Des shérifs de la Caroline du Nord refusent de coopérer avec le Service de contrôle de l'immigration et des douanes
Manifestation à Charlotte, en Caroline du Nord, le 18
février 2019,
contre les raids du Service de contrôle de l'immigration et
des
douanes
En février, en quatre jours seulement, des
agents
de l'immigration fédérale ont arrêté
plus
de 220 personnes sans papiers en Caroline du Nord. Ils
exerçaient des représailles contre cinq
shérifs
nouvellement élus qui avaient annoncé qu'ils
couperaient
certains liens avec le Service de contrôle de l'immigration
et
des douanes (ICE).
Le comté de Mecklenburg, qui comprend
Charlotte,
est une des régions en litige. Le shérif du
comté
de Mecklenburg, Garry McFadden, a remporté
l'élection en
s'engageant à mettre fin à la participation du
comté au programme fédéral 287 (g)
controversé, qui préconisait la coopération
des
forces de l'ordre locales avec celles
d'ICE. Chaque fois qu'ICE demandait ce qu'on appelle « un
maintien en détention » de personnes, la police
locale et les shérifs étaient tenus de les garder
en
détention pendant 48 heures. Cela était fait
même si ces personnes n'avaient pas été
condamnées, ou étaient des citoyens, mais
considérées par l'ICE comme étant des
sans-papiers, ou avaient payé une amende et étaient
libres de partir, etc.
Pendant des
années,
les bureaux des shérifs de Caroline du Nord travaillaient
main
dans la main avec ICE dans ses efforts pour intimider et
arrêter
des personnes sans papiers. Au cours des 13 dernières
années, rien qu'à Charlotte, les forces de l'ordre
locales ont transféré plus de 15 000 personnes
à ICE, dans le cadre du
programme 287 (g) dans le comté de Mecklenburg. Le
directeur sur place d'ICE a déclaré que les
arrestations
massives de février constituaient « l'aboutissement
direct
de la politique dangereuse de ne pas coopérer » avec
l'agence.
L'année dernière, les
électeurs des
sept plus grands comtés de l'État ont élu de
nouveaux shérifs, tous afro-américains, dont cinq
avaient
déclaré qu'ils ne respecteraient pas les demandes
de
détention d'ICE. Les cinq sont les premiers shérifs
noirs
à être élus dans l'histoire de leur
comté
respectif. Ces victoires sont le résultat d'un intense
travail
d'organisation sur le programme 287 (g) et d'une position
unie
contre l'activité de police et la brutalité
injustes
contre les immigrants et les Afro-Américains.
Après l'élection des nouveaux
shérifs, les représailles d'ICE ont
été
rapides. En février, à Asheville, des agents d'ICE,
portant des uniformes les identifiant, mais conduisant un
véhicule qui ressemble à celui d'un entrepreneur,
avec
des échelles sur le toit, se sont rendus dans une
communauté de Hendersonville et ont arrêté
quatre
personnes.
Lorsque le service de police de Charlotte-Mecklenburg a
organisé
un forum dans le centre communautaire d'une église
à
Charlotte, il a invité des immigrants et des sans-papiers
à s'entretenir avec les chefs de police et le
shérif
McFadden. Les agents d'ICE se sont présentés sur
place
pour harceler et intimider les participants. Dans tout
l'État,
des
centaines de personnes ont été
arrêtées, la
plupart non pas pour un crime, mais simplement pour ne pas avoir
eu en
leur possession des papiers d'identité, ce qui est une
infraction civile.
Un responsable d'ICE a fait cette menace :
«
Toute juridiction locale qui pense que le refus de collaborer
avec ICE
entraînera une diminution du respect local des
règles
d'immigration se trompe. Les autorités locales qui
choisissent
de ne pas collaborer avec ICE sont susceptibles de voir une
augmentation des activités d'ICE pour faire
respecter la loi, car dans les juridictions qui ne collaborent
pas avec
ICE, l'agence n'a d'autre choix que de mener plus
d'opérations
d'arrestation à grande échelle. »
En outre, avec l'aide d'ICE, la législature
de
l'État est intervenue pour aider l'agence, en adoptant un
projet
de loi qui oblige les shérifs à collaborer avec
l'agence.
ICE les a aidés à écrire le texte de loi. Le
principal parrain de la loi, le représentant de
l'État,
Destin Hall, a déclaré : « Ce n'est un
secret
pour personne que nous avons en
fait travaillé avec les forces de l'ordre
fédérales pour élaborer ce projet de
loi. » La loi HB 370 oblige les adjoints du
shérif à demander aux personnes leur statut
d'immigrant,
quel que soit le type d'accusation criminelle qui est
déposée
contre elles. Et elle oblige les agents à signaler et
à
remettre les personnes à ICE, et à se conformer
à
toute requête d'ICE accompagnée d'une demande de
maintien
en détention. L'Association des shérifs de la
Caroline du
Nord a annoncé son opposition au projet de loi, mais
celui-ci a
été adopté. Le gouverneur doit encore le
signer
pour lui donner sa sanction.
Le gouvernement fédéral, en
utilisant la
question de l'immigration, s'efforce de soumettre les services de
police locaux et d'État à un contrôle
fédéral, voire militaire, comme cela se passe
actuellement à la frontière. Des programmes
comme 287 (g) en font partie, de même que les raids
d'ICE en
dépit de l'opposition, et les efforts
déployés par le gouvernement fédéral
pour
poursuivre en justice des États sanctuaires comme New York
et la
Californie. Ces conflits entre les États et le
gouvernement
fédéral reflètent l'incapacité des
dirigeants à résoudre ces problèmes ou
à
atténuer leurs conflits, ce qui contribue aux conditions
d'une
guerre civile.
La résistance du peuple à la
défense des droits, dans ce cas-ci des immigrants, des
réfugiés et des Afro-Américains, montre la
voie
à suivre.
Cet article est paru dans
Volume 49 Numéro 15 - 20 avril 2019
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