaré avec un plaisir pervers : « Fini
les
subventions pour les dictateurs
communistes ! »
La nouvelle mesure du gouvernement Trump est un
acte
criminel de vengeance qui vient de son échec à
imposer un
changement de régime au Venezuela en utilisant les
mêmes
moyens terroristes qui ont été utilisés
contre
Cuba depuis près de 60 ans et qui ont
échoué
à réaliser un changement de régime dans
l'île. L'application du Titre
III de Helms-Burton renforcera dangereusement le blocus contre
Cuba, un
blocus dirigé contre le peuple, dans le but de le pousser
à se rebeller contre son gouvernement et de permettre aux
impérialistes américains de contrôler
à
nouveau sa destinée. C'est une nouvelle violation
flagrante du
droit international et une attaque directe contre la
souveraineté et les intérêts des pays
tiers.
Cuba a fermement et catégoriquement
rejeté
la décision d'appliquer le Titre III qui, selon la
déclaration du ministère cubain des Affaires
étrangères, constitue une action hostile
extrêmement arrogante et irresponsable. Le ministère
a
également condamné le langage irrespectueux et
calomnieux
utilisé dans l'annonce publique faite par le
département d'État. Le président Miguel
Díaz-Canel a déclaré que l'annonce
américaine « ne changera pas notre attitude face
à
ceux
qui brandissent une épée contre nous. Nous, les
Cubains,
ne nous rendons pas et n'acceptons pas non plus les lois sur
notre
destinée qui seraient en dehors de la Constitution.
À
Cuba, ce sont les Cubains qui
commandent. [...] Le Titre III est aussi mauvais que les Titres I
ou
II,
qui sont tous des actes contre le peuple cubain. Personne ne nous
obligera à rendre, que ce soit par séduction ou par
la
force, la patrie que nos ancêtres ont gagnée debout
sur
leurs pieds. »
Trump et ses hommes de main n'auront pas la
tâche
facile pour utiliser la nouvelle arme qu'ils se sont
donnée pour
faire avancer leur cause impopulaire. Déjà, aux
États-Unis, beaucoup de ceux qui pourraient être
directement touchés, y compris des entreprises,
manifestent leur
opposition, ainsi que les amis du peuple cubain et du peuple
vénézuélien qui n'entendent pas rester les
bras
croisés face à cette dernière escalade de la
guerre économique contre les deux pays. En ce qui concerne
le
Venezuela, des militants américains, avec l'approbation du
gouvernement vénézuélien, maintiennent des
vigiles
et tiennent des événements éducatifs
à
l'intérieur de l'ambassade du Venezuela à
Washongton pour
s'opposer à sa prise de contrôle par les
représentants illégitimes du fantoche
américain Juan Guaido, ce que facilite le gouvernement
américain, plutôt que de faire son devoir de
défendre l'inviolabilité des locaux
diplomatiques.
Plusieurs pays européens, tout comme le
Canada,
ont des intérêts commerciaux importants à
Cuba. Le
gouvernement du Canada et les autres gouvernements doivent
adopter une
position ferme contre ce qui s'en vient. Les représentants
de
l'Union européenne et du Canada, individuellement et
conjointement, ont fait des déclarations. Le Canada
a beaucoup insisté sur les réunions que la ministre
des
Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a eues avec
ses
homologues américains pour discuter des
préoccupations de
son gouvernement au sujet de la décision des
États-Unis
et a dit qu'elle défendrait pleinement les
intérêts
des Canadiens qui font du commerce avec Cuba et ont des
investissements « légitimes » à
Cuba.
Dans une déclaration commune, le Canada et
l'UE
ont déclaré que : « Dans le cadre
général de l'OMC, l'UE et le Canada sont
déterminés à travailler ensemble pour
protéger les intérêts de leurs entreprises,
notamment en faisant fi chez nous de l'application ou de la
reconnaissance des jugements étrangers fondés sur
les
dispositions du
titre III. »
Il est tout à fait possible, bien que le
représentant du département
d'État des États-Unis ait déclaré que
personne ne sera exempté de l'application du Titre III,
que les
États-Unis encourageront
particulièrement les poursuites contre des
intérêts
vénézuéliens à Cuba ainsi que contre
des
pays comme la Russie et la Chine qu'ils
considèrent comme des rivaux qui n'ont pas d'affaire dans
« son voisinage ». Cela veut dire que
le gouvernement doit non seulement défendre les
intérêts canadiens à Cuba, mais aussi
s'opposer
clairement à ce que la loi soit utilisée contre
d'autres.
Par exemple, se ranger du côté de l'Europe tout en
sacriviant le Venezuela,
aidant ainsi les États-Unis à atteindre leur
objectif
d'étrangler Cuba et le Venezuela, est inacceptable. Les
Canadiens appuieront le gouvernement s'il adopte une position
indépendante fondée sur des principes dans ce
dossier et
s'il refuse d'apaiser les États-Unis dans leurs objectifs
criminels.
Le Canada est à un moment décisif.
Le
Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) appelle
les
Canadiens à faire entendre leur voix et à
s'assurer que le gouvernement du Canada ne pratique pas la
politique de
l'apaisement face aux États-Unis dans leur activité
criminelle sur cette question très importante pour
l'avenir de
la paix, de la démocratie et de la liberté sur
notre
continent.
Note
1. Indication que le projet
des
États-Unis et du Canada de forcer un changement de
régime
au Venezuela est en perte de vitesse, aucun pays des
Caraïbes,
parmi les rares membres de la CARICOM censés faire partie
du
Groupe de Lima, n'a signé cette déclaration.
Toutefois,
parmi ses signataires,
moins de la moitié des pays membres de l'OÉA, on
trouve
l'envoyé de Juan Guaido censé
représenter le Venezuela. La prochaine réunion du
groupe
aura lieu au Guatemala à une date qui n'a pas encore
été annoncée.
Cet article est paru dans
Volume 49 Numéro 15 - 20 avril 2019
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